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  • Gîtes de Julio Cortazar

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    trad. de l’esp. par Laure Bataillon,

    Gallimard, Collection L’imaginaire, Mai 2012,

    280 p. 9,50 €

     

     

     

    Ce qu’il y a de fascinant dans les nouvelles de Cortázar, très représentatives de la riche littérature fantastique latino-américaine, c’est qu’elles partent quasi toujours du quotidien, de situations des plus banales, et puis, comme si la réalité commune n’était protégée que par un voile extrêmement ténu, soudain par une brèche, une faille, une déchirure, elle est envahie ou insidieusement pénétrée par d’autres réalités bien plus sombres et menaçantes, où évoluent des créatures dangereuses, effrayantes, ou pire encore. Elles montrent à quel point notre normalité, finalement, tient à peu de chose et qu’un rien peut nous faire basculer dans la folie, attiser nos pulsions les plus obscures, les plus animales, comme la statuette qui rend fou et sanguinaire dans L’idole des Cyclades et Les ménades, où un chef d’orchestre paye cher et probablement en chair, son moment de gloire, quand le concert classique se transforme en orgie carnassière, sous la conduite d’une femme vêtue de rouge. Le talent de Cortázar n’est plus à démontrer, et bien que les nouvelles de Gîtes, dont certaines figurent également dans d’autres recueils, commencent à dater – première parution chez Gallimard en 1968 – elles n’ont pas pris une ride. Elles se lisent avec toujours autant d’intérêt, de frissons et de plaisir.

    Une des plus notables, c’est sans doute N’accusez personne. Un homme enfile un pull, situation que nous avons tous connue, ça serre un peu, on se débat, on cherche la sortie, lui n’en ressortira pas vivant. Cette nouvelle, très simple en apparence est d’une efficacité redoutable. Dans le registre légèrement surréaliste, il y a encore Céphalée, où un couple d’éleveurs subit les symptômes de tous les terrains homéopathiques, sur fond d’élevage de bêtes étranges, fragiles et apparemment répugnantes, les mancuspies.

    Il y a cet homme dans Lettre à une amie en voyage qui vomit des petits lapins. Dans Maison occupée, un frère et une sœur vivent seuls dans une vaste demeure familiale, mais peu à peu sont obligés de se retrancher dans un espace de plus en plus restreint, jusqu’à devoir quitter la maison. Le talent de Cortázar est l’art de rendre palpables les tensions, sans besoin d’expliquer quoi que ce soit, souvent les situations virent à l’absurde, mais un absurde si noir qu’il est difficile d’en rire. Parfois, les nouvelles ressemblent à des souvenirs d’enfance, elles ont cette ambiance un peu douce et délavée, des anciens albums photos, et soudain transparait, sans crier gare, la cruauté.

    Pas mal de nouvelles se construisent aussi autour des rêves, des prémonitions, comme Récit sur un fond d’eau, Dîner d’amis ; de la perméabilité des frontières entre la vie et la mort, comme cet enfant qui pleure derrière La porte condamnée d’une chambre d’hôtel, scène qui pourrait tout à fait figurer dans un film fantastique japonais, et puis dans Le fleuve, une nouvelle particulièrement cynique autour du couple, ainsi que dans Autobus, où les deux mondes s’interpénètrent le temps d’un parcours en autobus, au plus grand effroi de deux des passagers qui n’ont pas de bouquet de fleurs et ne descendent pas au cimetière. Cette nouvelle d’ailleurs fait penser à une autre excellente nouvelle qui se déroule dans un tramway, Les vautours, de l’auteur bolivien Oscar Cerruto dans Cercle de pénombre.

    Pour les aficionados de ce genre de littérature, on ne saurait trop conseiller entre autre l’anthologie Histoires étranges et fantastiques d’Amérique latine parue chez Métailié en 1997, où l’on peut retrouver deux nouvelles de Cortázar,N’accusez personne et Apocalypse du Solentiname. Un auteur à découvrir également, uruguayen, si ce n’est déjà fait : Horacio Quiroga, avec notamment ses Contes d’Amour, de folie et de mort.

