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Le faucon errant de Jamil Ahmad
Un livre âpre et austère, à l’image de la région à laquelle il s’attache, où le seul lien à suivre pour ne pas s’y perdre est un homme, Tor Baz, le Faucon Errant. Il sera notre guide à travers ces pages écrites d’une plume sèche, sans fioriture, qui se tient au plus près des évènements et les décrit sans entrer dans des considérations psychologiques. Tor Baz est né au cœur de ces zones tribales, semi-autonomes à l’époque – nous sommes dans les années 1950 – au carrefour montagneux du Pakistan, de l’Afghanistan et de l’Iran.À l’âge de 5 ans, Tor Baz qui ne s’appelle pas encore ainsi, se retrouve abandonné en plein désert auprès d’un chameau mort. Ses parents qui s’aimaient d’un amour illégitime, ayant fui leurs tribus respectives avant même qu’il ne soit conçu, sont rattrapés et assassinés selon la dure loi tribale. Tor Baz sera alors recueilli par un vieux chef nomade, puis par un mollah mécréant, vagabond et rusé qui finira dément, et enfin par une famille Bhittani.
C’est cette famille qui lui donnera le nom de leur fils défunt, Tor Baz, Faucon Noir, qui deviendra le Faucon Errant que nous retrouverons tout au long du livre. Un livre que Jamil Ahmad a pu écrire en regroupant des notes prises durant plusieurs décennies dans ces zones tribales, où il exerçait comme haut fonctionnaire pakistanais. Une région où venaient se heurter cultures ancestrales, nomadisme et modernité, une région aux enjeux politiques, stratégiques et religieux extrêmement compliqués et où les innombrables tribus résistaient farouchement à tout pouvoir et ingérence étatique, sans parler des tentatives d’influences allemandes ou britanniques, qui plus tard seront soviétiques et américaines. Là réside le grand intérêt de ce livre, nous faire pénétrer au cœur de ces territoires bien éloignés de toute littérature, mal connus, peuplés d’hommes simples et rudes, exceptionnels aussi d’humanité tout autant que capables d’une grande cruauté. On y rencontrera des chefs tribaux, des mollahs miséreux, des hommes sages, humbles et honnêtes, d’autres fort corrompus, des femmes aussi soumises que robustes et courageuses. Des paysans, des villageois, des bandits, des soldats, des fonctionnaires, des kidnappeurs saisonniers, des vendeurs d’informations, des vendeurs de femmes, d’opium et de haschisch, de glace des glaciers, de champignons séchés ou de kebab, un montreur d’ours et un guide de haute-montagne qui retombera aussi bas qu’il était monté haut. Des morceaux de vie captés et entremêlés au cœur de paysages érodés et quelques vallées plus accueillantes. On entendra les vents des montagnes et du désert y chanter le nom de tout un tas de tribus telles que Siahpad, Baloutche, Brahui, Kharot, Pawindah, Bhittani, Pachtoune, Massoud, Wazir, Afridi, Mohmand, Gujjar… et nous verrons chacune lutter pour sa survie, sans que jamais toutefois ne soit oubliée la règle première et essentielle de l’hospitalité.
Cathy Garcia
Né en 1933, haut fonctionnaire pakistanais aujourd’hui à la retraite, Jamil Ahmad exerça principalement dans la province frontalière du Baloutchistan. Il a également occupé un poste à l’ambassade pakistanaise à Kaboul avant et pendant l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques. Il vit actuellement à Islamabad. Avec Le Faucon errant, son premier roman, il est devenu, à soixante-dix-huit ans, le « nouvel auteur phare » de la littérature pakistanaise. Ces expériences lui ont permis de décrire au plus juste la vie de ces régions interdites (aux frontières de l’Iran, du Pakistan et de l’Afghanistan) avant la montée des Talibans. Aujourd’hui les « zones tribales » sont le plus souvent décrites comme des régions reculées, nids de conspirateurs et cibles des attaques de drones.
Photo (c)Fauzia Minallah
Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/le-faucon-errant-jamil-ahmad
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Ashley
Artiste peintre né en 1948 à Salisbury - Angleterre. Etude aux Beaux-Arts de Salisbury.Vit en France depuis 1967.
