Jean Rostand
Chacun fixe le seuil de ses ébahissements.
Les miens commencent dès l'animal.
Expliquez-moi le crapaud, je vous tiens quitte de l'homme.
in Carnet d'un biologiste
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Chacun fixe le seuil de ses ébahissements.
Les miens commencent dès l'animal.
Expliquez-moi le crapaud, je vous tiens quitte de l'homme.
in Carnet d'un biologiste
Source : http://www.geocities.jp/aniswater/dm6.html
SENS PRATIQUE
Il n’y a que la pratique
Et une infinité de voies
S’étirer comme
Racines et chat
cg in Petit livre des illuminations simples
Qui joue son âme au poker flatteur,
couchera sous les ponts de l’Amour.
in Disparates
L’élan suave oui, de l’amour
Cette vague confuse et malicieuse
Nous la laisserons parcourir les ravins
D’églantiers et de marguerites
Même si l’inquiétude grouille
Sous la rocaille
Puis nous fuguerons vers les friches
Les montagnes en fleurs
Avant que la cellule et l’effroi
Les mailles envers endroit
Les crochets du givre
Ne déchirent nos duvets
cg in Mordre le temps de mort, 2013
Ainsi, les malheurs des autres nous sont indifférents,
à moins qu'ils ne nous fassent plaisir.
in Journal (7 décembre 1894)
(c) inconnu
Les feuilles sous ses pas, crissent comme du verre. La croix du corbeau pèse lourd et un suaire de glace a figé toute sève. Le ciel est blanc jaunâtre, comme gros de neige. Les chênes fluets semblent bois mort. Tout en marchant, ses pensées ne cessent de revenir à lui. Elle l’avait laissé dans l’été d’un lit d’amour, brûlant de fièvre, enflé de désir, tout au bord de l’automne. Puis l’automne l’a consumé et elle ne sait plus où elle a jeté ses cendres. Maintenant elle marche et tout en elle n’est que silence et engelures. Lorsque le linceul de feuilles se perd sous le béton, elle peut encore entendre son crissement de verre. Elle marche dans une ville noire aux passants gris. Elle marche, laissant derrière elle des morceaux de mémoire que personne ne ramasse. Quand elle arrive devant le trou d’où s’échappe la chaleur souterraine, elle descend une à une les marches et disparait dans un souffle de rame.
(c) Brad Downey
On ne la vit jamais ressortir, d’aucuns trous de la ville. Certains disent qu’elle a rejoint le peuple des rats, d’autres qu’elle est devenue reine d’un tripot dans une station désaffectée. On dit tant de choses et puis on ne dit plus rien.
Le printemps est revenu, les lits d’amour ont fleuri, des petits corbeaux sont nés. La mort est enterrée, pour un temps qu’on voudrait croire éternel.
cg, 2012
- Ceci est la 4444ème note de ce blog -
Vents d'ailleurs, janvier 2014
590 pages, 14,50 €
Voici un roman intensément fabuleux, qui plairait sans aucun doute à un Tim Burton ou à un Lewis Carroll. Cette quête initiatrice dans laquelle nous entraîne Piripit, sorte d’Alice en version jeune mâle musclé au pays vodou, est un grand chaudron dans lequel macèrent toutes sortes de faits, de créatures et de choses toutes plus étranges et plus inouïes les unes que les autres, l’ensemble dégageant un parfum de goyave, d’embruns et de kleren*, mêlé de sueur et de charogne. C’est la piste des sortilèges.
Parmi certains des personnages, on pourrait citer l’incontournable Bawon Samedi et son insatiable fille Gede Loray, Legba, l’ouvreur de portes, ainsi que Petit-Noël Prieur, un chef de bande d’esclaves révoltés, qui refusait l’autorité des généraux durant les guerres de l’Indépendance, mais aussi le maudit Grenn Bôt, « une seule botte », et le Basilic, un redoutable reptile géant.
Piripit, que l’on doit d’abord arracher au pouvoir de la Sirène qui l’avait envoûté, doit voler au secours d’un ami auquel il doit lui-même la vie : Persée Persifal. Pour cela, il doit passer de l’autre côté de la fragile membrane qui sépare le monde des morts de celui des vivants. Une aventure des plus téméraires où le temps presse. Il n’aura qu’une nuit pour retrouver son ami, trahi par d’anciens compagnons de lutte, qui l’ont empoisonné et vendu à des convoyeurs de zombies. Piripit doit le retrouver avant qu’il n’atteigne le point de non-retour et pour cela, il devra franchir toutes les portes de la Piste, en échappant à la multitude de pièges et de dangers qui la parsèment et devra prouver à chaque fois que son ami est un Juste, une espèce en voie de disparition dans ce pays voué à toutes les corruptions.
