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Cara Barer - Found Reference - 2004

Cara Barer - Found Reference - 2004.jpg

 

VIEILLIR

 

au fil du temps

qui s’émousse

l’âme se patine

le corps se débine

les dents fondent

dans la bouche

le cheveu blanchit

la peau se fripe

chaque cicatrice

réapparaît

veut conter

son histoire

les invisibles parfois

pleurent encore

en silence

le corps comme

un vieux livre

dont les pages

jaunissent

combien encore

à tourner ?

l’horloge bloquée

sur l’heure de

la décrépitude

un demi-siècle

a sonné

le cœur pourtant

semble solide

dessinées sur les pages

des cartes de territoires

s’en retournent en jachère

la terre appelle la chair

quelques poèmes peut-être

dont l’encre s’efface

des partitions de frissons

d’exultations

 

 

et puis des pages sales

des pages piquées

de chagrins

quelques grandes auréoles

noires sur des pages

muettes

des pages trouées

des pages envolées

aussi

qu’on ne retrouvera

plus jamais

des pages qui tremblent

sous le vent qui les tourne

et voudrait les arracher

des pages et des pages

du déjà vieux et lourd

livre du corps

de plus en plus transparentes

pourtant

et à travers lesquelles

il est bon de voir l’âme

phosphorescente

radiante à la proue

du vaisseau du cœur

âme capitaine

âme mousse

âme sirène

l’âme étoile

immortelle

le poème qui passe

de livre en livre

de bouche en bouche

de vie en vie

de brin à brin

le poème

que la peau aime

sentir au-dedans

 

in Histoires d'amour, histoire d'aimer

 

 

Commentaires

  • Bien beau texte...

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