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  • Le Meilleur des Jours, Yassaman Montazami

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/le-meilleur-des-jours-yassaman-montazami.html

    Le meilleur des jours, Yassaman Montazami

     144 p. 15 € Edition: Sabine Wespieser août 2012

     

    Ce livre, le premier de Yassaman Montazami, est un émouvant hommage au père, une manière de conjurer la perte et de faire vivre encore cette forte figure familiale au travers de l’écriture. Un père original, épris de justice, généreux et impertinent, doté d’un grand talent pour les pitreries, qui fut surnommé à sa naissance, en 1940, plusieurs semaines avant terme, Behrouz – en persan « le meilleur des jours ». Un enfant miraculé, premier né d’une famille aisée de Téhéran, et qui survécut grâce aux soins d’une mère, qui n’eut de cesse ensuite toute sa vie de veiller obsessionnellement à ce qu’il ne manque de rien. Behrouz est mort d’un cancer à Paris en 2006, et sa fille a alors pris le crayon pour l’immortaliser et nous plonger ainsi dans l’histoire de sa famille, avec un pied en France, l’autre en Iran.

    Son père est envoyé faire des études à Paris vers la fin des années 60, il a d’ailleurs été éduqué en français, comme bon nombre d’enfants de la bourgeoisie téhéranaise de l’époque. Il se trouve alors « pris dans une ivresse sans limite devant la vastitude des connaissances qu’il pouvait acquérir à Paris » et comme ses parents lui assurent leur soutien pécuniaire, après avoir épousé Zahra, dans un élan romantique lors d’un retour à Téhéran, il restera un éternel étudiant.

    Il vit à Paris avec Zahra quelques années, puis lorsque celle-ci tombe enceinte, il la renvoie en Iran et part à Londres pour se lancer dans un projet de thèse faramineuse : « La détermination de l’histoire par la superstructure dans l’œuvre de Karl Marx », dont il rédigera des milliers de pages, mais qui ne seront que le dixième du travail titanesque qu’il s’était donné et dont il n’arrivera jamais à bout.

    Yassaman Montazami vient au monde en 1971, à Téhéran. Sa mère et elle rejoignent Behrouz en France en 1974. C’est de là-bas que Behrouz participe à sa manière aux évènements révolutionnaires de 1979.

     

    « Mon père pour qui la laïcité était une des conditions indispensables à l’avènement de la démocratie, avait du reste toujours marqué une forte défiance à l’idée que des religieux s’emparent du pouvoir ».

     

    Leur appartement parisien devient alors un refuge pour des Iraniens en exil, venant des milieux les plus divers, tous fuyant la tenaille de la République Islamique et laissant derrière eux leur rêve d’un Iran enfin libre et juste : poètes, révolutionnaires, en jeans à pattes d’éléphant, gilets en peau de mouton, sandales ou sabots de cuir, « on trouvait là des communistes prosoviétiques, des léninistes, des trotskistes, des maoïstes, des bordiguistes, des albanistes » et même une femme de la haute bourgeoisie monarchiste, épouse en fuite d’un colonel emprisonné.

     

    « A force d’entendre toutes ces histoires, il m’était apparu qu’un vrai iranien était nécessairement un fugitif. (…) Cela ne me dispensait pas pour autant de tenir mon père pour un authentique héros. Ses publications et ses prises de positions politiques lui interdisaient en effet de remettre les pieds en Iran, où elles l’auraient tout droit conduit en prison. La prescience que tout le monde lui reconnaissait au sein de la diaspora iranienne m’emplissait également de fierté : après être retourné à Téhéran dans l’euphorie qui avait suivi la fuite du shah, en février 1979, il avait été l’un des premiers à reprendre l’avion pour l’Europe, dès l’été, pressentant l’hécatombe qui allait décimer les militants gauchistes malgré leur soutien aux islamistes, auxquels les unissait une même détestation de l’impérialisme et de la bourgeoisie ».

