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  • Alexandre Romanès

     

    Ils portent le fer dans le ciel,
    ils construisent des murs partout,
    pour chaque mouvement du bras, une loi.

    S'ils pouvaient faire des parcelles
    ...avec le ciel, ils le feraient.
    Assis dans l'herbe
    entre les fleurs et les reflets du ciel,
    je les regarde courir dans tous les sens.
    Ils n'avancent pas.
    Pire : ils reculent.

     

     

  • Jean-Damien Roumieux

     

    Les martinets s’insurgent en jouant contre la suie qui recouvre le ciel. Les pieds couverts de boue, nous rêvons, seulement rêvons, d’une échappée, d’un défi aux clôtures qui soit définitif.

     

     in Veille le vent

     

     

     

  • Auteur inconu

     

     

    Auteur inconnu (2).jpg

     

     

    Je marche.

    Je dois marcher.

     

    Le ciel a mordu. Les chiens sont lâchés.

    Dans les poitrines, les cœurs s’épavent.

    On offre les hirondelles aux crocs du boucher.

     

    Partout, s’installent des cirques funèbres.

     

    Les ébréchés se font berner par les miroirs.

    Torpeur... Foutoir irrespirable.

     

    Je dois marcher.

     

     

    cg in Fugitive, Cardére 2014

     

     

     

  • Trans(e)fusée, 30 essais de décollage du réel, lu par Marilyne Bertoncini

     

    Edition: Gros Textes

    Trans(e)fusée, Cathy Garcia
    40 pages, 9 €   

     

    S’embarquer avec Cathy Garcia dans sa Trans(e)efusée, c’est faire un voyage d’humour et de non-sens, ponctué de belles images en pleine page (collages et gouaches de l’auteur qui les appelle des gribouglyphes) mêlant lettres et figures dans un joyeux désordre coloré qui donne le ton de ce recueil ludique et surréaliste, regroupant une trentaine de textes écrits entre 1993 et 2013.

    Surréaliste ? Dada même, tant l’auteur se joue des codes de la bien-disante bienséance, dans ces poèmes et images en liberté, qui ne sont pas tant dénués de sens qu’ils ne secouent les clichés et tics du langage, pour en faire sourdre un sens autre, ordinairement inaccessible sous les couches policées du discours ou du jargon fleuri d’une certaine littérature – Langue embrouillée de poètes. Ici Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.

    Entre hypallage et contre-emploi des images, on a une idée de l’imagerie bouffonne qui accompagne le lecteur, partagé entre le rire et le plaisir de découvrir les contraintes d’écriture qui président aux poèmes – à-peu-près, logorallye… – on pense à Oulipo, à Prévert, à Raymond Roussel aussi, évidemment, dans ces textes qui ne se prennent pas le chou, ainsi que nous le précise l’auteur à sa façon dans le poème liminaire, fort justement intitulé D’Asile à Zoo C’est en toute quiétude que je ne fais nulle rature à ce texte savant. / J’étais déjà têtue dans l’utérus, malle à la dextre, à espérer n’importe quel joueur de yo-yo ou de balafon qui m’emporterait au Zaïre ou au plafond.

    Extravagantes, ces jongleries nous promettent « trente essais de décollage du réel » – et nous promènent dans un cirque de mots, par-delà le cercle rugueux du réel, entre rêverie fantaisiste et réalités hétéroclites, où jongle la peau-était-ce ? (titre d’un poème) – amenant le lecteur à se demander si ce recueil – par ailleurs mine d’idées pour l’animation d’ateliers d’écriture – n’est pas aussi l’envers d’un art poétique – art peau-éthique en liberté – selon des termes proches de ceux utilisés par Cathy Garcia – par ailleurs rédactrice de la revue Nouveaux Délits – comme slogan de son blog : Une quête d’éthique plutôt qu’une étiquette.

     

    Marilyne Bertoncini

    en ligne sur : http://www.lacauselitteraire.fr/transefusee-cathy-garcia