Les Sheela Na Gig
Une Sheela Na Gig (ou Sheela-Na-Gig) est une sculpture figurative féminine aux traits grotesques, présentant une exagération du sexe et que l'on trouve dans les îles Britanniques.
Elle se rencontre le plus souvent dans les églises et les châteaux, parfois accompagnée d'un équivalent masculin.
Les Sheela Na Gigs seraient des protections contre le Diable et la mort, de même que les gargouilles et les représentations grotesques de démons dans les églises et cathédrales d'Europe.
La plus célèbre des Sheela Na Gig se trouve dans l'église de Kilpeck, dans l'Ouest de l'Angleterre. Néanmoins, ces sculptures sont plus nombreuses en Irlande (101 recensées) qu'au Royaume-Uni (45 recensées).
Il y a une polémique concernant l'origine et la signification du nom qui n'est pas traduisible de l'irlandais. Il est possible de rencontrer les termes Sheila, Síle et Síla. Le terme de Seán-Na-Gig a été créé par Jack Roberts pour désigner les sculptures masculines analogues aux Sheela Na Gig.
Eamonn Kelly mentionne une phrase en irlandais qui contient les termes Sighle na gCíoch signifiant la vieille sorcière aux seins et Síle-ina-Giob signifiant Sheila sur les genoux (Sheila provenant de l'irlandais Síle, l'équivalent de Cécile ou Cécilia). Mais ces interprétations sont remises en cause car peu de Sheela Na Gig ont les seins visibles et la dérive de ina-Giob et na Gig ne fait pas l'unanimité.
Sheela Na Gig désigne simplement pour Barbara Freitag une sorcière ou une vieille femme. Elle évoque dans son livre « Sheela-Na-Gigs : Unravelling an Enigma » (Sheela-Na-Gigs : Interprétation d'une énigme) une étymologie du terme et son évocation bien plus tôt que 1840, notamment un bateau de la marine royale et une danse appelés Sheela na Gig au XVIIIe siècle. Ce sont les plus vieilles mentions de ce nom mais il ne s'applique pas aux sculptures. Barbara Freitag indique que le terme désigne un esprit féminin irlandais et que gig était de l'argot de l'anglais nordique pour désigner les parties génitales d'une femme. Mais un mot actuel irlandais, Gigh (prononcé comme le prénom Guy) a la même signification et l'amalgame reste possible.
Une hypothèse avancée par Jørgen Andersen dans l'ouvrage «The Witch on the Wall» (La sorcière sur le mur) et reprise par James Jerman et Anthony Weir est que ces sculptures ont vu le jour au XIe siècle en France et en Espagne avant d'être introduites dans les îles britanniques au XIIe siècle. Eamonn Kelly, conservateur des antiquités irlandaises au Museum National d'Irlande à Dublin remarque que la distribution des Sheela Na Gig en Irlande correspond aux zones envahies par les Anglo-Saxons. Les Sheela Na Gigs des églises auraient ainsi été apposées pour dénoncer la convoitise et la perversion que représenteraient les femmes.
Une autre théorie, adoptée par Joanne McMahon et Jack Roberts, est que les Sheela Na Gig sont une rémanence de la religion pré-chrétienne de la fertilité et de la Déesse-Mère. Selon eux, les Sheela Na Gigs se seraient rencontrés dans des édifices du culte pré-chrétien et se seraient intégrées dans l'architecture des églises. Des différences ont été relevées avec les sculptures du continent où les figures masculines et des positions extravagantes sont beaucoup plus présentes que dans les îles britanniques, ce qui accréditerait la thèse d'une assimilation de ses représentations en Irlande et au Royaume-Uni.
(source : wikipedia)
C'est cette seconde théorie qui me parait la plus vraisemblable, ou en tout cas qui me plait le plus. Certaines évoquent la vie, d'autres plutôt la mort, deux aspects de la déesse. Suivons donc ses traces...
Dunaman Castle, Limerick, Irlande
Killeagh, Cork, Irlande
Kiltinan Church, Irlande
Cavan Museum, Irlande
Llandrindod, Wells
Fiddington, Somerset, Angleterre
Kilpeck, Herefordshire, Angleterre
Ballylarkin (Kilkenny) Irlande
Easthorpe, Angleterre
Penmon, Pays de Galles
Twywell, Angleterre
Lavey Cavan, Irlande
Ballinderry Castle près de Tuam County, Galway, Irlande
Woodkirk, Angleterre
Kilcoe Castle, Cork, Irlande
Eglise Sainte-Radegonde de Poitiers, France
et en guise de clin d'oeil :
Déesse Lajja Gauri - déesse de la fertilité, une des formes de Devi - détail d'un pilier de bois sculpté), Vallée de l'Indus.
La déesse Lajja Gauri est gravée par les hommes préhistoriques d'Europe Centrale avec son symbole "M+V" qui sont reproduits jusqu'au 3eme millénaire av.JC par les divers peuples héritiers de leur culture, des peuples du Danube a l'Europe de l'ouest, à la Mésopotamie et l'Indus et à la Chine de l'ouest.
La représentation graphique complète du modèle qui caractérise l’attitude Lajja Gauri semble avoir apparu en Europe Centrale, à Mezin en Ukraine, à la période de l’Age de glace, gravée sur plusieurs objets en ivoire de mammouth clairement associés au culte phallique dédié à la déesse de la sexualité.
Pour moi, il y a là une preuve irréfutable que les Sheela-na-gig sont dans la continuité de ces représentations.
La gravure des « Lajja Gauri » y est associée avec les signes qui désignent la déesse de la sexualité : M + V. « M » ou son inverse, est le graphisme de la position jambes écartées en offrande sexuelle. « V » ou son inverse, celui du sexe féminin.
On songe aussi aux Baubos de la Grèce antique, ces figurines en terre représentant une femme exposant son sexe. On dit que la représentation serait venue d'Egypte. Dans la tradition orphique de la mythologie grecque, Baubo (en grec ancien Βαυϐώ / Baubố est une figure féminine liée aux mystères d'Éleusis et à l'histoire de Déméter et Coré.
Ptolémaic, Egypte
Musée d'Agen, date de l'époque romaine
Statuette romaine
Pictogramme hopi