     

    Cathy Garcia

     

    Cortazar.jpgJulio Florencio Cortázar Descotte, né le 26 août 1914 à Ixelles (Belgique) est un écrivain argentin, auteur de romans et de nouvelles, établi en France en 1951 et naturalisé français en 1981. À sa naissance en 1914, son père travaille à la délégation commerciale de la mission diplomatique argentine à Bruxelles. La famille, issue d’un pays neutre dans le conflit qui commence, peut rejoindre l’Espagne en passant par la Suisse, et passe 18 mois à Barcelone. En 1918, la famille retourne en Argentine. Julio Cortázar passe le reste de son enfance à Buenos Aires, dans le quartier périphérique de Banfield, en compagnie de sa mère et de sa sœur unique, d’un an sa cadette. Le père abandonne la famille. L’enfant, fréquemment malade, lit des livres choisis par sa mère, dont les romans de Jules Verne. Après des études de lettres et philosophie, restées inachevées, à l’université de Buenos Aires, il enseigne dans différents établissements secondaires de province. En 1932, grâce à la lecture d’Opium de Jean Cocteau, il découvre le surréalisme. En 1938, il publie un recueil de poésies, renié plus tard, sous le pseudonyme de Julio Denis. En 1944, il devient professeur de littérature française à l’Université nationale de Cuyo, dans la province de Mendoza. En 1951, opposé au gouvernement de Perón, il émigre en France, où il vivra jusqu’à sa mort. Il travaille alors pour l’UNESCO en tant que traducteur. Il traduit en espagnol Defoe, Yourcenar, Poe. Alfred Jarry et Lautréamont sont d’autres influences décisives. Il s’intéresse ensuite aux droits de l’homme et à la gauche politique en Amérique latine, déclarant son soutien à la Révolution cubaine (tempéré par la suite : tout en maintenant son appui, il soutient le poète Heberto Padilla) et aux sandinistes du Nicaragua. Il participe aussi au tribunal Russell. La nature souvent contrainte de ses romans, comme Livre de Manuel, modelo para armar ou Marelle, conduit l’Oulipo à lui proposer de devenir membre du groupe. Écrivain engagé, il refuse, l’Oulipo étant un groupe sans démarche politique affirmée. Ses trois épouses successives sont Aurora Bernárdez, Ugné Karvelis (qui a traduit de l’espagnol quelques-uns de ses inédits) et l’écrivain Carol Dunlop. Naturalisé français par François Mitterrand en 1981 en même temps que Milan Kundera, il meurt le 12 février 1984 à Paris. Sa tombe au cimetière du Montparnasse est un lieu de culte pour des jeunes lecteurs, qui y déposent des dessins représentant un jeu de marelle, parfois un verre de vin. L’œuvre de Julio Cortázar se caractérise entre autres par l’expérimentation formelle, la grande proportion de nouvelles et la récurrence du fantastique et du surréalisme. Si son œuvre a souvent été comparée à celle de son compatriote Jorge Luis Borges, elle s’en distingue toutefois par une approche plus ludique et moins érudite de la littérature. Avec Rayuela (1963), Cortázar a par ailleurs écrit l’un des romans les plus commentés de la langue espagnole. Une grande partie de son œuvre a été traduite en français par Laure Guille-Bataillon, souvent en collaboration étroite avec l’auteur.

     

    NOTE PARUE SUR : http://www.lacauselitteraire.fr/gites-julio-cortazar.html

  • Contes d'ailleurs et d'autre part, Pierre Gripari

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/contes-d-ailleurs-et-d-au...

