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  • Tom Gates, c’est moi ! Liz Pichon

    Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/tom-gates-c-est-moi-liz-p...

     

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    Seuil 2012 - 257 pages - 11 €

     

    Traduit de l’anglais par Natalie Zimmermann, mise en page par Anne-Cécile Ferron.

     

    Entre BD et journal intime, ce « roman animé » a reçu le très mérité Roald Dahl Funny Prize 2011 du meilleur roman humoristique pour la jeunesse.

     

    Tom Gates, doit avoir 11 ou 12 ans et comme tout enfant sensé de son âge, il n’aime pas trop l’école mais il adore les gaufrettes au caramel, lire des bandes-dessinées, faire enrager sa sœur Délia, gribouiller dans ses cahiers et surtout il a des projets : monter un groupe de pop-rock comme les Rodéo 3, son groupe préféré, avec son copain et complice Derek. Le groupe s’appellera Les Clebszombies. Ça en jette, non ? Tom Gates a toujours de bonnes et moins bonnes, voire très, très moins bonnes excuses, pour ne pas faire ses devoirs, mais il tient un journal farci de dessins très, voire très, très réussis, dans lequel il raconte sa vie fort mouvementée. Faut dire qu’il a de la matière, entre des parents sympas mais qui mettent la honte, comme tous les parents, surtout papa qui porte des fringues plus ridicules les unes que les autres et une sœur adolescente qui lui voue une haine passionnée qu’il lui rend bien, « ça m’a fait tellement plaisir que Délia se fasse gronder et priver de sorties que j’en ai oublié mon mal au bras. En fait, ça a sûrement été le MEILLEUR MOMENT de toutes mes vacances. ».

     

    Il y a aussi les grands-parents, les « fossiles » bizarres, surtout la grand-mère, experte en cuisine immangeable genre soupe à l’oignon et à la poire, pizza à la banane, biscuits à la pomme de terre et à la lavande... Et puis des camarades d’école, devant lesquels faut savoir garder prestance, surtout devant Amy Porter qui est super intelligente et super sympa et qu’on aimerait bien impressionner, et d’autres dont il faudrait se débarrasser comme Marcus Meldrou, le plus grand des enquiquineurs (= Marcus crétinus). Oui, il faut être futé quand même et avoir surtout, surtout, beaucoup, beaucoup d’imagination pour surfer sans trop de mal dans un environnement scolaire qui forcément ignore le génie brillantissime de Tom Gates. Un monde peuplé de Mr Fullerman aux yeux de lynx, de Mme Cherington qui a une MOUSTACHE qu’il ne faut pas regarder et encore moins voir, Mr Fana le directeur qui se met très facilement en colère (voir son rouge-o-mètre) et d’épreuves absolument inhumaines comme le jour de la photo individuelle, sans parler de tous les mots d’excuses qu’il faut inventer rédiger.

    « Cher M. Fullerman, le pauvre Tom est enrhumé et ne peut pas faire de sport en extérieur – jamais. Bien à vous, Rita Gates » ou encore « Cher M. Fullerman, Si Tom est en retard pour son devoir, c’est parce que sa sœur a été odieuse avec lui et ne l’a pas laissé utiliser l’ordinateur. Nous l’avons réprimandée. Merci, Frank Gates. »

    Heureusement, de l’imagination, Tom Gates n’en manque pas et à coups d’anecdotes plus hilarantes les unes que les autres, de portraits au vitriol mentholé, il nous fait retomber avec un malin et très jouissif plaisir dans la préadolescence.

    Une écriture fraîche, une mise en page des plus agréables, facile à lire, c’est à la fois très juste et très fin, et vraiment très, très, très drôle. On en redemande !

     

    Cathy Garcia

     

     

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    L’auteur : Après des études de design, Liz Pichon a travaillé comme directrice artistique dans une maison de disques britannique. Depuis 2004, elle s'est lancée dans l'écriture et l'illustration de livres pour enfants.

     

     

     

     

     

     

    La traductrice : en plus de traduire des auteurs reconnus comme John Le Carré, Natalie Zimmermann est l'auteur de nombreux livres pour la jeunesse et a traduit pour le Seuil Jeunesse toute la série du Journal d'un Dégonflé.

  • Dernières nouvelles du sud, Luis Sepulveda et Daniel Mordzinski

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/dernieres-nouvelles-du-sud-luis-sepulveda.html

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    Avril 2012, 160 pages, 19 €

    Edition: Métailié

     

    1996. Le romancier Luis Sepúlveda et son ami photographe, Daniel Mordzinski, partent pour une longue virée sans but précis, ni contrainte de temps, au fin fond du continent américain, au-dessous du 42ème parallèle.

