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LA SOURCE ORIGINELLE - Page 13

  • Fresques d'Akrotiri - Thera - Grèce - âge du bronze moyen (2000-1600 av. J.-C.)

     

    Fresques d'Akrotiri (Théra, Grèce).jpg

    Ces peintures murales ont été découvertes lors des fouilles archéologiques de la ville antique d'Akrotiri dont les maisons ont été enfouies sous les cendres projetées par l'éruption du volcan de Thera, l'ancien nom de Santorin, vers environ 1530 av. J.-C. Le style relève de l'art tardif des Cyclades avec une forte influence de la civilisation minoenne (Crète).

     

     

  • Lunae Parracho - Des fleurs pour Yemanja - Praia Rio Vermelho - Salvador da Bahia, Brésil - 2 février 2013

    Lunae Parracho Rio Vermelho Beach in Salvador da Bahia, February 2, 2013 Devotees offer flowers to Yemanja.jpeg

     

    Je vois le vaste océan là-bas, qui lèche et sanctifie le rivage de ses langues d'écumes, raconte en boucle sa longue histoire, ses peines infinies. Le vieil océan qui pour combler sa solitude, à l’heure où le soleil chavire, berce la lumière moribonde, pendue aux flots de la baie de Guanabara. C’est Yemanja la déesse, qui nous protège et charrie nos débris, nos ordures, nos scories. Une fois l’an, pour l’honorer, les fidèles vêtus de blancs de l’umbanda, jette dans ses bras bleus des brassées de glaïeuls et plantent des milliers de petits soleils sur ses flancs ensablés.

     

    cg in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

  • Pomba-Gira : Une entité qui punit en riant

     

     

     

    oU l'explication de l'origine du nom de mes deux encres :

    Pombagira I.jpg

    Pomba-Gira I, 2018

     

     

     

    In La colère et le sacré, Antonio Talora Delgado Sobrinho, Viviane Junqueira dos Santos

    Source : https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2000_ant_755_1_1618

     

    La Pomba-Gira : son origine, ses fonctions et sa caractérisation dans l'univers actuel de l'Umbanda

    Le mot " Pomba-Gira " provient probablement du mot " Bombonjira " Bombonjira est l' Εχύ des nations du Congo. Pourtant, la Pomba-Gira n'a pas les mêmes fonctions que l’ Εχύ masculin du Congo : dans l'Umbanda, elle est associée à la prostitution et à l'homosexualité, tandis que, dans le Candomble, qui a subi une influence extérieure plus petite et a mieux conservé les traditions africaines, le seul Exu féminin est " Vira " (Bastide, 1976 : 167), qui maintient l'image de la divinité africaine.

    Peu à peu, la Pomba-Gira a pris des fonctions qui étaient d'abord attribuées à d'autres orixâs : la protection des prostituées appartenait originairement à Oxum, considérée comme la " Vénus africaine " (Delgado, 1985 : 208), déesse de l'amour, vaniteuse et coquette. Oxum porte des éventails, des bracelets en métal et d'autres parures. Soucieuse de sa beauté, elle représente l'un des désirs féminins, d'où le fait d'être considérée comme la protectrice des prostituées. Quand elle arrive au Brésil avec les esclaves, elle reçoit les influences du catholicisme, perd peu à peu ses caractéristiques de déesse de l'amour et commence à jouer le rôle de déesse des eaux (Valente, 1976 : 98). Oxum est le nom d'une rivière africaine et, au Brésil, elle devient la divinité des fontaines et des ruisseaux ; elle correspond dans le catholicisme à Notre - Dame de Carmo, et devient une " madone ". Ainsi, la fonction de protectrice des prostituées est transférée à la Pomba-Gira.