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    Illustrations de Guillaume Long, Grasset Jeunesse 2012. 190 p. 9 €

     

    Publiés une première fois en 1990, voici la réédition de huit contes d’ailleurs et d’autre part, à la sauce Gripari, huit bijoux de drôlerie fantastique, inspirés des folklores russes, français, italien et d’Afrique du Nord. Un véritable régal, avec ce verbe franc, truculent et tellement poétique de Pierre Gripari, s’adressant à ses lectrices et lecteurs d’une façon si familière, qu’elles et ils pourraient croire qu’il est assis tout près d’elles et eux. Le conteur de la Rue Broca est véritablement talentueux, c’est évident, mais outre son imagination pétulante, il est doté également d’une grande liberté de pensée. Ils nous emmènent donc ici dans un monde peuplé comme il se doit de magie, d’amour et de courage. Dans Mademoiselle Scarabée, on comprend que l’apparence importe peu, mais qu’il importe de trouver bonne boulette à son pied quand on veut se marier. « Quand un cheval trottine et crottine, quand une vache lâche sa bouse en marchant, je fais une petite boule de la chose en question, puis je la pousse à reculons jusqu’à ma maison ! » Dans Madame-la-Terre-Est-Basse, les objets ont une âme, ils parlent, ils bougent, ils peuvent être tristes mais savent aussi se venger.

     

    «  Quand elle met ses souliers

    Elle se pique le pied.

    Quand elle écosse les pois, elle se pique le doigt.

    Quand elle épluche des pommes de terre,

    Elle se pique le derrière.

    Quand elle veut prendre une douche,

    Elle se pique la bouche.

    Quand elle veut prendre un bain,

    Elle se pique les reins.

    Quand elle se met au lit,

    Elle se pique le mistigri ! »

     

    Dans Le diable aux cheveux blancs, on comprend que même un démon, aussi malin qu’il soit, ne peut rien contre le pouvoir d’une femme contrariante, « Merci à toi, brave homme, qui m’a tiré de cet enfer ! Imagine-toi  qu’il y a un mois, pas plus, une femme nous est tombée ici, une femme terrible, épouvantable, qui nous fait enrager jour et nuit ! ». Il ne peut guère plus d’ailleurs, contre les rêves d’une petite fille qui veut obstinément un Bagada.

     

    « - Oh ! Le beau bagada !

    Elle prend le démon dans ses bras, le caresse, le cajole, l’embrasse, le bécote… Qu’est-ce que cela veut dire ? Notre diable se regarde… Malédiction ! Il est devenu un bagada ! Un simple bagada ! »

     

    On a donc vu que les objets pouvaient se déplacer tout seul, et bien figurez-vous que les villages aussi, et c’est comme ça que Saint-Déodat en bord de Loire a fini au bord de l’Océan pour consoler un petit garçon, et si vous ne me croyez pas, et bien vous n’avez qu’à lire, c’est le village lui-même qui raconte l’histoire.

     

    « J’étais profondément ému. Les paysans qui m’habitaient ne rêvaient pas beaucoup, et jamais à d’aussi jolies choses. J’avais comme envie d’obéir à ce petit garçon, et de me transporter au bord de l’océan. »

     

    Dans Petite Sœur, nous voilà plongé dans les aventures fabuleuses et palpitantes, façon conte initiatique de fée - ou de sorcière, mais fée et sorcière c’est kif-kif bourricot non ?  Bref, les aventures palpitantes et fabuleuses de la princesse Claude qui n’a pas un zizi, mais un mistigri. 

     

    « C’est un frère que nous voulons !

    De petite sœur pas question !

    Nous resterons entre garçons

    Ou nous partirons ! »

     

    Dans L’eau qui rend invisible, c’est le conteur lui-même à qui une sorcière fait un cadeau, tellement elle trouve que ce qu’il raconte sur les sorcières est rigolo ! Et dire qu’à cause de lui, le monde a faillit devenir complètement invisible, comment aurait-on fait pour lire le dernier conte du livre ? L’histoire de Sadko, le cithariste virtuose qui épousera l’ondine du lac Ilmen, la fille de Vodianoï, le dieu de toutes les eaux du monde, après bien des péripéties tout de même, où on ne s’embarrassera pas trop de morale, après tout, c’est un conte et on n’est pas là pour s’embêter, non mais ! 

