Phil Greenwood - Lune du matin - 1973

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Chaque matin, se lever et nourrir les chèvres, travailler aux champs et au jardin. Participer. Insérer les grains entre les lèvres tièdes de la terre. Refermer avec la paume. Sentir les lèvres de la terre jouir un instant de la semence.
in Marguerite Porète
Poivrons Mandarine encore verts
Mizuna, radis violet et ses fanes, fleurs de bourrache
Au fond du jardin, derrière les hautes herbes qui
raccommodent l’illusoire, la cabane de planches
repeinte de lumière grince dans son ombre apeurée.
Son toit de tôle presque aveugle sous les flatteries
du lierre où carillonnent les scènes d’oiseaux résiste
encore. Les abeilles affairées y tressent une parole de miel.
La porte ne ferme plus sur les féroces odeurs de chiotte qui
roucoulaient là jadis. Les intempéries de la rouille l’ont poussé
dans un sommeil d’orties.
La lumière paresse là parmi ces outils encore tout crottés de
leurs souvenirs de terre.
Textes de Thierry Metz
Comédiens : Guillaume Metz et Lionel Mazari

éditions Wild project/Les Liens qui libèrent, septembre 2025
https://wildproject.org/livres/desertons
« C’est à quel sujet ? La désertion. La désertion de qui, de quoi. La désertion comme acte politique, philosophique, poétique, pratique ? Déserter, c’est quitter quelque chose. C’est pas juste quitter, c’est refuser. »
Refuser de nuire, refuser de dominer, refuser la guerre. Partant du phénomène de désertion des jeunes diplômé·es d’écoles d’ingénieurs dont elle est elle-même une protagoniste, l’autrice nous invite ensuite à conjuguer déserter à plusieurs personnes, plusieurs temps, plusieurs échelles : « Pouvons-nous déserter collectivement de la trajectoire sociale meurtrière et catastrophique dans laquelle nous sommes lancé·es ? »
Dans ce récit intime et engagé, Jeanne Mermet interroge le rôle des sciences et des techniques ainsi que celui des personnes qui les font, et propose des pistes pour prendre soin et refuser de nuire collectivement.
L’autrice
Jeanne Mermet est diplômée de l’École Polytechnique et de l’Université Technique du Danemark en 2019. Elle choisit ensuite de ne pas exercer le métier d’ingénieur, et adopte pendant quelques années un mode de vie nomade en rencontrant les luttes écologistes et les milieux alternatifs, pour explorer diverses manières de mettre en lumière et en débat les enjeux de la gestion de l’énergie, et la place des sciences et des techniques dans les crises en cours.


aux éditions PHB, mai 2025
(...) absents soumis indifférents arbres impotents aux racines fichées dans les sables rapportés et les terres à sillons de câbles, souffrant d'urbanisme comme les orphelins souffrent d'hospitalisme, arbres cherchant à tâtons la racine blanche du voisin, arbres mystifiés lâchant quelques vains mots aux planches mortes des bancs publics (...)
*
Jaillir dans la clairière
Se figer, menton à l’épaule,
Disparaître
Être chevreuil, un instant
*
*
Des trois rigoles
Qui descendent des héritages bleus
Et font la combe à laîches
Une seule lave ces petits galets
Noirs pailletés d'or.
Elle coupe leur filon précieux
Dans la nuit de la pente
qui dissimule leur mère.
(...)
*
Sur la lande rouille
Les bruyères s’écartent
Devant le genévrier,
Ferment le sentier après son passage.
Dans un rêve au mollet griffé.
*
(...)
À ton flanc poudré de vieille suie
Le miroir bleu de la plume du geai
La tempe percée du minuscule trou du Capricorne roi.
– Tu marches nue
Pierre Gondran dit Remoux dont j'apprécie beaucoup la particulière écriture est né à Limoges en 1970. Ingénieur agronome de formation, ce Parisien d’adoption n’a pas oublié l’étang limousin de l’enfance et vit entouré d’animaux, d’aquariums et de plantes, comme autant de compagnons nécessaires pour traverser la ville.