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Fred Ivar Utsi Klemetsen
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Caspar David Friedrich
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Hamid Tibouchi
Merci à la revue Décharge qui présente cet artiste poète (dans le n°158) pour me l'avoir fait découvrir, j'ai beaucoup apprécié ses réponses aux trois questions d'Yves-Jacques Bouin, e m'y suis totalement retrouvée, de même que la présentation du Traité de Navigation, sa série de peinture intitulée ainsi dont les toiles ci-dessus font partie (sauf la dernière, intitulé « Émiettement périphérique Kuba », qui est de 1995). Il y en a en tout une trentaine qui ont été en exposition, en 2009, à la galerie Europia de Paris.
Né en 1951 en Algérie. Peintre et poète, il vit et travaille en région parisienne depuis 1981. Après des études au lycée de Bougie, puis à l’École Normale Supérieure d’Alger, il est assistant de français en Angleterre, puis professeur d’anglais près d’Alger. En 1983, il est diplômé en Arts plastiques de l’Université Paris VIII. Depuis 1981, date à laquelle il se consacre essentiellement à la peinture et à l'écriture, il expose régulièrement en France et à travers le monde.
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Massalia Blues de Minna Sif
Être aimé ne sert à rien.
Pour ne pas être seul,
Il faut être capable d’aimer
Dino Buzatti
Minna Sif nous plonge au cœur d’une sorte de cour des miracles, pègre et misère s’y côtoient, pour le pire et exceptionnellement pour le meilleur. C’est Marseille la belle, ses quartiers, son vieux port, ses vendeurs à la sauvette, ses marchands de sommeil, ses parias et ses prostituées, et dans cette cour grouillante de la ville basse, un roi découronné pousse son Caddie. Clochard et clandestin, fier et roublard, Brahim refuse d’aller chercher des papiers à la préfecture. Et cela, malgré les offres d’aide insistantes de la narratrice, écrivain public du côté de la Poste Colbert, pour tout un monde sans voix, parfois même sans droits. Enfant déjà, elle était la voix de ses parents, venus eux aussi de douars marocains aux noms imprononçables.
« Cet emploi d’écrivain public était pour moi un pont ténu entre une population venue de l’autre bord de la Méditerranée et cet autre monde bien ordonné qui ne voulait d’eux que du bout des lèvres, du bout de ce tutoiement dont on les gratifiait encore trop souvent ».
Brahim, vieux fou, est aussi un conteur hors pair. Lui, dont la vie comme tant d’autres a fait le grand écart au-dessus de la Méditerranée, ne transporte pas qu’un affreux cabot déplumé et tout un tas de vieilles saloperies au fond de son Caddie, mais aussi des pelletées d’histoires incroyables, dont les héroïnes sont des femmes, que dis-je, des furies, des ogresses débordantes de chair et de vie. Fadéla la dégourdie, Zina la morte, Leïla la putain aux dents d’or, Haffida la dévoreuse, Fatem la poétesse, la blonde Antoinette et d’autres encore. Mères, grand-mères, sœurs, épouses, maîtresses… Tout un univers féminin aussi jouissif qu’étouffant, en butte à la brute lâcheté des hommes.
Hardie, sacrément fleurie et explosive, l’écriture de Minna Sif déborde comme une opulente poitrine du corsage étroit de la bienséance. Elle ne craint pas de tremper sa plume dans les sucs et les fiels, l’amour et la haine étant bien souvent trop emmêlés pour pouvoir les distinguer. Les cris, la rage, les larmes, le sperme et les vers qui rongent les plaies. L’humanité dans toutes ses splendeurs et ses déchéances, excessive et délirante comme l’amour de ces mères du sud pour leur progéniture, à Marseille, aussi bien que dans les douars marocains.
On se perd dans la narration un peu brouillonne, forcément, à l’image de ce bouillon de cultures, d’où jaillissent cependant des envolées de génie. Il y a du fellinien, du rabelaisien… Nul n’y est à une fourberie ou une contradiction près, nous ne sommes pas chez ceux qui pètent dans la soie le petit doigt levé. Ici, c’est avec les poings et le verbe haut que la vie se conjugue. C’est à peine exagéré, comme la vie de Brahim, c’est un vécu du feu de dieu, à moins que ce ne soit celui d’un djoun, et c’est donc aussi forcément marseillais.