     

    « Il vend ses marchandises russes, ses fourrures, son bois,  son miel et ses esclaves. En échange il achète beaucoup de choses qu’on ne trouve pas en Russie : de l’or et de l’argent, des parfums et des perles, des étoffes, des épices, des objets fabriqués… Il fait aussi un peu de piraterie, quand il en a l’occasion. Ça se faisait, à l’époque… »

     

    D’ailleurs, les enfants, si vous avez la joie d’avoir entre les mains, ces Contes d’ailleurs et d’autre part de Pierre Gripari, cachez-les bien, car s’ils plaisent au petits, mais ils plaisent aussi beaucoup, beaucoup aux grands ! Foi de Maman !

     

     

    Cathy Garcia

     

    pierre-gripari.jpgPour en savoir plus sur Pierre Gripari : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Gripari

  • Promesse achevée à bras nus d'Éric Barbier

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    Editions Rafael de Surtis, Collection Pour une Terre interdite, 2011,

    56 p. (tirage limité et numéroté), 15 €

     

     

     

    Écrire, effraction dans la voix de l’autre »

     

    La poésie d’Eric Barbier puise à une source limpide comme celles des montagnes qu’il affectionne. Dans ce recueil, il se livre à un questionnement qui n’attend pas de réponse. Le poète semble même s’être délivré du besoin de réponse, pour être simplement le témoin d’une nature où se concentre l’essentiel de l’Homme.

     

    « De quoi témoigner ?

    l’esprit se déposant en limon

    sur la croyance de l’automne

    croit ensemencer ce qui n’attend rien »

    Eric Barbier sait à merveille capter les langages de cette nature, pour entrer peut-être encore plus profondément en communion avec elle, et s’en faire l’écho. Une poésie d’altitude, à la fois terrienne et transcendante, qui vise le détachement sans l’indifférence.

     

    « Il restera paisible dans son ordre

    Chaque nuit retrouvera de quoi occuper le ciel »

     

    Le poète s’abandonne à la nature pour guérir aussi ses douleurs d’homme, les saisons de l’une font les saisons de l’autre, la nature se fait miroir pudique des émotions.

     

    « Il faudra adoucir l’œil pris dans l’hiver

    Pour enfanter à nouveau

    Les usages du temps »

     

    Mais, il n’est en vérité d’autre temps que celui de l’instant présent, « l’aujourd’hui, seul aujourd’hui », et le questionnement du poète est plus une façon de se livrer à la contemplation, qu’un interrogatoire angoissé.

     

    « Ici

    s’attarde un présent anachronique

    (…)

    demain s’y devine dans les soupçons

    des valérianes détrempées d’aurore »

     

    et

    « entre les pages pliées

    du matin qui s’avance

    viennent des semences d’or libre »

     

    L’or du temps peut-être, cher à Breton, mais ici, point de surréalisme, la réalité est suffisamment riche pour que l’on ne ressente nul besoin de s’en évader. La poésie naît de caresses inattendues entre les mots et ce que l’œil perçoit. La contemplation ouvre une porte sur l’éternité.

     

    « La reprise lumineuse d’un œillet

    vient m’absenter de ce temps

    langueur longée de houx

    la paix construit son regard »

     

    Il y a, oui, comme une grande paix dans ce recueil, qu’on a envie de lire et relire afin de mieux s’en imprégner. Une paix cependant non exempte d’ombres, comme la montagne, l’homme a son ubac, ou son ombrée comme on dit dans les Pyrénées. Cela dit, chez Éric Barbier, même l’inquiétude est calme.

    Toujours cette quête d’équilibre, grâce au recul, celui que permet justement l’ascension d’une montagne.

     

    « retrouver une distance

    se tenir sur le fil

    encore lâche du jour

     

    s’y dresser encore à nu

    dans l’équilibre empierré de la mémoire »

     

    Ainsi, dans la plus grande simplicité, toute la magnificence du monde s’offre au regard du poète, en « vol fou des hirondelles dans le ciel de cuivre bleu ».

     

    On note au détour d’un mot, d’une phrase, un vide, une absence. L’auteur s’adresse aussi à « celle qui n’est pas là ».

