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  • Paganisme matriarcal basque : origines de la sorcellerie chez les derniers païens d’Europe

     

    Les derniers païens d’Europe ?

    L’historien Camille Jullian désigne les XVe et XVIe siècles comme le début de la période à laquelle le catholicisme s’est imposé au Pays basque. La nouvelle religion aurait alors amplifié l’utilisation d’un symbole plus ancien. La christianisation tardive, dans ces parties éloignées des voies d’accès romaines, a pu être la cause de la survivance de la religion basque primitive, jusqu’à des stades très tardifs, en comparaison avec le reste de l’Europe. Preuve de cela, les restes de sites païens dans les contreforts de l’Aralar encore dans le XIIIe siècle. Étant donné ceci, il n’est pas étonnant que la déesse-mère Mari ait survécu jusqu’à nos jours, bien que dans beaucoup de cas elle a été démonisée par l’Église.

    Mari, la déesse mère

    La religion basque originelle est centrée sur Mari, divinité féminine qui incarne "la nature". Elle est aussi appelée Anbotoko MariAnbotoko Dama (la dame d’Anboto) ou Murumendiko Dama (dame de Murumendi), MayaLezekoandrea et Loana-gorri. Étymologiquement, son nom signifie «celle qui donne», il est formé par le radical verbial -ma- signifiant donner et le suffixe -ari qui indique une activité (Lanari → travailleur).

    Parmi les primitives déesses-mères européennes, elle est la seule qui soit arrivée jusqu’à nos jours. Elle est le personnage mythique le plus significatif des traditions basques, étant la maîtresse de tous les génies telluriques. Elle est la créatrice, la Grande Mère qui enfanta le monde.

    Mari est décrite conduisant dans le ciel un chariot tiré par des chevaux ou des béliers (comme Thor ?). Ses idoles portent habituellement une pleine lune derrière la tête. Elle est souvent aperçue habillée de rouge. Elle est aussi vue comme une femme du feu, une femme-arbre, et une femme-foudre. De plus, elle est identifiée avec des animaux rouges (vaches, béliers, chevaux…), et avec le grand bouc-noir.

    Mari et la vierge Marie

    Il est difficile de croire qu’une déité si importante, seule divinité réellement connue des Basques avant la Chrétienté (avec son amant), ai un nom dérivé de Marie l’icône chrétienne. De toute façon, il est bien évident que la proximité dans les noms a pu aidé à fondre le culte païen de la déesse Mari dans une vénération chrétienne de la Vierge Marie. De nos jours, à chaque fin de messe au Pays basque, le dernier chant liturgique est toujours donné en l’honneur de la Vierge Marie.

    Anboto is one of the mountains where Mari is supposed to liveAnboto est l’une des montagnes ou la déesse Mari est supposée vivre

    La religion naturelle des Basques

    Il lui est associé la divinité mâle Sugaar, représentation des colères du ciel, tonnerres et orages. Mari vit sous terre, normalement dans une caverne en haute montagne, où elle et son amant Sugaar se rencontrent chaque vendredi (la nuit de l’Akelarre ou le rendez-vous des sorcières) pour concevoir des orages qui apporteront la fertilité à la terre et au peuple. Contrairement aux dieux des religions patriarcales, Mari ne puni pas, on est libre d’avoir ou non des relations avec elle. Ce qui veut aussi dire que les catastrophes naturelles ne sont pas interprétées comme des châtiments.

    « Et dans la religion naturelle Basque, dont l’une des images centrales était la Dame (ou Dame Mari), on célébrait les rites essentiels de la regénération et de la fertilisation appelés Akelarre. Cela peut expliquer l’importance de la chèvre (Aker) et du crapaud, symboles respectivement de fertilité et de fécondité. Tout cela remet en question le modèle familial patriarcal (basé sur le pater familias) hérité de l’Eglise romaine. Cela ne pouvait être toléré » - Josu Naberan , "Le Retour du Sugaar"

    On dit que Mari est servie par une cour de sorginak (sorcières). Son culte est déterminant pour la fertilité-fécondité, elle emmène la pluie ou la grêle (mauvais temps). Suivant où elle se trouve, il y aura du bon ou mauvais temps. De ses forces telluriques dépendent les récoltes, dans l’espace et le temps, la vie et la mort, la chance, la tolérance et le malheur.

    La déesse-stalagmite

    "La déesse Mari est dans la culture basque la personnification de la Mère Nature" – Andrés Ortiz-Oses, professeur d’herméneutique à l’Université de Deusto

    Grotte de Mari

    Anboto a toujours été associée à la magie et à la mythologie. Dans une caverne près de son sommet, la légende raconte que Mari, la dame d’Anboto, a sa principale résidence. La légende dit qu’on peut la voir souvent à l’entrée de la caverne par beau temps, peignant ses beaux cheveux blonds avec un peigne d’or au soleil.

    Des cultes plus archaïques de cette déesse ont été trouvé à Karrantza (Biscaye) et datent de la culture magdalénienne entre 15.000 et 8.000 avant JC (fin du Paléolithique supérieur, nord de l’Espagne, France, Suisse et l’Allemagne). Il s’agit d’un temple souterrain dédié à une déesse primitive, au fond d’une grotte.

    Le stalagmite de la grotte de Zelharburu (à Behera en Navarre) est une autre des grandes découvertes de l’origine du culte de la déesse Mari. De nombreuses études ont démontré que ce stalagmite a joué le rôle d’idole dans le culte de la déesse pré-chrétienne Mari au pays Basque.

    Harpeko Saindua, grotte et stalagmite de Mari

    Harpeko Saindua signifie en basque « la sainte (ou le saint) de la grotte ». On peut aussi trouver les graphies arpeko et saindiaxainduaxaindiaHarpeko Saindua désigne une stalagmite de la grotte de Zelharburu, à Bidarray, en Basse-Navarre (Pyrénées-Atlantiques). Une légende raconte qu’un jour, une jeune bergère était partie chercher ses chèvres. Elle alla vers les rochers sous les falaises de l’Artzamendi. Ne la voyant pas revenir, les hommes partirent à sa recherche. L’un d’eux découvrit l’ouverture d’une grotte, et il trouva la jeune fille pétrifiée, figée à jamais dans le rocher. Selon certains témoignages recueillis par le père Barandiarán, c’est une traînée lumineuse (semblable à celle que peut laisser le passage de Mari) dans le ciel qui indiqua l’emplacement de la grotte. À cause de l’eau qui en coulait goutte à goutte, on l’appela la « sainte qui pleure ». On commença à y venir, de très loin, pour solliciter ses vertus thérapeutiques : ses fidèles recueillaient sur des linges l’eau suintant, et elle était supposée guérir les maladies de peau et des yeux lorsqu’on en frottait les parties atteintes. Un grand pèlerinage avait lieu chaque année pour la Trinité. Les fidèles plaçaient des bougies devant la stalagmite, et laissaient des offrandes : pièces de monnaie, petites croix, vêtements des malades, mouchoirs. La pratique des offrandes n’est pas spécifique au Pays basque, et remonte à bien avant le christianisme. Avant la « sainte de la grotte », c’est la figure de Mari, la grande déesse des Basques, qu’on y vénérait. Aujourd’hui, il est courant d’appeler ce personnage saint Bidarray.

    La déesse Mari est Mélusine

    Une autre légende présente Mari comme l’épouse du seigneur de Biscaye, Diego López I de Haro. Ce mariage symbolise la légitimité de la dynastie, comme les déesses irlandaises épousées par les rois de cette île, comme un acte religieux de légitimation. De même, dans la Grèce antique, les lignées des anciens rois se prétendent descendre des dieux ou demi-dieux olympiens (Hercule, Zeus…) qui épousèrent de force les déesses-mères de l’ancien règne matriarcal. Dans tous les cas, Mari impose des conditions à son époux : tant qu’il garde sa foi chrétienne, il est obligé de la garder en dehors de la maison. Pourtant, une fois, apparemment après avoir découvert que sa femme avait une patte de chèvre au lieu d’un pied humain normal, il ne put s’empêcher de se signer de la croix. Après cet acte religieux, Mari pris sa fille, sauta par la fenêtre, disparu, et ne revint jamais.

    Lire Mélusine et Présine, ou le tabou de la maternité et du sang féminin

    Amalur, déesse de la Terre

    Un autre personnage fondamental de la mythologie est Amalur littéralement «Mère Terre». Le radical AMA- signifie mère, et dérive du radicale verbial -MA-, qui on l’a vue signifie donner; alors que LUR signifie terre. Amalur est souvent assimilée à Mari, mais elle est parfois considérée comme sa fille. Dans la mythologie basque on considère la terre Lur comme étant la mère du soleil (Eguzki) et de la lune (Ilargi Amandre), elles aussi féminines, et surnommées "grands mères". Lorsque la lune monte à l’orient, on lui dit : « Ilargi amandrea, zeruan ze berri ? » « Lune grand-mère, quoi de neuf dans le ciel ? ».

    Sugaar, amant de Mari, dieu-serpent de la pluie et des orages

    Sugaar (autres noms : SugarSugoiMaju) est la partie mâle d’une déité pré-chrétienne basque associée aux orages et à la foudre. Contrairement à son amante Mari, il subsiste peu de légendes à son propos. L’essentiel de son existence est de se joindre périodiquement (le vendredi, à deux heures de l’après-midi) à Mari dans les montagnes pour y générer des orages. On peut présumer qu’il est associé au ciel. Il est en général représenté par un dragon ou un serpent.

    • Le nom de Sugaar ou Sugar semble dériver de la réunion des mots suge (serpent) et ar (mâle), signifiant par conséquent serpent mâle. Cependant, il peut être aussi formé par une agglutination des mots su (feu) + gar (flamme), signifiant dans ce cas flamme du feu.
    • Sugoi, autre nom de la déité, possède la même interprétation duale : soit venant de suge + o[h]i (vieux serpent), soit de su + goi (haut feu).
    • Il n’y a pour l’instant pas d’étymologie pour sa troisième appellation Maju (amant de Mari ?).

    Sugaar est habituellement représenté sous la forme d’un serpent, symbole phallique probable, inscrit dans un lauburu (litt. quatre têtes) une sorte de croix gammée. La recherche sur la symbolique originelle amène à une période antérieure à la christianisation de la contrée, qui fut longue et chaotique, étant donnée la configuration encaissée du relief pyrénéen et conservatrice des populations rurales. Suivant les auteurs, le symbole fait référence au cycle de la vie, à la rotation du soleil, du ciel et de la terre.

