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  • Lionel Mazari

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    ... jusqu'au prochain...

    Les paradis me poursuivent ; je veux dire
    qu'à chaque nouveau malheur, mon cerveau
    se reconfigure à l'heure de mon dernier bonheur.

    Outre cette fonction "reset", je possède encore
    un accumulateur charnel d'énergie qui stocke,
    chacune de mes bouffées délirantes ; et plutôt

    que de la dispenser en une brève extase,
    la diffuse, couleurs soufflées sur ma matière grisée,
    en un fin, durable, équanime filet d'alacrité.

    ... jusqu'à la suivante...

    ...

    © l'impossible séjour de lionel mazari
    © Photo Cathy Garcia

     

     

     

  • Réflexion

     

    alors voilà, ma réflexion du matin....... peut-être qu'à force de ressasser les injustices innombrables, on ne donne pas assez d'attention et d'énergie à la beauté et à la bonté de chacun, plus discrète, moins triomphante mais qui est là, toutes ces petites graines qu'il faudrait arroser aussi, et je dis ça parce que la première j'ai passé beaucoup de temps de ma vie à pleurer, dénoncer, enrager, déprimer, partir en guerre finalement avec mes mots, mes idées plus qu'avec des actes finalement, sinon des choix radicaux que je ne renie pas bien au contraire....mais petit à petit, j'ai commencé à voir les choses autrement, voir qu'il y a aussi de la facilité à dénoncer, enrager, déprimer, c'est une pente et une pente très glissante et qui dit pente glissante dit "vers le bas" et que peut-être à force de pointer ce qui va mal, on l'alimente, on lui donne de la force, de l'énergie, en nous et hors de nous. Alors ça ne veut pas dire fermer les yeux, oublier, en avoir rien à foutre, non non non, au contraire, on sait, on est lucide et chaque fois qu'on peut, là où on est avec les moyens qu'on a, faire quelque chose pour aider, défendre, soulager, guérir, donner à boire, à manger au sens littéral et moins littéral, si on peut arrêter le bras de celui qui frappe, qui opprime, qui affame, on le fait, mais les mots finalement, les mots ça ne suffit pas. Pourtant, si on essaye de faire un pas de côté, d'arrêter de dénoncer sans arrêt mais plutôt essayer de braquer des projecteurs sur les graines, les belles graines, nourrir le positif de l'être humain et il y en a, il y en a assurément, alors très vite les attaques fusent, on perd ses médailles de va t'en guerre, on est considéré au mieux comme des rêveurs naïfs au pire comme des égoïstes indifférents, pourtant si on regarde bien, des injustices il y en a en permanence tout autour de nous, très proches de nous, parfois et peut-être même souvent nous en sommes les auteurs, nous voudrions sauver tous les migrants, tous les opprimés du monde, mais nous avons parfois du mal à supporter nos voisins, notre famille, le mec qu'on a croisé en bagnole, celui qui nous précède dans la file d'attente, celle ou celui qui a dit ci ou ça, qui a fait ci ou n'a pas fait ça, les amis qui nous déçoivent etc. etc. et même nos compagnons ou compagnes, nos enfants...., nous sommes pleins de compassion pour l'humanité toute entière qui souffre mais ne voyons pas que nous sommes souvent incapables d'être justes, sincères, attentionnés, généreux avec les personnes qui nous entourent ou que nous croisons au jour le jour.... si on y réfléchit bien et en profondeur, on réclame vérité et justice mais ça ne nous pose pas de problèmes de mentir à nos proches....on n'écoute pas le gamin qui nous parle, parle, parle ou la voisine qui se plaint parce qu'on n'a pas le temps, on est fatigué, qu'on a plus important à faire, on trouve très vite les gens cons, ou trop ceci et pas assez cela..... regardons combien de fois on aura jugé quelqu'un sur une seule journée....et chaque personne que l'on voudrait sauver à l'autre bout du pays ou du monde, mais de préférence éloigné de nous, qui sait comment on l'apprécierait si elle était notre voisine, le mec qu'on suit en bagnole qui ne met pas son cligno ou la vendeuse du magasin qu'on trouve désagréable etc. etc. etc. Voilà, ma réflexion du matin, enfin pas seulement du matin, c'est une réflexion pas mal nourrie par facebouc en fait. Je me dis que ce que nous voyons dans le monde c'est nous, c'est un reflet de nous-mêmes, et que si ce reflet ne nous plait pas, dénoncer ne suffit pas.... Agir c'est bien mais tout le monde n'a pas la possibilité d'agir concrètement sur le malheur du monde qui s'affiche en permanence sur nos écrans, alors oui moi j'ai ma façon de voir ça et d'agir à ma façon, mais je dis bien à ma façon, elle n'est ni bonne, ni mauvaise, ni meilleure, ni pire qu'une autre, chaque vie est unique et chaque parcours a du sens et si vous pensez que le vôtre en a alors dites-vous que c'est le cas pour chaque personne, et accordez à chacun ce statut de personne unique, qui apprend de son vécu, qui a la capacité d'en faire quelque chose, même et peut-être surtout dans les pires conditions, faisons tout ce que nous pouvons et mieux encore pour être de bonnes personnes pour les autres et pour nous-mêmes, y compris pour les animaux, les plantes.... mais ça ne nous donne pas le droit de juger des autres, seulement de choisir vers qui et de quoi on se rapproche ou pas, accordons à ceux qui souffrent la dignité d'un statut de personne à part entière, et pas uniquement de victimes à sauver...parfois cet élan permanent n'est pas plus qu'un leurre, un pansement douillet sur nos consciences malmenées et douloureuses, sur notre sentiment d'impuissance, qui est réel et peut être même nécessaire, pensons-y..... et observons-nous le plus possible au quotidien, dans nos propres vies - la compassion c'est essentiel mais c'est tous les jours, seconde après seconde, et si ceci ressemble à une leçon alors sachez que l'élève c'est moi.

     

    Cathy Garcia, 10 novembre 2017