Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • Martin Caparrós

     

    (…) Le Niger compte un million de kilomètres carrés, dont seuls 40 000 cultivables. Partout ailleurs vivent  des bergers nomades qui gardent quelques 20 millions de têtes de bétail : chèvres, moutons, ânes, chameaux, zébus. Le prix des médicaments pour ces animaux ˗ antiparasites, vaccins, vitamines ˗ est monté en flèche depuis que le Fond Monétaire  a obligé le gouvernement à fermer son Office national vétérinaire, ouvrant son marché aux multinationales. Depuis, les bergers, de plus en plus nombreux à perdre leur troupeau, ont dû fuir vers les faubourgs de Niamey ˗ ou des capitales alentour : Abidjan, Cotonou. C’est encore le Fond monétaire qui a obligé le gouvernement nigérien à fermer ses dépôts de grains ˗environ 40 000 tonnes de céréales, principalement du mil ˗, lesquels servaient  à intervenir lorsque les sécheresses répétées, les invasions de sauterelles ou la soudure annuelle affamaient la population. Le Fond considérait que ces interventions faussaient le marché ; le gouvernement, pris à la gorge par sa dette extérieure, dut plier.

    Le Niger est le deuxième producteur mondial d’uranium : ses réserves au milieu du désert sont immenses ˗ et l’uranium est l’un des minerais les plus convoités. Pourtant, le pays n’en tire pas beaucoup de bénéfices : l’entreprise d’État française Areva a toujours eu le monopole* de son exploitation et la redevance qu’elle payait à l’État nigérien était dérisoire. 

    * jusqu’en 2007, depuis les Chinois ont rejoint la partie, l’auteur en parle plus loin

    (…)

    Le Niger dépense cinq dollars annuels par habitant en matière de santé. Les États-Unis, par exemple, en déboursent 8600 ; la France, 4950 ; l’Argentine, 890 ; la Colombie, 432. En 2009, il y avait 538 médecins dans tout le Niger, un pour 28000 habitants, alors que dans un pays moyennement riche comme l’Équateur, les Philippines ou l’Afrique du Sud, on en compte un pour 1000. Ce chiffre figure dans une publication officielle du gouvernement qui précise que l’année suivante, en 2010, il n’en restait que 349 ; un médecin pour 43 000 habitants. L’émigration de ceux qui savent ou peuvent et veulent échapper à la misère et aux maladies génère un surcroit de maladies et de misère. Les pays riches ˗ qui dressent des barrières murs bateaux mitrailleuses pour stopper les migrants au bord du désespoir ˗ font venir volontiers les rares professionnels qui parviennent à se former dans ces parages désolés.

     

    in La faim , éd. Buchet-Chastel, octobre 2015 

     

     

     

     

  • Zinder, un documentaire d'Aicha Macky (2021)

     

    À Kara-Kara, quartier marginalisé de Zinder au Niger, historiquement celui des lépreux, règne une culture de la violence entre gangs. Certains jeunes tentent de s’en sortir, fonder une famille parfois et s’offrir un avenir autre que celui de la prison. Aicha, originaire de Zinder, filme au plus près leur quotidien partagé entre leur gang, la famille, la débrouille et cette volonté de sortir du cycle de violence dans laquelle ils se sont construits.

     

     

     

     

     

     

  • Auteur inconnu

    Chandelours Walpurgis.jpg

     

    LÉGENDES

     

    Ô montagnes, vous qui cachez

    Dans vos sombres forêts

    De grandes pierres levées

    Elfes, Sylves, Lutins et Trolls

    Dansent en rond dans vos clairières

    En hommage à la Grande Mère

    Précieux calice du Grand Œuvre

     

    On dit parfois qu’au plus haut de vos sommets

    Sous la lune complice, d’étranges sabbats

    Rassemblent sorcières et sorciers

    Qui s'aiment et s'affrontent

    En de joyeux combats

    Jusqu’à l’aube quand le jeune soleil

    Perforé par vos cimes

    Déverse son sang.

    .

    On dit encore qu'à la nuit de la Saint-Jean

    On devine les frottements de créatures païennes

    On croit entendre des rires, des cris et des chants

    Le joyeux tapage des feux de Beltane

    De chaque fourré, de chaque sentier

    S'échappent de troublants soupirs

    Et si l'on ne veut pas se damner

    Mieux vaut rester chez soi et dormir

     

    Ô montagnes, œuvres gothiques et obscures

    Vous qui savez le souffre et le mercure

    Et tous les secrets

    Ensorcelez-moi de vos génies, de vos fées

    Chuchotez-moi vos sources et fontaines sacrées

    Et surtout, enseignez-moi l'art de la mémoire

    Pour ne jamais les oublier.

     

    1991

    in Oniromancie