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  • Isabelle Le Gouic

     

    La gare était invisible, la salle des pas perdus se remplissait de mes doutes feutrés, l’horloge faisait des tic tac, trois par trois puis se taisait. Tic tac trois fois et je me regardais et tombais dans mon ombre. Un deux trois, soleil ! Le soleil luit, lui, quand moi je sombre, sombre. Les rayons dénombrent mes avatars. Il est trop tard.

    J’ai raté le train qui ne m’attendait pas, alors ma solitude en a pris un autre. Les passagers étaient dans ma tête et ma tête voyageait.
     

     

     

     

  • Sylvain Lagarde

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    Nous n’avons pas tous les mêmes visions. Ne vivons pas le même songe. Ce système n’est qu’une périphérie, une rocade où l’on meurt d’ennui.

     

    Aujourd’hui ce qui est vivant est considéré improductif. Produire des produits, voilà le dogme ultra-civilisé. Consommer des produits, la nouvelle religion. Hyper-temples et crédo publicitaire. Artifice, argent, technologie et morts-vivants.

     

    Précarité, disent-ils. Précaires sont les improductifs, pourtant le temps leur donnera raison. En attendant, ils tremblent et même parfois ils éclatent et on en retrouve des morceaux éparpillés de ci, de là, dans le galop des siècles, les poussières de l’Histoire maintes et maintes fois déjà falsifiée, mêlées de quelques excuses de pacotilles.

     

    cg in Que wonderful monde ! (Nouveaux délits, coll. les délits vrais n°1, 2012)

     

     

     

     

     

     

     

  • E.M. Cioran

     

    Ce qu'on écrit ne donne qu'une image incomplète de ce qu'on est, pour la raison que les mots ne surgissent que lorsqu'on est au plus haut ou au plus bas de soi-même.

     

     

  • Stig Dagerman

     

    Je ne possède pas de philosophie dans laquelle je puisse me mouvoir comme le poisson dans l’eau ou l’oiseau dans le ciel. Tout ce que je possède est un duel, et ce duel se livre à chaque minute de ma vie entre les fausses consolations, qui ne font qu’accroître mon impuissance et rendre plus profond mon désespoir, et les vraies, qui me mènent vers une libération temporaire. Je devrais peut-être dire : la vraie car, à la vérité, il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l’intérieur de ses limites.

    in Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (1952)

     

     

     

  • Pénélope Corps

    Elle a un peu bu ok
    Et quand elle boit
    Elle dessine des cœurs machinalement sur les sous-bocks
    Elle lit des pages à l'envers sans s'en apercevoir
    Elle comprend rien
    Elle mange sa part de tarte sans broncher
    Une façon comme une autre de maintenir son corps au-dessus des vagues
    Et quand elle boit
    Elle se fait défoncer la gentillesse
    Même quand elle ne boit pas d'ailleurs
    Elle a l'habitude
    Elle a ses schémas
    Elle s'en est toujours pris plein la gueule
    Et le pire avec les connards
    C' est qu'ils traînent toujours quelque chose d'aimable et de chaleureux
    Elle le sait pourtant
    Elle est hypersensible
    C'est presque une insulte à son âge
    Alors quand elle boit
    Elle se balance des grandes phrases dans la tête
    Ça lui agrandit l'horizon
    La vérité c'est qu il faut faire avec le boulet ficelé au pied
    C'est con
    C'est générationnel
    Et du coup
    Elle a toujours besoin de se brûler les genoux pour sentir qu'elle existe
    Chez elle c'est souvent le corps qui parle en premier
    Aujourd'hui elle boit
    Mais là il fait beau et c'est pas pareil
    La ville la transperce
    Les passants ont de l'aura
    Leurs chiens aussi
    Ça faisait longtemps
    Elle se dit que
    Demain c'est le printemps
    Que les lacs pèteront comme des diamants

    Vivre comme tout le monde en étant comme personne
    En voilà une perspective