Oscar Bluemner
Ma maison est de traviole ? Tant mieux, les oiseaux en rigolent.
Ça, c’est le pied de nez rouge, qui tache si on insiste. La caracole du clown.
On esquive le mal comme on peut.
cg in Celle qui manque (Asphodèle, 2011)
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Ma maison est de traviole ? Tant mieux, les oiseaux en rigolent.
Ça, c’est le pied de nez rouge, qui tache si on insiste. La caracole du clown.
On esquive le mal comme on peut.
cg in Celle qui manque (Asphodèle, 2011)
Alors, on se colle entre deux chaises au soleil. Les oreilles d’abord. On écoute. Les oiseaux, les bruissements, les craquements, le carillon. On regarde les dernières tomates, un cactus qui fleurit, les kakis bons à manger, le ginkgo tout d’or vêtu, les fleurs oranges et les rouges du géranium. On regarde le chaton qui explore les pots, les recoins, les récipients à cailloux.
Le corps est comme battu, douloureux, engourdi. Le soleil est bon, le soleil est baume.
cg in A la loupe
Nous rentrerons trop tard ;
la mer sera fermée.
Nous sécherons peut-être
et mêlerons notre poussière
au sable des sirènes
surprises par la nuit.
Des pas d'oiseaux écorcheront
la fine peau de ciel
qui nous protège des saisons.
in L'impossible séjour
Nous sommes les pâles fantômes aux faces écrans écrasées. Nous sommes les fumées hésitantes, les eaux lasses des cuvettes. Nous sommes les oiseaux mal cicatrisés des plafonds embrumés. Nous sommes des laveurs de barreaux, des rond-points barrés, des quésaco, des quais déserts, des trains murés.
cg in Qué wonderful monde ! Nouveaux Délits, coll. Délits vrais n°1, 2011
Les sons : oiseaux, insectes, toujours un bruit de fond humain quelque part, une machine quelconque et la connexion avec des sensations qui semblent remonter de l’enfance, une sorte de solitude immémoriale, métaphysique, pour laquelle la nature forme un écrin familier, protecteur. Un cercle d’arbres qui frémissent et chuchotent des secrets éternels, apaisants. Mon alliance avec la nature ne doit pas dater de cette vie.
cg in Le livre des sensations
PURGATOIRE VERT
Potentille, euphorbe, véronique, violettes,
vesces, pissenlits, coucous, pâquerettes.
Les bourgeons enflés, les fourmis luisantes,
les chenilles luminescentes. Les limaces
futures ennemies qui mangeront mes jeunes semis
et au ciel les oiseaux, la grande volière sauvage.
Joie des enfants avec qui partager mille découvertes
et la sérénité du chat quand il mâche du chiendent.
Non, jamais je ne me lasse du retour du printemps.
in Purgatoire du quotidien
Fromage frais de brebis, gingembre râpé et citron (reste de la fabrication d'un jus de gingembre), herbes fraîches : persil, ciboulette, renouée persicaire, amarante, chénopode blanc, oseille, pourpier, mouron des oiseaux, cumin, huile d'olive et petites carottes des sables.
On voit de drôles d’oiseaux échoués sur nos plages
De drôles d’oiseaux !
Ils ont de l’écume plein les plumes
Ils ne bougent plus
Du sel plein les yeux qui ne s’ouvrent plus
…Au moins ils ne souffrent plus
Leur ramage se rapporte à leur plumage
On voit de drôles d’oiseaux
Qui arrivent par vagues
Corps mourants qui dansent
Bal atroce
Ils viennent chanter sans voix
Nous parler d’espoir et d’errance
De leur avenir pris dans des ronces
Ils viennent perdre nos regards dans l’vague
Et Bam ! En réponse
On ferme nos ports
Nos cœurs, nos portes
Ils s’enfoncent
Je revois ce petit rouge gorge
Allongé sur le sable
De loin on dirait la ruine d’un monde qui fait l’mort
Oui mais de près c’est un enfant
Qui dort qui dort
Petit prophète deplumé
Craché par la tempête
Minuscule poète
Petit rêve depouillé
On voit de drôles d’oiseaux échoués sur nos plages
Avant sur la rive
on trouvait des bouteilles et on lisait les messages
Mais les prières roulées dans des flacons de chair
On préfère les laisser couler
On laisse les chagrins se noyer
En pleine mer
Y’a tant de sos qui s’perdent
En pleine merde
D’oiseaux messagers qui viennent se crasher sur nos ombres
Et on oublie qu’dans c’monde
On est tous mi-grands mi-p’tits
Mi-grands mi-p’tits
Nous, On voudrait se reposer de nos soucis
Le plus loin possible des bains d’sang
Et ça s’comprend
Ici on d’vient barges alors comment devenir berges ?
On peut pas voir large
On peut que gamberger, se murger
Et puis, Bâtir des murs qui dissimulent mal le murmure de l’animal
Pour oublier que dans c’monde
On est tous mi grands mi p’tits
Mi grands mi p’tits
En restant mutique on s’mutile
En même temps que dire ?
J’me sens si impuissante c’est épuisant
Comment être utile ?
Ni mystique ni politique
Mon seul pouvoir est poétique
Et ce soir très hypothétique
Peut être que mon premier devoir
C’est juste de voir
Et de dire ce qu’en penserait
La petite fille que j’ai été :
Y’a des hommes à la mer
Des enfants en bas âge à bâbord
Et des mères dont les larmes débordent des canots de sauv’tage
Alors pour rester debout demain, humains
Faudra jeter des bouées
Et tendre des mains
Des mains !