    Le sabbat des sorcières

    Akelarre (du basque aker : « bouc » et larre : « lande »), est le terme basque pour désigner l’endroit où les sorcières (sorginak en basque) célèbrent leurs réunions et rituels, ainsi qu’un lieu de la mythologie basque (lieu des amours des divinités Mari & Sugaar). Les légendes leur donnent un rôle d’assistantes (ce sont très fréquemment des femmes) à la déesse Mari. Sorgin (sor + gin créatrice/-teur) se traduit en français par sorcière. La Sorgina étaient à l’origine une sorte de shaman, de femme-médecine.

    Les conseillères, oracles et prêtresses de la Déesse-Mère

    Le sorgin pouvait être un homme mais était traditionnellement une femme. La sorginak, ou sorcière basque, occupe un rôle analogue à ceux des chamanes des autres peuplades à travers le monde. Elles étaient celles qui connaissaient les secrets de la procréation et de la naissance, et par conséquent avaient le rôle de sages-femmes. Les sorginak connaissaient aussi les secrets des plantes et leurs utilisations, elles étaient donc guérisseuses. Aussi, en raison de leur lien avec le monde spirituel, elles étaient conseillères, oracles et prêtresses. Leur rôle dans la culture traditionnelle basque est attestée par de nombreux noms de lieux qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui : Sorguiniturri "source sorgin" à Goldaratz et à Ataun, Sorguierreka "rivière sorgin" à Motrico, Sorguinkoba "grotte sorgin" sur le mont Amboto, Sorguinzilo "gouffre sorgin" à Morga, ainsi qu’à Cegama et Ataun, Sorguintxulo "petit gouffre sorgin" à Hernani, Sorguinziolak "cavernes sorgin" à Ascain, Sorguingaztañeta "Castañal de sorgin" à Ispáster, Sorguineche"maison sorgin" qui est un dolmen à Arrizala, Sorguinenleze "grotte sorginas" à Zugarramurdi, Sorguinzuloeta "emplacement du gouffre sorgin" à Ataun.

    Des cultes chthoniens

    Dans la nuit du vendredi dans un lieu appelé souvent Akelarre ou Eperlanda (prés de la perdrix), les sorgiñak célébraient des rites magico-érotiques. Leurs cérémonies les plus sacrées célébraient la fertilité et la fécondité. Lors de ces célébrations, les cohortes de sorcières vénéraient généralement un bouc noir (akerbeltz en basque), auquel le christianisme a associé le culte de Satan. C’était l’une des raisons des chasses aux sorcières, persécutions brutales et sanglantes menées par l’Eglise catholique. Un des akelarre les plus connus est celui célébré dans la grotte de Zugarramurdi (Navarre). On donna au rite le nom du lieu où il se célébrait. Akelarre est le nom du pré situé devant la dite grotte.

    Village touristique des sorcières de Zugarramurdi

    Akerbeltz, divinité agricole de la fertilité

    Aker ou Akerbeltz est une divinité souterraine ressemblant à un bouc, capable de commander une foule de génies et de déclencher des tempêtes dans la mythologie basque. Aker signifie « bouc » en basque. Au bouc étaient associées des notions de pouvoir et de protection sur les animaux d’élevage. Dans de nombreuses maisons, on conservait un bouc noir (Akerbeltz) afin d’assurer une protection de l’ensemble du bétail. Le grand Bouc Noir était un attribut de la déesse Mari. Une dalle votive romaine lui est dédiée en ces termes : Aherbelts Deo ("au dieu Aherbelts").

    Le dieu-bouc diabolisé par l’Eglise

    Avec le christianisme, Aker est devenu une représentation du diable. Akelarre (lande du bouc) est le lieu où se déroule le sabbat. Aker était le maître de cérémonie dans ces soirées orgiaques avec les sorcières (sorginak). Il est associé au diable. Les grands procès de sorcellerie qui eurent lieu aux XVIe et XVIIe siècles en Labourd, et à Zugarramurdi, ont permis de définir (et dans une certaine mesure, de créer) les conditions du culte réel ou supposé d’Akerbeltz : adoration, offrandes de pain, d’œufs, d’argent, danses… Du point de vue anthropologique, les akelarreak (pluriel en basque) sont des réminiscences de rites païens qui se célébraient clandestinement car non autorisés par les autorités religieuses de l’époque.

    Pierre de Lancre brûle plus de 600 sorcières et fornicatrices

    Pierre de Rosteguy de Lancre est un magistrat français né à Bordeaux en 1553 et mort en 1631, surtout connu pour avoir participé à un épisode de chasse aux sorcières dans le Labourd. Cette commission devait « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l’emprise des démons », faire la lumière, en particulier à Saint-Jean-de-Luz, sur les actes des réfugiés juifs et mauresques expulsés d’Espagne et du Portugal, mais aussi sur les mœurs réputées libres des femmes de marins en l’absence de leurs maris, et sur les comportements des guérisseuses et cartomanciennes.

    Pour éradiquer le retour au matriarcat

    Ainsi selon Pierre de Lancre, la « sorcière » doit être punie parce qu’elle représente une menace pour la stabilité des structures sociales : son indépendance (sexuelle ou conjugale), le pouvoir qui lui est accordé dans le domaine familial ou religieux constituent un danger. L’abandon du nom du père, par exemple, n’est pas le moindre indice d’un dysfonctionnement de la société :

    Ils laissent ordinairement leur cognom et leur nom de famille, et mesme les femmes les noms de leurs maris, pour prendre le nom de leurs maisons, pour chétives qu’elle soyent (p. 45)

    Cette menace affecte personnellement le magistrat bordelais, séduit par la beauté des Labourdines, et frustré peut-être, non seulement dans sa condition d’homme, mais également dans sa condition de juge, face à l’inertie de l’institution judiciaire, et décidé à faire régner l’ordre, ou sa conception personnelle de l’ordre. Rostéguy de Lancre est également connu pour cette observation, faite pendant sa mission, concernant les bains de mer de Biarritz, qu’il juge contraires à la morale : « ce mélange de grandes filles et de jeunes pêcheurs qu’on voit à la côte en mandille, et tout nus en dessous, se pêle-mêlant dans les ondes »

    • 1609 : Conseiller au parlement de Bordeaux, Pierre de Lancre, est désigné pour s’occuper d’une enquête dans le Labourd (région de Bayonne). Pour lui, la région était la proie du démon, les sorciers étaient partout. D’arrestation en arrestation et après moult interrogatoires, une grande partie de la population finit par avouer sa dévotion au Démon. Beaucoup furent torturés et brûlés. A la fin de sa mission, de Lancre était responsable de plus de six cents morts.
    • 1612 : Mandaté par Henri IV, Pierre de Lancre, composa le « Tableau de l’inconstance des mauvais anges et démons, où il est amplement traité des sorciers et de la sorcellerie » à la suite de l’enquête menée dans le Labourd. On trouve dans cet ouvrage une compilation des témoignages de sorcières obtenus sous la menace.

    Cet épisode de chasse aux sorcières resta dans les mémoires, et la légende en amplifia quelque peu les dimensions. Un dénommé Reuss, dans un ouvrage sur la sorcellerie publié en 1872, parla de six cents personnes torturées, puis exécutées, parmi lesquelles des femmes, des enfants, des prêtres.

    En réalité, l’ampleur de l’opération fut moindre : les études publiées en 1938 dans la revue du Musée de Bayonne lors de la grande exposition de 1938 sur la sorcellerie ramenèrent ces chiffres entre soixante et quatre-vingts exécutions, avec l’audition de quatre à cinq cents témoins.

    La commission, contrairement à ce qu’affirme la légende, dura seulement 4 mois : fin septembre, les marins revinrent de Terre-Neuve et s’opposèrent violemment à certaines exécutions. La plus grande émeute eut lieu lors de l’exécution de Marie Bonne.

    La mission finit le 1er novembre 1609, contrairement aux ordres du roi. Des sorcières du Labourd furent emprisonnées au fort du Hâ jusqu’en 1610 en provenance de nombreuses paroisses et de villes, dont Dax. En 1613, il y en avait encore qui attendaient d’être jugées par le parlement de Bordeaux.

    Substances hallucinogènes

    Dans certaines cérémonies, et comme cela se pratique toujours avec les chamans du monde entier, les sorginak usaient de substances psychoactives, pour accéder à des états de conscience particuliers. Cette pommade, formée par la combinaison alchimique de plusieurs plantes différentes, la sorginak l’étalait sur son corps et était appelée gantzugailu. Elles prononçaient des mots sacrés avec lesquels elles accédaient au vol chamanique, qui permettait de se déplacer dans l’espace et dans le temps : « sasi guztien guztien Odei ganeti aizpiti ETA » (au-dessus de tous les ronces et sous chaque nuage).

    Balais volant et chaudron magique

    Les différentes voies d’administrations de substances hallucinogènes n’étaient pas très connues. Lorsque la quantité administrée approchait la dose létale, elle devenait très dangereuse par voie orale. C’est pour cela que ces substances étaient appliquée sous forme d’onguent, par voie vaginale ou rectale. Ces deux dernières administrations ont pu être à l’origine de légendes sur le caractère sexuel de ces réunions de sorcières ou de l’usage de chaudron pour la préparation de potions. Théorie fausse ou qui diffère de la vérité (abordée même par les étudiants en pharmacie), qui dit que c’est de ces pratiques de substances hallucinogènes appliquées aux muqueuses du vagin, avec une sorte de petit pinceau, que doit venir l’origine de la représentation, aujourd’hui très répandue, des sorcières avec un bâton entre les jambes. Un bâton… ou bien, certainement : un balai.

    Attributs folkloriques des sorcières

    D’un autre côté, beaucoup de crapauds sont vénéneux par contact et sa peau est également hallucinogène. C’est pour cela aussi que les crapauds font partie de l’imagerie associée au monde de la sorcellerie. Quelque chose de semblable se retrouve au sujet des champignons vénéneux, comme l’Amanita muscaria, plus connue sous le nom d’« amanite tue-mouches », associée dans les contes pour enfants au lieu où vivent les génies. Ainsi la culture populaire et internationale de représenter les sorcières avec un balai entre les jambes aurait pour base et origine logique le Pays basque.

    Hommes-ours et géants païens

    Les Basajaunak, génies protecteurs agricoles et pastoraux, mi-hommes mi-ours, sont peut-être à l’origine de la tradition européenne de l’ours en peluche, animal totémique protecteur des nourrissons. Les « Mairiak » ou « Jentilak », des géants païens, sont considérés avec les Sorginak (sorcières) comme étant les bâtisseurs des mégalithes, dolmens et cromlechs du Pays Basque. Ces sépultures sont nommées jentil-baratza « jardin des gentils », ou jentil-arria « pierre des gentils ».

