Georges Brassaï
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Je suis une artiste autodidacte, n’ayant suivi aucune formation artistique spécifique mais pratiquant depuis toute jeune, pour ainsi dire depuis l’enfance, de façon très intuitive toutes sortes d’activités manuelles : peinture, collage, dessin, modelage, etc.… Et c’est exactement à la façon de l’enfant que je continue à m’extasier en maniant matières, couleurs et textures. C’est une passion et une impérieuse nécessité, et si œuvre il y a, elle est l’aboutissement d’un cheminement qui se suffit à lui-même. Ensuite vient le plaisir de partager, plus que celui d’exposer, partager et recueillir avec toujours le même étonnement et toujours autant d’émotion, la réaction, la sensation de l’Autre : chaque réaction raconte quelque chose à propos de cette brève, mais jamais anodine, rencontre entre une création qui a jailli entre mes doigts et celle ou celui qui la regarde, la touche, la questionne.
Les matériossages sont une expression concrète de mon profond amour de la nature, des années et des années de glanage au coup de cœur : une pierre, une racine, une branche, un coquillage, une graine, un morceau de verre poli qui m'appellent... Trésors. Puis vient le travail d'assemblage et pour cela je me laisse plonger dans un état baigné d'une sorte de magie primitive, ce sont les matériaux eux-mêmes qui me guident et à travers eux la nature qui me les a généreusement confiés. C'est un travail très intuitif et je suis persuadée que chacune de ces créations se charge d'une énergie spécifique et bénéfique. Parfois un apport extérieur vient s'y rajouter comme une évidence, issu de récupération et de recyclage.
Dans ma pratique artistique générale, j’use autant que possible de matériaux récupérés et de médias non toxiques pour l’environnement, ce qui limite d’une certaine façon les possibilités mais la contrainte est aussi un matériau que j’aime utiliser, contourner, transcender. C’est un jeu. J’aime également expérimenter sans me mettre de barrières, sans jamais être (ou presque) sous la pression d’un résultat et encore moins la nécessité d’ « avoir un style ». Tout ce que je considère comme raté, devient matière première de futures créations, rien n’est jeté. C’est un besoin de cohérence avec une certaine éthique que j’applique par ailleurs dans ma vie quotidienne et c’est ce que j’aime transmettre aussi aux enfants à travers mes ateliers.
De la même façon que je considère la poésie comme une des multitudes de formes possibles d’art, dont la matière première serait ici les mots et les sonorités, je considère ma pratique artistique comme une forme de poésie. Les deux ont en commun une quête, un questionnement sur notre véritable essence.
L’art est donc pour moi un espace de totale liberté, une bouffée d’air ludique, ma création est spontanée, c’est un art irréfléchi, une sorte de transe : n’étant en aucune façon technicienne en ce domaine, je tente simplement de donner forme à ce qui me traverse et cela me met en résonance avec des dimensions qui échappent à toute tentative d’explication. Ce qui m'importe : quand le faire fusionne avec l’Être.
De créature à créateur, quelque chose est là, immense.
Cathy Garcia Canalès
Mes blogs qui présentent l'ensemble de mon travail artistique :
http://materiossagesartnaturel.hautetfort.com/
http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com/
https://gribouglyphesdecathygarcia.wordpress.com/
Une partie de mes créations est en expo permanente à la boutique Fourmillard 60, rue du Portail d'Alban à Cahors (Lot)
Un article à mon propos (2009) et une interview sur le site d’Arts-up :
http://www.arts-up.com/JPGP/JPGP_Cathy_Garcia.htm
& http://www.arts-up.info/interview/interview_cathy_garcia.htm
Annihilation
Qu'en est-il de ces heures troubles et désabusées
Où les dieux impuissants fixent l’humanité ?
Où les diet-nazis s'installent au Pentagone
Où Marilyn revêt son treillis d'Antigone ?
