Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Final des ateliers à Oloron-Sainte-Marie des 18 & 19 mars 2023 : CADAVRES EXQUIS

    Pour finir en beauté ces deux journées riches et créatives, à la demande générale, nous nous sommes livrés à ce jeu qui a fait la joie des surréalistes et qui a de nombreuses variantes. J'ai proposé celle qui consiste à écrire une phrase en laissant le dernier mot lisible pour la personne suivante qui enchaine et ainsi de suite, voici donc nos exquis cadavres :

     


    1/ Après avoir poussé la porte, elle actionne le loquet et part toutes voile dehors. L’ancre est levée et même lavée. Il est vraiment très courageux et bien-sûr, tu ne m’as rien dit. Comment veux-tu que je te trouve la réponse à la grande question de l’univers ? Il m’a offert cette rencontre et j’ai cru en mourir. C’est partir un peu ! Mais les voyages déforment les corps mous des bulbes bitumeux et prend les jambes à son cou dare-dare pour l’éviter. Par chance la collision n’eut pas lieu. Oloron-Sainte-Marie, le lieu du stage en entreprise en vue de finaliser tes études.

     


    2/ C’est foutu, on ne va pas s’en sortir. As-tu une idée ? L’écriture devrait aller de droite à gauche et en miroir. Mon beau miroir, ouvre-moi la porte du monde des géants comme les sommets environnants enneigés. Le Fuji-Yama étincelle et les cerisiers en fleurs. Le printemps me titille les phéromones qui lui donnent envie de détaler à toute vitesse de la lumière. Elle reprit sa course prudemment. Toujours la prudence, il faut foncer, se défoncer, s’enfoncer, à toi d’en trouver un autre choix encore, que d’écrire ou ne pas écrire sa vie et l’embellir.

     

     

    3/ La soirée se termine, le soleil brille encore. Brille de mille feux, offre-nous ton étincelle, le soleil brille de tous ses feux, la marmite bout et une délicieuse odeur piquante, ça donne faim mais est-ce comestible ? La musique emplit la pièce et tout le monde se met à danser. L’orchestre enchaina par une polka endiablée. Ce soir-là nous avions tous bu beaucoup de mots, beaucoup de monde, beaucoup trop de mots instantanés dans ta bouche, du bruit mais que se passe-t-il donc ? Je suis étonnée. Ah bon, le croyez-vous vraiment ?

     

     

     4/ Voilà le printemps qui arrive, les tourterelles roucoulent. Trop simple, moi aussi je peux roucouler. Bouge-toi ! Moi, lui, elle, ils sont tous endormis et recroquevillés dans le puits où repose l’Allemand. N’y buvez pas, l’eau y est empoisonnée mais je n’ai pas cueilli cette fleur. Elle rentre à la ruche déposer son nectar. L’abeille est un insecte sociable doté de dard pointu. Heureusement la voiture passe par là. Non je ne veux pas dormir ici, marmonna-t-il. Tu es toujours de mauvaise humeur je n’en peux plus.

     

     

    5/ La route rousse et scintillante emplit le ciel zinzolin. Il est l’heure du coucher des poules et du lever de drapeau devant le régiment rassemblé au garde-à-vous. Repos, ordonne le capitaine d’un ton furieux. Il est quand même gonflé, c’est lui qui… Mais qui donc, lequel d’entre vous a parlé une autre langue que celle de ma mère ? J’imaginais renaître au monde et en goûter toute la saveur ! Sa veuve et le sauveur savent sa peur bleue comme un girafon. L’ambulance arrive à bisto de nas comme on dit chez nous.

     

     

    6/ Petite verveine, sous la lune, explique que le feu intérieur, j’ai rencontré un berger avec son chien. Il renifle partout, suit la piste et lève la patte ! Le chat s’enfuit en courant, un véhicule blindé sauf qu’il est poche-percée et que l’argent file à toute vitesse dans le ciel étoilé. Puis nous sommes repartis sous la tente, abri, cabane, auvent, protège-moi de la pluie diluvienne et tristesse obligent au chocolat au lait de ses brebis. Je me suis régalée de ce nectar. Fut-il celui des dieux ? C’est une histoire abracadabrante, comment espérer connaître la vérité ?

