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RÉSONNANCE & COPINAGES - Page 31

  • Luis Mizón

     

    Bienvenue sois-tu comète
    intime
    lumière de l'âme
    pluie
    cascade d'eau rêveuse
    collier de musique et de silence
    ta matière d'un autre monde
    lavera mon visage
    mes mains deviennent nids
    pour recevoir ton souffle


     

     

     

  • Tiziano Terzani

     

    Pourtant, l'Afghanistan nous hantera parce qu'il s'agit de la carte de retournement de notre immoralité, de nos prétentions de civilisation, de notre incapacité à comprendre que la violence ne génère que la violence.

     

    in Lettres contre la guerre (2002)

     

     

  • Gérald Neveu

     

    Inaugurales

     

    Quelqu'un marche :

    Je sens mes pas dessiner l'horizon

    Mais, quel deuil se traîne

    À longs rubans d'hirondelles ?...

    Quelqu'un marche :

    Et les bêtes aux regards de silo

    Perdent leurs rêves

    Dans une dérive d'oiseaux

    Brûlés par la nuit.

    Quelqu'un marche :

    Quelqu'un marche :

    Après cette phrase, le roc. Après ce calme choc,

    La rose

    Ouverte dans la rue.

    Minuit-source

    Minuit-éclair

    Comme les persiennes

    Ouvertes toutes ensemble

    Font séparer le matin.

    Minuit-source

    Minuit-éclair

    Au cœur des hommes...

    Les chaînes descellées crépitent dans l'espace

    Au loin. . .

    L'ocarina bleuté d'un sourire charnel...

    Je te vois sur le fil du couteau

    Où fusionnent tous les éclats.

    Je te vois à même la lumière

    Qui vole en pan-coupés

    À hauteur de blessures.

    Et le sang coule avec confiance

    Du rêve à la réalité

    Du passé au futur.

    Je te vois plus semblable à moi

    que moi-même.

    Nul ne peut dire où sont allées les ombres

    Quand la lumière parle.

     

    in Cet oblique rayon

     

     

     

  • Paul Verlaine


    Toutes deux regardaient s’enfuir les hirondelles :
     L’une pâle aux cheveux de jais, et l’autre blonde
     Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
     Vaguement serpentaient, nuages, autour d’elles.

    Et toutes deux, avec des langueurs d’asphodèles,
     Tandis qu’au ciel montait la lune molle et ronde,
     Savouraient à longs traits l’émotion profonde
     Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles,

    Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
     Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
     Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.

    Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
     Emphatique comme un trône de mélodrames
     Et plein d’odeurs, le Lit, défait, s’ouvrait dans l’ombre.


     

     

  • Pierre Reverdy

    UNE SEULE VAGUE

     

    J'ai longtemps hésité à remonter vers le niveau de ma lumière

    Marche à marche le pas glissant sur le vernis des matins verts

    J'ai mis longtemps à me décider entre la vie et la mort

    Entre l'endroit réduit et la doublure

    La mousse dégrafée des avalanches

    Et le poil du réveil aux charnières de plomb

    Quand l'esprit se retrouve en sursaut

    Quand le cœur halète son remords

    Entre la coulisse et le tain

    Toute l'épaisseur des gestes de la veille

    Cette illusion d'amour que j'ai à peine feuilletée du bout des mains

    Fuyante entre la porte et le sourire

    A peine ressaisie dans l'accent d'un accord

    Maintenant

    Plus rien que toi dans la chambre aux clous noirs

    Aux rayons de ténèbres

    Plus rien que toi entre les plis de mon cœur dur

    Plus rien que toi à portée de mon désir encore tiède

    Sur la surface à explorer dans l'avenir

    A travers le danger trouble des membranes

    Les contre-courants vertigineux de mon destin

    Et les brusques retours de flamme de la haine

    Plus rien que toi sur les cimes où se déchire la raison

    Dans les bas-fonds les grimaces gélatineuses du sommeil

    Des visages aux traits démaillés qui s'affalent dans la poussière

    Il faut aller sur l'arête ensanglantée de la conquête

    Vers cette panoplie flambant à l'horizon

    Vers ce buste trop lourd qui penche sous la tête

    Dans le tourbillon rouge des souvenirs

    Quand tout est refoulé par l'éclat de ce nouveau mystère

    Plus rien que toi dans les recoins les plus secrets de ma mémoire

    Car tout a disparu en te voyant venir

    Et dans le circuit de mes veines

    Dans les sursauts qui désunissent les rouages de ma valeur

    Des étoiles jaillies sous le chalumeau vorace du plaisir

    Des étoiles d'acier qui s'évadent dans les rigoles

    Un ensemble de jeux de traits et de lumières

    Un regard singulier qui se soudait au mien

    Un accent qui sera toujours dans mon oreille

    Et tout ce qui vit ailleurs

    Immobile et trop réel dans la matière

    Rien

     

    in " Plein Verre", éditions des îles de Lerins - Nice - juin 1940