Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

FUSIONS "CALEPINS VOYAGEURS"

  • Anne-Marie Zilberman

    Anne-Marie Zilberman, 1.png

     

    AINSI SE FAIT

     

    Je t’ai donné le jour

    soleil chaleur lumière

    et je te donne aussi la nuit

    lune silence étoiles

    Je te donne en somme

    ce qui n’appartient

    à personne

    mais qui demeure

    en chacun de nous

    Je te donne l’univers

    et ce souffle de vie

    tu le transmettras

    à ton tour

    à tes enfants

    qui transmettront

    à leurs enfants

    qui transmettront…

    et ainsi se fait

    l’humanité.

     

    2003

     

     

  • Sophie Patry

    Sophie Patry.jpg

     

    Le train trace une jolie courbe, rayant au passage de fines rivières. Les peupliers dépouillés veillent les nids du printemps dernier, les champs exhibent une chair brune fumante, bien grasse. Nourrie à quoi ? Le temps se couvre, penser à l’hiver ne m’enchante guère mais au moins je me sens mieux que l’année dernière. Cette fois, c’est moi qui prends soin de moi, je ne laisse à personne d’autre cette responsabilité.

     

    in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

  • AVIS DE PARUTION IMMÉDIATE ! : "CALEPINS VOYAGEURS ET APRÈS ?" - Tome I

    COUV TOME 1.jpg

     

    Vie d’artiste, soif du poète
    Journal intime en tournée
    1997-1999

    Avec des dessins originaux de François Pouch :
     

    ZEBRUGE.jpg

     
    Plus en couverture : un photomontage à partir de scans de billets d’avion, pass festivals, hôtel… On trouvera aussi une photo du vieux bus.
     
    imprimé par l’auteur
    sur papier Keaykolour 100 & 250 g calcaire
    100 % recyclé
     
    52 pages agrafées
    tirage numéroté et signé
    15 € + 2,50 de port
    à réserver par mail
     
     
     


    Postface :
    Ces calepins devaient voir le jour en 2002 grâce à l’ami poète Marcel Chinonis qui venait de publier mes trois premiers recueils aux Éd. Clapàs. Il était en train de travailler dessus — un ouvrage conséquent avec pas mal de mes photographies — et prévoyait aussi la publication de ma "Nouvelle histoire de la chèvre de Monsieur Seguin" quand la camarde est venue sans préavis l’emporter en août de cette même année. Année de deuil et paradoxalement année de ma grossesse aussi. Alors les calepins voyageurs se retrouvant orphelins, j’ai continué à écrire le « et après ? » encore et encore. Quelque chose m’empêchait de les publier moi-même, je ne saurais dire quoi pas plus que je ne saurais dire pourquoi, aujourd’hui, je sais que c’est le moment de le faire. Ceci est donc le tome I de cette incroyable aventure, j’espère qu’il vous aura donné envie de découvrir le II et le III qui suivront.
    cgc, le 17 juillet 2022
     

    COUV VERSO TOME 1.jpg

     
     
     
  • Elnur Babayev - Capitalisme

    Elnur Babayev Capitalisme .jpg

     

    Grisaille. Absence de couleur. Couverture sale jetée à la face du monde. Gouffre de pleurs, tourbillons aveuglants, tripes lacérées. Galops brûlants qui martèlent les tempes, coursiers du néant, étendards de malheur, sursauts et ricanements ! Il y a des créatures immondes qui s'agitent dans la boue, un cauchemar dans lequel on ne peut même pas hurler. Des éclaboussures épaisses en dégueulis sur les cœurs, âcres, noires, fétides. Cavernes, trous de rats, sans paillasse, sans lumière, des barreaux imprimés, code-barres... Quelque chose qui nous tire par les pieds, bras invisibles qui nous entraînent du côté des mourants, de la vermine et du suintant, dans la sale gueule d'une folie pas remboursée par la sécurité sociale.

     

    in Calepins voyageurs et après ?