    « Nous avancions lentement sur une route de graviers car, selon la devise des Patagons, se hâter est le plus sûr moyen de ne pas arriver et seuls les fuyards sont pressés ».

    Ils nous livrent ici le concentré, l’essence même de ce qu’est le voyage : la rencontre avec l’autre. Et puis un constat, terrible, le constat d’une disparition. Patagonie, Terre de Feu, des noms qui pourtant évoquent encore tout un univers de mythes, d’aventures et de rêves, tout ça disparaît, comme ont disparu les tout premiers habitants, « Les autres ethnies ont succombé aux règles d’un progrès dont nul n’est capable de définir les fruits », premières victimes d’un engrenage qui broie toujours plus vite, aussi féroce qu’aveugle, un monde emporté dans la grande gueule d’un capitalisme toujours plus vorace. Ainsi de carnet de voyage, le livre devient une sorte d’« inventaire des pertes », et les superbes photos en noir et blanc de Mordzinski appuient sur cet aspect de monde dont il ne resterait que des ombres, un monde à l’abandon, échoué comme une baleine sur les rives d’une mondialisation dévorante et inhumaine.


    « (…) le mot voyageur semble déplacé, peut-être subversif. Nous ne sommes plus des personnes ou des citoyens mais les clients d’un lupanar transparent surveillé par des caméras vidéo ».

    C’est donc bien plus qu’un journal de voyage qui nous est donné à lire ici, mais un véritable témoignage critique et engagé.

    « Pour définir la capacité des armes on parle de pouvoir de destruction. Pour définir la capacité de destruction de certains hommes il faut parler du pouvoir d’achat ».

    Et l’auteur n’hésite pas à citer des noms :

    « Les Benetton prétendaient apporter le progrès dans la région. Ils y ont apporté les clôtures en fil de fer barbelé, empêché la transhumance des gauchos et des rares espèces sauvages encore existantes, imposé des bornes absurdes dans une région où le ciel et la terre sont les seules limites ».

    S’y rajoutent d’autres noms comme celui de Ted Turner, Sylvester Stallone…

    Comme le dit Sepúlveda dans sa préface « A sa naissance, ce livre était la chronique d’un voyage effectué par deux amis mais le temps, la violence des bouleversements économiques et la voracité des vainqueurs en ont fait un recueil de nouvelles posthumes, le roman d’une région disparue ».

    Des visages en émergent, des visages immortalisés par Mordzinski, qui à eux seuls racontent déjà une histoire, une histoire humaine, simple, émouvante. Des visages qui disparaissent aussi. C’est un livre dont on ne sort pas indemne. Le talent de Sepúlveda a fait de chacune de ces histoires un conte, un roman, mais la réalité, comme on dit, dépasse et de loin la fiction. Comme l’histoire d’El Tano, qui cherchait un violon au milieu de la pampa :

    « – Ce violon, quand l’avez-vous perdu, l’ami ?

    – Qui vous a dit ça ? Je ne peux pas l’avoir perdu puisque je ne l’ai pas encore trouvé, déclare-t-il dans une nouvelle démonstration de logique écrasante ».

    Ou encore la magnifique et très bouleversante histoire de doña Delia :

    « Je viens tout juste d’avoir quatre-vingt quinze ans, lui a-t-elle répondu avec une moue coquette.

    – Depuis quand ?

    – Maintenant, c’est aujourd’hui mon anniversaire ».

    Donã Delia, la dame aux miracles :

    « – Comment avez-vous fait ? a demandé mon socio.

    Quoi donc ? s’est étonnée la vieille dame.

    – La fleur, ai-je ajouté en montrant le rameau qui avait fleuri entre ses mains.

    – Je ne sais pas. C’est un don, paraît-il. Tout ce que je touche vit, a-t-elle répondu timidement ».

    On croise donc bien des visages, des personnages qu’on pourrait dire pittoresques tel El Duende, le mystérieux lutin d’El Bolsón, mais néanmoins bien réels, des personnes ayant vécu hier et faisant figure maintenant de légendes locales, tel Martin Sheffield, dit le Shérif, compère de Butch Cassidy et puis des gens bien vivants d’aujourd’hui, pas tous fréquentables d’ailleurs, mais des gens encore et tout simplement humains, il y en a, tels les hommes du rails du Patagonia Express.