Un lexique à la fin permet de s’y retrouver dans les emprunts à la langue arabe et on apprend ainsi qu’Harraguas signifie littéralement « brûleurs de frontière » et désigne les jeunes émigrants qui rejoignent l’Europe clandestinement au péril de leur vie, et que les Hittistes, « teneurs de murs », sont de jeunes diplômés chômeurs qui passent la journée adossés à un mur. Massalia Blues à nous en faire rougir les tympans. Ça se lit avec le sourire, le souffle court et une certaine stupéfaction. Tant de gouaille sous la plume d’une jeune fille, ça ne s’invente pas, ça se vit et se transmet comme un bouton de fièvre. Âmes délicates s’abstenir, mais ce serait dommage.
Cathy Garcia
Minna est née en Corse, dans une famille originaire du Sud marocain. Elle vit à Marseille où elle anime des ateliers d’écriture dans les quartiers Nord. Son premier roman, Méchamment berbère (Ramsay, 1997), a été réédité chez J’ai Lu, dans la collection Nouvelle génération. Elle a également écrit des nouvelles publiées dans des revues (Gulliver, La Pensée de Midi…) et des ouvrages collectifs : Scandale (Chihab, 2010) et Une enfance Corse (Bleu autour/ Colonna 2010). Auteure associée au Théâtre de la Mer, dans le cadre de Marseille Capitale européenne de la Culture 2013, elle a participé au projet international « Foot(ing) Marseille » en animant de nombreux ateliers d’écriture à destination des jeunes et des adultes.
Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/massilia-blues-minna-sif
et reprise sur :
http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups?ac_id=1525#.UeaOrctOJMw
et
http://zone-critique.com/2013/07/17/minna-sif-massalia-blues/
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Horst P. Horst - Electric beauty 1939
Trafic compulsif de mégots, chaque surdose ouvre l’accès à une vidange.
A cause des fuites de fissures, chaque égratignure est un tag stratégique.
On risque la panne pour cause de grumeau dans la matière. Prendre la pose en ignorant la férocité des horaires, des objets lisses achetés en ligne et la puanteur colorante des somnifères qui s’affichent en pâtes de fruits. Des fantômes cauchemardesques taillent des pipes par poignées.
Architecture de puces frénétiques en batteries urbaines, les ornières pleines de gaz et d’ordures.
Toison et colifichets en vitrines, les aiguilleurs qui tripotent les trottoirs ont le catalogue élastique.
Dans des alvéoles en cartons, dorment des reptiles enchaînés de 12 centimètres. Le béton dégueule de pancartes, de discours qui font pousser sur les balcons des émotions grasses. Les silos biodégradables encombrent les agendas.
Mais nous serons sauvés par les klaxons du culte, et nous suspendrons le moteur de nos crânes sur des cintres flasques. Nous entreposerons les cages hivernales, le gravier et les sondes dans les embrasures du métro. L’acide moribond au fond des casseroles, les panneaux compressés au fond des tiroirs. On posera un couvercle en skaï sur le millefeuille, consigné au bureau des décors accidentés. Le mot nucléaire sera liposucé car chacun sait que quand la passoire crépite, la tamponneuse de trachée.
Pour les statistiques, les colliers des pèlerins funambules seront confisqués et les origamis hallucinatoires autorisés uniquement sur le périphérique de l’évier. Une ordonnance sera délivrée pour les urgences, selon l’indice de voracité.
Pour les humiliations glauques, les charognes devront être sanglées dans les poubelles.
Muni d’un dé, chaque échéance pourra conduire à la déchéance.
Le nivellement de l’insolence se fait à hauteur de capot, sous peine d’être concassée à perpétuité.
Cathy Garcia, 4 juillet 2013
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Revue Kahel n°1, lue par Patrice Maltaverne
Karim Cornali, l'un des poètes publiés dans le poézine "Traction-brabant", a décidé de voler de ses propres ailes, si je puis dire, en créant sa propre revue, ce qui constitue une excellente nouvelle.
