Charles Freger - Série Wilder man
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(…) Le Niger compte un million de kilomètres carrés, dont seuls 40 000 cultivables. Partout ailleurs vivent des bergers nomades qui gardent quelques 20 millions de têtes de bétail : chèvres, moutons, ânes, chameaux, zébus. Le prix des médicaments pour ces animaux ˗ antiparasites, vaccins, vitamines ˗ est monté en flèche depuis que le Fond Monétaire a obligé le gouvernement à fermer son Office national vétérinaire, ouvrant son marché aux multinationales. Depuis, les bergers, de plus en plus nombreux à perdre leur troupeau, ont dû fuir vers les faubourgs de Niamey ˗ ou des capitales alentour : Abidjan, Cotonou. C’est encore le Fond monétaire qui a obligé le gouvernement nigérien à fermer ses dépôts de grains ˗environ 40 000 tonnes de céréales, principalement du mil ˗, lesquels servaient à intervenir lorsque les sécheresses répétées, les invasions de sauterelles ou la soudure annuelle affamaient la population. Le Fond considérait que ces interventions faussaient le marché ; le gouvernement, pris à la gorge par sa dette extérieure, dut plier.
Le Niger est le deuxième producteur mondial d’uranium : ses réserves au milieu du désert sont immenses ˗ et l’uranium est l’un des minerais les plus convoités. Pourtant, le pays n’en tire pas beaucoup de bénéfices : l’entreprise d’État française Areva a toujours eu le monopole* de son exploitation et la redevance qu’elle payait à l’État nigérien était dérisoire.
* jusqu’en 2007, depuis les Chinois ont rejoint la partie, l’auteur en parle plus loin
(…)
Le Niger dépense cinq dollars annuels par habitant en matière de santé. Les États-Unis, par exemple, en déboursent 8600 ; la France, 4950 ; l’Argentine, 890 ; la Colombie, 432. En 2009, il y avait 538 médecins dans tout le Niger, un pour 28000 habitants, alors que dans un pays moyennement riche comme l’Équateur, les Philippines ou l’Afrique du Sud, on en compte un pour 1000. Ce chiffre figure dans une publication officielle du gouvernement qui précise que l’année suivante, en 2010, il n’en restait que 349 ; un médecin pour 43 000 habitants. L’émigration de ceux qui savent ou peuvent et veulent échapper à la misère et aux maladies génère un surcroit de maladies et de misère. Les pays riches ˗ qui dressent des barrières murs bateaux mitrailleuses pour stopper les migrants au bord du désespoir ˗ font venir volontiers les rares professionnels qui parviennent à se former dans ces parages désolés.
in La faim , éd. Buchet-Chastel, octobre 2015
À Kara-Kara, quartier marginalisé de Zinder au Niger, historiquement celui des lépreux, règne une culture de la violence entre gangs. Certains jeunes tentent de s’en sortir, fonder une famille parfois et s’offrir un avenir autre que celui de la prison. Aicha, originaire de Zinder, filme au plus près leur quotidien partagé entre leur gang, la famille, la débrouille et cette volonté de sortir du cycle de violence dans laquelle ils se sont construits.
Un enfant qui n’est pas chéri par son village,
le brûlera pour en sentir la chaleur.
être minuscule
dans l'étrangeté
d'un monde
qui nous dépasse
sans renoncer
à sa propre piste
in en cours
Vertical solitaire
planté sur une ligne
tracée à l'encre de roche
sur la soie vierge et glacée
d'une robe de montagne
in en cours
On dit parfois qu’au plus haut de vos sommets
sous la lune complice, d’étranges sabbats
rassemblent sorcières et sorciers
qui s'aiment et se bravent
en d’espiègles joutes
jusqu’à ce que le soleil
perforé par vos cimes
y verse son jeune sang
.
On dit encore qu'à la nuit de la Saint-Jean
on devine les frottements de créatures païennes
on croit entendre des rires, des cris et des chants
le joyeux tapage des feux de Beltaine
de chaque buisson, de chaque sente
s'échappent de troublants soupirs
et si l'on ne veut pas se damner
mieux vaut rester chez soi et dormir
in Oniromancie