     

    Yassaman Montazami nous offre avec ce premier livre l’opportunité de retraverser tout un pan de l’histoire iranienne à travers quelques destins qui y sont liés, et de découvrir ainsi une autre facette de l’Iran, celle notamment d’intellectuels et d’artistes militants qui espéraient là-bas comme ailleurs l’avènement d’un monde meilleur, plus libre et plus équitable. Behrouz, marxiste idéaliste, bon vivant et facétieux, n’a de cesse d’inventer des farces et faire de la vie un éternel terrain de jeu, mais il va cependant petit à petit perdre une certaine insouciance et joie de vivre. Suite à la mort de son propre père en 1988, puis au double échec de son couple et d’une thèse jamais achevée, il retourne en 1997 en Iran, alors qu’on vient d’y élire le président réformateur Mohammad Khatami. Il y retrouve un amour et y cherche ses anciens compagnons. Ceux qui ne sont pas morts ou en exil, ont été brisés par la prison, les tortures, les humiliations.

    « L’Histoire s’était refermée sur eux comme un étau ».

    Avec une écriture à la fois fluide et dense, au travers de son regard de petite fille, puis de l’adulte, sur un père adulé, Yassaman Montazami va et vient dans le temps, au gré de souvenirs tendres et cocasses, et nous offre un témoignage drôle, vivifiant et porteur d’espoir, car l’énergie qui animait Behrouz n’a pas disparu avec lui, les hommes s’en vont, les idées évoluent mais l’essentiel demeure, l’espoir d’un monde libre et meilleur.

     

    Cathy Garcia

     

    Yassaman Montazami

    Yassaman Montazami, qui vit en France depuis 1974, est née à Téhéran en 1971. Docteur en psychologie, elle a travaillé de nombreuses années auprès de réfugiés politiques et a enseigné à l’université Paris VII. Elle exerce actuellement en milieu hospitalier. Le Meilleur des jours est son premier roman.

     

  • Fée d’hiver d'André Bucher

    Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/fee-d-hiver-andre-bucher....

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    Le Mot et le Reste décembre 2011, 160 pages, 16 €

     

    Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore le talent d’André Bucher, voici une bien belle façon de le découvrir. Dans Fée d’hiver, on sent le souffle d’un Jim Harrison, dont André Bucher est grand lecteur, mais l’écriture de cet écrivain poète paysan est unique. Et justement, elle sent le vécu, le territoire arpenté, la solitude affrontée. Fée d’hiver est un roman à la fois âpre et magnifique, austère et puissamment physique, comme les lieux dans lesquels il prend place dans ce sud de la Drôme, à la limite des Hautes-Alpes. Des lieux sauvages, entourés de montagnes, désertés par les hommes partis rejoindre les villes, où la vie, croit-on, offre plus de facilités.

    Le roman démarre sur un prologue, un article paru dans le journal le Dauphiné Libéré, daté du 31 août 1948. Un fait divers « Drame de jalousie dans le sud de la Drôme », qui fait écho au titre du livre, Fée d’hiver. Cette fée d’hiver qui vient comme pour rompre une malédiction, une sorte de réparation d’accrocs dans les mailles du destin.

    La première partie du roman est un journal intime à deux voix, s’étalant entre 1965 et 1988. Une façon de présenter les lieux, le contexte, les personnages. Daniel et Richard sont deux frères, l’un géant et l’autre court sur pattes, l’un parle peu, l’autre ne parle plus du tout. Ce sont les deux enfants laissés orphelins par le drame familial évoqué dans l’article du journal. Placés en famille d’accueil par la DDASS, ils ont grandi et retournent maintenant vivre dans la ferme familiale aux Rabasses, pas très loin du village de Laborel. Une ferme délabrée, que Richard, l’aîné, va peu à peu transformer en casse. Daniel lui, muet depuis le drame, s’occupe d’un troupeau de brebis. Deux marginaux en quelque sorte, repliés sur eux-mêmes, que les gens alentour prennent pour des attardés.

    Et puis, il y a les Monnier, qui ont une scierie. Le père était l’amant de la mère de Richard et Daniel, responsable en quelque sorte de leur malheur, mais il est mort lui aussi, emporté par un cancer peu de temps après. Restent les deux fils, dont l’aîné dirige maintenant la scierie, et le cousin Louis, le nabot que les frères Monnier aimaient tant tyranniser, étant enfant. Depuis toujours enclins à la morve et à la méchanceté, la vie n’avait pas aidé à les changer ces deux-là. Heureusement il y a Alice, la jeune sœur. Alice est différente et elle n’a pas peur de passer du temps avec Daniel, pendant qu’il fait pâturer ses brebis. Elle passe le voir, cherche à communiquer avec lui. Daniel l’aime beaucoup bien qu’elle soit bien plus jeune que lui, seulement les années passent vite. Alice travaille comme secrétaire à la scierie de ses frères, elle part à midi ravitailler les bûcherons. Un jour, elle a déjà plus de trente ans, elle finit par dire oui au cousin Louis. Daniel décide qu’il ne parlera vraiment plus jamais et arrête son journal. Nous sommes en 1988.

