Carlo Farneti - Illustration pour Les fleurs du Mal de Baudelaire, 1935
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TOI MORTE
Ton corps repose
D’un sommeil pâle
Je t'écoute rêver
Sous la fraîcheur
De la dalle
Le vent souffle
Sur ma tristesse
Et toi lisse et douce
Tu cherches
La lumière.
Cg, 1993
The pool, 1911
A Nymph Drinking At A Spring, 1907
Nymphe at the Spring, 1905
Peintre allemand, né le 5 août 1842 à Carlsruhe et mort le 8 juillet 1922 à Baden-Baden.
illustrations de Joëlle Jolivet, Métailié avril 2013
80 pages, 11 €
Vous vous souvenez de L’histoire d’une mouette et du chat qui lui a appris à voler ? Et bien, Luis Sepúlveda nous revient avec une nouvelle histoire de chat aussi belle que la première. Une histoire sensible, pleine de douceur et de bons sentiments, qui font du bien au cœur et à la tête.
« Je pourrais dire que Mix est le chat de Max mais je pourrais aussi indiquer que Max est l’humain de Mix. Cependant, comme la vie nous enseigne qu’il n’est pas juste que quelqu’un soit le propriétaire d’une autre personne ou d’un animal, disons alors que Max et Mix, ou Mix et Max, s’aiment l’un l’autre ».
Max et Mix vivent à Munich, dans une rue bordée de grands et beaux marronniers. Max est un petit garçon et Mix un chaton. Chacune de leurs aventures est l’occasion d’une leçon d’amitié et les deux amis grandissent heureux ensemble. Mix devient un beau chat « adulte, fort et vigoureux », et Max « un adolescent qui se rendait chaque matin à l’école à bicyclette », tandis que Mix allait courir sur les toits et chacun veillait sur la liberté de l’autre, comme le font les vrais amis.
Puis Max devint « un jeune homme plein de projets et de rêves » et Mix commença à vieillir. A dix-huit ans, quand Max prit un appartement, il prit Mix avec lui. « Mix s’habitua très vite à la nouvelle maison, tout en haut d’un immeuble de cinq étages, et il prit l’habitude de s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre, avec l’attention des chats pour tout ce qui se passait de l’autre côté des vitres ». Max lui avait aussi aménagé une trappe pour qu’il puisse se rendre sur les toits, et ainsi la vie s’écoula sans heurts. Max et Mix étaient bons l’un pour l’autre comme le sont les vrais amis.
Hélas, un jour Max s’aperçut que Mix n’y voyait plus comme avant, pire, qu’il n’y voyait pas du tout. « Le diagnostic fut cruel, dur, inattendu, Mix était aveugle ». Aussi, Max fit en sorte que plus rien ne bouge dans l’appartement, afin que Mix sache s’y retrouver, car ainsi sont les amis, ils s’entraident, même et surtout dans les grandes difficultés de la vie. Max se mit à travailler de plus en plus, Mix était seul toute la journée, son ouïe devint de plus en plus fine, il passait son temps à écouter les sons, dedans, dehors, des autres appartements… Un jour « il entendit des pas menus, très menus mais rapides s’approcher, s’arrêter et se rapprocher de nouveau (…) avec la rapidité de ses plus belles années, Mix lança une de ses pattes de devant et sentit un petit corps tremblant sous ses coussinets ». C’est ainsi que Mix fit la connaissance et vice et versa, d’une souris du Mexique, échappée d’un appartement du dessus. La souris n’a pas de prénom, aussi elle s’appellera Mex.
C’est donc la plus étonnante amitié que fait naître Luis Sepúlveda sous sa plume, qui une fois encore nous enchante. Une grande et profonde leçon de générosité et d’humanité, dont paradoxalement, les animaux sont loin d’être exempts, surtout quand on les aime comme Sepúlveda, comme il nous le confiera à la fin du livre en racontant comment lui est venue l’inspiration de cette histoire. L’Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, à lire pour soi ou en famille et se faire du bien au cœur et à la tête.
