Virginie Despentes - Création d'un corps révolutionnaire - 16 octobre 2020
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Poèmes 1993-2010
j’ai cassé mon collier de sel
ne porte plus désormais
que des colliers de ciel
2020
Format A5, 36 pages agrafées
Illustrations originales de l'auteur
Édité et imprimé par l'auteur
sur papier 100 gr calcaire
couverture 250 gr calcaire
100 % recyclé
tirage numéroté et signé
à réserver par mail à mc point gc arobase orange point fr
12 € + 2 € pour le port
"J'ai eu tous les vices ;
ma vertu fut
de n'en avoir cultivé aucun.
C'est là la Tempérance
qui me fait parler de moi
au passé simple et tendre.
De toutes mes expériences,
je garde cette saveur particulière
des vies franches et pleines
qui laissent l’âme tranquille
et le cœur en paix.
D'abus en abus, je n'ai désabusé
que l'ombre de moi-même ;
qu'elle cuve à la cave ou boite au grenier,
jour et nuit, je marche sans cette ombre-là.
De ces dissolutions parfois extrêmes,
j’ai obtenu d’étranges pouvoirs :
je vois clair dans vos nuits ;
de la boue, je sais tirer
des ailes de lumière."
Illustration en couverture de Cathy Garcia Canalès
ISBN : 978-2-35082-457-4
64 pages au format 14 x 20 cm,
8 € (+ 3,50 € de forfait port quel que soit le nombre d’exemplaires commandés)
Commande à
Gros Textes
Fontfourane
05380 Châteauroux-les-Alpes
(Chèques à l’ordre de Gros Textes)
texte cathy garcia / jérôme bosch L’excision de la pierre de folie 1494
Il existe sur cette terre un peuple dont on ne parle jamais mais ils se reconnaissent entre eux ; ils s’aiment ou se haïssent mais surtout sans cesse, ils se renvoient la même question, la seule à leurs yeux qui mérite d’être posée. Ils cherchent, cherchent sans répit, sinon quelques plages de mensonges et certaines formes d’oubli. Cette question murmurée, implorée, chantée, hurlée, ils s’en frappent la tête. Ils s’en mettent le cœur à vif. Ils la boivent tel un vin rare, se saoulent et se régénèrent, la perdent pour mieux la retrouver jusqu’au bout des nuits blanches, des journées sans soleil. Ils la décortiquent, l’aspirent, la crachent et l’offrent parfois sans calcul comme un bouquet de fleurs à une âme de passage.
Certains disent qu’ils sont fous. Et alors ?
Il en faut des fous pour exorciser nos démons, pour donner corps à nos monstres et nous permettre de dormir en paix ! Il en faut des fous pour se mettre à nu et se poignarder avec tous nos pieux mensonges ! Il en faut des fous pour se lancer dans ce vide que nous n’affrontons pas même du regard. Il en faut des fous pour aller décrocher les étoiles qui brillent derrière nos paupières cousues.
Il en faut des fous pour accoucher le monde !
Fous ! Les fous battent la campagne et la breloque !
Fous ! désaxés ! détraqués ! dérangés !
Siphonnés, piqués, cinglés, timbrés, cintrés!
Mabouls, marteaux ! Toqués, tapés ! Tordus, toc-toc,
Cinoques, louftingues, dingues loufoques !
Z’ont perdu la raison,
La boule et la boussole,
Une araignée au plafond,
Mais qu’importe Monsieur,
Les fous travaillent et pas qu’un peu
Les fous travaillent du chapeau !
Les fourres tout
Les foutrement gais
Les inspirés
Chercheurs de vérité
Fous téméraires
Et foutu bordel !
Les fous à lier
Les fous de liberté
Les fous d’amour
Les fous de bonheur
Les fous de joie
Les fous de rire
Les fous des bois
Fous de toi
Et fous au galop
Les fous échappés du jeu de tarot
Les fous en marche
Sur l’échiquier
Il y a aussi les foutez-moi la paix
Les foutez-vous de ma gueule
Et tous ces fous qui en veulent
Il y a les vieux fous sans lendemain
Les fous qui combattent les moulins
Les fous parlent à leur chien
Les fous respectent la terre
Les fous donnent tout
Les fous ne mentent pas
Les fous flânent en chemin
Nourrissent les oiseaux
Les fous pleurent
La mort d’une fleur
Les fous se rient des frontières
Les fous traversent les déserts
Gravissent les montagnes
Franchissent les mers
À la nage ou à la rame
Les fous disent paix et tolérance
Brûlent leur carte d’identité
Pour être sans-papier
Refusent de s’alimenter
Parce que d’autres sont affamés
Les fous ne ferment jamais leur porte à clé
Les fous vivent dans les arbres
Les fous sèment des jardins
Les fous se couchent au sol
Devant les tanks les bulldozers
Il y a des fous qui aiment tellement les animaux qu’ils ne les mangent pas
Il y a les fous qui balaient devant leurs pas
pour ne pas écraser les fourmis
Les fous parlent d’amour quand on leur fait la guerre
Les fous pardonnent à leurs tortionnaires
Les fous luttent, résistent, inventent
Aiment et cultivent la différence
Les fous vivent leurs idéaux
Les fous crachent des poèmes
Sur les façades des cités
Les fous refusent télé, supermarchés
Refusent d’être vaccinés, pucés
S’entêtent à ne pas se résigner
Les fous un jour partent
Sans se retourner
Les fous voyagent à pied
À dos d’ânes, en roulottes
Il y a des fous qui vont dans une grotte
Méditer pendant des années
Il y a des fous qui peuvent
Se passer d’électricité
Les fous font de leurs rêves une réalité
Les fous s’aiment malgré tout
Les fous refusent le garde à vous
Les fous croient en la justice
Et pensent pouvoir changer le monde
Mais les fous craignent les fous
Les fous vraiment malades
Les fous nocifs, les fous dangereux
Les foutez-les dehors
Les fous qui veulent rester entre eux
Les fous offensifs
Führers et fous sanguinaires
Des fous pervers
Fous du violent
Foudre de guerre
Fous psychopathes
Et fous de la gâchette
Des fous furieux
Des fous maniaques
Des fous avides
Des fouilles-merde
Des fous stupides
Fous des grandeurs
Fous persécuteurs
Fous délirants
Fous paranoïaques
Et fous de la matraque
Des fous forcenés
Fous d’odieux
Des fous banquiers
Fous scientifiques
Fous fanatiques
Des fous déguisés en flic
Fous de fric de pouvoir
Des fous politicards
Fous qui veulent tout diriger
Fous qui veulent tout acheter
Y’a pas pire fous que ceux-là.
Fous qui pensent qu’ils n’en sont pas
Et qui proclament :
Est fou celui qui ne pense pas comme nous…
Est fou celui qui n’est pas comme nous…
Et ils enferment, détruisent, asservissent et assassinent.
Monde foutu par ceux-là ?
Planète foutue par ces fous ci ?
Plutôt fou-rire !
cg, in Follement autre
Source et merci à :
http://voixdissonante.eklablog.com/dans-les-textes-les-fous-a203062156
Voix : Audrey Gambassi - Violon : Amélie Barbey - Guitare : Lionel Mazari
La mort a des égards envers ceux qu’elle traque :
Elle enivre d’azur nos yeux, en les fermant,
Puis passe un vieux frac noir et se coiffe d’un claque
Et vient nous escroquer nos sous, courtoisement.