     

     

  • Ted McDonnell - L'enfer des mines de charbon - Philippines

    ted McDonnell Philippines l'enfer des mines de charbon..jpeg

     

    Manille, gigantesque pieuvre suffocante ! Buildings géants, atmosphère irrespirable et bidonvilles tentaculaires. Pas une ville, un enfer ! L'Espagnol catholique a laissé sa marque austère et Manille à des résonances latines. Les Philippins sont moins discrets que les Cambodgiens. Ici, le culte de l'américanisme sévit. Nuit et jour des gens font la queue devant l'ambassade pour obtenir un visa doré. La responsable de la fondation ERDA* essaie de me joindre depuis que nous sommes arrivés, ils ont bien eu le message et j’espère que les enfants de Sabana pourront venir voir le spectacle. J’en serais vraiment très heureuse !

     

    Inégalités extrêmes, dégueulasses ! Je pense à Sao Paulo, à Rio. Les gens dorment partout, n’importe où, des jeunes, des vieux, des familles, des bébés… La misère et son escorte : saleté, maladies, détresse, violence, prostitution… Injustifiable ! Ici, donner devient une obsession. Ce que je peux, ce que j’ai, de l’argent, de la nourriture, une main, un sourire, ce que nous sommes venus faire ici, avec nos rêves et nos histoires. Une fois de plus l’injustice me bouleverse, ne me laisse pas en paix. Donner, ne serait ce qu'un regard, faire ce geste vers l'autre, car il est un peu de moi et je suis un peu de lui et j’emmerde ceux qui me prennent pour une apprentie-Teresa, malgré que je ne puisse pas leur en vouloir. Il y a eu un soir ce môme, à qui il manquait une jambe, un enfant mutilé comme il y en a tant. Ce gamin pourtant était plus entier que moi ! Je lui ai donné un sachet de riz encore chaud, les restes de notre repas dans un bon restau indien… et il m’a offert une danse de joie, une danse si spontanée et un sourire si radieux que ça m’a fauché, je ne le méritais pas.

     

    Puis, il y a eu ce « banquet » improvisé à la sauvette dans le parc, en sortant sous le nez des convives et des gardiens, divers plats et petits fours de la fête donnée par l’ambassade après le spectacle. Double plaisir : de prendre là où il y a trop, pour donner là où il n’y a rien. C’était facile et ça nous a fait du bien, à nous les trois ou quatre robins des rues de la compagnie. Loin de faire la majorité… Juste le champagne qui était un peu déplacé… mais tous ces gens, j’en ai même réveillé certains, je n’étais pas sûre qu’ils apprécieraient, ils ont mangé ce soir là, réunis tous ensemble autour de ce pique-nique incongru et c’est ce qui compte. Je me souviens en particulier de cette mère avec ses deux jeunes garçons, de sa douceur, sa lucidité, son intelligence, la façon dont elle parlait de sa situation et de la corruption de son pays. Je me souviens du plaisir que j’ai eu à bavarder avec elle et de ma rage impuissante quand les agents sont venus vider le parc pour la nuit et lui ont refusé le droit de rester, elle et ses deux enfants. Qu’est-ce que je croyais ? Qu’ils allaient m’écouter ? Elle savait, et moi j’ai cru l’espace d’un instant pouvoir changer le monde.

     

    Les premiers typhons de l'année passent sur les Philippines, nous essuyons la queue de Maguy. Nous annulons un peu vite la deuxième et dernière représentation. Les enfants de Sabana ont-ils pu voir la première ?

     

    Les journaux déposés devant la porte de ma chambre grand luxe déplorent le sort des sans-abri… Je n'aime pas cette ville.

     

     

    (* ERDA France Philippines, association luttant depuis 1976 pour la protection et la scolarisation des enfants aux Philippines, a fondé depuis entre autre des écoles maternelles et un collège technique, le Collège Erda Tech ainsi que deux centres d’accueil, Sabana, un centre de reconversion des enfants de la zone de l’ex--montagne fumante et Tuklasan, un centre pour les enfants des rues. Une fois rentrée en France, Chantal VC, une jeune juriste belge travaillant dans les prisons pour enfant à Manille, avec qui j’avais été mise en contact par ERDA et que j’ai eu le plaisir de rencontrer le soir où nous n’avons pas pu jouer, m’apprendra plus tard que les enfants étaient venus à la première représentation, le vendredi soir et qu’ils avaient adoré. J’ai été et le suis encore, extrêmement ravie !)