    Dans le domaine de la sexualité, outre les prostituées, ce sont les homosexuels qui ont été (et sont encore, malgré la meilleure compréhension de ce sujet de la part des nouvelles générations) les plus grandes victimes des préjugés d'une société brésilienne traditionnelle, dominée par une idéologie machiste. Cette morale machiste a toujours considéré l'activité sexuelle " active " et " dominatrice " de l'homme comme " normale ", si bien que, dans le Brésil rural, on pardonne même à l'homme ses pratiques sexuelles sodomites. Des témoignages montrent que, dans ce même Brésil rural, il y a moins de cinquante ans, les parents qui apprenaient que leur fils était homosexuel étaient consolés par des amis, qui cherchaient à les convaincre que leur fils était le partenaire " actif ", afin d'atténuer leur chagrin et leur honte. " L'anormalité " extrême, dans cette mentalité, est celle de la femme qui a des rapports polyandriques (même dans les cas où elle y aurait été involontairement soumise), ainsi que celle de l'homme qui a des relations considérées par la société comme " passives " ; ces deux cas correspondent aux catégories " prostituée " et " homosexuel ".

    Quand la Pomba-Gira " possède " une femme, elle peut la rendre sexuellement insatiable et, si elle "possède" un être du sexe masculin, on lui attribue le pouvoir de le rendre homosexuel. (L'étude réalisée sur le terrain (no terreiro) semble indiquer que la Pomba-Gira n'incorpore que les hommes qui sont déjà homosexuels).

    En plus, la Pomba-Gira devient responsable aussi de l'action de concéder la virilité ou de causer l'impuissance - des tâches qui étaient originairement accomplies par Exu -. Ce transfert

    d'attributions est peut-être dû à un effet d'extension, puisque c'est la Pomba- Gira qui s'occupe désormais de la sexualité.

    La Pomba-Gira surgit comme une prostituée désincarnée, qui adopte des noms tels que Maria Padilha, Maria Molambo, Carmelita, etc. Elle se présente aussi comme une gitane, identifiée par ses foulards colorés, ses colliers dorés ; elle peut tirer les cartes ou lire dans les mains, c'est-à-dire pratiquer la lecture de l'occulte par des pouvoirs magiques. Elle est toujours coquette, provocante, ce qui montre que son caractère est associé à la sensualité et à la sexualité. Ses couleurs sont le rouge et le noir : le rouge associé au feu, à l'énergie sexuelle, à l'activité créatrice ; le noir associé à la Terre et à la mort. Les Exu masculins et les Pombas-Giras châtient en riant, parfois même en éclatant de rire (comme s'ils se moquaient des gens qui ont oublié les choses spirituelles fondamentales). Si celui qui est châtié les incorpore, il rit aussi, obligé, pour ainsi dire, par l'esprit qu'il incarne. Il paraît que ce comportement soulage un peu le châtié de sa peine, ce qui fait penser aux deux personnages du film Le trésor de la Sierra Madré, de John Ford : ils éclatent de rire quand le vent emporte tout l'or pour lequel ils avaient presque perdu la vie. Dans ce sens, la Pomba-Gira exerce des fonctions semblables à celles des " clowns " rituels des Indiens Pueblo.

    (Une approche intéressante que l'on peut faire dans ce sens renvoie à la théorie de Laura Makarius, citée par Mazzoleni (1979 : 64). Selon Makarius, " trickster " et " clown " sont, respectivement, le protagoniste mythique et le protagoniste rituel de la violation des tabous. Dans ce cas, la Pomba-Gira correspondrait au premier (au trickster) et son " cheval " au clown. Gilberto Mazzaleni a fait une étude de la littérature existante sur les bouffons rituels dans les cultures indiennes américaines, dont celles des Indiens Pueblo sont très connues. Mazzoleni critique plusieurs analyses théoriques, depuis celle de Elsie Parsons jusqu'à celle de Laura Makarius. Dans la même œuvre, Mazzoleni attire l'attention sur les différentes connotations du rire selon les cultures, en renvoyant aussi à Lévi-Strauss et à Clastres).