     

    « Le manque se croit-il désir ? »

     

    Mais ce manque, aussi cruel soit-il, se répand en amour diffus pour tout ce qui l’entoure. La solitude s’illumine au contact d’une nature prodigue, elle en devient presque jouissance, plénitude en tout cas.

     

    « J’erre dans la démesurée douceur

    du songe »

     

    Et c’est la nature encore, qui enseigne le nécessaire détachement.

     

    « le souvenir d’une robe s’accroche à l’indifférence

    d’un alisier »

     

    Le défilé des saisons est une médecine de l’âme, « des fruits viennent l’oubli cueille les siens ».

     

    Sans aucun doute, Éric Barbier est un poète des hauteurs, qui chemine, humble et discret, sur des chemins de sagesse, et en le lisant, on ne peut s’empêcher de penser parfois à ces poètes errant comme, par exemple, Bashô.

     

    Cathy Garcia

     

    Eric Barbier.jpgÉric Barbier est un poète de Tarbes, ville dans laquelle il est aussi bibliothécaire. Pierre Colin, autre écrivain et poète tarbais, le présente ainsi : « Pourquoi écrire ? » se demande Eric Barbier. Et il répond « Pour inscrire ce témoignage de quelques heures éparses… pour résister à tout et d’abord à soi-même ». La poésie d’Eric Barbier est rebelle aux modes de communication actuels. Elle s’inscrit dans l’étrangeté, la mise en déséquilibre du signe. Elle n’est pas dans une modernité de la mélancolie ou de la beauté. Elle invente de l’inconnu pour ouvrir une brèche vers la réalité de demain.

     

     

     

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/promesse-achevee-a-bras-nus-eric-barbier.html

  • Deux poings, ouvrez les guillemets - Guillaume Siaudeau

    Un très percutant Mi(ni)crobe (n°35), signé Guillaume Siaudeau, avec des illustrations de Magali Planès.

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    James "quand il sort du ventre

    ses poings sont déjà fermés

    (...)

     

    Son coeur est

    un taureau

    qu'on jette dans l'arène"

     

    "La première fois que James

    voit son père

    trancher le cou d'un gallinacé

    il n'a que 10 ans

    et le corps de l'animal

    traversant la cour

    lui souffle

    "Dans la vie

    il ne faut jamais lâcher"

     

    C'est comme à l'école :

     

    "Pensez à apprendre vos leçons

    pour demain

    pour après-demain

    pour le restant de vos jours

    et jusqu'à ce que

    mort s'ensuive"

     

    Il ya le vieux Sam qui

    "chaque jour

    montre au poteau

    qui est le chef"

     

    Frapper, cogner. parce que "quand les mains n'en peuvent plus d'être seules alors elles deviennent des poings"

     

    Alors "James dompte les rings

    apprivoise la victoire

    la gloire cette bête

    sauvage et volatile

    qui court au fond du coeur"

     

    "Ses gants sont deux montgolfières

    s'échappant dans l'obscurité"

     

    "Combattre

    aimer

    combattre

    aimer

    frapper ou embrasser

    à la chaîne"

     

    "tambouille

    d'alcool

    &

    d'amour

    Les jours qui passent

    ont une odeur de nuit"

     

    et un jour James choisira d'aller "ramper sous les étoiles".

     

    Cathy Garcia

     

     

    LE BLOG DE GUILLAUME SIAUDEAU : http://lameduseetlerenard.blogspot.fr/

     

     

    Les MI(ni)CROBES sont de petits débordements de la revue Microbe. Chaque plaquette propose des textes d'un auteur ayant retenu l'attention de Paul Guiot ou d'Éric Dejaeger. Les exemplaires, tirés à un nombre très limité (une centaine), sont réservés à l'auteur, à un service de presse ciblé et aux lecteurs de Microbe ayant souscrit un abonnement « plus ». Aucune réédition n'est prévue.

    http://courttoujours.hautetfort.com/archive/2012/06/17/mi...

  • Cardère éditeur en tournée !

