The Rapture - In the Grace of your Love
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Extrait de l'émission Les poètes du 20 mars sur Radio Occitania, où les femmes sont à l'honneur, que vous pouvez écouter en cliquant sur :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
« Fugitive » de Cathy GARCIA (55 pages, 12 €, illustrations de l’auteure) est aussi un livre d’art du fait de la parfaite mise en page de cet éditeur perfectionniste, et de la qualité des illustrations de cette poétesse qui excelle aussi dans l’art plastique. Une artiste totale ! Celle qui fait paraître cette revue que nous aimons citer « Nouveaux-Délits » et qui a déjà publié 17 livres de poésie, atteint avec ce dernier volume une maturité impressionnante. L’écriture s’est resserrée, gagne en densité. La langue impose son rythme, sans pas superflus, car il s’agit de marcher avant tout.
Je dois marcher. Suivre mon ombre.
Tendue de peaux mortes, elle tangue, la mâchoire rouillée.
Elle tangue sous le couteau et ses cauchemars sont des drones.
Le guetteur lui parle de vie majuscule.
Elle entend funérailles, rubis teinté de mort.
Passe un ogre de désir et elle chavire encore, les flancs fracassés.
Comme l’affirmait MACHADO, le chemin se fait en marchant, il faut donc marcher et peu importe d’atteindre une destination, l’essentiel est de ne jamais quitter le chemin, de ne jamais interrompre la marche, sous peine d’anéantissement.
Je dois marcher.
Voltige de lunes dans les ténèbres tamisées.
Visions éclatées de l’oracle.
Je vois l’ange tatoué d’éclipses.
L’âpre déchirement tellurique.
Du ciel baraté s’échappe une tornade.
Exodes, insurrections, liturgies volcaniques.
Dilution de soufre à la fonte des orages.
J’avance entre déflagration, vertige,
Et le souffle rauque des vents solaires.
Si pour échapper à ce qu’ARTAUD nommait « cette sempiternelle anonyme machine appelée société » dont les impitoyables rouages brisent celle qui tente de s’y soustraire, il ne reste que marcher, alors il faut marcher, et dans cet élan, rejoindre enfin l’unité qui nous unit et nous confond dans un absolu qui nous délivre.
Pluie de cœurs en torches. Moisson brûlante de coquelicots.
Je marche, je cours, je suis la sorcière parfumée d’épices.
Voyez les déluges rougissant entre mes seins d’ambre.
Je cours et je danse.
La terre est une et nous sommes un.
Tous de passage, mouvement et empreinte.
Chair de rocaille dans l’herbe maigre où sieste le serpent.
Mais marcher sans cesse, c’est être « fugitive », comme la vie. Un très beau livre !
Après l'article de Jean Gédéon du 19/09/2013 consacré à la revue Nouveaux Délits, nouveau coup de projecteur sur Cathy Garcia et particulièrement sur les deux derniers recueils publiés chez Cardère en 2012, les mots allumettes et 2014, fugitive. Cathy Garcia est très présente sur le web et on y trouve, entre autres expressions, beaucoup de ses écrits. De la poésie mais également des notes de lecture, des extraits de carnets de voyage. L'ensemble traduit le profond engagement de l'auteur dans la création.
La poésie de Cathy Garcia est une poésie qui happe. Elle est lyrique et organique, elle dit le corps et ce que l'on ressent du corps, elle dit le poids de la lassitude, des doutes et la volonté inéluctable d'avancer. Elle va au mot juste, au souffle des mots.
Le mot juste. Un silence pointé. Un baiser.
Le mot juste, pas un souffle. Le premier déchire les poumons. Le dernier les recoud.
Le mot juste, pas un soufflet. Le mot juste ne dit pas je t'aime mais le fait. Il ouvre le cœur, ça fait mal, mais l'air est juste.
L'air qui sépare le mot de la mort.
In les mots allumettes, © Cardère, 2012, p.9
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Mes yeux sont des miroirs en flammes, mon sexe un coquillage dans ta paume fraîche.
Poumons, torse, seins, veines. Météores de désir aux frontières de chair. Écume de jasmin.
Les dés sont jetés. Exil de la flèche en déroutante verticalité. Incision. Je décrypte le signe.