    Jentilak (au pluriel basque), parfois traduit en français par les Gentils (chez les Hébreux anciens ce terme désignait les non-juifs, les païens, et par extension dans l’antiquité romaine les barbares, les étrangers) sont des personnages de la mythologie basque qui, pense-t-on, représentaient le peuple basque pré-chrétien. Comme les géants de la mythologie grecque, ils disposent d’une force surhumaine et ont la mauvaise habitude de lancer de gros rochers sur leurs ennemis. Ces géants et leur déesse Mari auraient disparu avec l’arrivée du christianisme.

    Une légende raconte leur extinction. Ils virent un jour une étrange lueur dans le ciel. Ils ne connaissaient pas cette lumière et allèrent chercher le plus ancien et le plus sage d’entre eux. Lorsque les yeux fatigués de celui-ci analysèrent le phénomène, il leur dit : « cette lumière annonce l’arrivée de Kixmi (Christ), c’est la fin de la race basque ». Tous les jentilak se mirent à courir vers un gouffre pour se cacher au fond de la terre. La présence de légendes identiques sur le fond, dans les Pyrénées centrales, est un des témoignages de l’extension ancienne de la culture basque. Une autre version raconte que l’un d’eux se « sauva » en se convertissant au christianisme. Il est devenu Olentzero qui, comme le Père Noël, distribue des cadeaux aux enfants pour Noël.

    Des bâtisseurs de mégalithes

    Le Pays Basque a pour particularité d’en avoir la plus grande concentration des Pyrénées avec l’autre extrémité de la chaîne. Autre particularité, on y trouve beaucoup de cromlechs et de cercles de pierre, certains étant concentrés et formant de véritables nécropoles. Car la plupart de ces monuments sont liés à des rites funéraires. Dans la vallée du Baztan, pas moins de 600 mégalithes sont connus. Ils ont été érigés par les premiers groupes humains qui ont peuplé la vallée jusqu’à l’arrivée des Romains. Romains qui, tels l’historien Pline, seront les premiers à s’intéresser aux mégalithes du Baztan. Les premiers mégalithes basques remontent au milieu du quatrième millénaire avant notre ère, mais la tradition a perduré jusqu’à l’âge du fer et même jusqu’à l’arrivée des Romains. Il s’agit en général de tombes. Dans le Baztan, on sait désormais que des populations vivaient et mourraient dès 1 300 avant notre ère.

    Sur le même sujet :

     

    Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/paganisme/paganisme-basque/

     

     

     

  • Lilith, première épouse d’Adam, démone de la luxure voleuse d’enfants, et ancienne déesse-mère

     

    D’après le Talmud et la Kabbale du judaïsme, la véritable première femme d’Adam, Lilith (en hébreu : לילית), fut répudiée, puis chassée du paradis par Yahvé, parce qu’insoumise à son époux, et sexuellement libérée. Diabolisée, elle est désormais en enfer la concubine des démons, incarne l’appétit sexuel féminin, et est la reine des succubes, ces démons féminins qui vampirisent l’énergie sexuelle des hommes dans leur sommeil. Elle est un avatar déchu de la grande Déesse-Mère universelle.

    « Le Saint – béni soit-il – avait créé une première femme, mais l’homme, la voyant rebelle, pleine de sang et de sécrétions, s’en était écarté. Aussi le Saint – béni soit-il – s’y est repris et lui en a créé une seconde. » - Yehouda Bar Rabbi (Genèse Rabba 18:4)

    Lire Le tabou des menstrues dans le judaïsme

    Un  enjeu de pouvoir sur la reproduction

    Le mythe de Lilith vaut un détour, car souvent interprété comme simple enjeu de domination du masculin sur le féminin, il se lit pourtant clairement comme enjeu de pouvoir sur la reproduction. Le personnage de Lilith, ou Naama, connu de l’épopée de Gilgamesh comme avatar de la Grande Déesse-Mère, sera évacué des textes bibliques à l’exception d’un seul oubli (Isaïe, 34 14). Avant Ève, dans les anciennes légendes hébraïques, Lilith est la première femme. Elle sera éliminée de la création car elle aurait voulu dominer l’homme en se mettant au-dessus pendant l’acte sexuel. À lire les textes de plus près sur cette Lilith étymologiquement dérivée d’« Esprit du vent » (qui fécondait autrefois), c’est en réalité et une fois de plus l’engendrement qui est au cœur du conflit entre père et mère, voici ce qu’en rapporte le Zohar :

    A qui appartient l’enfant en cas de séparation ?

    Sur la requête d’Adam, le Tout-Puissant envoya à la recherche de Lilith trois anges, Snwy, Snswy et Smng. La trouvant au bord de la mer Rouge, les anges la menacèrent : si elle ne retournait pas auprès d’Adam, cent de ses enfants mourraient chaque jour. Elle refusa, clamant qu’elle avait été expressément créée pour faire du mal aux nouveaux-nés. Cependant, elle dut jurer que, chaque fois qu’elle verrait l’image des anges sur une amulette, elle perdrait son pouvoir sur l’enfant.

    La voleuse d’enfants des pères non saints

    Au moment où elle se sauve avec les esprits des petits enfants, trois esprits saints lui arrachent ces esprits et les déposent devant Dieu. C’est pourquoi l’Écriture recommande aux hommes : ‘’Sanctifiez-vous et soyez saints.’’ Si l’homme est saint, il ne la craint pas et les trois anges gardent son enfant, sur lequel Lilith n’a pas de prise, ainsi qu’il est écrit : ‘’Nul ne t’atteindra et la plaie ne s’approchera pas de ta tente.’’ Si l’homme n’est pas saint, Lilith vient et lui ravit ses enfants. Mais pour l’homme qui n’est ni saint ni impur, Lilith n’a de pouvoir que sur le corps de l’enfant et non sur son âme.

    La tentatrice de l’adultère et de la fornication

    Naama subsiste encore et réside au milieu des récifs de la mer. Elle apparaît aux hommes en songe, leur sourit et les échauffe pour en exciter le désir, et à cet effet se frotte contre eux. Le désir seul lui suffit, et elle n’en demande pas davantage, attendu que le désir seul la féconde et la rend enceinte. Elle enfante alors d’autres démons. Les fils (bâtards) qu’elle a eut des hommes se mêlent aux femmes des hommes (adultère ?), qu’ils fécondent, et ils leur font enfanter des démons. Tous s’en vont à Lilith qui les élève.

    La circoncision protège de la démone

    La coutume juive voulait que, lors d’une naissance, on suspende un médaillon figurant Lilith enchaînée au-dessus du lit de l’enfant et aux quatre murs de la chambre, ou encore, en attendant qu’un nouveau-né mâle soit définitivement mis à l’abri par la circoncision, on dessinait un anneau avec du charbon de bois sur le mur de la chambre en inscrivant ces mots : « Adam et Ève. Lilith dehors! ».

    Le plaisir, pouvoir de la mère, le ventre rempli de sperme inconnu

    On comprend mieux aussi la suspicion patriarcale à l’encontre du plaisir sexuel, caractéristique mythique des relations entre femmes et hommes avant la domination paternelle, comme ses agricultrices cananéennes adoratrices d’une déesse fameuses pour leurs orgies : le plaisir sexuel était associé à la fécondité des femmes, façon pour les femmes de prendre aux hommes leur sperme et leur pouvoir de reproduction. Femme aux formes sexuelles exagérées, Lilith est représentée avec un ventre énorme renfermant des torrents de sperme, le mythe dit que le plaisir est la porte ouverte à sa prise de pouvoir sur l’engendrement :

    Être couverte et penser à son mari pendant l’acte sexuel

    Les mauvais esprits sortent en foule et font le tour du monde dans l’espoir de surprendre quelqu’un qui, nu, entretenant des relations conjugales à la lumière d’une lampe : car les enfants nés de ces relations seront épileptiques parce que les esprits démoniaques s’attachent à ces enfants dès leur naissance. Ceux qui sont atteints par cette infirmité finissent par être possédés par la femelle des démons, appelée Lilith, qui les tue. Pour être préservé des atteintes de Lilith, il convient de diriger sa pensée vers son Maître (mari) au moment des relations conjugales (…). Il convient aussi de tenir sa tête couverte pendant les relations et cela durant trois jours ; car c’est durant ce délai que se fait la conception.

    Le mari doit penser à sa femme pendant l’acte sexuel

    Parfois Naama vient dans le monde et échauffe l’homme et, au moment où le désir de celui-ci est excité, il se réveille et a des relations avec sa propre femme. L’enfant né en ces conditions est un enfant de Naama, puisque le désir allait à elle, bien que l’acte ait été accompli sur la femme légitime. L’homme qui a eu de telles relations a causé une ébréchure à la lune. Lilith veille sur son enfant comme sur les autres enfants de Naama. Elle ne les tue pas et elle les visite à chaque nouvelle lune, et joue avec eux.

    Un dieu androgyne

    Gen. I, 27 : « Dieu créa l’Homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu, il les créa mâle et femelle. »

    Lilith fut crée en même temps qu’Adam, avec la même argile, et donc l’égale de l’homme. Dieu est à la fois mâle et femelle. Ève, contrairement à Lilith, fut crée plus tard, à partir d’une des côtes (un des côtés ?) de son époux.

    Caïn tue Abel pour posséder Lilith

    « Caïn, qui se querellait avec Abel pour [la possession de] la première Ève, le tua… pour être sûr d’en être le seul possesseur. À eux deux, ils engendrèrent la portion diabolique de l’humanité, comme Adam et Ève en engendrèrent la portion bénéfique… » – Yehouda Bar Rabbi (Genèse Rabba 22:7→30)

    La femme-serpent de l’arbre de vie

    Puisqu’elle refuse d’être épouse, elle sera privée de maternité. Pour la punir, Dieu la condamne à voir tous ses enfants mourir à la naissance. Désespérée, elle décide de se suicider. Les anges lui donnent le pouvoir de tuer les enfants des Hommes (jusqu’à la circoncision, au huitième jour pour les garçons, et jusqu’au vingtième jour pour les filles). Pour se venger, Lilith devient le serpent qui provoque la Chute d’Ève, et incite Caïn à tuer Abel.

