Domenico Riccardo - Peretti Griva - 1920-1929
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Graminées
belles sauvages
en vastes pelouses
échevelées
tiges folles
fruits secrets
cg in Je l'aime nature
N’être que cette marche
Au-milieu des odeurs de la terre
Je pense tous les jours à la mort, mais juste comme ça,
histoire de ne pas être prise au dépourvu.
Ce voyage est long, une boucle dont le sens m'échappe. À peine le temps de revenir d'Asie, que déjà nous revoilà sur la route ! Au fond, c'est toujours la même, n'est-ce pas ?
cg in Calepins voyageurs et après ?
Je ne dirai rien sur Singapour. Une rencontre efface l'autre et l'amour se multiplie : expérience qui ne peut se traduire en mots. Simplement vivre l'instant, cueillir les fleurs et les libertés éphémères. Ne pas trop chercher à les comprendre, elles n'ont d'autre sens que celui d'être vécues.
cg in Calepins voyageurs et après ?
29 septembre 2004
Ont-ils jeté quelqu’un à la rue aujourd’hui?
Ont-ils incité à consommer aujourd’hui?
Ont-ils promulgué une nouvelle loi aujourd’hui?
Ont-ils testé la bombe aujourd’hui?
Ont-ils vendu des corps à la pièce aujourd’hui?
Ont-ils trempé leurs mains dans le sang aujourd’hui?
Ont-ils offert leur vie à Dieu aujourd’hui?
Ont-ils fait un profit aujourd’hui?
Ont-ils menti sur les ondes aujourd’hui?
Ont-ils tordu le cou des poulets aujourd’hui?
Ont-ils brandi des drapeaux aujourd’hui?
Ont-ils versé des salaires aujourd’hui?
Ont-ils noyé les champs de lisier aujourd’hui?
Ont-ils lapidé des pécheresses aujourd’hui?
Ont-ils fait fondre les neiges vierges des cimes aujourd’hui?
Ont-ils défilé en rang aujourd’hui?
Ont-ils injecté des remèdes de mort aujourd’hui?
Ont-ils décoré des flics aujourd’hui?
Ont-ils écrasé des visages sous leur botte aujourd’hui?
Ont-ils déterré les corps des ancêtres aujourd’hui?
Ont-ils couronné un taré tyrannique aujourd’hui?
Ont-ils accepté leurs liens aujourd’hui?
Le temps est à l'orage.
Torture, nom commun, trop commun, féminin, mais ce n’est pas de ma faute. Du latin tortura, action de tordre.
Bien plus que le costume trois-pièces ou la pince à vélo, c’est la pratique de la torture qui permet de distinguer à coup sûr l’homme de la bête.
L’homme est en effet le seul mammifère suffisamment évolué pour penser à enfoncer des tisonniers dans l’œil d’un lieutenant de vaisseau dans le seul but de lui faire avouer l’âge du capitaine.
La torture remonte à la nuit des temps. A peine eût-il inventé le gourdin, que l’homme de Cro-Magnon songeait aussitôt à en foutre un coup sur la gueule de la femme de Cro-Magnonne qui refusait de lui avouer l’âge de pierre.
Mais il fallut attendre l’avènement du christianisme pour que la pratique de la torture atteigne un degré de raffinement enfin digne de notre civilisation. Avant cet âge d’or, en effet, la plupart des supplices, en Haute-Egypte et jusqu’à Athènes, relevaient hélas de la plus navrante vulgarité. Les Spartiates, eux-mêmes, au risque d’accentuer la dégradation des sites, n’hésitaient pas à précipiter leurs collègues de bureau du haut des falaises lacédémoniennes pour leur faire avouer la recette de la macédoine. Quant à l’invasion de la Grèce par les légions romaines, on n’en retiendra que la sanglante boucherie au cours de laquelle le général Pinochus se fit révéler le théorème de Pythagore en filant des coups de pelle aux Ponèses.
Pour en revenir aux chrétiens, on n’oubliera pas qu’après avoir été, sous les Romains, les premières victimes de la torture civilisée, ils en devinrent les plus sinistres bourreaux pendant l’inquisition. Aujourd’hui encore, quand on fait l’inventaire des ustensiles de cuisine que les balaises du Jésus’fan Club n’hésitaient pas à enfoncer sous les ongles des hérétiques, ce n’est pas sans une légitime appréhension qu’on va chez sa manucure.
Aux portes de l’an 2000, l’usage de la torture en tant qu’instrument de gouvernement se porte encore bien, merci. Même si, sous nos climats, elle a tendance à tomber en désuétude. Pour citer un pays occidental, au hasard, nous sommes en mesure d’affirmer qu’à Monaco, par exemple, le nombre des bourreaux par habitant est actuellement de zéro pour mille. D’ailleurs, on voit mal quelles raisons pourraient pousser un croupier à empaler un milliardaire.
Hélas, quand on s’écarte un peu plus de l’Hexagone, que ce soit vers l’ouest, vers l’est ou vers le sud, on rencontre encore, dans des contrées exotiques pourtant ouvertes au progrès, à trois pas de la piscine du Hilton, ou dans les steppes démocratiques les plus populaires, des empêcheurs de penser en rond qui cognent et qui charcutent, qui enferment et qui massacrent, qui souillent et qui avilissent, et même –ah les cons !- qui arrachent les ailes des poètes au nom de l’avenir de l’homme.