La chair, la sève et le squelette des rêves. La substantielle énigme de verre.
In les mots allumettes, © Cardère, 2012, p.19
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Je marche.
Je dois marcher.
Le ciel a mordu. Les chiens sont lâchés.
Dans les poitrines, les cœurs s'épavent.
On offre les hirondelles aux crocs du boucher.
Partout s'installent des cirques funèbres.
Les ébréchés se font berner par les miroirs.
Torpeur… Foutoir irrespirable.
Je dois marcher.
In fugitive, © Cardère, 2014, p.7
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Je marche. J'écoute.
Secret du ricochet. Beauté de la chute.
Sève des reins. Sang de tourbe.
Chemins de cornes et de pluie.
In fugitive, © Cardère, 2014, p.29
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Pluie de cœurs en torches. Moisson brûlante de coquelicots.
Je marche, je cours, je suis la sorcière parfumée d'épices. Voyez les déluges rougissant entre mes seins d'ambre.
Je cours et je danse.
La terre est une et nous sommes un.
Tous de passage, mouvement et empreinte.
Chair de rocaille dans l'herbe maigre où sieste le serpent.
In fugitive, © Cardère, 2014, p.37
Internet
Un dossier de presse complet par le Garage Donadieu
Un article dans Recours au poème
Des articles signés Cathy Garcia dans Ia Cause littéraire
Les éditions Cardère
Contribution de PPierre Kobel
En ligne surhttp://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/ le 25/03/2014
Là où manque le plaisir de vivre, tout le reste en comparaison ne vaut pas l'ombre d'une fumée.
in Antigone
Lunarien n. Habitant de la lune, à distinguer du lunatique qui est habité par la lune.
in Le dictionnaire du Diable
Plus de 40 tonnes d’isocynate de méthyle se sont déversés depuis une usine de production pesticide de Union Carbide sur la ville de Bhopal en Inde, en 1984, tuant plus de 20 000 personnes. C’est la plus grosse catastrophe chimique du monde à ce jour. Après cette tragédie, les crânes ont été étudiés à l’hopital local Hamidia, pour analyser les effets du gaz sur le cerveau. Ce produit a tués les gens qui l’avait inhalé, mais aussi les animaux vivant aux alentours qui ont parfois survécu quelques jours avant de mourir. 25 ans plus tard, des gens se plaignent toujours de problèmes de santé liés à cette catastrophe et peu de choses ont été faites pour y remédier: le gouvernement s’est contenté de commander une étude sur les effets à long terme de ce déversement de gaz.
Occident n. Partie du monde qui se trouve à l'ouest (ou à l'est) de l'Orient. Elle est principalement habitée par les Chrétiens, puissante sous-tribu des Hypocrites, dont les principales activités sont le meurtre et l'escroquerie, qu'ils se complaisent à appeler « guerre » et « commerce ». Celles-ci étant également les principales activités de l'Orient.
in Le dictionnaire du Diable
LAST CALL / BEFORE K-O
Comme une dissolution
irritation continue
la peur sans doute
les relents glacés
qui serpentent
rentrer les épaules
se préparer au pire
à tout ce qui ne se colore pas
des dalles
des résonances
froides minérales
des gaz toxiques inodores
des langues perfides
des colliers d’erreurs
des trous code barre
des prédateurs
paniqués
ce qui est vrai
n’est pas forcément réel
qui chaos
contrôle
incompressibles
incompréhensions
freiner !
de tout son poids
puisqu’il faut peser
l’amour et son contraire
à contre-jour
plus de mises en scène
juste des mises en cause
et rater la dernière marche
la seule marche
possible.
cg in Ombromanie (Encres Vives 2007)
Expérience n. Lucidité qui nous permet de reconnaître comme une fâcheuse vieille connaissance la folie que nous venons de commettre.
in Le dictionnaire du Diable
Je me laisse trop facilement emporter par mon imagination romanesque. Pourtant les illusions sont de plus en plus brèves. Très vite, sans que je ne puisse voir ni où, ni comment, ma perception bascule et le doute se faufile. J’éprouve alors un irrésistible besoin d’espace, de respiration, le large… De l’air quoi !
cg, novembre 2000
in Calepins voyageurs et après ?