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  • Pascaline Duchatelle

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    Allongée. Au bord de la jouissance,

    s’ouvre une ruche à la toxique ardence.

    Exquise écharde. L’impérieuse salissure allume les ourlets

    sur la corniche du souffle.

     

    Conjugaison de l’air et du verrou.

    Espace ramifié de torrents et de fourches.

    La sève cache ses vieilles ruses de silex

     

    cg in Fugitive (Cardère 2014)

     

     

  • Juste après la pluie de Thomas Vinau

     

    Alma éditeur, 30 janvier 2014

     

    Juste-après-la-pluie-de-Thomas-Vinau.jpg

    81 pages, 17 euros.

     

     

     

    Comme il l’écrit lui-même dans sa postface intitulée « Lignes de fuite » : « Ma poésie n’est pas grand-chose, elle est militante du minuscule, insignifiante, et je l’écris au quotidien, à la mine de rien. J’ai pensé à ce projet plus conséquent. Un gros livre de petits poèmes. » Pari osé, ce roman-poésie, car on sait bien, l’offre en poésie dépasse de loin la demande, beaucoup en écrivent, peu en lisent ; « je travaille beaucoup à la simplicité » nous dit Thomas Vinau, or rien n’est plus difficile à atteindre que la simplicité, cependant chacun pourra très certainement puiser dans ce « gâteau de miettes » quelque chose à son goût.  D’ailleurs, poésie du quotidien peut-être, mais comme le souligne l’air de rien l’intitulé de la postface, il semble qu’écrire de la poésie soit justement pour Thomas Vinau une façon d’échapper au quotidien, ou tout au moins de le rendre parfois plus respirable, plus supportable. C’était peut-être moins évident dans des recueils plus anciens, mais ici on peut distinguer plus nettement des fêlures, des fragilités, dans les constructions qui protègent un quotidien, qui est surtout celui de l’intimité, de soi, du couple, de la famille, comme à opposer à un monde devenu bien trop fou, bien trop agressif pour qui a la sensibilité à fleur de peau. « Tout va bien » écrit-il, « le monde court après le monde dans les paisibles chuchotements de nos agonies veloutées ». Fragile le poète certes, mais aussi « la solidité des parfums de pivoine lorsque tu me piétines ».

     

    Poète… Spécialiste de « l’inutile indispensable ». La poésie aime peut-être l’ordinaire mais elle ne le laisse pas tranquille, quand elle s’engouffre dans le quotidien, elle le chahute, elle le transforme, le bouscule, le bascule et c’est ainsi que lorsque les yeux de Thomas Vinau « fouillent les ratures du paysage », ils  « distinguent un troupeau de fenêtres sauvages ».

     

    Dans le quotidien, il y a ce trésor nommé instant présent, un puits sans fond dans lequel Thomas Vinau sait puiser quelques fulgurances, comme on remonterait quelques jolis poissons.

     

    « Souvent j’ai l’impression

    d’être un sachet de thé

    dans l’eau tiède du monde

    mais parfois me rattrape

    la sensation violente

    d’être une goutte d’eau

    saturée de saveurs

    dans une boite à thé »

     

    Et la vie est « une petite rivière pleine et fraîche qui nous file entre les doigts » aussi le poète déplore

     

    « le décès instantané

    D’un petit matin frais

    Fauché en pleine course

    Par un quotidien trop pressé

     

    aux dernières nouvelles

    Le champ des possibles

    S’écoule encore de son ventre

    Sur la chaussée

     

     

    Thomas Vinau a l’âme sauvage, qui le ramène autant que se peut vers la nature, l’enfance, ce qui est un peu la même chose.

     

    Je me sers

    d’un toboggan d’enfant

    comme chaise longue

    je me sers

    de l’herbe haute comme déodorant

    je me sers

    du ciel foutraque

    comme cahier de brouillon

     

    D’ailleurs le poète a beau viser l’horizontalité, même s’il sait qu’ « on fait pisser nos rêves à la laisse comme des chiens », il ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel et se dire que Dieu a l’haleine chargée

     

    « dans sa dent creuse

     un soleil

    endormi »

     

    Et les poètes sèment leurs innombrables poèmes que les oiseaux du malheur ne manqueront pas de dévorer, c’est pourquoi il faut en semer beaucoup, beaucoup, afin que certains puissent avoir la chance de germer. Ne serait-ce que pour continuer à nous bousculer le quotidien.