    Lire Le dieu serpent fertile, gardien de l’arbre cosmique, et compagnon de la Déesse-Mère primordiale

    Ève et Lilith, l’épouse et la putain

    Moralement comme psychiquement, Lilith fonctionne alternativement comme image du démon sexuel et comme femme fatale stérile (la prostituée), là où Ève est davantage vue comme la femme docile à l’homme, aussi idéale que génitrice (l’épouse). Lilith n’était pas qu’une femme, c’était aussi "Celle qui savait", surnom qui lui fut donné par Bélial à cause de sa grande intelligence.

    Une diabolisation de l’ancienne déesse

    Le mythe de Lilith (la Ghula chez les Arabes, al-Lat chez les préislamiques) trouve son origine dans celui de Lil et de Lamme (sumérien), Lamashtu (akkadien), déesse sumérienne, « fossile mythologique provenant d’un substrat socio-religieux archaïque. » Jacques Bril, Lilith ou la Mère obscure. Lilith provient de lil-itu, déesse sumérienne des vents du sud et épouse du dieu Enlil. Elle serait aussi une déformation de Elat (qui signifie déesse), la prononciation hébraïque d’Allat (féminin d’Allah, le dieu), la déesse-mère suprême des arabes païens de l’antiquité. Lire Matriarcat arabe pré-islamique : la déesse-mère Allat de La Mecque.

    La donneuse de vie devient donneuse de mort

    Lilith est le premier symbole de l’inversion des valeurs, puisque, de déesse primordiale, les nouveaux dieux pères l’ont transformée en fille diabolique du grand dieu Anu. Lamashtu-Lilith est expulsée des cieux par son père et rejoint les démons et les animaux sauvages. Pour se venger des dieux, elle s’attaque aux nourrissons, donc aux innocents, qui n’ont pas encore pu commettre de faute contre les dieux. La tradition la rend responsable des maladies et de la mort des nouveau-nés. La mortalité infantile étant importante à cette époque, c’est donc l’ancienne grande Mère, Donneuse de vie, qui se retrouve responsable de la mort des enfants.

    Celle qui ne peut être l’épouse de l’homme

    Considérée comme un démon dévorateur, elle est liée à une déesse mère. Démon dévorateur, déesse-serpent, déesse ailée (donc alliant les caractères chthonien et aérien), Lilith correspond pour l’archéologue Marija Gimbutas à la déesse mère dont on retrouve la trace depuis le paléolithique supérieur. On la retrouverait également dans la « déesse aux serpents » de la civilisation minoenne, mais également sous les traits d’Isis, la déesse ailée de l’Égypte ancienne. Elle aurait été reprise par la tradition juive aux temps de la captivité de Babylone. Aux temps bibliques, elle est une représentation symbolique du matriarcat préexistant au patriarcat. Dotée d’une sexualité illimitée et d’une fécondité prolifique, tout en étant symbole de frigidité et de stérilité, épouse, fille et double du diable, elle rassemble, dans la culture judéo-chrétienne, les côtés négatifs attribués à la féminité archaïque, celle qui ne peut être l’épouse de l’homme. Chez les sumériens, la déesse de la fertilité et de l’amour (Inanna) avait également une grande importance. Sous l’influence des sémites elle prendra cependant un aspect de plus en plus guerrier.

    Khamsa – La main de Fatima – La main de Myriam

    Elat possède une main célèbre, que beaucoup de gens du moyen-orient portent aujourd’hui comme talisman porte-bonheur, en ne sachant pas que c’est la main de leur ancienne déesse : la déesse Allat pour les musulmans, et à la déesse Elat pour les juifs. Autant les juifs que les musulmans l’utilisent. Les musulmans l’appellent désormais la Main de Fatima. Fatima est un autre nom de la même déesse arabe. Les juifs l’appellent la Main de Myriam, mais l’utilisation de cette main protectrice de la Déesse est la même : chasser le mauvais œil. L’œil sur l’amulette “se retourne” vers la source de la malédiction. Rejetée par les sunnites, elle est en revanche très importante chez les chiites. Fatima était un autre nom pour Al-lat. On l’appelle aussi la Créatrice, la Source du Soleil et de l’Arbre du Paradisl’Arbre de Vie. On dit que Fatima a existé dès le début du monde matériel. Mohammed a appelé sa propre fille comme la déesse Fatima, mais son culte était toujours violemment réprimé par les musulmans.

     

    Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/judaisme/lilith/

     

     

  • Ashérah-Ishtar, déesse-mère des hébreux, épouse de Baal-Yahvé, et Saint-Esprit du Ménorah

     

    A travers les éléments qui suivent, il semble que l’on soit  passé d’une déesse-mère unique (Ashérah), à un couple divin marié (Ashérah et Baal), puis pour finir, à un dieu-père unique (Yahvé). On découvrira que les sacrifices d’enfant furent une pratique courante pour les divinités associées à Baal.

    Ishtar, la déesse-mère de Pâques

    Ishtar-Easter déesse-mère de Pâques, équinoxe du printemps, retour de la vie

    Pâques est la fête de l’équinoxe du printemps, le retour de la vie de la déesse-mère Ishtar (Easter) :

    • les cloches réveillent la nature,
    • les œufs représentent la source de la vie, et de la naissance du monde,
    • les lapins représentent la sexualité féconde et débordante.

    Ishtar fut une déesse primordiale mésopotamienne, qui avec l’arrivée du patriarcat, fut affublée d’un mari, Baal. Avec le temps, Baal devint Yahvé, et Ishtar devint Asherah. Puis elle fut effacée sous le nom de Shekinah, l’esprit saint féminin du ménorah, l’arbre sacré de vie.

    Lire Philippe Annaba – Les dieux usurpateurs de la mythologie sumérienne spolient la déesse primordiale

    La première religion sans déesse

    L’Ancien Testament est le premier livre sacré à ne faire intervenir aucune divinité féminine et ose ce que les patriarcats précédents n’avaient pas fait : éradiquer toute trace de culte féminin. Lorsque la Grande Déesse était considérée comme immortelle, immuable, toute-puissante, le concept de filiation par le père n’était pas encore connu. Si la Déesse a longtemps régné seule dans les mythes de Sumer, un frère-époux apparaît à ses côtés au premier temps patriarcal, puis suivent des dieux Pères alors que la déesse devient fille-épouse avant d’être bibliquement éliminée. Yahvé est le premier Dieu sans concurrence féminine qui vient clore la mise en place progressive des patriarcats dans cette région du monde avant-gardiste pour avoir vu débuter le néolithique, son agriculture et l’élevage.

    L’épouse de Dieu

    Yahvé (El, le dieu) eut une compagne, Asherah (de l’hébreu אשרה), qui est le prénom d’Elat (la déesse). Elle était vénérée avant -600. Asherah est souvent vue comme la version cananéenne de la déesse Athirat (ou ʼAṯirat), une importante déesse-mère au culte répandu au Moyen-Orient. Asherah est connu dans la Bible comme la "Reine du Ciel" (Jérémie 7.18, 44.17) et est appelée "Artémis" par les Ephésiens dans le livre des Actes (chapitre 19). Le mot "Asherah" est trouvé au moins 40 fois dans l’Ancien Testament. Il fait référence à un objet en bois utilisés dans le culte de la parèdre de Baal, c’est-à-dire Asherah.

    La compagne du Léviathan

    Anat, déesse sémitique de Palestine, sera recyclée en épouse de Baal qui s’accapare de son pouvoir de fertilité, et se fait appeler à sa place, « le Seigneur des sillons des champs », après avoir vaincu un serpent monstrueux nommé Léviathan, encore un symbole de la déesse Mère (épisode révélé par les fouilles de Ras-Shamra, ancienne Ugarit). C’est un comportement  récurrent dans l’histoire du patriarcat, de diaboliser son ennemi, afin de justifier les pires exactions à son encontre. À noter une fois de plus que les rédacteurs de la Bible s’inspireront de ces récits mythiques antérieurs :

    « … Yahvé châtiera avec son épée dure, grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux, il tuera le dragon qui habite la mer. » Isaïe 27,1.

    « Réveille-toi, Seigneur, réveille-toi vite et agis avec vigueur. Réveille-toi comme autrefois, dans le lointain passé. N’est-ce pas toi qui abattis le monstre Rahab, le dragon des mers ? » Isaïe 51, 9.

    En effet, Léviathan, symbole de la grande Mère, ressurgit sans cesse dans la mémoire et le cœur du peuple hébreu.

    Une déesse combattue par les premiers monothéistes

    Les autels, les piliers et les idoles, condamnés par Yahvé, étaient placés dans les bosquets d’arbres. Le nom de la déesse Cananéenne Asteroth signifie “arbre sacré” mais cette traduction est redondante dans la mesure où tous les arbres étaient sacrés pour les peuples antiques de l’Europe et du Proche Orient. Les arbres étaient révérés comme divins avant que des images sculptées d’arbres fussent érigées pour être vénérées.

    La représentation d’Asherah est un arbre, le palmier-dattier, utilisé dans son culte par les canaanites et les phéniciens. Leurs dattiers sont appelés asherim. Son nom phénicien vient du grec dattier. Ils habitaient les cités-états phéniciennes de Sidon et de Tyr (Liban). La phénicienne Jézabel épousa Ashab, roi samaritain d’Israël, et amena avec elle l’adoration de ces arbres. Cette pratique passe en Israël et sera combattue par le prophète Élie, et dénoncée par Jérémie. Les tribus d’Israël emmèneront cette pratique avec eux à Babylone.

    Et dans la Bible il est expliqué que c’est seulement lors des réformes de Josias et d’Ezéchias que fut enlevé du temple de Jérusalem l’emblème d’ASHERAH (un poteau sacré appelé "ASHERE"). Le Pentateuque en parle quatre fois comme des idoles à détruire :

    • "Ezéchias fit ce qui est agréable à Yahvé, imitant tout ce qu’avait fait David, son ancêtre. C’est lui qui supprima les hauts lieux, brisa les statues, coupa les Ashérah et mit en pièces le serpent d’airain …" (Rois II 18, 3-4)
    • "Et il fit emporter Ashérah hors de la maison de l’Éternel (Yahweh), hors de Jérusalem, dans la vallée du Cédron, et il la brûla dans la vallée du Cédron, et la réduisit en poussière, et en jeta la poussière sur les sépulcres des fils du peuple." (Rois II 23, 6)
    • "Et il brisa les statues, et coupa les poteaux symbolisant Ashérah et remplit d’ossements d’hommes les lieux où ils étaient." (Rois II 23,14)
    • Deutéronome, chapitre 16 : "Tu ne te planteras point d’emblème d’Ashéra, aucun arbre, auprès de l’autel que tu dresseras à l’Éternel ton Dieu."
    • Et le roi Josias, vers -630, « ordonna [...] de retirer du sanctuaire de Yahvé tous les objets de culte qui avaient été faits pour Baal, pour Ashera et pour toute l’armée du ciel [...]. Il supprima les faux prêtres que les rois de Juda avaient installés et qui sacrifiaient [...] à Baal, au soleil, à la lune, aux constellations et à toute l’armée du ciel. [...] Il démolit la demeure des prostituées sacrées, qui était dans le temple de Yahvé[...] ».