    Pourtant, Maria Padilha et Maria Molambo sont plus sages et leur argumentation plus sérieuse. Elles ont la fonction spécifique de conduire l'esprit de ceux qui sont morts de façon violente -à coups de pierres, noyés, brûlés, c'est-à-dire des morts qui semblent correspondre à une conception archaïque du sacrifice-. Néanmoins, cette manière plus pudique de se manifester peut être associée à leur fonction de psychopompe. En plus, Maria Padilha exerce un contrôle sur le sommeil - et le sommeil a, au moins inconsciemment, le sens primitif de " petite mort " -. On lui attribue le pouvoir de réveiller une personne au moment juste, ce qui peut être compris comme une action psychopompe, puisqu'il y a une croyance très archaïque et généralisée selon laquelle l'âme peut se séparer du corps pendant le sommeil.

    Pendant les séances, la Pomba-Gira ne boit que du Champagne, servi généralement dans des coupes. Elle aime le parfum et le tabac de bonne qualité : elle a l'habitude de demander à un homme présent de lui allumer une cigarette. Une vie de luxure, avec des vêtements de luxe, des parfums, des bijoux, du Champagne, accessible, par la prostitution, aux femmes qui sont pauvres, mais belles -cette idéalisation a évidemment comme modèle la représentation que les couches sociales les plus pauvres se font de la vie des dames de la haute société -. Ce qui montre que la Pomba-Gira, qui protège les prostituées, dénonce du même coup l'injustice sociale existante, puisque les femmes de la haute société jouissent du luxe aux dépens des pauvres qui ont travaillé pour que les riches puissent garder et multiplier leur argent, tandis que la prostituée ne vit que de ce qui lui appartient incontestablement, c'est-à- dire son corps.

    Dans le deuxième entretien reproduit par Trindade, nous pouvons observer une association entre le manque de culture et l'amoralité, c'est-à-dire la non-distinction entre le bien et le mal. Dans ce contexte, " culture " veut dire " culture érudite ", de laquelle les gens du peuples se trouvaient - et se trouvent encore - très éloignés, à cause des conditions économiques, qui les empêchent de poursuivre une formation scolaire. Dans ce sens, nous pouvons comprendre cette association aussi comme une contestation : pourquoi quelqu'un qui n'a pas d'accès aux valeurs symboliques et intellectuelles d'une société devrait-il respecter la morale imposée par cette même société ?

    Quand il décrit une séance d'Umbanda, Ortiz (1991 : 95) cite un " point chanté ", adressé à la Pomba-Gira au début de la séance, et qui fonctionne comme un type de " padé ", une fois que l'Umbanda a perdu, peu à peu, son caractère sacrificiel. (" Padé " : c'est le premier rituel réalisé dans l'ouverture des séances d'Umbanda et de Candomble, afin de révérer Exu qui, selon la tradition, doit être le premier à recevoir la révérence, avant tous les autres orixâs, pour qu'il ne perturbe pas les " travaux ").

    Quem é que atravanca a rua

    Qui est-ce qui encombre la rue

    Guarda a encruzilhada

    Et garde le carrefour

    É a Pomba-Gira

    C'est la Pomba-Gira

    Que trabalha na estrada.

    Qui travaille sur la route.

    La Pomba-Gira est conçue, ici, comme la responsable des mêmes tâches dont s'occupait Exu, comme la divinité des débuts et des ouvertures : c'est elle qui garde le carrefour. Bastide (1976 : 181-2) décrit Exu dans ces fonctions de la manière suivante :

    " (...) C'est simultanément le dieu des chemins, " l'homme de la rue ", tel qu'il est appelé parfois par les banto (...) Ses offrandes sont placées dans les chemins les plus distants ou dans les carrefours, car c'est là que les voies de communications se croisent, et comme cela on peut être sûr que, pendant ses longues marches, il finira par passer par ces endroits. C'est justement parce qu'il préside aux ouvertures et aux chemins qu'il est devenu le messager de tous les orixâs, et c'est pour cela qu'il ouvre la porte qui sépare la Nature des choses divines, en unissant, de la sorte, ces couches du monde (...) ".

    Ainsi que ΓΕχύ masculin, la Pomba-Gira symbolise aussi le chaos et l'ordre, et établit la médiation entre les deux.

    1. La Pomba-Gira et ses congénères dans les autres mythologies : points d'intersection

    Lorsqu'on analyse l'entité Pomba-Gira, on constate que quelques-uns de ses attributs se rapportent à des prérogatives d'entités mythiques issues d'autres mythologies, comme, par exemple, Lilith.

