Pablo Neruda
Tu joues tous les jours avec la lumière de l’univers
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Tu joues tous les jours avec la lumière de l’univers
ce qu'on ne perçoit jamais avec les images, c'est l'odeur, et cette odeur c'est la puanteur de l'injustice, quand on l'a sentie une fois, elle ne vous lâche plus... L'écran, le papier, sont des protections qui fonctionnent bien, pas que cela ne nous touche pas, mais "être touché" reste une image justement....
Chez nous, Sagesse se dit « arandù »
Ce qui signifie sentir le temps
je vous aime
comme je vous parle
avec les mots cinglants
de ma tendresse
La nouvelle histoire de la chèvre de Monsieur Seguin commence où s’achève la version que nous connaissons tous :
« et au petit matin, le loup la mangea »…
Et bien dans la nouvelle histoire de la chèvre de Monsieur Seguin, au petit matin, le loup ne la mange point.
Un conte pour tous, grands et petits.
Illustration couverture © Michelle Martinelli
Édité et imprimé par l’auteur sur papier 100 % recyclé
16 pages - Ed. à Tire d’Ailes (autoédition) 2008
5 €
EXTRAIT :
"Il l’a cherchée toute la journée. Il l’a appelée, appelée mais n’a aperçu que ses cousins dissipés, les chamois. Il l’a cherchée encore tout au long de la nuit, avec le secours bienveillant de la lune pleine.
Et ce n’est qu’à l’aube que le vieux Seguin, sur le point de renoncer, la voit enfin ! Elle est là, étendue sur un rocher perché à flanc de falaise. Sa toison blanche éclaboussée du même rouge qui s’épanche encore plus haut sur les neiges éternelles.
Monsieur Seguin, s’accrochant des deux mains, entreprend l’escalade. La chèvre l’observe, émet un léger bêlement et aussitôt se redresse sur ses pattes. Le regard enflammé, arc-boutée, elle pointe ses cornes. Comme elle est belle, songe Monsieur Seguin en souriant. Belle et fière aussi.
« Allez Blanchette, du calme, c’est moi ! C’est moi, Seguin !
Alors, comme ça, toi non plus tu ne te plaisais pas chez moi ?
Fallait que tu te sauves à ton tour, hein ?… »
Le vieux en soupirant s’adosse à la paroi, tout près de la chèvre, encore vaillante malgré ses blessures. Il prend sa gourde et boit quelques gorgées, puis de sa besace, il sort un morceau de pain, un autre de fromage et un peu de sel qu’il met sur son poing. La chèvre qui n’a pas manqué un seul de ses gestes, accepte le présent et vient lécher le sel.
Ils mangent ensemble, somnolent ensemble, installés sur le rocher, jusqu’à ce que le ciel bleu soit mûr et que la montagne, parée de toutes ses senteurs, se soit totalement offerte au soleil.
Comme il se sent bien là, le vieux Seguin, près de sa chèvre !
Cela fait si longtemps qu’il n’était pas monté tout là-haut, il avait oublié comme c’était beau ! Si beau et si bon ! Des bouquets de souvenirs lui reviennent en mémoire, des odeurs, des sensations.
(...)
Chez les Roms, il apprend aussi à soigner les bêtes, les chevaux surtout et plus tard parce que quelques braves gens insistent vraiment, il en soigne quelques-uns contre un peu d’argent. Ses soins sont simples mais efficaces et sa réputation commence à le précéder.
Le vieux et la chèvre n’en finissent pas d’arpenter le pays. Elle lui fait parfois quelques petits faux bonds, des rendez-vous galants très certainement, mais elle revient toujours, il n’a plus besoin d’aller la chercher, c’est elle qui le trouve.
Ils mangent à leur faim, dorment tout leur soûl, vivent comme des rois. Rois vagabonds, les seuls à jouir pleinement du monde.