    Le roman enchaîne alors sur l’histoire de Vladimir entre 1995 et 1998. Vladimir est serbo-croate et bûcheron. En 1995, avant le cessez-le-feu entre les Serbes et les Bosniaques, sa sœur et ses parents périssent dans la destruction de leur village. Vladimir, c’est son métier qui l’a sauvé, il était dans la montagne en train de bûcheronner quand c’est arrivé. Quand il est revenu, il n’y avait plus rien, juste larmes, cendres et décombres. Il a donc fui, son pays, ses souvenirs, sa douleur. De pays en pays, une vie rude et solitaire, d’exilé, de sans-papiers, avec pour seul bagage, seul lien avec son passé, une anthologie bilingue de poésie des Balkans. Il exerce son métier partout où il peut, et de pays en pays, finit ainsi par arriver en France. Dans le parc du Lubéron, il travaille comme surveillant d’incendies avec Alain, un étudiant qui prépare une thèse sur l’éclatement de la péninsule des Balkans, et parle donc un peu la langue de Vladimir. Ainsi, tout en guettant les feux, débroussaillant, éclaircissant les bois, il aide ce dernier à perfectionner son français. Le Lubéron hors saison touristique est totalement dépeuplé au grand étonnement de Vladimir.

    « – Et encore, tu n’as rien vu. Ici ça va, on est dans le Lubéron. Passe seulement de l’autre côté du plateau d’Albion, en redescendant jusqu’à l’extrême pointe Sud de la Drôme, à la limite des Hautes-Alpes, tu verras… c’est bien pire. Là-bas même les corbeaux sont inscrits sur les listes électorales. Par contre en tant que bûcheron, tu devrais pouvoir trouver. Plus personne ne veut faire ce boulot ».

    C’est comme ça, qu’en mars 1998, quelques mois après la fin de leur contrat, Vladimir se retrouve face à Alice devant la scierie des Monnier.

    « – Bonjour Madame. Je m’appelle Vladimir, je suis bûcheron et je cherche du travail ».

    Entre temps, Alice, avait donc vécu sa vie de femme mariée. Mariée moins par amour que par peur de rester seule, et aussi sous la pression de ses frères, histoire que la scierie reste en famille. Le petit Louis était devenu un homme, toujours aussi faible, mais plus sournois, et puis il s’était mis à boire, à boire et à frapper. Alice était loin, bien loin de ses rêves. Après huit années de mariage, la coupe était pleine, et elle avait quitté le domicile conjugal, pour aller vivre dans un gîte d’une amie d’enfance, pas très loin des frères Lacour, Richard et Daniel. Ça faisait longtemps qu’elle ne les voyait plus, elle s’en voulait. Les choses allaient changer.

    Vladimir donc, est embauché par la scierie. Non déclaré, il loge dans une caravane vétuste sans aucune commodité, mais il a l’habitude, et se contente de ce qu’il a, jusqu’au jour où les frères Lacour viennent lui témoigner quelques signes d’amitié et finissent par lui proposer d’aménager sur leurs terres, dans une cabane à remettre en état, au fond du Val Triste, à quelques kilomètres de leur ferme.

    « Une tanière toute en rondins de pins mal équarris, adossée à la forêt et donnant sur une clairière avec une vaste prairie où serpentait un ruisseau qui prenait sa source en haut du vallon. L’eau y était fraîche même en été et elle avait un léger goût de rouille ».

    Vladimir ne se doute pas qu’il va préparer là un nid d’amour pour une fée d’hiver.

    André Bucher a l’art de décrire la nature, les sentiments qu’elle provoque et ses propres sentiments à elle, en tant qu’entité vivante à part entière, d’une façon totalement originale, des images non attendues qui donnent beaucoup de fraîcheur à son écriture, outre que l’histoire elle-même est captivante, toute pleine de rebondissements, de profondeur, d’humanité, et de rage aussi. Vraiment, ce roman est un torrent de montagne à glisser à votre chevet, il serait dommage de s’en priver.