     

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    AVT_Thomas-Vinau_240.jpgThomas Vinau est né en 1978 à Toulouse. Auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de poèmes, il publie en 2011 son premier roman, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, aux éditions Talma. Un road-movie d’inspiration autobiographique, à « l’écriture pudique et organique », qui fait le tour des blogs littéraires et fait sortir le jeune auteur de son microcosme littéraire. Influencé par les poètes américains (Richard Brautigan), et militant du minuscule, Thomas Vinau signe en 2012 un Bric à brac hopperien, portrait du peintre américain Edward Hopper « réalisé à partir de listes, de notes et de chutes autobiographiques » (Ed.Talma). Thomas Vinau vit aujourd’hui près du Lubéron, plante des radis et taille des lilas, écoute les insectes grouillants qui organisent le monde,  non loin des chauves-souris qui s’endorment, la tête au pied des mots. Bibliographie complète : http://bibliothomasvinau.blogspot.fr

     

     

     Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/

     

     

     

  • Henrique Oliveira - Wooden tunnels

    Wooden Tunnels Installation

    L’artiste brésilien Henrique Oliveira a récemment construit une énorme caverne en bois avec des tonnes de tunnels au Museu de Arte Contemporânea da Universidade à São Paulo. Son installation insolite appelée « Transarquitetônica » est disponible jusqu’à fin Novembre 2014.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    http://www.henriqueoliveira.com/

     

     

     

  • Jérémie Pujau, artiste : “Je n’incite pas les gens à tirer les œufs, je perturbe seulement un espace normé

    Lors d'une des performances de Jérémie Pujau (photo: Annie Luck)

    Lors d’éprouvantes performances, Jérémie Pujau s’est fait bombarder d’œufs sur les places publiques. Rencontre avec un artiste qui veut amener à réfléchir sur l’effet de groupe et le passage à l’acte.

    Depuis 2005, Jérémie Pujau a réalisé à seize reprises sa performance intitulée “De la poule ou de l’œuf“. Le dispositif, qu’il a mis en scène sur plusieurs places publiques de villes européennes, est simple. Muet et immobile, il se poste face une table, sur laquelle il a déposé des œufs en boîtes, comme sur un marché. Certains passants se servent et partent, mais l’expérience finit presque toujours de la même manière : après avoir vu qu’il ne réagit pas, ils lui lancent des œufs dans un effet de groupe assez sidérant.

     

    Sa tournée achevée, le jeune artiste met les choses au clair : c’est ce qui précède la violence, la perte de libre arbitre dans le groupe, qu’il souhaite interroger. A l’avenir, il aimerait intervenir dans le milieu scolaire et carcéral, et rassembler son expérience en un documentaire. Rencontre.

    Les commentaires sur votre performance sur internet se focalisent sur la “nature humaine”, et condamnent en général les lanceurs d’œufs. Les internautes ont-ils raison de réagir ainsi?

    La nature humaine n’est pas en cause. La réaction des passants est d’abord due à un contexte culturel. En Europe ou aux Etats-Unis, je pense que le résultat serait le même. Alors qu’en Afrique, si je reproduisais le même dispositif, il y a des chances que les gens prennent les œufs et s’en aillent. Je ne pense pas qu’instinctivement ils vont penser à gâcher de la nourriture. Il n’y a pas de nature humaine là-dedans, il y a une culture de masse commune aux pays qui ont connu une révolution industrielle.

    Gustave Le Bon montrait déjà dans La Psychologie des foules, en 1870, qu’il y avait un changement dans le management des foules et qu’il fallait régir la masse en tant que masse, et pas en tant qu’individus séparés, pour en garder le contrôle. Comment oriente-t-on les foules, pourquoi et pour qui ? Ce sont les mêmes questions qui se répètent.

    De plus, quand les internautes regardent la vidéo chez eux, en différé, ils se sentent obligés de se positionner, de se mettre en situation, ce qui ne marche pas. Combien de gens aujourd’hui prétendent qu’ils auraient été résistants ? ce qui est impossible à savoir. Ce qu’on peut faire par contre, c’est réfléchir en amont et intervenir au niveau de l’éducation.

    Je pense que ce sera la prochaine étape de mon projet. Au lieu de me concentrer sur l’art contemporain, sur l’esthétisme de la performance, je vais partir dans une démarche pédagogique, où j’aimerais bien faire des interventions en milieu scolaire, et en milieu carcéral aussi, sur la notion de passage à l’acte.

    Quelle réflexion voulez-vous faire naître chez les lanceurs d’œufs?

    Les lanceurs d’œufs sont pris dans un effet de groupe. Au début je voulais juste prouver que si le premier œuf était lancé, tout le monde allait suivre. Je voulais déclencher cela. Le dispositif est construit de manière à ce qu’il soit possible de jeter des œufs. Que cela arrive, c’est normal. La question intéressante, c’est: pourquoi cela arrive?

    Je n’incite pas les gens à tirer les œufs, je perturbe seulement un espace normé, en amenant des éléments qui rappellent aux passants le stand de marché, le chamboule-tout de la kermesse, le stand de tir… Mais il manque le cadre de ces éléments: pas de marché, pas de kermesse, pas de notion d’argent. Ils doivent donc recréer le cadre, mais tout seul ils n’en sont pas capables. Ils sont obligé d’attendre pour que la responsabilité de l’action qui va suivre soit suffisamment partagée, c’est à ce moment là seulement qu’ils vont tirer les œufs.