    Lilith est présente dans les " mythologies archaïques " des Hébreux5 (ainsi que suméro-acadienne et gréco-romaine). Le mythe nous apprend que Lilith a été la première épouse d'Adam, formée par Javeh du limon, ainsi qu'Adam lui-même. A cause de cette condition d'égalité, Lilith n'accepte pas d'être dominée par Adam : elle le conteste et, du même coup, elle conteste Javeh. Adam n'accepte pas la désobéissance de Lilith, et celle-ci part vers la mer Rouge. Adam parle à Javeh et lui raconte ce qui s'est passé. Javeh va chercher Lilith et lui ordonne : " La volonté de la femme est celle de son mari. Retourne chez lui. " . Lilith refuse d'y retourner, et désobéit donc à un ordre, ce qui cause sa transformation en démon ; selon cette tradition, c'est dans la mer Rouge que les démons et les esprits méchants habitent. Lilith devient ainsi la Reine du Démon, déclare la guerre à Javeh et, en utilisant son pouvoir de destruction, enlève la paix aux hommes (Sicuteri, 1985 : 35-40).

    La Pomba-Gira est aussi considérée comme la femme du Démon (plus précisément, du Diable chrétien). Voyons un " point chanté " :

    Na familia da Pomba-Gira

    Des affaires de la famille de Pomba-Gira

    So se mete quem puder

    Ne se mêlent que ceux qui sont forts

    Ela e Maria Padilha

    Elle et Maria Padilha

    Sâo mulher de Lucifer.

    Sont femmes de Lucifer.

    (Meyer, 1993 : 71)

    Si, d'un côté, surgit Lilith associée au Démon parce qu'elle à quitté Adam, en désobéissant à la volonté de Dieu, si, d'un autre côté, l'association de la Pomba-Gira avec le Démon se fait à travers le syncrétisme effectué avec le catholicisme, puisque Exu a été associé au diable biblique, et que la Pomba- Gira est un Exu - voilà le premier point d'intersection entre les deux personnages mythiques -. Le fait que les deux soient liés à la sexualité constitue un autre aspect commun :

    " Lilith est couverte de sang et de salive, des symboles du désir ; le moment de la création de la femme est aussi le moment de la création du démon. Ce démon est aussi une femme: Celle qui a troublé, pendant toute la nuit, le sommeil d'Adam. Disent les écritures : il était vraiment troublé, et le rêve erotique émerge de l'inconscient, il présente à Adam toute la puissance de l'énergie vitale. C'est Lilith qui produit le rêve " (Sicuteri, op. cit. 32).

    Si Lilith se rebelle contre l'ordre établi par Javeh, la Pomba-Gira se rapporte directement au désordre : elle aussi possède une personnalité subversive quant aux normes d'une morale préétablie, elle " se rebelle contre les modèles et les normes conventionnels " (Meyer, 1993 : 99).

    On peut établir une autre relation entre Lilith et la Pomba-Gira : toutes deux agissent pendant la nuit. " II y a une étymologie hébraïque selon laquelle le nom de la biblique Lilith dériverait de " Layl " ou encore de " Laylah ", c'est-à-dire " nuit " dans le sens d'esprit de la nuit (...) Lilith serait donc un vrai démon nocturne qui excite la volupté " (Sicuteri, op. cit. : 41). Dans les traditions égyptiennes et grecques, Lilith est associée à la lune noire, c'est-à- dire à la nouvelle lune, à la lune en tant que " démon de l'obscurité ". Quant à la Pomba-Gira, la littérature de l'Umbanda l'associe souvent à la nuit; les deux " points chantés " qui suivent le montrent :

    Que bêla noite

    Quelle belle nuit

    Que belo luar

    Quel beau clair de lune

    Exu Pomba-Gira

    Exu Pomba-Gira

    Vem trabalhar.

    Vient travailler

    (Ribeiro, a : 56)

     

    Ai Pomba-Gira Eh,

    Pomba-Gira

    Cadê sua saia rodada ?