    « Ce fut un voyage joyeux, très joyeux, car ce fut Le dernier Voyage du Patagonia Express ».

    Il est donc question de déclin dans ce livre, oui, mais aussi et surtout de dignité, et on se prend encore à espérer qu’il ne soit pas trop tard.

    « On a la nostalgie de ce qu’on vous arrache, non de choses imaginaires ».

    En ce monde dit moderne qui se resserre de plus en plus, jusqu’à nous étouffer, heureusement « Lire ou écrire, c’est une façon de prendre la fuite, la plus pure et la plus légitime des évasions. On en ressort plus forts, régénérés et peut-être meilleurs. Au fond et malgré tant de théories littéraires, nous autres écrivains nous sommes comme ces personnages du cinéma muet qui mettaient une lime dans un gâteau pour permettre au prisonnier de scier les barreaux de sa cellule. Nous favorisons des fugues temporaires ».

     

    Cathy Garcia


     

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    Luis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côtés des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe, en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l’engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.

     

    Daniel Mordzinski est photographe, né à Buenos Aires en 1960. Il travaille depuis trente ans à un ambitieux « atlas humain » de la littérature. Argentin ancré à Paris, il a fait les portraits des auteurs les plus connus des lettres ibéro-américaines. Il a exposé en Argentine, en Colombie, au Mexique, en Italie et en France. Il est actuellement le correspondant en France du journal espagnol El País.

  • Je suis l'eau

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    Je suis goutte

    Et je suis océan

    La flaque dans laquelle

    Jouent les enfants

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    Je suis fontaine

    Fraîche chaude

    Mémoire blanche

    Des origines

    Source sacrée

    Porteuse de vie

    Messagère des fées

    Guérisseuse aussi

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    Jaillissante bouillonnante

    Colliers de perles

    Bracelets de cristaux

    Je suis la divine mère

    De tous les fleuves

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    Je suis ruisseau filet d’argent

    Je suis la fougue du torrent

    Calme et limpide berceau

    Des grenouilles et poissons

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    Je suis la chevelure

    Des gracieuses ondines

    La voluptueuse vouivre

    Des marécages

    Je suis le paradis des roseaux

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    Je suis le repos des noyés

    Le tombeau liquide

    Des sans papier

    Je suis la vie

    Je suis la mort

    Je suis le paradis des oiseaux

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    Je suis le grand serpent

    Qui a creusé la vallée

    Sang de la terre

    Lymphe des mammifères

    je suis la mère qui lave les yeux

    La sainte mer qui lèche vos pieds

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    Je suis le chant

    Des sirènes

    La respiration

    Des immenses baleines

    Je suis la glace

    La mort blanche

    La vapeur qui sublime

    La formule aromatique

    Qui nettoie vos âmes

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    Je baigne vos corps

    Nourrit vos cellules

    Vous délivre de la crasse

    Et de la maladie

    Mais vous

    Que faites-vous pour moi ?

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    Je suis souillée

    Partout où je passe

    Certains m’usent pour leurs crottes

    Et leurs urines

    Me gardent jalousement

    Dans leur piscine

    Alors que tant d’autres ailleurs

    Meurent de mon empoisonnement

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    Vous ratissez mes flancs

    Raclez mes os

    Massacrez toutes mes créatures

    Alors mon message de vie

    Devient un message de mort

    Jusque dans votre propre corps

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    Car chacune de mes gouttes

    Parle à toutes les autres gouttes

    Elles savent les sons

    Et elles savent les mots

    Elles savent le chaos de la haine

    Le cristal de l’amour

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    Je suis la vie

    Je connais les maux

    Je suis l’eau.

     

    Texte et photos (c) Cathy Garcia

     

     

     

  • Au boulot ! par Les Chats Pelés

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/au-boulot-les-chats-peles...

     

    Au boulot ! Les Chats Pelés

    Seuil Jeunesse 2012, 48 p. 25 €

    Un collector conçu spécialement pour les 20 ans de Seuil Jeunesse, avec une superbe couverture toilée sérigraphiée et accompagné d’un tiré à part. Un format géant qui met en valeur de très belles illustrations, chacune est une véritable œuvre d’art, réalisées par Les Chats pelés. Ce collectif d’artiste fondé par Lionel le Néouanic, Youri Molotov, Benoit Morel (chanteur de La Tordue) et Christian Olivier (chanteur des Têtes Raides), ne comprend aujourd’hui plus que ces deux derniers et Lionel le Néouanic.