    La destruction des temples de la Déesse

    Présente dans les récits précédents connus de cette région, Lilith disparaît du travail de copier/coller et de réécriture biblique sélective. Si le culte de la déesse existe toujours en Palestine au moment où émerge Yahvé, ce sont les empereurs chrétiens de Rome et de Byzance qui firent fermer les derniers temples de la Déesse vers l’an 500 de notre ère.

    Lire Lilith, première épouse d’Adam, démone de la luxure voleuse d’enfants, et ancienne déesse-mère

    « Vous détruirez tous les lieux où les nations que vous allez chasser servent leurs Dieux, sur les hautes montagnes, sur les collines et sous tout arbre vert. Vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs statues, vous brûlerez au feu leurs idoles, vous abattrez les images taillées de leurs Dieux et vous ferez disparaître leurs noms de ces lieux-là » [Deutéronome 12, 2-3].

    Dans les faits, ce sont bien les cultes du féminin qui sont visés : Montagne, Arbre, Serpent honni, pierres levées et pieux sacrés,
    figurines représentant une femme debout soutenant ses seins avec ses mains, déesses nues de la fertilité consacrée à l’ancienne déesse Asherah épouse de YHWH. Vers la fin du VIIIe s. av. J.C., on se mit à proclamer que seul YHWH devait être honoré, en y incluant une revendication territoriale, et c’est au VIIe s. av. J.C., pendant le règne du roi Josias, que les dirigeants de Jérusalem ont jeté l’anathème sur la moindre trace de vénération des déités étrangères, extirpant les rituels propitiatoires pour la fertilité de la terre et la bénédiction des ancêtres avec la destruction de tous les sanctuaires locaux, le Temple de Jérusalem devant être reconnu comme « l’unique » lieu de culte, avec aussi la purification de l’idolâtrie initiée par Salomon avec son harem de femmes et dont le « cœur ne fut plus tout entier à Yahvé », qui suivit même Astarté, « reine du ciel », à laquelle des Juives offraient encore des gâteaux peu avant la destruction du royaume de Judée par Nabuchodonosor en 586 avant J.-C.

    Revenir à la Reine du Ciel, du bonheur et de la prospérité

    Les lamentations de Jérémie (jérémiades), chapitre 44

    Même la Bible recèle le souvenir de ces temps de paix sous l’égide de la déesse Mère. Le prophète biblique raconte comment il vint à Pathros en Egypte après la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor. Il y rencontra un groupe de réfugiés israélites en colère. Ceux-ci reprochaient au prophète sa loyauté envers celui qu’eux-mêmes regardaient comme un dieu mâle usurpateur du ciel, Jéhovah, auquel ils attribuaient tous leurs malheurs. Jérémie interpelle les Judéens résidant en Égypte parce qu’ils rendent hommage à Astarté, la reine du Ciel, alors qu’Yahvé a interdit de rendre un culte à d’autres dieux que Lui. Défiant le saint homme, ces gens lui annoncèrent qu’ils allaient retourner aux coutumes de jadis et brûler l’encens devant la Reine du Ciel, lui adresser des offrandes et des libations :

    « Ce que tu as dit au nom du seigneur, nous ne l’acceptons pas. De toute façon nous allons remplir nos promesses de brûler de l’encens à la Reine du Ciel et de lui verser des libations, comme nous le faisions, nous et nos pères, nos rois et nos chefs dans les villes de Juda et de Jérusalem. Nous avions alors du pain à satiété, nous étions dans l’abondance et nous ne savions pas ce que c’était que le malheur. Or depuis que  nous avons cessé d’offrir l’encens à la Reine du Ciel et de lui verser des libations, tout nous manque, et nous périssons par le glaive et la famine. » Jérémie, 44, 16 à 18.

    Un vaste panthéon mondial de déesses-arbres

    On retrouve plus de quarante fois le mot Hébraïque asherah dans les cinq premiers livres de la Bible, parfois pour indiquer “la présence cultique puissante de la divinité féminine appelée Asherah”, parfois pour indiquer les idoles en bois sculpté utilisées pour la représenter. Asteroth-Asherah-Astarte était originaire de la Palestine et du Proche-Orient mais elle appartenait à un vaste panthéon de divinités d’arbres que l’on trouve sur toute la planète: les tendres hamadryades de la mythologie Grecque, telle que Daphné le laurier; l’Isis Egyptienne qui est souvent représentée comme un tronc d’arbre bourgeonnant d’une abondance de rameaux feuillés; et les apsaras sensuelles aux yeux de biche de la mythologie Hindoue, dont la Reine Maya, la mère du Bouddha. Lorsque les cultes de la Déesse furent supprimés, lorsque ses idoles furent mises à bas, lorsque ses bosquets feuillés furent dévastés, les Juifs inventèrent la menorah pour remplacer ce qu’ils avaient détruit. Le chandelier aux sept branches est une abstraction schématique émanant de la nature, une imitation spectrale d’une asherah, un arbre-sacré.

    Ménorah et Saint Esprit, l’arbre de vie de la déesse Ashérah ?

    La ménorah (hébreu : מְּנוֹרָה IPA [mnoː'ɾaː]) est le chandelier (ou candélabre) à sept branches des Hébreux, dont la construction fut prescrite en Exode 31 à 40 pour devenir un des outils du Tabernacle et plus tard du Temple de Jérusalem. Ce mot « Menorah » provient du préfixe « Mé » indiquant la provenance d’une chose, associé à la racine hébraïque NorahNourah, de Nour,Nor (flamme) au féminin. MéNoRah signifie donc « de la Flamme », « qui provient de la Flamme » ; cette flamme, selon la Kabbale, n’est autre que la Schékhinah ou présence féminine de Dieu.

    Les vieilles gravures du Néguev montrent que, à l’époque où ils étaient encore polythéistes, les Hébreux adoraient le dieu YAH (YAHWE) et sa parèdre la déesse ASHERAT ou ASHERAH. Sur ces gravures, le nom de YAH est souvent associé à un bélier ou un taureau alors que celui d’ASHERAH est associé à une MENORAH. ASHERAH était également connue par les Cananéens d’Ougarit (Syrie) sous le nom d’ATHIRAT. Elle semble avoir été représentée par un poteau de bois car son nom pouvait être traduit par "Bosquet", "Jardin", "Arbre" ou "Lieu sacré". En fait, il est possible que ce poteau n’ait pas été un mat lisse mais ait porté sept branches. Un tel poteau d’ASHERAH muni de sept branches pouvait donc avoir la forme d’un chandelier MENORAH. Un "ARBRE DE LUMIERE" comme disent certains.

    D’ailleurs la description de la MENORAH, dans Exode 25, 31-40, montre qu’elle a un aspect trés végétal.

    "Et tu feras un chandelier d’or pur : le chandelier sera fait d’or battu ; son pied, et sa tige, ses calices, ses pommes, et ses fleurs, seront tirés de lui.
    Et six branches sortiront de ses côtés, trois branches du chandelier d’un côté, et trois branches du chandelier de l’autre côté.
    Il y aura, sur une branche, trois calices en forme de fleur d’amandier, une pomme et une fleur ; et, sur une autre branche, trois calices en forme de fleur d’amandier, une pomme et une fleur ; ainsi pour les six branches sortant du chandelier.
    Et il y aura au chandelier quatre calices en forme de fleur d’amandier, ses pommes et ses fleurs ;
    et une pomme sous deux branches sortant de lui, et une pomme sous deux branches sortant de lui, et une pomme sous deux branches sortant de lui, pour les six branches sortant du chandelier ;
    leurs pommes et leurs branches seront tirées de lui, le tout battu, d’une pièce, d’or pur.
    Et tu feras ses sept lampes; et on allumera ses lampes, afin qu’elles éclairent vis-à-vis de lui.
    Et ses mouchettes et ses vases à cendre seront d’or pur.
    On le fera, avec tous ces ustensiles, d’un talent d’or pur.
    Regarde, et fais selon le modèle qui t’en est montré sur la montagne."

    Une autre descriptions se trouve dans Zacharie 1,2-3 et 7 :
    "Et il me dit : Que vois-tu ? Et je dis : Je vois, et voici un chandelier tout d’or, et une coupe à son sommet ; et ses sept lampes sur lui ; sept lampes et sept conduits pour les lampes qui sont à son sommet ; et deux oliviers auprès de lui, l’un à la droite de la coupe, et l’autre à sa gauche… (Ces sept lampes) ce sont là les yeux de l’Éternel qui parcourent toute la terre.

    Arbre de lumière, buisson ardent, la matrone de Dieu

    Il est même possible que le buisson ardent, par lequel YAHWE a prix contact avec Moïse dans le désert, soit la même chose que cet ARBRE DE LUMIERE. En effet, il manifestait la présence de Dieu… hors, dans le temple de Jérusalem, le chandelier MENORAH était également le symbole de la présence de Dieu. Cette "présence de Dieu" portera plus tard le nom de SHEKINAH, et on en parlera parfois comme si elle était une entité à part entière. On ira même jusqu’à en faire une sorte de parèdre de YAHWE sous le nom de MATRONIT (Matrone). Certains rabbins assimilaient aussi la SHEKINAH à l’ESPRIT SAINT de Dieu, celui-ci étant un nom féminin dans les langues sémitiques.

    Shekinah, le féminin divin dans le temple de Salomon

    File:The Shekinah Glory Enters the Tabernacle.jpg

    Shekinah, Shechinah, Shechina, ou Schechinah (hébreu: שכינה), est l’orthographe anglaise d’un nom hébreu grammaticalement féminin de Dieu dans le judaïsme. Le mot signifie originale «demeure» ou «présence», et désigne la demeure de la Présence Divine de Dieu, en particulier dans le Temple de Jérusalem.