     

    Cathy Garcia

     

     

    André Bucher, col de Perty, janvier 2012 © B. P.André Bucher, col de Perty, janvier 2012 © B. P..png

     

    André Bucher, écrivain, paysan, bûcheron, André Bucher est né en 1946 à Mulhouse, Haut-Rhin. Après avoir exercé mille métiers (docker, berger, ouvrier agricole…), il s’installe à Montfroc en 1975, vallée du Jabron, dans la Drôme, où il vit toujours. Il est un des pionniers de l’agriculture bio en France. Écrivain des grands espaces, lecteur de Jim Harrison, Rick Bass, Richard Ford…, des écrivains amérindiens tels James Welch, Louise Erdich, Sherman Alexie, David Treuer…, son écriture puise sa scansion, sa rythmique dans le blues, la poésie, le jazz et le rock’n’roll. La nature n’est pas un décor mais un personnage de ses histoires. Fée d’hiver est son sixième roman.

    Bibliographie :

    Histoire de la neige assoupie, Une hirondelle qui pleure tout le temps, (nouvelles), Chiendents n°17, Cahier d’arts et de littératures, André Bucher, Une géographie intime.

    Fée d’hiver, roman, éditions le mot et le reste, 2012

    La Cascade aux miroirs, roman, Denoël, 2009

    Le Pays de Haute Provence, carnet de voyage, vu de l’intérieur, récit, en collaboration avec un photographe, Pascal Valentin, pour l’office de tourisme du Pays de Haute Provence, 2007

    Déneiger le ciel, roman, Sabine Wespieser, 2007

    Le Matricule des Anges n°80, Clairé par une âpre beauté…

    Pays à vendre, roman, Sabine Wespieser, 2005

    Le Cabaret des oiseaux, roman, Sabine Wespieser, 2004, France-Loisirs, 2005, traduction en langue espagnole El Funambulista, 2007, traduction en chinois, 2008

    Le Pays qui vient de loin, roman, Sabine Wespieser, 2003

    Le Juste Retour des choses, Saint-Germain-des-Prés, Miroir oblique, 1974

    Le Retour au disloqué, Publication par l’auteur, 1973

    La Lueur du phare II, Éditions de la Grisière / Éditions Saint-Germain-des-Prés, Balises, 1971

    La Fin de la nuit suivi de Voyages, J. Grassin, 1970

  • Génie toi-même ! de Philippe Brasseur

    Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/genie-toi-meme-philippe-brasseur.html

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    Philippe Brasseur (textes et dessins nb), illustrations couleurs de Virginie Berthemet

    Editions Casterman, 3 octobre 2012, 80 p. 14,50 €

     

    Génie toi-même est un livre d’activités, destiné aux enfants à partir de 9 ans, mais aussi aux adolescents et adultes qui auraient la curiosité d’y jeter un œil. En marchant sur les traces de grands génies connus, toutes époques confondues, que ce soit dans les sciences ou les arts, sont proposés à foison, idées, pistes, suggestions, jeux et défis pour développer son propre génie, unique comme il se doit. Un peu fouillis, et du coup peut-être un peu difficile d’accès pour les plus jeunes, il est cependant possible à ces derniers de glaner ci et là ce qui résonne et d’apprendre au passage pas mal de choses à propos des faits et gestes de grands créateurs ou chercheurs, tels Fleming, Dali, Edison, Copernic, Picasso, Proust, Gaudi, Duchamp, Darwin, Lennon, Freud ou Einstein et beaucoup d’autres encore. Connaître leurs façons d’aborder leur travail, leurs recherches, découvrir leurs manies, trucs et astuces, qui ouvrent le champ à bien d’autres possibles.

