« Pourquoi t’es-tu battue ? Le monde que tu souhaitais n’est pas advenu, n’aura jamais été que dans les interstices d’espoir, des alliances clandestines traquées par la violence d’État. C’était un monde déjà perdu au moment même où tu l’entrevoyais ».
Mais elle aspire cependant à la paix, à un peu de bonheur si jamais cela était encore possible, le chat écorché accepterait bien quelques caresses. Elle a beaucoup lu, étudié, médité lors de ses années d’incarcération. Elle a tué et elle a payé. Mais peut-on vraiment payer sa dette de mort ? Le cercle de la violence est un cercle infernal et chaque acte n’en finit jamais de porter à conséquence. Les peuples de la vendetta connaissent bien ça. Une agression en pleine rue va le lui rappeler alors qu’elle est sur le point de commencer à travailler avec son amie Isa, dans une pépinière. Elle se sent bien là-bas, chez ces espagnols, chez Pablo, sa sœur Clara et ses trois enfants. Elle s’y sent bien au point de ne plus les quitter, et très vite entre Pablo et Valérie, quelque chose de beau et de bon commence à lui faire oublier toutes ces années passées à l’ombre.
« Mon histoire est là à présent, sous les mains de Pablo et dans les miennes, dans les intervalles qu’il me reste à parcourir. Et je me dis que je n’aurais pas trop d’une troisième vie pour me rejoindre ».
Mais peut-on vraiment payer sa dette de mort ? Valérie Straub aspire à la paix mais elle n’est pas le genre de femme à se dégonfler devant son destin.
Un destin que vous découvrirez en lisant ce livre, court mais intense. Une écriture fluide et envoûtante pour un clin d’œil courageux à ces idéalistes, les gauchistes comme on dit, extrémistes certes, mais on sait bien que l’ennemi qu’ils combattent ne l’est pas moins, et qui ont choisi un jour ou l’autre la manière la plus directe, la plus brutale, et la plus vaine aussi, pour tenter de changer le monde.
Vraiment un très beau texte, fort et poignant, que l’on pourrait peut-être résumer ainsi : courage, dignité et désespoir.
Soulignons au passage aussi l’éditeur, Quidam, qui encore une fois, publie un texte de grande qualité, dans un ouvrage bien réalisé, pour un prix dérisoire.
Cathy Garcia
Stéphane Padovani est né en 1966 à Courbevoie et a vécu en région parisienne jusqu’en 1999, dans différentes banlieues, où il a commencé à enseigner. 1995 : premières publications en revues. Il a obtenu la bourse « découverte » du CNL et animé quelque temps un atelier d’écriture en maison d’arrêt. Il vit et enseigne désormais en Bretagne. Il est aussi l’auteur de L’Homme de bois (2002) et Chiens de guerre (2004), tous deux chez Bérénice. Aux éditions Quidam, il a publié en 2007 La Veilleuse, où il poursuit, sur un fil toujours tendu, des itinéraires intimes pris dans la marche du monde.