Stasys Eidrigevicius
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La référence au livre de Hessel est évidente comme le rappelle sa responsable, mais lorsque le n° a été mis en chantier, il n’y avait pas eu encore les massacres de Paris et de Nice. Les textes évidemment résonnent de ces échos sinistres. Et comme le risque pour le poème dans ces conditions, c’est de déraper, de dépasser, de vouloir trop en dire et de dévisser, certains ont préféré carrément la prose plus démonstrative et didactique.
D’ailleurs, Eve Lerner note bien la difficulté de l’écriture sur cette thématique : Même si le poème doit en souffrir et ajoute : Nous refusons de picorer les miettes qu’on nous jette pour retrouver le pouvoir de mordre. Ainsi Jean-Luc Le Cleac’h s’en prend à la communication, aux mots « démonétisés », bons pour la réclame, et il cite Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». De même Cathy Garcia donne trois textes déjà écrits en 2002, 2006 et 2008. Elle met justement en parallèle progrès et profit. Nous sommes les cuivres oxydés, piteux clairons de vieux avènements. Et parle de son « parcours poético-précaire ». Patrice Perron note de son côté que la banalisation de l’indignation guette.
En outre, une trentaine de participants au sommaire, avec de bonnes illustrations photos de Jean-François Cochelin. Ce n’est pas le hasard si le poème initial d’Eliane Biedermann est intitulé : « Réfugiés ». Eric Chassefière écrit en plein contexte trumpiste : Indignons-nous [… ] de ceux qui pour imposer leur raison / désignent leurs fous / qui rêvent d’ériger des murs / à la place des frontières Danielle Allain Guesdon clôt son poème sur une note d’espoir : Apprendre à allumer sa petite lumière / Pour créer un monde différent. Ainsi qu’Edouard Richebonne : grandissons-nous pour accueillir comme des frères nos frères d’infortune ! De même, Louis Bertholom qui exhorte : Respirez les sourires Anne-Lise Blanchard parle de Homs. Gérard Lemaire, disparu récemment : J’entends la violence en me bouchant les oreilles / Enfant dans un valdingue de quartier. Teresinka Pereira évoque Gaza et Hiroshima. Stéphane Casenoble : Je maçonne l’obscur. Guy Chaty, avec l’ironie qui le caractérise : Le mâle continue tranquille / à pratiquer l’inceste / en famille, c’est plus facile. Ou bien : l’Homme attaque les voisins / pour prendre leur territoire / et leurs ressources tout en / refusant les étrangers / sur son sol. Gérard Cléry : pour qu’on t’enfonce / l’homme / dans la gorge. Enfin Jean-Jacques Nuel ne manque pas d’humour dans ses deux pages : « Les redresseurs de lettres ».
La revue donne ensuite des notes de lecture signées Eliane Biedermann, Laurent Bayssière, Guy Chaty, Jean-Louis Bernard… et sur les revues aussi par Basile Rouchin et Gérard Faucheux. Marie-Josée Christien de son côté s’intéresse aux éditions du Petit Véhicule de Luc Vidal, et sa belle revue Chiendents.
IHV existe depuis bientôt 40 ans. Toujours pugnace et coriace !"
12 €. 5, rue de Jouy – 92370 Chaville.
ne reste plus que cet amas de nerfs, noués et cette peau qui sans ton être
n’est même pas le début d’un tambour
in Seul le bleu reste
"Create or die"
Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise,
on n'y croit pas du tout.
Grands cheveux, jambes à l’air,
Et par-dessus, un vent rouge et rose