On n'en finit jamais d’écrire la même chanson
Avec les mêmes discours les mêmes connotations
On n'en finit jamais de rejouer Guignol
Chez les Torquemada chez les Savonarole
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête
Les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
Lassé de grimacer sur l'écran des vigiles
Je revisite l'Enfer de Dante et de Virgile
Je chante des cantiques mécaniques et barbares
A des poupées Barbie barbouillées de brouillard
C'est l'heure où les esprits dansent le pogo nuptial
L'heure où les vieux kapos changent ma pile corticale
C'est l'heure où les morts pleurent sous leur dalle de
granit
Lorsque leur double astral percute un satellite
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête
Les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
Crucifixion avec la Vierge et dix-sept saints
Fra Angelico met des larmes dans mon vin
La piété phagocyte mes prières et mes gammes
Quand les tarots s'enflamment sur la treizième lame
On meurt tous de stupeur et de bonheur tragique
Au cœur de nos centrales de rêves analgésiques
On joue les trapézistes de l'antimatière
Cherchant des étoiles noires au fond de nos déserts
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête
Les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
Je dérègle mes sens et j'affûte ma schizo
Vous est un autre je et j'aime jouer mélo
Anéantissement tranquille et délicieux
Dans un décor d'absinthe aux tableaux véroleux
Memento remember je tremble et me souviens
Des moments familiers des labos clandestins
Où le vieil alchimiste me répétait tout bas:
«Si tu veux pas noircir, tu ne blanchiras pas»
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête
Les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
Je calcule mes efforts et mesure la distance
Qui me reste à blêmir avant ma transhumance
Je fais des inventaires dans mon Pandémonium
Cerveau sous cellophane cœur dans l'aluminium
J'écoute la nuit danser derrière les persiennes
Les grillons résonner dans ma mémoire indienne
Et j'attends le zippo du diable pour cramer
La toile d'araignée où mon âme est piégée
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête
Les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête
Les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
Qui donc pourra faire taire les grondements de bête ?
Qui donc ?
Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la propagande raciste, les migrations ne concernent que pour 17 % les riches pays du Nord, et concernent tous les continents (en particulier l’Asie et l’Afrique) ; ce qui signifie que pour chaque pays pauvre, il s’en trouve un encore plus pauvre d’où fuient des migrants. La mobilisation totale imposée par l’économie et les Etats est un phénomène planétaire, une guerre civile non déclarée et sans frontière : des millions d’exploités errent dans l’enfer du paradis marchand, ballottés de frontière en frontière, enfermés dans des camps de réfugiés, encerclés par la police et l’armée, et gérés par les organisations dites de charité — complices des tragédies dont elles ne dénoncent pas les causes réelles dans le seul but de profiter de leurs conséquences —, entassés dans les « zones d’attente » des aéroports ou dans les stades, enfermés dans des camps […] pour être enfin ficelés et expulsés dans l’indifférence la plus totale.
Stranieri Ovunque (Partout des étrangers), groupe anarchiste italien in le manifeste Agli erranti, cité par Philippe Godard in L'anarchie ou le chaos
Aujourd’hui, nourrir les affamés n’est qu’une question de volonté. S’il y a des gens qui ne mangent pas suffisamment – s’il y a des gens qui tombent malades de faim, qui meurent de faim, c’est parce ce que ceux qui ont de la nourriture ne veulent par leur en donner ; nous, qui avons de la nourriture, ne voulons pas leur en donner. Le monde produit plus de nourriture que ses habitants n’en ont besoin ; nous savons tous qui sont ceux qui n’en ont pas suffisamment ; leur envoyer ce dont ils ont besoin peut être l’affaire de quelques heures. Voilà pourquoi la faim actuelle est, en un sens, plus brutale, plus horrible qu’il y a cent ou mille ans.
Ou, du moins, en dit beaucoup sur ce que nous sommes.
in La faim
Là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. Parmi les causes qui dans l’histoire de l’humanité ont déjà fait disparaître tant de civilisations successives, il faudrait compter en première ligne la brutale violence avec laquelle la plupart des nations traitaient la terre nourricière. Ils abattaient les forêts, laissaient tarir les sources et déborder les fleuves, détérioraient les climats, entouraient les cités de zones marécageuses et pestilentielles ; puis, quand la nature, profanée par eux, leur était devenue hostile, ils la prenaient en haine, et, ne pouvant se retremper comme le sauvage dans la vie des forêts, ils se laissaient de plus en plus abrutir par le despotisme des prêtres et des rois.
1866