    Le Saint Esprit, mère du Christ

    Quand aux Judéo-Chrétiens Nazaréens, ils faisaient de cet ESPRIT SAINT féminin la mère de Jésus. Saint Jérôme a écrit à ce sujet :

    “Dans cet évangile écrit ‘selon les Hébreux’, qui est lu par les Nazaréens, le Seigneur dit : ‘Il y a un instant, ma mère, le Saint-Esprit, m’éleva’ (…) Selon l’évangile écrit en langue hébraïque que les Nazaréens lisent (…..) nous trouvons ceci : ‘Il arriva que, tandis que le Seigneur remontait de l’eau, toute la source du Saint-Esprit descendit et reposa sur lui et lui dit : Mon Fils, parmi tous les prophètes, je t’attendais pour que tu viennes et que je puisse reposer en toi. Car tu es mon repos, tu es mon fils premier-né qui règnes pour toujours’."

    Et Origène en concluait ceci (dans In Jer. 15,4) :

    “C’est une preuve dans leur croyance (aux Nazaréens) que l’Esprit-Saint est la mère du Christ."

    La vraie Trinité

    De là, il n’y aurait plus qu’un pas à faire pour dire que la trinité chrétienne du Pere, du Fils et du Saint-Esprit correspond en fait à une famille divine composée d’un Dieu-père, d’un Dieu-fils et d’une Déesse-mère. Étrange manière utilisée par la déesse ASHERAH pour réapparaitre auprés de YAHWE ! Et c’est d’autant plus paradoxal que les Hébreux avaient essayé de se débarasser de cette déesse en en faisant le démon ASHTAROTH.

    Un avatar d’Hathor et son Sycomore ?

    Chez les anciens Egyptiens, ce qui se raproche le plus de l’Arbre de Vie de la déesse ASHERAH c’est le SYCOMORE (ficus sycomorus) de la déesse HATHOR (déesse de l’amour et de la fertilité). Cet arbre poussait dans le monde des morts et servait à nourrir et désaltérer les BA (âmes) afin de leurs rendre la vie.

    Lire aussi Tanit, déesse-mère berbère de Carthage (phéniciens de la Tunisie antique), et épouse sacrificielle de Baal-Moloch (prototype de Yahvé)

     

     

     

    http://matricien.org/matriarcat-religion/judaisme/asherah/

  • Origines de l’islam : ses racines païennes matriarcales – les 3 déesses de la Kaaba

    Aujourd’hui encore, les fouilles archéologiques sont quasi-interdites en Arabie Saoudite, à croire que cela en dérangerait certains.

    L’arrivée du patriarcat en Arabie

    Le patriarcat s’est installé progressivement par la guerre à partir du IVème millénaire avant Jésus-Christ, et semble commencer à Sumer en Mésopotamie. Les anciennes déesses-mères ont été conquises, assimilées, puis remplacées, par les nouveaux dieux-pères (Olympiens, Aesirs nordiques…). Il en est de même avec les divinités matriarcales arabes (Allat, Uzza, Manat), désormais dominées par les nouveaux dieux conquérants venus de Babylone (Hu-Baal).

    Paganisme matriarcal : les 3 déesses-mères de l’Arabie pré-islamique, Al-Uzza, Allat et Manat

    L’évolution des différents types de mariages arabes pré-islamiques témoigne de la patriarcalisation progressive de la péninsule arabique. L’islam n’en est que la dernière étape.

    Matriarcat bédouin : statut élevé et liberté sexuelle de la femme arabe avant l’islam

    Le croissant lunaire, symbole de la déesse primordiale

    L’étoile et le croissant, aujourd’hui vus comme des symboles de l’Islam, ont longtemps été utilisés en Asie Mineure et par certains peuples turcs, avant l’arrivée de l’Islam. L’origine du croissant et de l’étoile comme symboles date des temps de Babylone et de l’Égypte ancienne. Il a été suggéré que les tribus turques, durant leurs migrations d’Asie centrale vers la Turquie aux alentours de 800 après JC, ont adopté ce symbole des tribus et états locaux dans la zone du Moyen-Orient actuel, qui a adopté à son tour ces symboles. On retrouve aussi trace de ce symbole dans les cultes pré-islamiques du proche-orient aux côtés d’autres symboles et rituels païens adoptés par l’islam. Il est à noter que le symbole lunaire accompagné de l’étoile a également été adopté par d’autres divinités, pour Artémis chez les Grecs, Diane chez les Romains. L’adoption des rites païens au sein de l’église catholique romaine explique aussi le rapport étroit entre la lune et la Marie virginale. Le croissant de lune est en rapport avec les cycles menstruels, symbole du pouvoir de procréation des femmes.

    Drapeau de guerre Ottoman (1453-1798), orné de Zulfikar, le sabre trouvé par Mahomet

    L’origine du drapeau est sujette à de nombreuses légendes en Turquie, et certaines contredisent l’histoire du drapeau ottoman. Parmi les légendes les plus répandues, on trouve :

    • Le croissant de lune et l’étoile étaient des symboles saints pour les tribus turques pré-islamiques, tandis que le rouge est la couleur cardinale pour le sud.
    • Le rêve du premier empereur ottoman dans lequel un croissant et une étoile apparaissaient sur sa poitrine, présageant de la future prise de Constantinople par sa dynastie.
    • Un croissant et une étoile sont apparus à Mehmed II la nuit de la chute de Constantinople en 1453.
    • Une autre théorie date de l’empire byzantin, mettant en lumière le fait que le croissant et l’étoile ont été utilisés comme symboles de Byzance durant des siècles. Lorsque des Ottomans prirent Constantinople, ils adoptèrent ces symboles pour l’Empire Ottoman (la lune représente la déesse grecque Artémis, et les étoiles la Vierge Marie). L’étoile et le croissant de lune étaient cependant symboles de la déesse égyptienne Isis plus tôt.

    Jérusalem, première direction de la prière islamique

    La Mecque était le sanctuaire pré-islamique le plus important de toute la péninsule arabique. A l’origine, la ville n’était pas au centre de la religion musulmane, les croyants se tournant vers Jérusalem. La direction de la prière (la kiblah) répond à des règles très strictes énoncées par Mohammed dans le Coran. Au début, la kiblah correspond à la direction de Jérusalem (s.2, v.36), pour satisfaire les convertis d’origine juive ou chrétienne. Puis, afin d’asseoir définitivement son autorité tout en contentant la masse des nouveaux fidèles d’origine païenne, la kiblah se tourne vers la Mecque, haut lieu millénaire païen. La vénération de la pierre fut une occasion pour Mohammed de ramener vers lui les païens.

    Les 3 déesses de La Mecque

    A la Mecque (مكة), avant l’Islam, la tribu des Quraïch (قريش) adoraient une triade de trois divinités féminines, il s’agit d’Allat (اللآت), al-‘Uzza (العُزة) et Manat (مناة), ils citaient leurs noms au cours de leurs tournées (الطواف) autour du Ka’ba (الكعبة). Selon Ibn al-Kalbi, les Quraysh avaient coutume de faire le tour de la Ka’aba en disant : "Au nom d’Allat, d’ʿUzza, et de Manat la troisième idole. Elles sont réellement les "al-gharānīq" (femmes de condition supérieure ) Dont il faut demander l’intercession." Comme aujourd’hui, les pèlerins se rasaient la tête.

    Hubal, le nouveau dieu-père des déesses

    Alors que pour les Nabatéens (Pétra en Jordanie), Allat était la mère de tous les dieux, pour les autres Arabes, Allat, al-‘Uzza et Manat étaient les filles d’Allah (الله جل جلاله), et étaient les intermédiaires entre Dieu et les hommes pour obtenir ses bénédictions. Allah (le-dieu) est le titre du dieu lunaire Sîn-Hubal (Baal), pièce rapportée tardivement de Mésopotamie dans le panthéon arabe, qu’il domina par la suite à La Mecque. De ce dieu, très peu de temples, de représentations, et de traces écrites nous sont parvenues jusqu’à aujourd’hui. Le terme Allah est antérieur à l’islam puisque le père de Mahomet s’appelle lui-même Abd’Allah, c’est à dire, "le serviteur du dieu".

    La Kaaba, temple de la déesse Allat

    Ka’aba signifierait cube en arabe, mais la Ka’aba elle-même serait l’ancienne "Kaabou", du mot grec qui signifie ‘jeune fille’, et désigne la déesse Astarté, c’est-à-dire Aphrodite dans la mythologie grecque qui correspond à la Vénus Romaine et l’al-‘Uzza (العزى) des Arabes considérée comme la déesse de la fertilité. Les anciens chroniqueurs rapportent qu’avant l’avènement de l’islam (jahilya, l’ère de l’ignorance), il y avait 24 ka’bas dans la péninsule arabique, mais celle de La Mecque était vénérée par toutes les tribus. Selon des recherches saoudiennes, il existait dans la région de nombreuses Ka’bas (tawaghit) consacrées chacune à une divinité, auxquelles les fidèles se rendaient certains jours déterminés pour procéder à des rites comprenant entre autres une déambulation circulaire et des sacrifices. Les plus importants semblent avoir été les ka’abas des déesses Allat à Taif, d’Uzza à Nakhlah et de Manat près de Qudayd.

    Les prêtresses d’Allat

    Elle fut célébrée par sept prêtresses nues qui gravitaient sept fois autour de cette pierre, une fois pour chaque planète (soleil / lune / mars / mercure/ vénus/ Jupiter / saturne). A ce jour, les hommes qui gardent la Kaaba sont encore appelés "fils de l’Ancienne Femme","fils de Saba", en arabe "Beni Shaybah". La déesse Allat avait un surnom, ou un titre supplémentaire, Saba prononcé Shaybah, signifiant sage-femme, ou, "Celle de l’ancienne sagesse". Avant l’Islam, les gardiens du Sanctuaire étaient des prêtresses appelées "Bathi-Sheba","filles de l’Ancienne Sage Femme". Bethsabée, "fille de Saba" signifie, ‘‘prêtresse de la maison de Saba". Les musulmans ont gardé ce sanctuaire cubique, et marchent encore autour, tout comme on le faisait à l’époque où on vénérait la Déesse.