La Piste, c’est aussi toute l’histoire d’Haïti, passée et présente, avec tous ses habitants depuis les tout premiers, son histoire mythique et son histoire politique, le choc des cultures, toutes ses violences, ses folies, ses sociétés secrètes, ses rites et sa magie, et toute sa beauté et sa sensualité aussi exubérantes que l’imagination de l’auteur qui nous offre ici un roman véritablement stupéfiant. Bouleversant hommage à ce pays qui n’en finit plus d’être meurtri dans sa chair comme dans son âme.
Une nuit, Piripit… mais quelle nuit ! Une nuit de plus de 580 pages. Le temps n’est pas le même, il tourne au ralenti sur la Piste, mais prenez garde, car vous pourriez bien, vous aussi, y passer la nuit sans pouvoir en sortir, car on pourrait mentionner sur la première page du livre : attention, chef-d’œuvre !
Cathy Garcia
* alcool de canne
Né à Port-au-Prince, Gary Victor est plébiscité par les lecteurs en Haïti. Après des études d’agronomie, il exerce le métier de journaliste durant de nombreuses années et a occupé des postes importants dans la fonction publique haïtienne. Fils de René Victor, qui est peut-être le sociologue le plus important de son pays, l’écrivain en a hérité un regard lucide sur sa société. Ses créations explorent sans complaisance aucune le mal-être haïtien pour tenter de trouver le moyen de sortir du cycle de la misère et de la violence. Son roman, À l’angle des rues parallèles, a obtenu le prix de fiction du livre insulaire à Ouessant 2003. Il a fait également l’objet d’une adaptation au théâtre. Outre son travail d’écriture, Gary Victor est scénariste pour la radio, le cinéma et la télévision. Esprit rebelle, indépendant, ses réflexions sur la société haïtienne ont quotidiennement fait des vagues sur les ondes de l'une des stations de radio de Port-au-Prince, et son feuilleton télévisé sur les mœurs de la petite bourgeoisie haïtienne a été adapté au cinéma.
Il s’est vu décerner le prix RFO 2004 pour son titre Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin, en 2008 le prix Caraïbes pour Les cloches de La Brésilienne et en 2012, le prix Casa de Las Américas.
Aux éditions Vents d'ailleurs
La Piste des sortilèges, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2013. Réédition en poche. Quand le jour cède à la nuit, Vents d'ailleurs, 2012. Le sang et la mer, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2010. Banal oubli, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2008. Clair de manbo, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2007. Les cloches de La Brésilienne, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2006. PRIX CARAÏBES Dernières nouvelles du colonialisme, recueil de nouvelles, collectif, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2006. Le Diable dans un thé à la citronnelle, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2005. Je sais quand Dieu vient dans mon jardin, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2004. PRIX RFO À l'angle des rues parallèles, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2003. PRIX DU LIVRE INSULAIRE La Piste des sortilèges, La Roque d'Anthéron, Vents d'ailleurs, 2002.
Chez d’autres éditeurs
Romans
Collier de débris, Montréal, Mémoire d'encrier, 2013. Maudite éducation, Paris, Philippe Rey, 2012 ; Montréal, Mémoire d'encrier, 2012. Soro, Port-au-Prince, Imprimeur II, 2011 ; Montréal, Mémoire d'encrier, 2011. Saison de porcs, Montréal, Mémoire d'encrier, 2009. Le Revenant, Tome 2, La Pierre de Damballah, Port-au-Prince, L'Imprimeur II, 2009. Nuit albinos, Port-au-Prince, Deschamps, 2008. Le Revenant, Tome 1, Port-au-Prince, L'Imprimeur II, 2007. Le Cercle des époux fidèles, Port-au-Prince, Imprimeur II, 2002. Un octobre d'Élyaniz, Port-au-Prince, Imprimeur II, 1996.
Nouvelles
Dossiers interdits, Tome 2, Port-au-Prince, L'Imprimeur II, 2013. Histoires entendues ou vécues dans un tap-tap, Pétion-Ville, C3 Éditions, 2013. Dossiers interdits, Tome 1, Port-au-Prince : L'Imprimeur II, 2012. Treize nouvelles vaudou, Préface d'Alain Mabanckou, Montréal, Mémoire d'encrier, 2007. Chroniques d'un leader haïtien comme il faut (les meilleures d'Albert Buron), Montréal, Mémoire d'encrier, 2006. La Chorale de sang, Port-au-Prince, Éditions Mémoire, 2001. Albert Buron, ou Profil d'une élite, Tome 2, Port-au-Prince, Imprimeur II, 1999. Le Sorcier qui n'aimait pas la neige, Montréal, CIDIHCA, 1995. Symphonie pour demain, Port-au-Prince, Fardin, 1981. Sonson Pipirit, ou profil d'un homme du peuple, Port-au-Prince, Deschamps, 1989. Nouvelles interdites, Tomes 1 et 2. Port-au-Prince, Deschamps, 1989. Albert Buron, ou Profil d'une élite, Tome 1, Port-au-Prince, Imprimeur II, 1988 ; Port-au-Prince, Deschamps, 1989.