     

    cg, mai 1999

    in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

     

  • Photo de presse néo-zélandaise

    photo de presse Nouvele Zélande.jpg

     

    Pavillons cossus, bien alignés, auxquels succèdent usines aux cours désertes, cheminées sinistres braquées vers le ciel. Voie ferrée, wagons rouillés, immenses cuves en métal, tuyaux, amas de débris graisseux... Voilà le port et ses grues fantômes. Containers de toutes les couleurs comme des boîtes d'allumettes empilées sur un vaste parking. Une poignée de caravanes sur un terrain vague parle plus de galère que de vacances et voici enfin le bateau massif de la P&O, le Norland.

     

    cg, en route pour le port de Zeebruge, novembre 1997

    in Calepins voyageurs et après

     

     

     

     

     

     

  • Hétaïre jouant de l'aulos - Bas relief trône antique dit de Ludovisi, Rome

    Hétaïre jouant de l'aulos - Bas relief trône antique dit de Ludovisi, Rome.jpg

     

    L’aube originelle se fraye un chemin au travers les ténèbres contractées, elle en émerge enfin, écorchée, écarlate. La pluie se mêle à la lumière. Noces sanguines pour baigner la nouvelle-née. Une flûte insolente marque le début d'une danse. La nuit grouillante de cauchemars est refoulée à l’angle de l’oubli. Les fleurs ont remplacé la boue, c'est la naissance de l'amour !

    cg in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

  • Lunae Parracho - Des fleurs pour Yemanja - Praia Rio Vermelho - Salvador da Bahia, Brésil - 2 février 2013

    Lunae Parracho Rio Vermelho Beach in Salvador da Bahia, February 2, 2013 Devotees offer flowers to Yemanja.jpeg

     

    Je vois le vaste océan là-bas, qui lèche et sanctifie le rivage de ses langues d'écumes, raconte en boucle sa longue histoire, ses peines infinies. Le vieil océan qui pour combler sa solitude, à l’heure où le soleil chavire, berce la lumière moribonde, pendue aux flots de la baie de Guanabara. C’est Yemanja la déesse, qui nous protège et charrie nos débris, nos ordures, nos scories. Une fois l’an, pour l’honorer, les fidèles vêtus de blancs de l’umbanda, jette dans ses bras bleus des brassées de glaïeuls et plantent des milliers de petits soleils sur ses flancs ensablés.

     

    cg in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

  • Matthieu Delaunay - Enfants des rues de Manille

     

    Matthieu Delaunay.jpg

    Inégalités extrêmes, dégueulasses ! Je pense à Sao Paulo, à Rio. Les gens dorment partout, n’importe où, des jeunes, des vieux, des familles, des bébés… La misère et son escorte : saleté, maladies, détresse, violence, prostitution… Injustifiable ! Ici, donner devient une obsession. Ce que je peux, ce que j’ai, de l’argent, de la nourriture, une main, un sourire, ce que nous sommes venus faire ici, avec nos rêves et nos histoires. Une fois de plus l’injustice me bouleverse, ne me laisse pas en paix. Donner, ne serait ce qu'un regard, faire ce geste vers l'autre, car il est un peu de moi et je suis un peu de lui et j’emmerde ceux qui me prennent pour une apprentie-Teresa, malgré que je ne puisse pas leur en vouloir. Il y a eu un soir ce môme, à qui il manquait une jambe, un enfant mutilé comme il y en a tant. Ce gamin pourtant était plus entier que moi ! Je lui ai donné un sachet de riz encore chaud, les restes de notre repas dans un bon restau indien… et il m’a offert une danse de joie, une danse si spontanée et un sourire si radieux que ça m’a fauché, je ne le méritais pas.

     

    cg, Manille, juin 1999

    in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

  • Mark Keller - Bandonéon III

    Mark Keller Bandonéon III _n.jpg

     

    Le vieux musicien sait que sa musique tient à un fil. Au fil ténu d'une respiration, le premier chant du monde, mais les vieux musiciens au fond des bars sont fatigués. Leur regard fiévreux brille. Au fond des verres gisent des larmes d'alcool. Tout se trouble. Il est tard et la musique s'estompe.

    cg, in Calepins voyageurs et après ?