Alison Scarpulla
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Je dis à l’oiseau
il faut que je m’envole.
L’oiseau agite
le mode d’emploi.
Ailleurs
Je voudrais vivre Ailleurs.
Dans de petites villes brodées à la main.
Rencontrer ceux
qui ne viennent pas au monde.
Nous serions enfin heureux solitaires.
Pas une station ne nous attendrait.
Nulle arrivée. Nul départ.
Au musée du temps qui passe.
Pas une seule guerre ne se battrait pour nous.
Pas une humanité. Pas une armée. Pas une arme.
COMPLAINTE DE LA MÈRE
Fais ce que tu veux
Fais-toi plaisir
Occupes-toi de toi
Et maman fait la vaisselle
Maman prépare à manger
De sa petite fille
Maman doit s’occuper
Fais ce que tu veux
Fais-toi plaisir
Occupes-toi de toi
Maman est en bas
Elle s’occupe de tout
Papa est en haut
Perché sur ses bouts de bois
Fais ce que tu veux
Fais-toi plaisir
Va chez le coiffeur
Va chez ta sœur
Mais je n’en ai pas
Ça ne fait rien
Occupes-toi de toi
Maman à multiples bras
Voudrait être Shiva
Papa ne comprend pas
Il voit la vie d’en haut
Et la fillette de pleurer
Faut aller la changer
Et le chat de miauler
Toujours dans mes pieds
Et la fillette d’appeler papa
Mais ton papa ma fille
Est très très occupé
Et la fillette de hurler
Et le chat de cracher
Et le manger pas prêt
Maman s’occupe de tout
Maman s’agite partout
Et ce n’est jamais assez
Paraît pourtant d’après Papa
Qu’il fait beau là haut
Et maman s’enfonce
De plus en plus bas
Fais ce que tu veux
Fais-toi plaisir
Faut sortir faut bouger
Occupes-toi de toi
Faut sortir aussi le linge
De la machine à laver
L’étendre et préparer
Déjà oui le souper
Et la fillette est tombée
Le chat sur sa patte
J’ai marché
Et le bocal renversé
Et la couche débordée
Fais ce que tu veux
Fais-toi plaisir
Faut sortir faut bouger
Occupes-toi de toi
Juste une envie de fusiller
Celui qui me dira ça
Encore une fois !
cg 2004
in Calepins voyageurs et après ?
Le bavardage du monde
Dans le grand bavardage du monde
je ne suis qu’un murmure mêlé
à un fortissimo sonore.
Villages villes pays
déclenchent un vacarme
quand je m’approche de leurs frontières.
Une tondeuse
prima-donna d’opérette
dans notre basse cour
tond le silence matinal
en un libretto de pacotille.
Bruyante médiocrité autour.
Voix hautes.
Moteurs de stades rugissant.
Vacarme politique.
Même une seconde d’amour
arrache un cri
Et il y aura encore plus de bruit.
De plus en plus. De plus en plus.
Jusqu’à ce qu’un silence de mort frappe de son ton solennel.
L’histoire comme d’habitude
va trompeter tout ça
pour couvrir un appel au secours
lancé par quelqu’un.
Traduit par Isabelle Macor-Filarska
Aujourd’hui
Rendus à la poussière
Elle creuse l’horizon
D’une marque étrange
Un sablier brisé d’où s’écoule
sable et ombre.
in Portrait de ma grand-mère en demoiselle coiffée
Terre, tourbe de soie sourde que je pénètre,
Moisissure forgée de gangues et de croix
J’encage dans mes reins l’aube qui me fit naître
Arbre, fiction de cris morcelée sous les bois.
in Fenêtres vos regards