    Vingt-sept pistes classées en trois grandes catégories : Sois curieux (se)Sois imaginatif(ve)Sois déterminé-e. Une double-page par personnage, agrémentée de dessins, schémas, photos… Des propositions qui n’hésitent pas à bousculer, à pousser les lecteurs-trices à ne pas suivre des chemins tout tracés : regarde autrement, va vers l’inconnu, ose l’anormalité, imagine l’impossible, pense hors de la boite, pense à l’envers, fais confiance à ton inconscient, et puis des incitations au travail, à la persévérance, à considérer l’échec comme un autre genre de réussite. Cela démarre avec Prend des notes comme Léonard de Vinci, pour finir par l’incontournable Connais toi toi-même de Socrate. Instructif et intelligent, faisant appel à l’imagination, à l’intuition, à l’originalité, voilà donc un livre d’incitation à la créativité vraiment pas comme les autres, un peu sportif pour la cervelle, et en des temps qui versent de plus en plus vers la recherche de la facilité et du tout cuit, c’est quasi révolutionnaire. De plus, ce livre ne se vexera pas si on le pose plus vite que prévu pour se lancer dans sa propre et forcément géniale aventure.

     

    Cathy Garcia

     

    Philippe Brasseur

    Philippe Brasseur, né en 1964. Après avoir travaillé comme créatif dans la publicité, organisateur d’événements, puis éditeur de revues pour enfants, il a choisi de se consacrer à ses deux passions : l’écriture et l’illustration. A publié plusieurs ouvrages d’activité chez Casterman dont Soyons créatifs (2002), 1001 activités autour du livre (2003) et 1001 jeux de créativité avec les objets (2009). Il est aujourd’hui consultant et formateur en entreprises et organisations.

  • Exposition Indignation - "Hommage à Liberio Noval", à Limoges

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    Une exposition réalisée avec l'Association Bigousse "Art et Citoyenneté" (St Cirq-Lapopie). Neuf artistes se réunissent pour rendre hommage à Liborio NOVAL qui vient de nous quitter. L’association Art@Live internationale nous donne à découvrir 10 photographies inédites de Che Guevarra par Liborio Noval qui seront présentées à la « Grange à Calèche » à Limoges.

     

    Nous serons très heureux de vous y accueillir.

     

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  • Zhang, le peintre magicien de Pascal Vatinel

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    Actes Sud Junior, illustrations Peggy Adam, août 2012, 112 p. 7,70 €

     

    Dans la veine des contes traditionnels chinois, comme celui du pinceau magique, voici une très belle histoire tissée de la série « Fleur de Printemps », du même auteur, cette fois autour de l’art de la peinture sur soie. L’histoire est racontée par le grand-père Lao Cheng, à sa petite-fille Fleur de Printemps, alors qu’elle s’exerce à la calligraphie sous sa conduite.

     

    « – Peur, dis-tu ? Quel mot dois-tu tracer ?

    – “Paix”.

    – Alors, le seul moyen de bien l’écrire est que tu te sentes toi-même paisible. Si tu as peur, ton cœur ne pourra guider correctement ta main. Penses-y ».


    Une belle histoire vaut souvent mieux qu’un grand discours, aussi pour lui faire comprendre la base essentielle de cet art, il se met donc à lui raconter l’histoire de Zhang, le peintre magicien.

    Comment un jeune homme, après avoir fui la ville, poursuivi par des gardes royaux, finit par tomber sur une vieille cabane délabrée au fond d’une forêt et y demander asile au vieil ermite qui y demeure. Peu enclin à laisser ainsi troubler sa solitude, le vieil homme cependant se ravise quand Zhang lui montre ses dessins, et tout particulièrement une esquisse de magnifiques mûriers que ce dernier avait rencontrés sur son chemin. L’ermite alors lui propose un marché. Il lui offre le gîte et le couvert, en échange, le garçon continuera à dessiner, s’occupera du potager, des repas, du ménage, de la mule Xiaoma et aussi, l’essentiel, il se chargera des sacs de feuilles…

    C’est ainsi que Fleur de Printemps va découvrir comment on fabrique la soie en pratiquant l’élevage de vers à soie, et « le vieux maître Lin en connaissait tous les secrets. Celle qu’il fabriquait était extraordinaire, la plus belle de Chine ».

    Zhang séjournera trois ans dans la cabane de l’ermite, qui était en réalité un peintre de grand talent. Celui-ci l’initiera à ses secrets, d’abord la fabrication de la soie et des encres, puis de son art, quand il jugera Zhang suffisamment doué.

     

    « Cent fois déjà je te l’ai dit : “Savoir regarder pour voir et bien voir pour bien interpréter” ».


    Puis un jour, maître Lin raconte son passé de peintre célèbre à Zhang et comment il était arrivé dans cette cabane. Il invite ensuite le jeune garçon à retourner dans le monde, où bien des choses l’attendent.