Et voici donc que je découvre le premier numéro de "Kahel", revue sous-titrée "littéraire de voyage".
Dans son édito, Karim Cornali explique pourquoi il a créé cette publication. Car si l'objet de la revue "Kahel" consiste à parler des voyages, c'est pour combler un manque.
En effet, comme il l'explique, les magazines consacrés au voyage "omettent" de faire paraître des poèmes, et quand des récits sont publiés, il est davantage question de performance des baroudeurs que d'ambiance des pays traversés.
Ainsi les textes ici présents, poèmes ou nouvelles, décrivent les sensations ressenties par le voyageur qui découvre un monde dans lequel il n'a pas l'habitude de vivre.
Le plus souvent, ces sensations sont positives. Car il s'agit avant tout de s'imprégner d'une langue inconnue et d'un autre climat, notamment dans les pays chauds. Parfois aussi, le visiteur montre l'aspect délabré des pays traversés. Ou bien, il reste tout simplement chez lui, préférant voyager dans sa tête.
Les textes que j'ai préférés dans ce premier numéro sont ceux de Pierre Lofoten, de Samantha Barendson, de Stéphanie Nivol, de Kevin Broda, de Karim Cornali himself, de Cathy Garcia et de Louis Bertholom, dont voici un court extrait :
"La nuit je squatte l'esprit des équations angulaires
aux architectures sacrées qui savent des énigmes,
par-delà les voussures, je danse sur le dos des charpentes.
Sur les épaules divines de la prétention des hommes
mes yeux caressent un peu de l'âme des étoiles
pendant que vents et pigeons fécondent les gargouilles.
Dans l'ascension mystique la pénombre dilue l'horizon
pointent les épées minérales de l'ardoise et de la gouttière
m'aidant à fuir l'abîme des souterrains qui me sondent"
Il ne me reste plus à présent qu'à souhaiter longue vie à "Kahel", (à laquelle vous pouvez vous abonner pour 12 €, le temps de recevoir 2 numéros) et à vous encourager à aller y voir de plus près sur http://kahelrevue.overblog.com/
Note parue sur : http://poesiechroniquetamalle.centerblog.net/
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Syngué Sabour - Pierre de patience d'Atiq Rahimi
Syngué Sabour - Pierre de patience est l'adaptation du livre du même nom écrit par Atiq Rahimi en 2008 et lauréat du Prix Goncourt la même année. L'auteur adapte donc lui-même son ouvrage. A noter que le cinéaste en est à sa deuxième adaptation d'un de ses livres, puisqu'il avait déjà tourné Terre et cendres en 2003, adaptation de son roman sorti en 2000. Ce film a remporté le Prix Regard vers l'avenir dans la section Un certain regard au Festival de Cannes 2004.
MAGNIFIQUE !!!
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Wadjda de Haifaa Al Mansour (2013)
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Bruno Braquehais
Bruno Braquehais, né en 1823 à Dieppe en France et mort en 1875 à La Celle-Saint-Cloud en France, était un photographe français sourd-muet. C’est la Commune de Paris, premier événement majeur en France à recevoir une couverture photographique, qui va le révéler. Alors que les grands photographes de l’époque, comme Nadar, restent pratiquement introuvables, les autres vont occuper le marché lucratif des reproductions de monuments incendiés ou abattus. Il est alors impossible de publier des photos directement dans la presse. Braquehais va, en revanche, sortir, en dépit des difficultés matérielles dues au besoin de lumière et de longues poses des sujets statiques, tout son matériel pour aller photographier les acteurs de la Commune de Paris : il réalise des portraits de fédérés posant fièrement devant leurs barricades. Il photographie également la mise à bas de la colonne Vendôme en direct. Ses quelque 140 clichés de la Commune constituent une œuvre originale faisant de lui le photographe de la Commune pour laquelle il avait fort certainement des sympathies ainsi que le précurseur du photojournalisme.
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Edward Pustovoitov - Autumn Still Life, 1997.
Le hamac sous les vitraux feuillus est un ensorcellement. Ces journées toutes neuves d’automne ont la volupté d’un fruit mûr, un parfum de soleil poisseux et sucré.
Cg in Chroniques du hamac, 2008
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Fred Fraser
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František Drtikol