Pixies - Caribou
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Ed. Métailié, 21 août 2014 - Prix de littérature de la ville de Graz 2014.

208 pages, 16 euros.
Tram 83 se trouve dans la Ville-Pays et la Ville-Pays dirigée par un Général dissident, avant tout principal propriétaire minier, se trouve en Afrique, une Afrique réinventée, comme peinte sous acide.
La Ville-Pays, c’est le Tram 83, avec la gare « dont la construction métallique est inachevée », les mines et quelques faubourgs. Mais c’est surtout le Tram 83, bar, restaurant, boite de nuit, un lieu de perdition totale où grouille une faune à la fois locale et venue du monde entier. Mineurs-creuseurs, rebelles dissidents, étudiants en lutte, fonctionnaires misérables, enfants-soldats, vendeurs d’organes, « prophètes, jongleurs, anciens forçat » et biscottes, ces jeunes garçons qui servent à tout, se bousculent dans cet antre vaste et obscur comme cul de diable, sous la pression des serveuses, aides-serveuses, filles-mères et canetons (filles de moins de 16 ans) qui demandent l’heure à tout va et tout ça côtoie bruyamment une faune encore de touristes à but lucratifs, de prospecteurs, de Chinois, de musiciens de partout et de toutes les musiques et de n’importe quels personnages imaginables, plus ou moins fréquentables.
Cosmopolite la Ville-Pays, un fruit juteux et totalement avarié. Plein de vers.
« Au commencement était la pierre et la pierre provoqua la possession et la possession la ruée, et dans la ruée débarquèrent des hommes aux multiples visages qui construisirent dans le roc des chemins de fer, fabriquèrent une vie de vin de palme, inventèrent un système, entre mines et marchandises »
Et c’est des entrailles de cette ruée, de ce grand et vaste bordel qu’est sorti le Tram 83, accueillant entre ses deux seins, du genre très grosses tomates, toute la lie, toute la violence, toute la corruption, toute la solitude, tout le désespoir, tout le désir, tout le rut et toute une folle excitation en permanence sur le point de basculer dans la folie pure. « Ici chacun pour soi, la merde pour tous. »
Requiem et Lucien étaient amis du temps où ils étaient étudiants. Requiem, alias entre autre le Négus, est resté à La Ville-Pays où, s’intéressant principalement aux mines, à la bière et au sexe, est devenu « docteurs es honoris causa toutes les matières (corruption, drogue, sexe, pillages, minerais, malversations, beuverie…) et s’adonne aussi à la prise de photos compromettantes de touristes qu’il fait chanter. Sa devise « la tragédie est déjà écrite, nous on préface ». Quand Lucien, ex prof d’histoire, débarque de l’Arrière-Pays, traqué par diverses polices politiques, il est devenu écrivain et c’est Requiem qui se charge de l’accueillir et de l’héberger. Requiem à qui Lucien avait pris Jacqueline, sa femme...
Tram 83 tourbillonne autour de ces deux personnages que le destin fait entrer en collision. Tram 83 est un roman excessif, outrancier, débordant de sucs, de miasmes et de maux de tête. Impossible de le résumer, il vous prend à la gorge et ne vous relâche plus avant de vous avoir fait tout avaler, du sordide beaucoup, de l’humour aussi, il en faut, de l’humour décapant comme une eau de vie frelatée, mais pas de morale, surtout pas ! D’ailleurs au Tram 83 la morale n’a pas droit d’entrée, elle n’y a pas sa place et les filles-mères et les plus jeunes des filles, les canetons, savent qu’elles mangeront « à la sueur de leur seins » tant qu’elles n’auront pas séduit un étranger qui les emmènera vers un ailleurs fantasmé : Venise, Prague, Odessa….
« La Ville-Pays est ainsi faite : les filles sont libres, démocratiques et indépendantes. La misère achève la honte et vos signes de politesse. »
Au Tram 83, Lucien l’intellectuel fait figure d’extra-terrestre mais possède une aura très attractive pour tout ce qui est du sexe féminin, et plus il semble inaccessible et plus cette aura grandit, mais Lucien lui ce qu’il veut, c’est écrire et rien ne semble pouvoir le sortir de son obsession littéraire et Requiem ? Requiem n’a pas digéré la trahison de son ancien compagnon…
Deux êtres empêtrés et enfermés dans leur entêtement, deux brins de paille chahutés par la tempête permanente du Tram 83 et un roman qui nous fait tournoyer et glisser sur les éjaculations précoces, la merde et le vomi, tout en évoquant l’Histoire, le cinéma, l’art et la littérature, et qui nous lâche soudain avec la tête qui tourne et le monde avec.
Cathy Garcia
Né en République démocratique du Congo en 1981, Fiston Mwanza Mujila vit à Graz, en Autriche. Il est titulaire d’une licence en Lettres et Sciences humaines à l’Université de Lubumbashi. Il a écrit des recueils de poèmes, des nouvelles et des pièces de théâtre. Il a reçu de nombreux prix dont la médaille d’or de littérature aux Jeux de la Francophonie à Beyrouth. Il est actuellement en résidence d’écriture au TARMAC, la scène internationale francophone (Paris 20ème) pendant toute la saison 2014-2015 dans le cadre du programme régional de résidences en Île-de-France http://www.letarmac.fr/.
Cette note a été publiée sur le site de la Cause Littéraire.



Née en Ukraine, vit aux Etats-Unis.
j’écris pour me taire s’il vous plait taisez vous
stop, écoutez, plus de paroles, plus de textes,
des yeux, des mains, un corps,
un arbre, s’il vous plait,
le son de la feuille qui tombe
in Tissages mouvants

Marcher
Marcher sans fin
Rejoindre le départ
Le point de nulle part
Ensablé de beauté
Jour de feu, nuit de glace
Une seule et même brûlure
in Ailleurs simple, Nouveaux Délits 2012


J’habite des ciels
Pendus aux poutrelles
Des ciels vaincus
Que les pylônes sentinelles
Gardent à vue
in Angoisse

IL VIENDRA
(petit clin d'œil à Rimbaud)
Il y a une femme seule au fond d'un bar
Autrefois, elle était belle, les regards
S’attardaient sur elle, maintenant
La pluie bat les carreaux
La femme est triste
Et se noie
Dans son verre
Elle attend un inconnu vêtu de noir
Il finira bien par venir
Il la reconnaîtra c’est sûr
Il lui offrira son bras et ils iront
Se promener le long des quais
Sur les pavés scintillants
Sous le givre des réverbères
Ils iront tout deux, oui
Jusqu’au cœur de la nuit
Veufs et heureux.
cg 1999
La pratique de l’apnée en grande profondeur expose les apnéistes à un phénomène de narcose, appelé aussi « ivresse des profondeurs ». NARCOSE relate l’expérience et le voyage intérieur du champion du monde d’apnée, Guillaume Néry, lors d'une descente en grande profondeur. Le film s'inspire de son expérience physique et du récit réel de ses hallucinations.


J’étais tranquille avant qu’il ne me mette le goût de l’amour en bouche
cg in Journal 1995

je suis le matin
qui découd tes paupières
le poisson qui glisse
entre tes doigts
le jus que tu tires de moi
le sucre sur tes lèvres
ma morsure à tes rêves
adolescents
cg in Salines

J’avance dans cette poussière humide
Pour t’étreindre une fois de plus
Et ne pas sentir cette solitude aiguë
Cette rumeur des foules qui nous perdent.
in Poème à une étrangère