     

    « De merveilleux paysages t’attendent dans le vaste monde : des lacs, des pics sacrés, des rivages d’une infinie beauté, qui enrichiront ton âme et ton regard ».


    C’est ainsi que Zhang quittera son maître, non sans tristesse, qui lui offrira, pour l’accompagner, sa vieille mule Xiaoma. Effectivement, de nombreuses aventures attendent Zhang et pas toutes agréables, mais chacune d’elles lui permettra de confirmer et peaufiner son art. Sa peinture deviendra véritablement magique. Sur son chemin, il rencontrera la méchanceté et la convoitise, mais aussi la générosité et l’amour. Puis, lui aussi deviendra un peintre très célèbre, jusqu’au jour où il sera prêt pour l’ultime leçon de son vieux maître.

    Quant à la petite Fleur de Printemps, la voilà prête à reprendre son pinceau pour une nouvelle leçon de calligraphie.

     

    Cathy Garcia

     

     

     

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    Pascal Vatinel est né à Paris en 1957. Il commence tôt des études de sinologie et se spécialise sur le symbolisme et les nombres dans les principaux Classiques. Après la publication d’articles dans des revues spécialisées, il écrit son essai sur La Symbolique du Yi Jing et du Jeu d’Échecs, édité en 2000 chez L’Harmattan, sous la supervision du Père Claude Larre† de l’Institut Ricci à Paris. Passionné par les mutations qui marquent l’histoire de la Chine, Pascal Vatinel s’y rend régulièrement depuis plus de vingt ans. Il y perfectionne aussi sa pratique du Taijiquan, en compagnie de son épouse qui enseigne cet art interne à Paris. Sa passion pour les voyages, en Asie et en Australie, mais aussi aux États-Unis et en Europe est une invitation à l’écriture. Son premier roman, L’Affaire du Cuisinier Chinois, est édité par le Rouergue fin 2007. Ce polar reliant Chine contemporaine et Chine ancestrale fait la part belle au suspense mais aussi à la gastronomie de l’Empire du Milieu, ce qui lui vaut son succès. Le livre est d’ailleurs sélectionné par le centre de documentation du Lycée International de Pékin. Son deuxième roman, Les Larmes du Phénix, paraît en 2010 chez Rouergue Noir. Ce thriller, qui s’inspire de faits réels, conduit le lecteur entre Corée du Nord, Chine et États-Unis, et expose, à travers le récit des évadés de Corée, les enjeux politiques qui renvoient face à face la Chine et les États-Unis. Le personnage de Thomas Kessler, un reporter free-lance spécialiste de l’Asie, est repris dans Parce que le Sang n’oublie pas, paru en 2011, où il traque un criminel de guerre japonais impliqué dans le Massacre de Nankin. L’ouvrage fera l’objet d’une conférence au sein du Mémorial de Caen en octobre 2011. Les lecteurs des prisons de Charente ayant sélectionné ce thriller comme l’un des cinq finalistes du Prix Intramuros Cognac 2011, Pascal Vatinel a accepté de collaborer avec l’Association Intramuros en rendant visite à des maisons d’arrêt comme celles de Saintes, Rochefort, Angoulême… Quant à « Thomas Kessler », il mène à nouveau l’enquête dans Environnement mortel, présent en librairie dès janvier 2012. À la même date, Parce que le Sang n’oublie pas est édité en poche par Actes Sud dans sa collection Babel Noir. Pascal Vatinel aime également écrire pour les enfants. La série « Fleur de Printemps », qu’il débute en 2007 avec les éditions Bleu de Chine, a pour vocation d’introduire les bases et les charmes de la pensée chinoise aux enfants français. Niao et le roi qui aimait les Oiseaux, superbement illustré par Gaëlle Duhazé, évoque à travers des thèmes de la tradition, le concept de liberté. Bleu de Chine ayant cessé son activité, le deuxième récit de « Fleur de Printemps », Bao et le Dragon de Jade, est édité par Actes Sud Junior. Le format retenu est celui du livre jeunesse de poche, propre à la collection « Roman cadet » et les illustrations, noir et blanc, bénéficient du talent de Peggy Adam, pour s’adresser aux jeunes dès 8 ans. Bao et le Dragon de Jade est sélectionné pour une dizaine de prix, dont celui des Incorruptibles. Dans la même série, Le jeune archer du roi de Chine paraît en octobre 2011 (toujours chez Actes Sud). Enthousiasmé par l’accueil des jeunes lecteurs français, Pascal Vatinel essaie de leur consacrer le plus de temps possible, lors de rencontres, pour échanger avec eux sur la Chine, ses traditions et coutumes, mais aussi jouer entre le monde réel et celui des légendes.