     

     

    7/ Un jour dans la montagne et les marmottes pointent le bout de leur nez. C’est une étrange odeur qui plane, quelqu’un serait-il mort ? Mais ce n’est que pure comédie, tranquillisez-vous. Pourquoi moi ? Je ne suis pas ton bouc émissaire ! Mince, comment va t-on faire ? J’ai peur, fantômes, sorcières êtes-vous tous là pour la fête d’anniversaire à l’odeur des bougies éteintes ? Souvenez-vous, le ciel s’est ennuagé alors mais je ne veux pas partir… Mais je reviendrais me dit-il en colère ! Il est temps de s’éclipser à la montagne. Vive les Pyrénées, cria-t-il !

     

     

    8/ C’était un vrai plaisir de partager ces ateliers avec vous mais prenez garde car le chat veille et s’apprête à sauter depuis le pont dans le fleuve bouillonnant. Heureusement tous les habitants avaient déménagé, rangé, jeté, recyclé, transformé, composté tel le cadavre du voisin qui n’écoutait pas les autres, ne sont pas toujours les bienvenus. Hasard heureux, il n’y a que les montagnes qui vont et viennent ou va et vient selon le nombre impair et gagne. Faites vos jeux, rien ne va plus ! Allons, tu devrais te contenter de moins.


     

    Merci à toutes et tous et au plaisir de se retrouver aux prochains ateliers à L'Oustal !

    https://giteoustal64.com/

     

     

     

  • Arthur Fousse

     

    un jour peut-être
    les corps qui furent poussière 
    redeviendront des roses,
    et les cœurs
    des chardons pleins d’épines 
    que rongeront les ânes.
    pas ce soir.
    les jours comme des graviers
    se jettent sur les tombes  
    pour épeler les prières.
    les désirs comme des tournevis
    ne s’agencent pas dans le bon trou,
    et la croix d’un mot
    peut faire vivre un homme
    jusqu’à ce que son existence s’assèche
    comme les neiges bleues au sommet de la chance.

     

     

     

  • Rabindranath Tagore

     

    Durant plus d'un jour de paresse j'ai pleuré sur le temps perdu. Pourtant il n'est jamais perdu, mon Seigneur ! Tu as pris dans mes mains chaque petit moment de ma vie. Caché au cœur des choses, tu nourris jusqu'à la germination la semence, jusqu'à l'épanouissement le bouton, et la fleur mûrissante jusqu'à l'abondance du fruit. J'étais là, sommeillant sur mon lit de paresse et je m'imaginais que tout ouvrage avait cessé. Je m'éveillai dans le matin et trouvai mon jardin plein de merveilles et de fleurs.

    in Le Jardinier d'Amour

     

     

     

     

  • Anne Dufourmantelle

     

    La sublimation a vécu. La pulsion a trouvé un regain de toute-puissance dans un monde qui ne supporte aucune limite pour la satisfaire. Immédiateté, vitesse, fluidité appellent une société sans frustration ni délai. Que ce soit dans l’espace public (les actualités, les faits divers, la pornographie normative, les attitudes «décomplexées») ou sur le divan (patient déprimé, désaxé), la société post-industrielle et post-traumatique de l’après-guerre admet mal qu’on «sublime». Il faut au sujet narcissique un champ opératoire simple et direct à ses pulsions, sinon, il se déprime. La frustration n’est plus supportable, trouvons-lui donc sans cesse de nouveaux objets à ses appétits. L’abstraction, le style, la précision sont passés à l’ennemi, toutes ces choses nous «ralentissent». On ne possède pas un livre, ce n’est ni un investissement ni un instrument ; la lecture prend du temps, et ne produit rien d’autre qu’une capacité accrue à rêver et à penser. L’absence de style dans les productions culturelles est aussi préoccupante que le sont les vies sous pression, moroses et fonctionnelles - tellement plus nombreuses que des vies habitées, voulues.Un monde qui parvient à sublimer est un monde qui prend une forme, qui n’est pas informe comme l’actuelle confusion générale destine le nôtre à l’être.