Le cœur en miettes sur la main
C’est la que les oiseaux viennent se mourir
La voix tremble, s’étrangle et demande
Sans plier
Quitte à supplier
« Ouvrez les ports
Laissez nous dev’nir terres d’asile
Je me doute bien qu’ c’est compliqué
Mais on peut plus vivre comme des îles…
L’humanité est en péril
Si elle laisse ne serait-ce qu’un d’ces Hommes périr sans pleurer
Quand des corps coulent à pic
C’est l’urgence on agit
Toi tu prends l’temps d’reflechir
Mais leurs poumons qui s’ remplissent sont le sablier
Leurs poumons sont le sablier !
bordel ce gosse ça pourrait être ton fils
T’as toujours pas pigé ?!
Tu oublies qu’ dans c’monde
On est tous mi grands mi p’tits
Mi grands mi p’tits
…Raisonnement elliptique
Je vois de drôles d’oiseaux échoués
Sur mes pages
J’voudrais leur donner des noms
Des noms d’Hommes
Mais ils restent anonymes
Sans figure et sans âge
Masse informe qui dérive
Comme une tache de pétrole, de chloroform’ et d’bile
J’ai le cœur mazouté
On compte les morts !
Humanité j’écris ton nom
Mais je sais pas où t’es…
Alors les yeux salés
Mi ouverts, mi clos
Je rêve
Je vois de drôles d’oiseaux
Je vois de drôles d’oiseaux qui voguent
Et guident des bateaux qui volent
De drôles d’oiseaux qui voguent et guident des bateaux qui volent…
Je rêve et je me souviens
Que dans cette vie
on est tous
Si p’tits et si grands
Si p’tits mais si grands…
Ensemble
Mais ce qui est charmant chez moi, c’est aussi de l’immaturité et quand je joue à la mature, je deviens dure alors mieux vaut, effectivement, m’aimer comme je suis, un peu comme on aime les oiseaux, juste pour le plaisir de les voir vivre en liberté, offrant le spectacle d’eux-mêmes sans se soucier de savoir s’ils font bien ou pas. On peut me parler, me regarder, me toucher même contrairement aux oiseaux, mais on ne peut m’enfermer, me nourrir de graines chaque jour identiques, me dicter les moments où il faut dormir, les moments où il faut chanter, car alors je perds mes couleurs, ma voix… Ne restent plus que mes serres et un bec clos et acéré. Je me laisse mourir ou je tue mon geôlier. Symboliquement bien entendu, car je souffre terriblement de blesser les êtres qui m’ont donné leur amour. Je cherche à les protéger de ma tristesse mortelle, je me force même parfois à leur donner l’illusion que je chante encore et que ma foi, les graines de ne sont pas si mauvaises même si je rêve de manger des fleurs…
cg in Journal 2001
À l’origine était le Vide, et la Nuit, et le noir Erèbe, et le large Tartare ; la Terre, l’air ni le ciel n’existaient pas encore. Mais dans les profondeurs infinies de l’Erèbe, la nuit aux ailes noires enfanta un œuf sans germe, d’où sortit, à la saison fixée, Eros le désirable, le dos resplendissant de deux ailes d’or, pareil aux tourbillons rapides comme le vent. S’étant uni de nuit au vide ailé, dans le large Tartare, il façonna notre race (à nous les oiseaux) et la fit surgir la première à la lumière. Celle des Immortels n’existait pas avant qu’Eros n’eût opéré l’union de toutes choses : du mélange progressif des éléments entre eux sortirent le Ciel, l’Océan, la Terre, et la race impérissable des dieux bienheureux.
in Les Oiseaux
PLUIE D’ÉTÉ
La pluie d’été ne peut se défaire
De son léger manteau de lumière
De ses doigts de fée elle arrange
Des petits coussins de mousse
En secouant ses grelots
Elle change les gouttes
En grasses limaces
Et en oiseaux rigolos.
cg 2007
in Poèmes follets (Ed. Nouveaux Délits 2013)
Sur l’iris de la mer ses moutons frémissants
qui débordent des gouffres de faïence ébréchée
Les pierres les oiseaux les alcôves sous le vaste ciel saturé de nos fumées de nos rires
Les sphères de lune brume l’ample trajectoire des plumes
La paume des nomades berceaux des fugues chiennes
Sur le miroir de nos transes
Piste nue des désirs intenses
Bleu
Si bleu
Grand
Disparaître
cg in Mystica perdita, 2009
(Eskhatiaï, Ed. de l'Atlantique 2010)
Sur l’iris de la mer ses moutons frémissants
qui débordent des gouffres de faïence ébréchée
Les pierres les oiseaux les alcôves sous le vaste ciel saturé de nos fumées
de nos rires
Les sphères de lune brume l’ample trajectoire des plumes
La paume des nomades berceaux des fugues chiennes
Sur le miroir de nos transes
Piste nue des désirs intenses
Bleu
Si bleu
Grand
Disparaître
cg in Mystica perdita, 2009
(Eskhatiaï, Ed. de l'Atlantique 2010)
ici l’obscurité a des reflets
au fond des puits précieux
gisent des clés
mais rien ne se dit
tout se tait
ici s’achèvent les cycles
grande mer minérale
sa longue chevelure
agitée d’oiseaux
cg in Chroniques du hamac, 2008
Qui passait capricieux
froissait mes draps mes rêves
ce cœur crevé d’où s’envolaient
les oiseaux les parfums d’enfance
ce cœur vidé que j’emplissais sans cesse
de baisers neufs de caresse
et scellais au plomb de mes lèvres
quel fantôme d’enfant fou
ai-je bercé ?