  • Les enfants invisibles : histoires d'enfants des rues, Marie-José Lallart et Olivier Villepreux

    Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/les-enfants-invisibles-histoires-d-enfants-des-rues-marie-jose-lallart-et-olivier-villepreux.html

     

    Les enfants invisibles : histoires d'enfants des rues, Marie-José Lallart et Olivier Villepreux
    illustrations Guillaume Reynard, Actes Sud Junior septembre 2012
     

    Dans ce livre, Marie-José Lallart, ex-fonctionnaire internationale à l’Unesco, prête sa voix aux enfants des rues de différents pays. Elle explique la démarche dans une préface inaugurée par un proverbe du Burkina Faso, qui en dit bien plus qu’un grand discours.

    « Le contenu d’une cacahuète est suffisant pour que deux amis puissent le partager ».

    « Les Écoles de l’espoir » est une association créée à l’initiative du footballeur professionnel international Mikaël Silvestre, qui souhaitait aider les enfants à accéder à l’alphabétisation au Niger, et puis dans d’autres pays d’Afrique et d’ailleurs, grâce au lien avec d’autres associations et le soutien d’autres sportifs célèbres. C’est par cette association que Marie-José Lallart a pu rencontrer ces enfants des rues : les bui doi au Viêtnam (« poussière de vie »), los desechables en Colombie (« les jetables »), bana imbia (« les chiens ») en république du Congo, les shégués, ou phaseurs « celui qui passe » de Kinshasa, considérés parfois pour leur plus grand malheur, comme des « enfants sorciers ».

    « Le seul fait d’aller à l’école permettrait sûrement que l’on nous regarde différemment, car c’est bien le regard des autres qui est le pire ennemi des “shégués” ».

    Et puis encore, les enfants sans nom du Niger qu’on appelle asimekpe au Togo (« le caillou du marché »), les katmis à Madagascar « en référence aux “quatre misères” : drogue, prostitution, alcoolisme, vol » et aussi les enfants de Gaza, les jeunes handicapés et les talibés du Sahara, les enfants de Nyamey dont les parents sont handicapés et ne peuvent subvenir à leurs besoins, les enfants d’Haïti après le goudou goudou, le terrible tremblement de terre de 2010, les enfants du fleuve Maroni en Guyane, les meninos da rua de Luancia en Angola qui vivent et mangent sur les décharges, souvent recrutés comme enfants soldats et qui servent entre autre de « bouclier humain » pour déminer leur pays, un des plus minés au monde… Sept pays plus une région et la liste est loin d’être exhaustive, car des enfants des rues, il y en a un peu partout dans le monde et ce sont les premières et plus vulnérables victimes de la misère et de la violence qui en résulte.

    Le fait que l’auteur prête ici sa voix aux enfants rencontrés, plutôt que de les raconter, donnent bien plus de force à ces témoignages, car il est rare en réalité que l’on entende, y compris dans le domaine humanitaire, la parole des oubliés du monde. D’entendre ce qu’ils ont à dire, leurs questionnements, leurs peurs, leurs problèmes, leurs besoins, leurs désirs… Bien-sûr, le plus évident, c’est qu’ils voudraient et devraient être des enfants comme les autres, protégés par la société si leurs parents ne sont plus en mesure de le faire, protégés par des lois qui sont écrites et signées par tous les pays du monde, dans la Convention des droits de l’Enfant. Ils voudraient aller à l’école, dormir sous un toit, manger à leur faim, ils voudraient rester en vie, ne plus se cacher, ne plus vivre dans la peur d’être battus, violés, volés, assassinés, enrôlés de force par des milices ou des sectes, ils voudraient ne plus avoir à se droguer à l’essence ou à la colle pour dormir, oublier leur peur, leur faim, ils voudraient jouer au foot avec un vrai ballon, avoir des vêtements, des chaussures, apprendre des métiers, ils voudraient réapprendre à rêver, être aimés et respectés.