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    Il s'agit de Villeneuve-les-Avignon. Vous pourrez retrouver Bruno Msika, l'éditeur et les livres (dont Le poulpe et la pulpe et Les Mots allumettes), au festival de poésie de Sète du 20 au 28 juillet et au 7ème salon des petits éditeurs le 23 septembre à Cotignac, dans le Var.

    Si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas, Cardère éditeur a une très belle collection d'ouvrages à vous faire découvrir.

    http://www.cardere.fr/index.php

  • Tryptique du veilleur de Louis Raoul

    Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/tryptique-du-veilleur-lou...

     

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    Cardère, 2012, 58 pages, 12 €

     

     

    Parce que la vie nous pousse de l’avant tout en nous dépouillant, vient ce temps où il nous faut prendre de la hauteur, de cette nécessité-là peut-être est né Triptyque du veilleur. Une tour, une barque et une archère. Non pas un, mais une, selon le choix de l’auteur. Une archère, qui est aussi la flèche envolée, et la cible invisible de l’au-delà.

    Il y a donc une tour dans la première partie, intitulée L’approche de la hauteur. Une tour de pierre, de chair et de vent.

     

    « Prisonnier et gardien

    Tu n’habites pas la tour

    Tu es ses assauts et sa défense

    Le poème qui la fonde ».

    Mais voilà, « Entrer dans la tour n’est pas tout, il faut se faire accepter de la hauteur ».

    Et qui dit tour, dit sentinelle, celle qui veille quand tout le monde dort.

     

    « Les tours fécondent la nuit

    Les sentinelles oubliées. »

     

    Il est question de solitude dans ce recueil à l’écriture très concise, dépouillée, polie comme les pierres qui doivent s’ajuster parfaitement pour former une tour et on songe au Désert des Tartares de Buzzati. Au cœur de cette solitude, qui est le lot de chacun d’entre nous dans le voyage de l’existence, l’auteur se raccroche au poème, pierre de fondation, point d’ancrage et nous embarque dans la seconde partie du recueil, la Barque. C’est au lecteur qu’il s’adresse, un autre lui-même.

     

    « Il faut rester là longtemps

    Jusqu’à que ce que cette barque qui est vous

    Prenne âge de toute part

    Et le chant cèdera

    Qui vous retenait au monde »

     

    Qui dit barque dit traversée, se détacher des rives, du connu, se préparer à la grande fonte du soi.

     

    « Il reste à mettre de l’ordre

    Dans cette débâcle du dire

    Vous n’êtes pas encore

    De ceux qui signent d’une noyade

    Au bas de l’eau ».

     

    Il y a alors récapitulation, souvenance.

     

    « Un portail

    Vous attendait

    Au bout de l’enfance

    Que vous ne saviez pas

    Tous ces temps d’orage

    À jouer

    Quand le ciel perdait ses clés

    Sur les toits ».

     

    Et puis,

     

    « Vous entrez dans un autre pays

    Une autre saison

    La parole se fait maintenant plus lente

    Elle peut dire ce bruit de paille

    Dans le vent

    D’une pluie coupée ».

     

    Et c’est cette barque qui conduit

     

    « Au pied de la tour

    Qui est vous

    Il vous faut rejoindre la hauteur »

     

    S’ouvre alors la troisième partie du triptyque, l’Archère. Ce terme évoque la tension qui vise un ailleurs plus vaste, « cette nuit je me suis inventé une rupture », qui cherche à percer peut-être un secret, celui qui ne peut nous être dévoilé de ce côté-ci.

     

    « J’ai attendu

    Un improbable retour

     

    (…)

     

    Enfermé

    Dans l’épaisseur

    D’une vitre ».

     

    Il est question de « cette quête du passage », de « rêve de voyage », un appel d’air, on pense à la symbolique du sagittaire, mais il nous faut redescendre de la tour et « Reprendre taille humaine »

     

    « Avec la soif

    Qui un des lieux du poème ».

     

    Une solitude que l’auteur désire et ne désire pas, hantée par le manque.