    Le culte des pierres

    Vénérer une pierre est typiquement païen. On appelle ces pierres divines béthyle (de l’hébreu béthel "pierre sacrée"), et est une pratique polythéiste classique de l’antiquité. La pierre de la Kaaba n’échappe pas à cette règle. Cette pierre faisait en effet l’objet de vénération pré-islamique. Le culte pré-islamique des pierres peut être rapproché à des cultes lithiques des bétyles qui furent répandus dans tout le Proche Orient dès la plus haute antiquité. En effet ce culte rendu à une pierre n’est pas isolé dans l’Antiquité : on peut citer la pierre noire d’Émèse dont Héliogabale fut le grand-prêtre avant de devenir empereur romain, la pierre noire de Dusares à Petra, et c’est sous la forme d’un bétyle qu’en 204 avant J-C que Cybèle, la déesse-mère phrygienne de Pessinonte, fait son entrée à Rome. Dans de nombreuses cités orientales, des pierres sacrées sont l’objet de la vénération des fidèles, telles l’Artémis de Sardes ou l’Astarté de Paphos. En Arabie ce n’était pas une exception car le culte des pierres était omniprésent dans la société pré-islamiques. Par exemple la "pierre rouge" était la divinité de la ville arabe au sud de Ghaiman, ou la "pierre blanche" dans la Kaaba d’al-Abalat (près de la ville de Tabala, au sud de La Mecque).

    La pierre noire, vulve d’Allat ?

    Beaucoup d’occidentaux, surtout des sages-femmes, ont observé que l’écrin de la pierre noire, à l’angle de la Kaaba, a une forme de vulve, avec une tête de bébé qui en sort. Le mot Hajj (pèlerinage islamique à La Mecque) est dérivé de «Hack» qui veut dire friction en langue Arabe car il y avait un rituel païen dans lequel les femmes frictionnaient leur partie génitale sur la pierre noire espérant ainsi augmenter leur fertilité.(Dr.Jawad Ali dans son livre «L’histoire des arabes avant l’Islam» partie 5,page 223). Elle enduisaient la pierre avec le sang des menstrues et tournaient nues tout autour.

    Une survivance de culte phallique à La Mecque ?

    La Lapidation de Satan (arabe : رمي الجمرات, Ramy al-Jamarat signifiant « lancer [de pierre] sur les cibles [piliers] ») est une cérémonie pratiquée par les musulmans lors de leur pèlerinage ( Hajj ), au cours de laquelle ils jettent des pierres, qu’ils auront collectées durant une phase antérieure du pèlerinage, sur trois rochers qui symbolisent le diable.

    Des pèlerins de Shiva ?

    Lingams et yonis sur les ghâts, à Varanasi.

    Ce rite s’effectue le 3e jour du pèlerinage à Mina en Arabie saoudite, à 5 km à l’est de La Mecque. Les trois piliers de pierre (un petit, un moyen et un grand) furent remplacés par les autorités saoudiennes en 2006 par trois murs de pierre, pour prévenir les accidents. Si l’écrin de la Pierre Noire de la Kaaba fait irrémédiablement penser à un vagin, les 3 piliers semblent représenter des phallus, ce qui confirmerait que La Mecque ait été un sanctuaire païen dédié à des cultes de fertilité. Sur la photo ci-dessus, le pilier phallique est entouré d’un muret circulaire, qui pourrait indiquer un vestige de culte de Shiva, ce qui semble confirmé par la tenue des pèlerins, vêtus de blancs et rasés comme des brahmanes hindouistes.

     

    Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/islam/origines-islam/

     

     

     

    Les 3 déesses-mères de l’Arabie pré-islamique, Al-Uzza, Allat et Manat

    Hicham ibn al-Kalbi (737-819) est un historien arabe, compilateur des traditions orales des bédouins et des conteurs professionnels. Parmi ses œuvres existant encore il y a le Kitāb al-aṣnām (en arabe : kitāb al-aṣnām, كتاب الأصنام, livre des idoles), dans lequel il parle des idoles des arabes de la période pré-islamique. L’intérêt de ce livre est accru par les informations qu’il apporte sur l’antiquité arabe et les coutumes tribales et traditions qui seraient sinon sans doute perdues.

    L’ancienne religion des arabes

    Suivant les régions et les époques, les arabes ont vénéré des centaines de divinités différentes.Les déesses Al-Uzza, Al-Lat et Manat formèrent une trinité dans l’Arabie pré-islamique. Leur culte a été largement répandu : des nabatéens de Pétra dans le Nord, aux royaumes légendaires de l’Arabie Heureuse dans le Sud, y compris Saba, la Sheba biblique (reine de Saba), jusque dans l’est, en Iran et à Palmyre. Elles étaient des déesses très populaires à la Mecque du temps de Mahomet. Les trois ont été vénérées sous forme de pierres aniconiques (non figuratives) non taillées, que l’on appelle des bétyles. Les "idoles" d’Al-Uzza et Al Lat étaient 2 des 360 statues païennes (1 par jour) de la Ka ‘aba qui ont été détruites par Mohammed. Certaines idoles citées dans le Coran sont d’importation yéménite, leur évocation est assez floue car le Yémen, à l’époque de Mahomet, était depuis plusieurs siècles judaïsé puis christianisé.

    • Al-`Uzzâ (العُزّى [al-`uzzā], l’être tout puissant) : La déesse de l’étoile du matin. Idole pré-islamique apparentée à Vénus/Aphrodite et personnalisée par un bloc de granit long d’environ six mètres.

    • Al-Lât (اللَّات [al-llāt], al-lât; la déesse) : Déesse du soleil représentée par une immense image de granit gris. Hérodote (484-420 avant J.-C.) signale la présence d’une divinité arabe nommée Alilat (ال + الإلَهة [al+ilaha → al-ilaha], la déesse ; alilat).

    • Manât (مَنَاة [manā]) : Déesse de la lune décroissante, symbole du destin du temps et de la mort (مَنيّة [manīya], destin; sort; mort). Divinité pré-islamique du sort, qui coupait le fil du destin à l’image de Morta la troisième Parque.

    Dusares, le dieu-fils

    Dusares est à l’époque le principal dieu masculin accompagné de sa trinité féminine : Uzza, Allat et Manat. Dusarès serait le fils de Manat, la déesse du destin, ou de la Vierge Chaamou (prononcer Kaamou), sans doute une erreur de transcription pour Kaabou, le Cube (forme du bétyle, la pierre sacrée divine, ou la forme du sanctuaire).

    Rappelons aussi que les dieux nés d’une vierge sont des cultes typiques du matriarcat (société sans père ni mari, mais pas sans oncles) : vierge étant synonyme de non-mariée, et un enfant né d’une vierge étant un enfant sans père.

    Allat, une déesse populaire

    Allat (en arabe : اللات, en hébreu : Elatétait une déesse de la fécondité et de la féminité vénérée en Arabie à l’époque préislamique. Son nom serait une contraction de al ilahat, déesse. Elle avait sa statue dans la Kaaba où elle était censée résider. Une inscription sur une roche à Adumattu en Arabie dit : “Puisse Allat (la Déesse) exhausser tous nos vœux.” Les anciens Arabes prêtaient serment par la prière : "Par le sel, par le feu et par Al-Lat qui est la plus grande de tous." Une autre inscription dit : "Shalm-Allat""la paix de la Déesse" - semblable à "la paix de Dieu sur vous". Un geste de main de bénédiction accompagnait ces paroles. Avant l’avènement de l’Islam, on peut trouver le nom d’Allat dans certains prénoms composés, comme Wahaballat (Wahab – Allat – وهب اللآت), c’est-à-dire "le don d’Allat", puis Shalamallat (شلم اللآت) qui veut dire "la paix d’Allat – سلام اللآت".

    Plus de 2000 ans avant l’islam

    Elle a été vénérée à La Mecque pendant plus de 2000 ans avant l’islam. Le fameux lieux de pèlerinage islamique de La Mecque fut à l’origine son sanctuaire. Allat signifie simplement "la Déesse" tout comme Allah signifie "le Dieu". Le T final est féminin. Al-Lat, dont le nom est une contraction d’Al-Illahat, "la Déesse ", est mentionné par Hérodote (Ve s. av-JC) comme Alilat, qu’il identifie à Aphrodite. Elle est quelquefois aussi assimilée à Athéna et est appelée "la Mère de Dieux ", ou "la Plus grande de Tous ". Elle est une déesse du printemps et de la fertilité, la déesse de la Terre qui apporte la prospérité.

    Une déesse cosmique

    La déesse arabe Allat occupe une place importante dans le panthéon syro-mésopotamien des premiers siècles de notre ère. Identifiée, dans un contexte de syncrétisme, à Athéna, elle prend des allures guerrières. Identifiée à Némésis, elle acquiert une dimension cosmique fondée, entre autres, sur la tradition astronomique babylonienne. L’iconographie complexe des reliefs du temple d’Allat à Hatra, proche de l’art palmyréen, symbolise cette accession au rang de divinité cosmique.

    Une déesse lunaire et agricole

    Son symbole est le croissant de lune (quelquefois montré avec un disque solaire reposant dedans). Le soleil en Arabie était appelé Shams, était considéré comme féminin, et pouvait représenter un aspect d’Al-Lat.Les nations Islamiques utilisent toujours l’étoile et le croissant sur leurs drapeaux. En tant que déesse de la fertilité, elle porte une gerbe de blé dans une main; et un morceau de sève d’encens dans l’autre. Son emblème a été retrouvé gravé sur de nombreux encensoirs. Elle est une déesse agricole comme les autres déesses méditerranéennes (exemple : Déméter), et aimait avoir des gâteaux aux grains cuits au four en offrande.

    La protectrice des animaux sauvages

    La déesse est parfois représentée assise sur son trône, portant un voile sur la tête et vêtue d’une tunique large ; elle tient à la main gauche une palme appuyée sur son épaule gauche. Le lion assis près d’elle indique qu’il s’agit d’une déesse maîtresse des animaux sauvages ; une inscription isolée assimile cette déesse à Artémis, la protectrice des animaux sauvages chez les Grecs (voir ci-dessous, à gauche, de Palmyre). Les lions d’Allat sont des statues trouvées au cours des fouilles du temple d’Allat à Palmyre, elles représentent un lion gardant entre ses deux pattes une antilope ; le lion représente probablement la déesse Allat protectrice de la vie sauvage identifiée par l’antilope.

    Un sanctuaire de paix détruit par les musulmans

    Elle avait un sanctuaire dans la ville de Ta’if (الطائف), à l’est de La Mecque, et était connue de l’Arabie à l’Iran. Elle y était la divinité principale, et fut représentée sous la forme d’une pierre cubique (météorite ou roche volcanique) autour de laquelle on a édifié un sanctuaire, "La maison de la déesse". Il y était défendu de couper les arbres, pratiquer la chasse, et tuer; et celui qui s’y réfugiait ne devait pas être agressé. L’ensemble des Arabes, y compris la tribu Bani-Quraïsh (celle de Mohamed), adoraient cette déesse et faisaient des pèlerinages à son sanctuaire. Après la prise de la ville d’al-Taïf par les Musulmans, le Prophète Muhammad ordonna al-MughIra Ibn Shu’bah (المغيرة بن شعبة ) de détruire le sanctuaire d’Allat et sa statue (صنم) et de récupérer les richesses qui lui furent offertes.

