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CATHY GARCIA-CANALES - Page 1022

  • Aleksandra Waliszewska

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    L’ART DU NŒUD

      

    Je flaire l’aigre du désir

    La puante imagination

    Des abîmes humains

     

    Lente infection des morsures

    Dont aucun ne sait voir les traces

     

    Géhenne ordinaire

    Autolyse résigné

    Au lit de l’angoisse

    Rages entrailles

    Savamment ligotées

    L’art du nœud

    Et les nœuds du lard

     

    Je veux en découdre

    Absoudre l’absurde !

     

    Un cœur

    Qui soudain a des crocs

    S’auto-dévore

    Vendanges lycanthropes

    A la vulve du monde

    Ça m’aide la nuit

    A raccommoder mes étoiles

    A faire jonction

    Emeute solaire

     

    Au cadran j’ai rongé les angles

    Les ai polis de ma langue

    Pour en faire le cercle

    Aléatoire

    Non parfait

     

    Le cercle rugueux

    Du réel

     

     

    cg, 2006 in Trans(e)fusées

    (à paraître chez Gros Textes en 2015)

     

     

     

     

     

  • Elaine Alibrandi - Onset

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    La musique jette ses filaments, son fin réseau de capillaires, elle m’appelle… Et puis de nouveau les intuitions. J’ai quelque chose à apprendre ici en ce lieu, à lâcher en ce lieu de retrait, avec la grande ourse à l’aplomb de ma tête. J’entends bêler au loin. Un son étrange.

    Rien n’a de sens, tout a un sens.

     

    cg in Journal 2005

     

     

  • Michel Camus

    Si l'écriture poétique est un art d'éveiller la conscience à l'énigme du sens, ou de faire abruptement allusion au secret du sens du sens au-delà du sens, avec le minimum de mots, autrement dit un art de l'intensité et de la densité, elle n'est pas seulement le résultat d'un savoir-faire (toujours impossible et toujours remis en question), mais surtout le fruit d'un ascétique processus de transformation intérieure qui se nourrit à tout instant de l'expérience la plus consciente et la plus immédiate de la vie. C'est un art de voir l'Imperceptible dans le perçu, le sacré dans le profane, la surnature dans la nature. Aux yeux de la conscience transcendantale, tout est signe de l'abyssale présence du Sans-Signe. Au fond, tout est sans fond, tout est sans nom. L'écriture poétique n'est jamais qu'un moyen de maîtriser le vertige ou la folie. De faire des sauts dans l'Inimaginable sans devenir fou.

     

      in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Eva Antonini

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    Sous nos ailes tremblantes

    Je serai ta chute

    Résurgence dans l’immensité

    Irrigue-moi

    je serai ton sillon sauvage

    Vertige-moi de fêlures, effluves

    Goûte-moi fête-moi

    Fouille-moi de ta marée montante

    Bouscule-moi abreuve-moi

    Accomplit-moi

    Je veux tressaillir

    Sous le subterfuge de tes doigts

     

    cg, 2013

     

     

     

  • Michel Camus

    La poésie ne travaille pas dans un champ clos, même si le langage est en lui-même un champ clos indéfini. Que sait-on de l'origine du langage ? Rien. La poésie est d'abord vécue dans une sorte de perception sans forme, silencieuse, mais illuminative. Ce n'est pas un savoir, c'est autre chose, c'est l'intuition donatrice originaire que l'espace de la poésie est infini , sans nom et sans fond, donc bien plus "fondamental" que n'importe quel niveau de réalité. Le paradoxe de la poésie c'est de faire allusion à la transparence de l'infini dans le fini avec-et-contre les mots de la tribu. Le champ de conscience de la poésie, c'est l'infiniment ouvert à l'intérieur de la langue comme un "trou" dans la langue.

     

    On peut toujours dire que la poésie écrite est habitée par un certain imaginaire constitué par son langage métaphorique, mythique ou symbolique. Mais l'essentiel de la poésie, son miel le plus secret, n'est pas accessible dans l'oeuvre incarnée c'est-à-dire dans les sons, dans les images visuelles ou dans l'encre d'imprimerie sur le support du papier. L'essentiel de la poésie se vit en amont de l'imaginaire, du côté de la corne d'abondance de sa source d'inspiration. Source énigmatique dont on ne sait rien. Le paradigme de la transpoésie, c'est avant tout la nécessité de l'éveil de l'homme à ce qui le fonde, à ce qui le traverse et à ce qui le dépasse silencieusement.

     

    En évoquant le miel le plus secret de la poésie, nous touchons ici un domaine où il n'y a rien à comprendre rationnellement, mais tout à vivre intuitivement. Le sentiment de l'Absolu ne se définira jamais. Il est vécu ou il n'est pas vécu. Tout rationnaliste ne verra là qu'illusion ou absurdité. Il n'est pire sourd, dit-on, que celui qui ne veut pas entendre. Mais la question est plus radicale : n'entend pas celui qui n'a pas le pouvoir d'entendre. Trop d'êtres humains sont hélas des huîtres scellées : jamais la lumière ne pénètre à l'intérieur.

     

      in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science