    Pourquoi tirent-ils davantage d’œufs qu’ils n’en emmènent chez eux?

    A mon avis c’est beaucoup plus tentant, amusant, on est dans la question du jeu. Quand on jette les œufs en public, on a un rôle, on se met en avant, les gens attendent de nous quelque chose. Cette pression du groupe joue beaucoup. Petit à petit ils cèdent au groupe, pas à eux-mêmes. Mon but n’est pas d’apporter des conclusions: je suis artiste, pas scientifique. Mon but est d’amener des questions, des documents, pour que les gens trouvent des réponses par eux mêmes. Ce qui m’importe c’est que l’individu soit conscient de son appartenance au groupe, ce qui ne signifie pas qu’il doit faire ce que le groupe fait. Au contraire il va pouvoir apporter au groupe l’étincelle qui va permette le changement. C’est ce dont parle Hannah Arendt dans Responsabilité et jugement: comment déterminer par soi même pour le groupe. Je pense être le pont entre l’art et la sociologie. En tant qu’artiste je pense que je suis un modérateur.

    Vous parliez de faire des interventions en milieu carcéral et en milieu scolaire. Qu’aimeriez-vous apporter en terme d’éducation?

    Toutes les recherches sur lesquelles je me base, que ce soit de la psychologie sociale, de la sociologie, de la philo, ont été étudiées depuis la fin de la Seconde guerre mondiale jusque dans les années 70. On est en 2014: ces recherches ont-elles apporté quoi que ce soit? Y-a-t-il eu un seul effet de ces recherches sur la population globale? Zéro! Comment cela se fait-il? Lire du Arendt n’est certes pas accessible à tout le monde. Mais ne peut-on pas faire quelque chose pour les collégiens, les lycéens, vulgariser ces données là, les confronter, faire des comparaisons avec des choses de la vie quotidienne, les agressions dans le train, une dame qui attend en vain qu’on l’aide en bas des escaliers du métro avec sa poussette? Il y a plein d’exemples à mettre en parallèle. J’aimerais aussi condenser toutes ces performances en un documentaire qui soit accessible à tout le monde. Il va falloir que je vulgarise un peu le propos et que je produise des documents passables à la télé.

    J’ai une amie art-thérapeute qui travaille en prison. Je vais voir comment m’insérer dans ce milieu. C’est tout con mais Chomsky le dit bien: si l’on vivait vraiment en démocratie, on donnerait aux gens les armes pour qu’ils se défendent, on leur donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle. Mais cela n’arrivera pas. On ne va donc pas attendre des politiques que cela nous tombe dessus, on va faire l’inverse, partir du bas de la pyramide pour que cela remonte. C’est plutôt en bas de la pyramide que j’ai envie de me situer.

     

     

    Source : http://www.lesinrocks.com/2014/06/11/actualite/societe/pense-etre-pont-lart-sociologie-11509611/

     

     

     

  • Emil Michel Cioran

     

     La seule manière de supporter revers après revers est d'aimer l'idée même de revers. Si on y parvient, plus de surprises: on est supérieur à tout ce qui arrive, on est une victime invincible.

      

    in De l'inconvénient d'être né

     

     

  • Marie Thomas - de la série Graines de silence

    graines de silence marie thomas 02.jpg

     

     

    Je ne vis que pour le vent, la fuite est vaine. Vouloir retenir ce qui déjà n’est que poussière…  Poudre des illusions, si volatile, s’envolera t’elle ?

     

    Des rêves restent cette argile rouge et molle entre les doigts. Colmater les fissures, se peindre la face et hurler à la vôtre des sons barbares qui ne racontent rien d’autre que le cœur battant, le sang dans le ventre et le limon de nos sexes. Vous, mes semblables si dissemblables, si prévisibles, je veux poser mes mains sur vos corps qui s’effacent, qui s’aplatissent et s’étalent en pixels. Cette chair si corruptible, cette ordure, je veux la retenir encore et creuser en elle des chemins de fête, ô divine solitude. Je ne vis que par le vent qui me traverse, qui me caresse, je suis si lasse de vous regardez tourner en rond dans vos boîtes. Je voudrais vous ouvrir, comme des fruits trop mûrs qui refusent de délivrer leurs graines.

     

    cg in A la loupe

     

     

     

     

     

     

  • Michel Camus

     

    Tout poète habité par la transcendance ou la verticalité du silence échappe nécessairement à la prison de la langue. Il promène ailleurs (du côté de la vie nue du silence ou du côté de la mort, vers les pics mutiques de l'âme ou les précipices des mots) sa baguette de sourcier

     

    in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science

     

     

     

  • Robert Escarpit

     

    Un morceau de vérité est un mensonge. Or, pour en revenir au langage, les mots ne sont jamais que les morceaux de vérité. Chacun est l'éclat trompeur d'un miroir brisé que jamais personne ne recollera.

     

    in Lettre ouverte au diable