     

    « Je te cherche encore

    Sachant l’inutile

    J’interroge les rues de tes pas

    J’essaie des portes

    Dans la chambre-seconde

    Où ton souffle habitait ».

     

    L’auteur voudrait sans doute trouver une issue à cet enfermement dans le temps, se libérer des frontières.

     

    « J’aimerais bien partir d’ici

    Retrouver l’empreinte d’une crinière

    Dans le vent

    Un galop d’avant la parole

    Il me suffirait pour cela

    De siffler

    Lascaux

    Un cheval y manquerait ».

     

    Il y a beaucoup de noblesse et de fierté dans ce recueil, taillé par un verbe d’artisan, quelque chose d’intemporel justement, l’ombre d’un chevalier qui demeure droit et digne, le regard fixé sur l’horizon et Louis Raoul le ponctue d’un final à la hauteur.

     

    « Puis vient l’heure

    D’une lance claire

    Et haute

    Saison d’orgueil

    Et de victoire

    Avec le vent

    C’est une offrande de feuilles

    Au pied de la tour ».

     

    Cathy Garcia

     

    louis-raoul.jpgLouis Raoul est né en 1953 à Paris où il réside toujours. Il a publié une quinzaine de recueils et a obtenu en 2008 le Prix de la Librairie Olympique pour son livre Logistique du regard publié chez N&B/Pleine Page. Parmi ses autres publications : Par peur de l’équilibre (L’Harmattan), Préface aux confins (Opales/Pleine Page), Sources du manque (Ex Aequo), Démantèlement du jour (Éclats d’encre).

  • Visage vive de Matthieu Gosztola

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    Ed.Gros Textes, photographies de l’auteur, 2011, 96 p. 7 €

     

     

    Visage vive n’est pas de lecture aisée, car derrière une langue qui semble s’égarer, s’éteindre avant de se rallumer à nouveau, un peu comme des soubresauts, il y a cette tentative de dire l’indicible.

     

    Il faisait un froid terrible

    Dans le visage

    De cet enfant là

     

    Il n’y a pas de mots assez vastes, assez puissants pour contenir la douleur, sans doute la plus insupportable, de la perte d’un enfant. Aussi, par petites touches, ce texte se remémore, parle à l’enfant qui n’est plus, lui imagine même un futur, le tout accompagné de très belles photos de l’auteur, prises en Inde, pays de grande intensité spirituelle. Des photos dont toute la lumière et les vives couleurs aident peut-être à transcender la souffrance. Visage vive est un livre tendu comme une main au-dessus du vide et qui s’adresse aussi à tous ces autres « parents-funambules », qui subissent cette épreuve.

     

    Ce n’est pas toi qu’on

    Enterre

    C’est moi dans ma vie de toi

     

    Visage vive est un recueil qui avec amour, avec pudeur, tient en fragile équilibre entre l’écorchement du « pourquoi ? » et une difficile tentative d’acceptation de ce qui est, de ce qui a été et qui n’est plus.

     

    Tu n’as jamais vu la mer

    Tu es ce qui retourne à sa

    Réception d’étoile

     

    Mais, l’amour ne s’arrête pas aux frontières de la mort. Des êtres aimés qui les franchissent, demeure le souvenir, la présence intangible mais si puissante du souvenir. Ici l’écriture est comme une catharsis, les mots sont parfois comme retenus ou égarent leur sens dans la vacuité, ils tâtonnent comme des mains dans le noir et soudain ils se déversent à flots précipités, avec cette obsession du visage.

     

    La peinture du visage n’a pas eu le

    Temps

    De sécher

     

    Tout finalement tient dans le visage.

     

    Tout est là dans le visage

    Et je prends tout

    Avec mon souvenir

     

    Mon souvenir est déjà là même

    Dans le présent du regard

     

    Il y a vie dans visage, et la peur sans doute que la mémoire des traits ne finisse par disparaitre elle aussi.