Théâtre
Le Douzième Étage, monologue joué et mis en scène par Albert Moléon au Festival Quatre Chemins, Haïti, 2007. La Reine des Masques, monologue joué et mis en scène par Natacha Jeune Saintil, Haiti, France, Guinée, Burkina, 2006-2007. Défilé, mis en scène par Ralf Civil, KTK, Haïti 2005. Nuit publique, jouée par le Petit Conservatoire dans une mise en scène de Daniel Marcelin à Port-au-Prince, Haïti, janvier et février 2003. Le Jour où l'on vola ma femme, pièce jouée à Port-au-Prince, Haïti, en 2001. Anastaste, adaptation du roman À l'angle des rues parallèles, jouée par le Petit Conservatoire dans une mise en scène de Daniel Marcelin en 2001 à Port-au-Prince, Haïti.
Traduction
Ti Prens lan, par Antoine de Saint-Exupéry, Port-au-Prince, La Direction Nationale du Livre, 2010.
diane burns 1957-2006
- Bonjour, vous allez bien?
Non, je ne suis pas chinoise
Non, pas Espagnole.
Non, je suis Peau rou... euh
Indienne d'Amérique
Non, je ne viens pas d'Inde.
Non, pas Apache.
Non, pas Navajo.
Non, pas Sioux.
Non, nous ne sommes pas une race disparue.
Oui, Indienne.
- Oh ?
Alors, c'est donc ça tes pommettes saillantes?
Ton arrière-grand-mère, hein?
Une princesse indienne, hein?
Cheveux jusque-là?
Laisse-moi deviner, Cherokee?
Ah bon, tu as eu un ami indien?
Si intime que ça?
Ah bon, tu as eu une amante indienne?
Si étroite que ça?
Ah bon, tu as eu une domestique indienne?
Si chère que ça?
Oui, c'est horrible ce que vous autres nous avez fait.
C'est chouette de ta part de faire des excuses.
Non, je ne sais pas où tu peux
te procurer du peyotl.
Non, je ne sais pas où tu peux te procurer des tapis Navajo très bon marché.
Non, je ne l'ai pas fait. Je l'ai acheté à Bloomingdales.
Merci, j'admire tes cheveux à toi aussi.
Je ne sais pas si quelqu'un pourrait certifier que Cher est une vraie indienne.
Non, ce n'est pas moi qui ai fait pleuvoir ce soir.
Ouais. Bien sûr. La spiritualité.
Bien sûr. Ouais. La spiritualité. Bien sûr.
Mère Nature. Ouais. Bien sûr. La spiritualité.
Non, je n'ai pas fait des études de tir à l'arc.
Ouais, beaucoup d'entre nous boivent trop.
D'autres n'arrivent pas à boire assez.
Non, c'est pas une gueule stoïque.
C'est mon visage.
Sure You Can Ask Me A Personal Question
How do you do?
No, I am not Chinese.
No, not Spanish.
No, I am American Indian, Native American.
No, not from India.
No, not Apache
No, not Navajo.
No, not Sioux.
No, we are not extinct.
Yes, Indian.
Oh?
So that's where you got those high cheekbones.
Your great grandmother, huh?
An Indian Princess, huh?
Hair down to there?
Let me guess. Cherokee?
Oh, so you've had an Indian friend?
That close?
Oh, so you've had an Indian lover?
That tight?
Oh, so you've had an Indian servant?
That much?
Yeah, it was awful what you guys did to us.
It's real decent of you to apologize.
No, I don't know where you can get peyote.
No, I don't know where you can get Navajo rugs real cheap.
No, I didn't make this. I bought it at Bloomingdales.
Thank you. I like your hair too.
I don't know if anyone knows whether or not Cher
is really Indian.
No, I didn't make it rain tonight.
Yeah. Uh-huh. Spirituality.
Uh-huh. Yeah. Spirituality. Uh-huh. Mother
Earth. Yeah. Uh-huh. Uh-huh. Spirituality.
No, I didn't major in archery.
Yeah, a lot of us drink too much.
Some of us can't drink enough.
This ain't no stoic look.
This is my face.
Merci à JL
http://jlmi22.hautetfort.com/archive/2014/04/28/l-oeil-la-plume-5357212.html?c
Avec les gens de cour, vos pareils, don Salluste,
Je vous laisse, et je reste avec mes chenapans.
Je vis avec les loups, non avec les serpents.
in Ruy Blas