    Dans ce recueil aussi coloré que résolument subversif, on ne prend pas les enfants pour des idiots. A contre-courant du travailler plus pour patati patata, les animaux anthropomorphes qui évoluent au fil des pages de Au boulot ne s’en laissent pas conter. Ils nous livrent une poésie bourrée d’humour et pas piquée des vers. Cela démarre avec Aldo le croco, le camelot qui trafique du boulot, puis on croise le chasseur de courant d’air et quelques langues de vipères. Prosper le marchand de misère peut se tenir à carreau, Léon le lion a mangé son patron « il était si bon… ».

    Hommage aussi aux travailleurs car non, il n’y a pas de « petit » métier et

    « Heureusement qu’à la ville

    quand le soleil brille

    il balaie les ombres

    dans les quartiers sombres ».

     

    « je sais c’est qui » nous dit un petit poulet avant de sortir de la page.

     

    Bébert le ver lui est au lit, il a mal au trou de la sécu, mais heureusement le ravigoteur badigeonne les pages avec tout plein de couleurs et pour les étourdis on trouvera quelques pages plus loin les reboucheuses de trous de mémoire. A l’ÂNE.N.P.E., il y a la queue et de belles petites annonces « A SAISIR chaussons état neuf ». Pour soulager un peu les tensions, l’insulteur public y va de son mégaphone, petits et gros mots mais,

     

    « Henriette la chouette

    a fait de la politique

    maintenant…

    elle est sceptique ».

     

    Double page pour la grande manifestation, « les tailleurs d’oreilles en pointe sont en colère ! » et paf, une double page de plus avec un gros rhino pas content du tout « on en veut pas de vos sales boulots».

    Chut !, dit le piqueur de roupillons. Pour les petits creux, il est conseillé de courir

     

    « chez la dégobilleuse

    sa tambouille est délicieuse ».

     

    C’est vrai que le menu est du meilleur goût, pensez donc, Pourriture de poissons et son coulis de crachats en plat de résistance !

    « J’ai tout donné » dit le croco plein de bobos, « le travail c’est la santé » chante un titoizo. Et voilà donc un livre pas qu’un peu rigolo, plein de bêtes pas bêtes du tout. Non mais !

     

    Cathy Garcia

  • The doors, 23 nouvelles aux portes du noir, ouvrage dirigé par Jean-Noël Levavasseur

    Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/the-doors-23-nouvelles-aux-portes-du-noir-ouvrage-dirige-

    The doors, 23 nouvelles aux portes du noir, ouvrage dirigé par Jean-Noël Levavasseur

    Dessins de Riff Reb’s, 2012, 256 p. 17 €

    23 auteurs de polar français, marqués par l’esprit du rock, proposent chacun une nouvelle inédite ayant pour fil conducteur le groupe mythique des Doors et le plus mythique encore, roi lézard, Jim Morrison. Ces 23 nouvelles sont classées dans un ordre chronologique fictif, s’étalant entre le 8 juillet 1965 et l’année 2005. On peut regretter le manque d’originalité de certaines, et donc une qualité inégale du recueil, mais l’ensemble se laisse lire facilement et a le mérite d’offrir un portrait rapide d’une époque et ce qu’il en reste.

    Le côté sombre de l’Amérique des années 60, c’est d’abord le Viêt-Nam, thème abordé dans la première nouvelle, We’ll be home for Christmas de Pierre Mikaïloff, l’évocation de toute une jeunesse sacrifiée, à travers une correspondance entre un jeune Morrison, étudiant en cinéma, et un de ses amis qui lui envoie des poèmes depuis le front. Des poèmes qui portent des titres tels que Light my fire, Love me two times, The End

    Il y a Charles Manson, qui apparaît dans la deuxième nouvelle, The ballad of Sarah J. de Thierry Crifo. On pense à Sarah Jane Moore qui en 1975 tentera d’assassiner le président Ford et à la chanson de Dylan.

    Trafalgar d’Olivier Mau, est un texte bref qui parle des déboires d’un looser alcoolo avec sa copine alors qu’il est sur le point de produire le groupe de son copain Jim. L’alcool semble le rendre visionnaire quant à l’avenir des Doors.

    Marc Villard fait le va et vient dans D’esprit à esprit, entre Paris et l’Amérique de 1966 : Morrison provoque son premier et fameux scandale au Whiskey A Go-Go et une adolescente cherche dans Paris un disque des Doors pour son père en train de mourir à l’hôpital.