Cathy Garcia
Luis Sepúlveda est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. 1975 : il a vingt-quatre ans lorsque, militant à l’Unité populaire (UIP), il est condamné à vingt-huit ans de prison par un tribunal militaire chilien pour trahison et conspiration. Son avocat, commis d’office, est un lieutenant de l’armée. Il venait de passer deux ans dans une prison pour détenus politiques. Libéré en 1977 grâce à Amnesty International, il voit sa peine commuée en huit ans d’exil en Suède. Il n’ira jamais, s’arrêtant à l’escale argentine du vol. Sepúlveda va arpenter l’Amérique latine : Équateur, Pérou, Colombie, Nicaragua. Il n’abandonne pas la politique : un an avec les Indiens shuars en 1978 pour étudier l’impact des colonisations, engagement aux côté des sandinistes de la Brigade internationale Simon-Bolivar en 1979. Il devient aussi reporter, sans abandonner la création : en Équateur, il fonde une troupe de théâtre dans le cadre de l’Alliance française. Il arrive en Europe, en 1982. Travaille comme journaliste à Hambourg. Ce qui le fait retourner en Amérique du Sud et aller en Afrique. Il vivra ensuite à Paris, puis à Gijon en Espagne. Le militantisme, toujours : entre 1982 et 1987, il mène quelques actions avec Greenpeace. Son œuvre, fortement marquée donc par l'engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.
Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/histoire-du-chat-et-de-la-souris-qui-devinrent-amis-luis-sepulveda
Dingue !
La revue
NOUVEAUX DÉLITS
a dix ans !!!
Pari fou, pari tenu
218 auteurs y ont été publiés à ce jour, dont certains nous ont malheureusement quittés
16 artistes l'ont illustrée, autant dire que certains plus d'une fois !
Je les remercie toutes et tous, car une revue c'est avant tout le fruit du généreux travail et de la douce folie de chacun et si elle a réussi à perdurer jusqu'à aujourd'hui, c'est bien grâce à celles et ceux qui s'y intéressent, tous les abonné(e)s mais aussi les lectrices et lecteurs occasionnel que je remercie également,
MERCI
MERCI
MERCI !!!
Petit rappel de mon tout premier édito en
Peintre née à Prague (1823-1902)
Photographe tchèque né à Příbram le 3 mars 1883 et mort à Prague le 13 janvier 1961.
Se perdre…
Dans la touffeur du cœur, une quête
et l’aube dépose une nouvelle rose dans la boite d’allumettes.
Chaque solution n’est toujours qu’une étape.
L’animal, l’étoile, la graine, le vent, l’eau, l’acide, les limbes et les cimes.
La cueillette du jour lavée au lait des nuits.
Cg in Les mots allumettes (Cardère 2012)
ALLONS-Y
Le passé. Le passé réfugié derrière les remparts de la mémoire. Une clé avalée en entrant, en naissant je veux dire, né sans… Trop pleine déjà pourtant ! Déjà tracée l’étoile truquée, pour finir au panier de toute façon, oubliée. Automatiquement, fantomatique-ment oubliée.
Dans mon passé à moi, mon cher passé, d’un puits profond, une flamme tremblante ne cesse de remonter, remonter. Les a t’on déjà connu ces vents froids qui passent entre les grilles ?
La mémoire ! Forteresse et oubliettes.
Depuis quand cherche t’elle à remonter cette flamme ronge-cœur ?
Veuve. Femme frappée du destin. Femme vidée, juste une enveloppe, refroidie, pétrifiée par les larmes.
L’enfant fuit à tire d’ailes, la femme deux fois amputée continue de marcher, continue de ronger. L’enfant fuit la mort, puis la défie à défaut de pouvoir la défaire. Attirer loin au-dehors cette contagieuse tristesse, afin que la vie puisse enfin éclairer le fond du puits. La vie, l’émoi, la joie d’être femme. Habitée, vivante !
Je suis l’enfant de la veuve. Ma mémoire aux fossés pleins de larmes, pose encore l’interdit sur la douleur, les mots que je voudrais expulser.
Tombe d’amour
Rongée de vers
Les vers, les vers
La rime et la mort
Toujours et encore
A jamais
Trop tard
Trop noir
Ce trou dans lequel on tombe et dont on ne se relève pas. Le couvercle se referme. Les prêtres corbeaux, les ombres affamées, les fleurs puantes déjà fanées. J’avais peur de ces journées trop grises où il fallait aller au cimetière. J’avais peur des larmes de ma mère, peur de mon désert. Peur de la pluie quand elle engloutit.
J’ai encore peur de la boite où Mimie Jolie dort avec les asticots.
J’ai grandi portant en moi cette terreur en gestation. Elle m’a façonnée de l’intérieur, creusant grottes et gouffres. J’y ai mis des cauchemars, des monstres, des mystères et de méchantes humeurs. Je suis la petite fille près de son papa endormi. J’attends qu’il se réveille comme une princesse de son long sommeil. Je suis petit prince impuissant à soulager sa mère.
L’écriture fleuve révèle des secrets enfouis, destins inaccomplis. Chercher, fouiller, sonder la vase, arracher de leur écorce moisie les vieilles douleurs muettes.
Pourquoi ?
CG, 2002
Artiste né à Washington DC en 1972