    Khamsa – La main de Fatima – La main de Myriam

    Allat possède une main célèbre, que beaucoup de gens du moyen-orient portent aujourd’hui comme talisman porte-bonheur, en ne sachant pas que c’est la main de leur ancienne déesse : la déesse Allat pour les musulmans, et à la déesse Elat pour les juifs. Autant les juifs que les musulmans l’utilisent. Les musulmans l’appellent désormais la Main de Fatima. Fatima est un autre nom de la même déesse arabe. Les juifs l’appellent la Main de Myriam, mais l’utilisation de cette main protectrice de la Déesse est la même : chasser le mauvais œil. L’œil sur l’amulette "se retourne" vers la source de la malédiction. Rejetée par les sunnites, elle est en revanche très importante chez les chiites. Fatima était un autre nom pour Al-lat. On l’appelle aussi la Créatrice, la Source du Soleil et de l’Arbre du Paradisl’Arbre de Vie. On dit que Fatima a existé dès le début du monde matériel. Mohammed a appelé sa propre fille comme la déesse Fatima, mais son culte était toujours violemment réprimé par les musulmans.

    Uzza, la déesse guerrière

    Al Uzza, al-Uzza, El-Ozza, Uzza, Izza.
    Aussi appelée: Uzza Saïda ("Uzza la bénie") ou S’ida ("la bénie").

    Mentionnée dans le Coran,ʿUzzā ou Uzza (arabe : عزى), était une déesse arabe pré-islamique de la fertilité, l’une des trois divinités les plus vénérées de la Mecque avec Allat et Manat. Elle était très populaire : des enfants étaient prénommés ʿAbd al-ʿUzzā (prénom très porté avant l’islam) et souvent invoquée dans les serments. Le nom ʿUzzā était symbole de beauté dans la poésie arabe pré-islamique. Surnommée la guerrière "vierge" (non mariée), elle est la plus jeune dans la triade des déesses; avec Al Lat; et Mana. Manat et Al-Lat sont considérées comme des filles d’Al-Uzza.

    Une divinité tribale de la puissance

    Al-Uzza, «la plus puissante», a été l’une des divinités les plus vénérées par les arabes. Uzzi, en hébreu aussi, signifie "puissant", d’où le nom de la fabrique des célèbres pistolets mitrailleurs israéliens. À l’origine, les Sabéens (royaume de Bilqis, la reine de Saba, dans le Yémen actuel), vénéraient Al-Uzza dont le culte s’est répandu partout en Arabie. Elle a été très populaire dans tous le Moyen-Orient, y compris à Jérusalem. Elle était la déesse de nombreuses tribus et royaumes arabes du nord de l’Arabie, de la Syrie et de l’Irak, comme c’était le cas à Palmyre et dans le royaume des Manadhziah. Elle était la déesse de l’étoile du matin et du soir, Vénus. Elle avait un temple à Pétra (bien que celui-ci n’ai pas été déterminé), et pourrait bien avoir été la déesse patronne de cette ville.

    De nombreuses assimilations chez les grecs

    Les Grecs l’ont assimilé à Urania, l’"Aphrodite Céleste" "Céleste", une épithète d’Aphrodite, aussi bien que le nom d’une muse) et avec Caelistis, une déesse lunaire, le nom romain pour la déesse Carthaginoise Tanit. Al-Uzza est aussi quelquefois identifiée avec Isis. D’autres sources l’assimilent à Minerve / Athéna, qui feraient d’elle une déesse vierge (non mariée) guerrière. Hérodote affirme que la déesse suprême des Arabes était Uranie, qui, dit-il a été appelée Alilat (Al-Lat). En effet Al-Uzza était parfois confondue avec Al-Lat, conduisant certains chercheurs à se demander si Al-Lat et Al-Uzza n’étaient pas différents noms régionaux pour la même déesse.

    Une avatar d’Ishtar

    Elle a beaucoup de points communs avec Ishtar et Astarté, elles aussi déesses de l’Étoile du matin et du soir. Elles sont toutes des déesses de l’amour et de la guerre, et les grands félins étaient sacrés pour elles aussi. Elle est montrée armée comme une bellatrix (guerrière romaine), debout près d’un arbre d’acacia, avec un Caracal, ou lynx du désert. Ashtar (Ashtar -عشتر ـ عشتار en Syrie et dans la Mésopotamie ), il s’agit d’une divinité féminine veillant à la reproduction chez les animaux, effectivement, cette planète qui est connue sous le nom de " l’étoile du matin – نجم الصباح " , et " l’étoile du soir – نجم المساء " est visible dans le ciel pendant deux périodes de l’année. Durant la première période, elle apparaît comme un astre très brillant à l’est avant le lever du soleil, et durant la deuxième période, elle est visible à l’ouest, après le coucher du soleil. Justement, ces deux périodes correspondent au cycle naturel de la reproduction chez beaucoup d’animaux, d’où son nom de la " planète de l’amour, de la fertilité et de la beauté ", Aphrodite des Grecs, Vénus des Romains, et aussi " al-‘Uzza – العزى " des Arabes. Al-‘Uzza était la déesse qui symbolisait la saison de l’hiver comme Allat qui fut la déesse de l’été.

    Les mecquois, fils d’Uzza

    Al-Uzza incarne la confiance, la vigilance et la préparation. Elle est très protectrice, et est une alliée de taille dans les batailles. Elle a été honorée par les Koreischites (la tribu de Mohammed) comme une de leurs déesses les plus importantes. Ils se disaient "fils d’Uzza" et imploraient sa protection dans les batailles. Les Arabes déplaçaient les pierres qui incarnaient les divinités, pour les ériger au milieu des champs de batailles, parce qu’ils croyaient que leur présence parmi les combattants les protégeait et leur donnait le courage et l’aide nécessaires pour leur apporter la victoire et vaincre leurs ennemis. D’après les historiens arabes, Bani (la tribu) Quraïsh, avait déplacé les pierres d’Allat et Al-Uzza dans la bataille d’Uhud "وقعة أُحد", contre la jeune l’armée islamique conduite par le prophète Mohammed.

    Son sanctuaire, détruit par les musulmans

    Al-Uzza avait son sanctuaire de Nakhlah dans une vallée de palmeraies, sur la route de La Mecque vers l’Irak. Il y avait trois arbres d’acacia sur lesquels on disait qu’elle était descendue. Certains érudits pensent qu’elle a même peut-être été la divinité tutélaire de La Mecque. En l’an 8 Hégire, après la prise de la Mecque par les Musulmans, le prophète Mohammed confia à Khalid Ibn al-Walid (خالد بن الوليد) la mission de détruire la statue de la déesse, démolir son sanctuaire et couper son arbre.

    Manat, la vieille déesse du destin et de  la mort

    C’est la plus ancienne divinité chez les Arabes; son culte très répandu pourrait précéder ceux d’Al-Uzza et d’Al-Lat. C’est une divinité féminine, représentée par une pierre noire non sculptée, installée au bord de la mer rouge à Qadid (قديد), dans une région située entre Médine et la Mecque. Le terme Manat (مناة), Manawayat, ou Menata est dérivé des termes arabes, al-muna (المنى) et al-manyyah (المنية), c’est-à-dire la "mort – الموت", le "destin – القدر", la ruine et la destruction. Manat fut aussi chez les Arabe la déesse de la justice (العدالة) et de l’équité ( الانصاف ). Saint-Épiphane du 4ème siècle l’appelle La Mère de Dusarès, le dieu local de la montagne, en l’appelant par son titre Chaamu ou Chalmous, qui signifie "jeune fille ou vierge".

    Al Manat était associée avec Némésis la déesse pré-olympienne de la vengeance, elle même liée à Cybèle, Artémis et Déméter.

    Elle est connue à partir des inscriptions nabatéennes : des tombes ont été placées sous sa protection, lui demandant de maudire les profanateurs. Elle est mentionnée dans la poésie, portant les défunts à leur tombe, et leur tendant la coupe de la mort. Elle est représentée par une vieille femme avec une coupe, et les symboles dans le bas de sa robe épellent son nom dans la langue sabéenne (qui n’utilise pas de voyelles et s’écrit de droite à gauche), M-N-T. La lune décroissante sur sa tête est un symbole de la mort. Son culte ne cessa qu’en l’an 8 Hégire où le prophète Mohammed confia à Aly Ibn Abi Talib (علي بن أبي طالب ) la mission de détruire sa statue (صنم).

     

    Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/paganisme/allat/

     

     

     

     

  • Le pilier des Nautes - détail

     

    Le Pilier des Nautes_07.jpg

    Le pilier des Nautes est une colonne monumentale gallo-romaine érigée en l’honneur de Jupiter par les Nautes de Lutèce au ier siècle, sous le règne de l’empereur Tibère. C’est le plus vieux monument de Paris et le plus ancien ensemble sculpté découvert en France et daté par une inscription impériale. Le pilier des Nautes est exposé dans la salle du frigidarium des thermes de Cluny. Il s’agit de l’empilement de quatre blocs ou autels qui ont été mis au jour dans les fondations de l’autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 16 mars 1711 lors des fouilles entreprises pour la réalisation du Vœu de Louis XIII. On appelle vœu de Louis XIII la consécration, le 10 février 1638, de la France à la Vierge Marie : le roi promet d’élever un nouveau maître-autel dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.n« Tout Paris a été les voir » a rapporté Baudelot, membre de l’Académie des médailles et auteur d’une Description des bas-reliefs anciens trouvez depuis peu dans l’église cathédrale de Paris. En dédiant le pilier à Jupiter, ils montraient qu’ils agréaient à la religion des Romains tout en affirmant leur fidélité aux cultes indigènes par la mention de dieux gaulois.

    Confrérie armée des Nautes et chevaliers templiers

    Un indice de la puissance des Nautes est donné par une des sculptures du pilier : on les voit défiler en armes avec boucliers et lances, privilège octroyé par les Romains, ce qui est exceptionnel moins d’un demi-siècle après la conquête de la Gaule. Les nautes vénéraient donc Isis et Cernunnos, que l’on peut rapprocher de la Vierge Noire et du Baphomet, vénérés par les templiers (et les basques), financiers de la construction des cathédrales. C’est en priant en direction de la cathédrale que les templiers furent immolés sur les bûchers de Philippe le Bel au début du XIVème siècle. Notre-Dame-de-Paris est-elle la cathédrale des nautes ou celles des templiers ?