    La nouvelle suivante, La perception des portes, est un récit plutôt. Michel Leydier prend pour fil conducteur le thème des portes et raconte ses premiers émois adolescents à Casablanca sur l’air de Love her madly, quelques anecdotes de sa vie dans le show-biz rock’n roll en lien avec les Doors et des retrouvailles 40 ans plus tard, lors d’un mariage à Casablanca, histoire de refermer la boucle des portes. Puis Sylvie Rouch enchaîne avec une histoire de lycéens, Coltrane, Simpson, Lorette et moi, qui nous replonge dans l’ambiance des années 60 en France, avec un clin d’œil au Che en final.

    Bel interlude psychédélique avec Attention, mon petit Jim, de Bruno Sourdin, un poème plus qu’une nouvelle, incantatoire, électrique et envoûtant, dans le style chamanique de Morrison, avec en refrain l’entêtant Mr Mojo Risin’ (le mojo étant un sortilège d’amour vaudou). Un superbe hommage en forme de trip, à l’album L.A. Woman.

    Puis, nous replongeons brutalement dans la réalité noire noire, avec une nouvelle de Marion Chemin, Under the bridge, un texte bref et puissant, qui remue en profondeur, et où Morrison devient prétexte à rouvrir une porte bien sombre de l’histoire française : le massacre du 17 octobre 1961.

    Bunch of slaves de Max Obione évoque sans grande conviction le Caen de mai 68, exprimant ainsi le début de la désillusion. Matthias Moreau nous balance une mordante Parade molle de Coconut Grove dont la chute est aussi celle de Morrison.

    Autre parade, Douce parade funèbre de Jean-Noël Levavasseur, nous ramène non sans humour en France profonde, où il est question de sérial killer lors d’une conversation téléphonique à l’Hôtel Maurisomme.

    Avec Le plus grand poète vivant depuis Rimbaud, Denis Flageul nous embarque pour une virée de bar en bar dans la nuit rennaise et rend hommage à Kérouac.

    La rizière rouge de Michel Embareck revient sur la thématique du Viêt-Nam et de nouveau à travers une correspondance, une impression de déjà lu. Outdoors d’Hugues Fléchard est une nouvelle plus confuse que déjantée qui nous fait pénétrer dans un centre pénitentiaire de Floride. Jean-Bernard Pouy crache, avec Merci d’être venus si nombreux, un extrait de ce qui semble être un long poème sur la condition de poète de Morrison et du poète en général dans la grande bétaillère du monde, constat plutôt amer. « C’est un emmerdeur, un bonnet d’âne, un radiateur ou un pinacle, un démiurge à la con ».

    Bellevue Hospital Center de Jan Thirion raconte un Morrison fin de parcours, en visite dans un hôpital pour enfants où un gardien déguisé en orang outang pourrait être Kérouac. On pense au Bellevue Psychiatric Hospital de New York qui a vu passer pas mal de têtes plus ou moins connues de cette époque de grande défonce, notamment Burroughs. Dans Les portes du pardon de Luc Baranger, on retrouve Morrison dans la peau d’un beauf de 69 ans, à Clermont-Ferrand, où il a passé sa vie après l’avoir échangée avec un certain Charlie Behrman, son sosie, rencontré dans une boîte de Saint-Germain des Prés en avril 71.

    Dans Le couteau des mots de Pierre Hanot, le ton est à l’humour, noir bien sûr. Un poète de catégorie raté y relate sa courte carrière de petite frappe, ratée aussi, et sa brève rencontre dans un bar avec un Morrison pathétique. Dans Un ou deux francs, une ou deux vies, Jean-Luc Manet explore lui aussi le thème de l’échange d’identité, sauf que là il s’agit plutôt d’un vol, avec le portrait au vitriol d’un ex-prof soixante-huitard à la dérive pour qui l’irresponsabilité devient crédo. Mission d’intérim de Serguei Dounovetz, nous présente the End, la mort, sous les traits d’une infirmière transsexuelle du bois de Boulogne. C’est ma prière (American prayer) de Bruno Schnebert nous fait basculer dans la génération qui redécouvre les Doors, et nous entraîne sur la tombe de Morrison by night, histoire de voir que la poésie du mot FUCK a survécu. Stéphane le Carré avec son Misogyne Morrison, ne fait pas dans la dentelle, encore une histoire de sosie, un portrait bien cynique de la société actuelle lobotomisée, avide de sexe et de divertissements bas de gamme. La dernière nouvelle nous rend le sourire, à travers la soirée bien galère du protagoniste, auquel on peut s’identifier sans mal. Le malheur des autres, on le sait bien, est également plutôt divertissant, surtout quand il est raconté avec humour, et puis là au moins il n’y a pas mort d’homme.