     

    Ton visage est identifiable à ce qui

    Ne viendra jamais

    Même avec les décibels des cris

    Diminuer le silence

     

    Alors par delà l’intolérable déchirure, les mots viennent pour divorcer du silence, tisser un fil auquel se raccrocher.

     

    Je crois que c’est possible

    De vivre car on est deux

    Et ça a duré

     

    Des mots que l’on voudrait magiques.

     

    Je ferai si c’est

    Nécessaire

    Dans toute la pièce des

    Moulinets

    Avec les bras en récitant

    Des incantations mais

    Malheureusement je me réveille

    La vie n’est pas un conte de fée

     

    La mort est sourde à nos questions, elle est juste une réponse. Une réponse à la trop vive douleur du corps. Peut-être se fait-elle ainsi pardonner, elle vient apaiser les souffrances de l’enfant aimé, qui sont tout autant, sinon plus insupportables qu’elle. Reste alors un amour indéfectible et le pinceau des mots pour que visage vive.

     

    Cathy Garcia

     

     

    M_Gosztola.jpg Matthieu Gosztola, né le 4 octobre 1981 au Mans. Doctorant en littérature et sciences humaines, il enseigne la littérature au Mans et à Paris. Il a écrit des critiques dans les revues Europe, Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Histoires Littéraires, La Main millénaire, remue.net, Poezibao, Terre à Ciel, La Cause littéraire, Contre-allées, ainsi que dans les revues de la Comédie-Française, des Presses Universitaires de Rennes et des éditions Du Lérot. Pianiste et compositeur de formation (sous la direction de Walter Chodack notamment), il donne des récitals, en tant qu’interprète ou improvisateur, qu’ils soient ou non reliés à la poésie comme lors du festival international MidiMinuitPoésie.

     

    Publications :

     

    Sur la musicalité du vide, Atelier de l’agneau, 2001

    Travelling, Contre-allées, 2001

    Les Voitures traversent tes yeux, Contre-allées, 2002

    Sur la musicalité du vide 2, Atelier de l’agneau, 2003, Prix des découvreurs 2007

    Matière à respirer, Création et Recherche, 2003, Livre d’art en collaboration avec le photographe plasticien Claude Py

    Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin, Éditions de l’Atlantique, 2008, Photographies et poèmes agrémentés d’un dessin à l’encre de Chine de Zuzanna Walas

    J’invente un sexe à ton souvenir, Minuscule, 2009

    Une caresse pieds nus, Contre-allées, 2009

    Débris de tuer (Rwanda 1994), Atelier de l’agneau, 2010

    Un seul coup d’aile dans le bleu, Fugue et variations, Editions de l’Atlantique, 2010

    Ton départ ensemble, La Porte, 2011

    Un père (Chant), Encres Vives, 2011

    La Face de l’animal, Éditions de l’Atlantique, 2011, Photographies et poèmes

    Visage vive, Gros Textes, 2011, Photographies et poèmes

    Contre le nihilisme, Éditions de l’Atlantique, 2011, Essai

    Le génocide face à l’image, Éditions L’Harmattan, collection Questions contemporaines, 2012, Essai de philosophie politique

    Traverser le verre, syllabe après syllabe, La Porte, 2012

    Ariane Dreyfus, Éditions des Vanneaux, 2012, Essai

     

     

    Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/visage-vive-matthieu-gosztola.html

  • "Calepin paisible d'une pâtresse de poules" lu par Ile Eniger

    A lire sur son blog : http://insula.over-blog.net/article-cathy-garcia-107808791.html

    Je vous recommande vivement la lecture de ce petit livre imprimé sur papier recyclé, relié par deux bouts de cordes et joliment présenté dans une enveloppe translucide art-lettre, ensemble numéroté que l'auteur (site ici : link ) vous expédie pour 8 Euros.

    L'écriture de Cathy Garcia est une belle écriture, tant de fond que de forme, par les temps qui courent c'est de plus en plus rare, aussi quand un véritable auteur se profile, il faut le lire, cela repose des nombrils déployés et autres médiatisations insipides qu'on nous propose un peu partout dans un air du temps de plus en plus pollué ! Ile E.