Paul Cosquer
J’ai une préférence pour les êtres doués de naufrage,
Non soustraits à la tentation de respirer plus fort.
in Nous, les poètes
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J’ai une préférence pour les êtres doués de naufrage,
Non soustraits à la tentation de respirer plus fort.
in Nous, les poètes
La gare était invisible, la salle des pas perdus se remplissait de mes doutes feutrés, l’horloge faisait des tic tac, trois par trois puis se taisait. Tic tac trois fois et je me regardais et tombais dans mon ombre. Un deux trois, soleil ! Le soleil luit, lui, quand moi je sombre, sombre. Les rayons dénombrent mes avatars. Il est trop tard.
J’ai raté le train qui ne m’attendait pas, alors ma solitude en a pris un autre. Les passagers étaient dans ma tête et ma tête voyageait.
Je prends la lettre de licenciement
Et lui essuie le nez et lui dis
Mouche toi et crache là-dedans
C’est tout ce que ça vaut.
Nous n’avons pas tous les mêmes visions. Ne vivons pas le même songe. Ce système n’est qu’une périphérie, une rocade où l’on meurt d’ennui.
Aujourd’hui ce qui est vivant est considéré improductif. Produire des produits, voilà le dogme ultra-civilisé. Consommer des produits, la nouvelle religion. Hyper-temples et crédo publicitaire. Artifice, argent, technologie et morts-vivants.
Précarité, disent-ils. Précaires sont les improductifs, pourtant le temps leur donnera raison. En attendant, ils tremblent et même parfois ils éclatent et on en retrouve des morceaux éparpillés de ci, de là, dans le galop des siècles, les poussières de l’Histoire maintes et maintes fois déjà falsifiée, mêlées de quelques excuses de pacotilles.
cg in Que wonderful monde ! (Nouveaux délits, coll. les délits vrais n°1, 2012)
Ce qu'on écrit ne donne qu'une image incomplète de ce qu'on est, pour la raison que les mots ne surgissent que lorsqu'on est au plus haut ou au plus bas de soi-même.
Je ne possède pas de philosophie dans laquelle je puisse me mouvoir comme le poisson dans l’eau ou l’oiseau dans le ciel. Tout ce que je possède est un duel, et ce duel se livre à chaque minute de ma vie entre les fausses consolations, qui ne font qu’accroître mon impuissance et rendre plus profond mon désespoir, et les vraies, qui me mènent vers une libération temporaire. Je devrais peut-être dire : la vraie car, à la vérité, il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l’intérieur de ses limites.
in Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (1952)
Elle a un peu bu ok
Et quand elle boit
Elle dessine des cœurs machinalement sur les sous-bocks
Elle lit des pages à l'envers sans s'en apercevoir
Elle comprend rien
Elle mange sa part de tarte sans broncher
Une façon comme une autre de maintenir son corps au-dessus des vagues
Et quand elle boit
Elle se fait défoncer la gentillesse
Même quand elle ne boit pas d'ailleurs
Elle a l'habitude
Elle a ses schémas
Elle s'en est toujours pris plein la gueule
Et le pire avec les connards
C' est qu'ils traînent toujours quelque chose d'aimable et de chaleureux
Elle le sait pourtant
Elle est hypersensible
C'est presque une insulte à son âge
Alors quand elle boit
Elle se balance des grandes phrases dans la tête
Ça lui agrandit l'horizon
La vérité c'est qu il faut faire avec le boulet ficelé au pied
C'est con
C'est générationnel
Et du coup
Elle a toujours besoin de se brûler les genoux pour sentir qu'elle existe
Chez elle c'est souvent le corps qui parle en premier
Aujourd'hui elle boit
Mais là il fait beau et c'est pas pareil
La ville la transperce
Les passants ont de l'aura
Leurs chiens aussi
Ça faisait longtemps
Elle se dit que
Demain c'est le printemps
Que les lacs pèteront comme des diamants
Vivre comme tout le monde en étant comme personne
En voilà une perspective