     

    En fin d’ouvrage, une chronologie rapide de la vie de Morrison par Jean-Noël Levavasseur, suivie de la présentation des auteurs : Luc Baranger * Marion Chemin * Thierry Crifo * Serguei Dounovetz * Michel Embareck * Denis Flageul * Hugues Fléchard * Pierre Hanot * Stéphane Le Carre * Jean-Noël Levavasseur * Michel Leydier * Jean-Luc Manet * Olivier Mau * Pierre Mikaïloff * Mathias Moreau * Max Obione * Jean-Bernard Pouy * Sylvie Rouch * Bruno Schnebert * Caroline Sers * Bruno Sourdin * Jan Thirion * Marc Villard

     

    Cathy Garcia

  • Dans la nouvelle fournée d'Evazine

    http://evazine.com/

    avril mai juin 2012

    Au hasard de nos pages...

     

    Arrivée de Béatrice Gaudy avec les deux France décryptées ill. bg & jnvp.fr

     

    Cathy Garcia exprime dans ton regard, madame tout le mal vivre d'une fille de l'Est enchaînée au trottoir ill. cg &brassaï

    Anna Jouy note ses impressions en direct ici gare de Lyon ill. jlmi

    Denise Desautels se souvient qu' elle écrit en chute libre ill. jlmi

    Gaëlle Josse chantonne la fin de son blues du rail urbain... Metropolis song ill. jlmi

    Lucie Sagnières explore le nirvana de l'absurde ill. jlmi

    Isabelle Le Gouic propose deux collages en surimpressions de voyages intérieurs ill. ilg

    Murièle Modély se dit : aujourd'hui je descends dans la rue ill. bruce clark

    Né-Khô se débat pour vaincre ill. jlmi

    Maryline Bizeul présente son nouveau recueil les laissés pour conte ill. x

    Bruno Toméra erre dans le dédale du couloir d'urgence

    Ferruccio Brugnaro se défend contre la solitude de nulle main, nul regard ill. jlmi

    Werner Lambersy poursuit sa conversation à l'intérieur d'un mur : je ne pleure pas et lors d'un pillage ill. courtesy linda zacks & jlmi

    Taro Aizu a composé ce requiem pour un laitier de Fukushima ill. ta

    Jean-Louis Millet ''chapelette'' les fragments-grains 3 de son psychorama holographique ill. x

    Le Salut invérifiable d'un Idiot souterraindémontre de nouveau sa prédilection pour le Sens de l'occasion animation de jlmi & t.

    Patrice Maltaverne en arrive au matricule 34 , une histoire de travailleurs dans l'immensité des villes ill. x &ubuweb

    Vincent Courtois arpente de dernière fois la Ville et conclue que plus personne ne l'habite ill. vc

    Harry Wilkens propose un petit discours d'encouragement en évitant soigneusement le paradis bien avant d'en avoir marre ill. courtesy norman j. olson

    Jean-Marc Couvé évoque le sujet pour le moins délicat de l'origine des mots ill. jmc

    mais pour Jean-Claude Tardif, il n'y a plus rien ! ill. jlmi

     

    En Musique à partager, la symphonie n°2 de Mahler présentée par Anna Jouy, qui nous propose aussi plein de nouvelleslectures...

    Taro Aizu, Amina Saïd, Ferruccio Brugnaro, Denise Desautels, Gaëlle Josse, Isabelle Le Gouic, Né-Khô, Jean-Claude Tardif, Harry Wilkens.

     

  • Elle en couverture de l'e-book "My Beloved Sisters" de Walter Rulhman

    A télécharger gratuitement jusqu'à minuit !

    The 8th annual Poetry Super Highway E-book Free-For-All is on now. 72 e-books have been donated by poets from all over the world and they are now available to download for the next 24 hours for free. Click on "E-Book Free-For All" from the main Poetry Super Highway menu to get your free e-fill.

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    So get to that e-book downloading now...it's a free-for-all!

    PoetrySuperHighway.com

     

    Elle.jpg

    My Beloved Sisters with an illustration by Cathy Garcia

     

    http://lorchideenoctambule.hautetfort.com/archive/2012/05/01/psh-8th-annual-great-poetry-e-book-free-for-all.html