    Ce livre est donc salutaire pour que les jeunes lecteurs, mais aussi leurs parents, puissent prendre conscience de réalités trop souvent ignorées, occultées, car on ne peut se targuer de vouloir faire découvrir le monde à nos enfants sans leur dire la vérité de ce monde. Et ces témoignages ne sont pas simplement un étalage de faits tragiques, mais aussi de très belles histoires, de solidarité, d’entraide, de projets réussis, de bonheurs partagés, une leçon contre l’indifférence et l’égoïsme. Elles permettent de prendre conscience que même un tout petit geste compte, lorsqu’il est fait pour aider l’autre.

    Une double-page à la fin de chaque récit – des récits datés qui s’étalent entre 1996 et 2011 – est consacrée au pays concerné, permettant ainsi au lecteur d’en savoir plus sur sa situation, son emplacement géographique et sa culture. Cela renforce la pertinence de cet ouvrage, égayé aussi par de chouettes illustrations de Guillaume Reynard, façon croquis de carnets de voyage. Bref, un livre à mettre dans toutes les mains et qui pourrait servir de solide support pour un travail en milieu scolaire.

     

    Cathy Garcia

     

    Marie-José Lallart est directrice de la collection Exclamationniste aux éditions de L’Harmattan, et s’intéresse particulièrement aux œuvres pluridisciplinaires. Elle-même auteur aux goûts éclectiques, elle aime mélanger les genres. Elle a étudié la psychologie et la philosophie avant de travailler pour l’UNESCO. Elle publie des recueils de poésie et de nouvelles en collaboration avec des photographes et des illustrateurs.

     Bibliographie : Ombres de femmes (avec Nelly Roushdi et Gaël Toutain), Éd. Du Cygne, 2006 ; Petit fil de soi, L’Harmattan, 2006 ; Il suffit de…, L’Harmattan, 2009.

     

    Olivier Villepreux a été journaliste au sein du journal L’Équipe et rédacteur en chef du magazine Attitude rugby. Il est aussi l’auteur de L’Histoire passionnée du rugby (éd. Hugo & Cie) et anime le Blog Contre-Pied :

    http://contre-pied.blog.lemonde.fr/

     

  • Édito du numéro 43 de la Revue Nouveaux Délits

    Voici donc un numéro spécial. En plus des auteurs que j’ai, comme toujours, le grand plaisir de vous présenter, il s’agit donc d’un spécial Tarn en Poésie. Tarn en Poésie est une manifestation annuelle autour de la poésie et des revues de poésie qui se déroule sur Albi, Carmaux et Gaillac depuis 1983. Des poètes de renom y sont invités tels Pierre Gamarra, Jean-.Marie Le Sidaner, Eugène Guillevic, Jean Rousselot, Léopold Sedar Senghor, Andrée Chedid, Joseph Joubert, Michel Deguy, Lorand Gaspar, Bernard Noël, Salah Stétié, Christian Hubin, Pierre Dhainaut, Gérard Engelbach, Frédéric Jacques Temple, Pierre Oster, P.A. Tâche, Jeanine Baude, Charles Juliet, Charles Dobzynski, André Velter, Guy Goffette, Vénus Khoury-Ghata, Jean-Michel Maulpoix, Lionel Ray, Adonis, Jean-Baptiste Para... C’est l’occasion chaque année de faire des rencontre entre le public et une œuvre poétique en présence de son auteur, et de sensibiliser à la poésie les élèves des écoles, collèges et lycées du département, par la mise en place de projets pédagogiques soutenus et coordonnés par ARPO. Cette année l’invité était Kenneth White. J’étais donc chargée de suivre cet évènement, ce que très malheureusement, et pour des raisons indépendantes de ma volonté comme on dit, je n’ai pu faire. Ce fut donc Alain Curato qui s’est proposé pour me remplacer au pied levé ou plutôt donc à la main levée, pour rendre compte, et avec talent, de tous les riches moments qui ont ponctué les journées bien pleines de ce 30ème Tarn en Poésie. Je l’en remercie encore.

     

    CG

     

     

    Le champ de conscience de la poésie,

    c'est l'infiniment ouvert à l'intérieur de la langue

    comme un "trou" dans la langue

    Michel Camus
    in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science

     

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2012/10/01/numero-43.html