    Où est ta jupe à volants ?

    Cadê sua saia linda ?

    Où est ta belle jupe ?

    Rainha da Encruzilhada

    Reine du Carrefour

    Pois ela trabalha

    Car elle travaille

    Da hora grande

    De minuit

    Até madrugada.

    Jusqu'à l'aube.

    (Molina, op. cit. : 97-8)

     

    " Pomba-Gira s'occupe de toutes les affaires, surtout les amoureuses, celles qui concernent des femmes qui sont désavantagées ; elle est capable de réaliser tout genre d'union ; c'est une de ses prédilections, elle agit dans ces cas avec acharnement, et finit toujours par atteindre son but, ce but si attendu par ceux qui la cherchent et la révèrent. " (Molina, op. cit. : 11).

    1. Pomba-Gira et la signification de ses fonctions tricksters dans l'actualité

    Nous pouvons conclure que, dans l'Umbanda, la Pomba-Gira réalise plusieurs fonctions exercées par les tricksters des mythologies des peuples simples, des fonctions que nous appelons " archaïques ", puisqu'elles représentent un schéma de rééquilibre (entre l'homme et la Nature, et parmi les membres de la communauté humaine) typique de l'univers symbolique de toute l'humanité pendant les périodes de pré-domestication.

    On peut dire que, dans une société urbaine, industrielle et capitaliste, d'où la Nature se trouve très éloignée, désacralisée et dominée par la technique, les tensions sont ressenties beaucoup plus intensément dans les relations " internes " à la communauté humaine (les relations entre les êtres humains, au lieu des relations homme-Nature, que nous pourrions appeler " extérieures ", à titre de simplification).

    Dans une société dans laquelle tous les membres n'ont pas les mêmes opportunités, la justice aussi est relative. Dans une société compétitive, la réussite des uns présuppose, la plupart du temps, l'échec des autres. Le déséquilibre est structurel : ceux qui sont au-dessous montent, et ceux qui sont au-dessus descendent.

    (…)

    " Bien que l'amoralité soit un trait essentiel de leurs agents magiciens (les Exus et les Pombas-Giras, par excellence), leur efficacité - qui en principe n'a pas de limites - tend à être contenue par une conception spécifique de justice. Il ne s'agit pas du tout, bien sûr, de la moralité chrétienne en vigueur dans l'univers traditionnel de notre société, passive et conformiste. Il s'agit d'une moralité basée sur le sentiment de justice particulière à ceux qui vivent dans un milieu compétitif et conflictuel, dépourvus de ressources matérielles efficaces, qui puissent leur permettre d'affronter la lutte quotidienne pour la vie et de surmonter les problèmes qu'elle suscite (...) La justice pratiquée dans le cadre restreint des parties en litige n'a pas de répercussion sociale importante (...) ; c'est une éthique pragmatique qui n'oppose pas des valeurs abstraites et idéalisées aux relations concrètes qui sont restreintes : elle les reconnaît et les accepte telles quelles sont. " (Negrâo, op. cit. : 372).

    Par rapport aux fonctions de la Pomba-Gira, il faut souligner spécifiquement celle de rééquilibre des relations du genre dont elle se charge. Dans notre société, régie par des modèles de comportement stéréotypés, où la femme doit être chaste et l'homme " macho ", la Pomba-Gira joue un rôle libérateur par rapport aux femmes qui fument, qui sont lascives, qui disent des gros mots, et aussi par rapport aux homosexuels, qui peuvent montrer leur sexualité sans crainte de se le faire reprocher. Aussi, la Pomba-Gira, dans l'univers de l'Umbanda, est-elle l'entité féminine créatrice du " chaos et du désordre ", car c'est elle qui libère les pulsions sexuelles, et qui symbolise la négation de l'ordre social.

    Mais pouvons-nous conclure que, chez les entités telles que la Pomba- Gira, les fonctions de rééquilibre entre l'homme et la Nature sont vraiment absentes ? Ne lui attribue-t-on pas la capacité de donner la fécondité à la femme, de guérir l'impuissance de l'homme ou, au contraire, de la provoquer ? N'est-ce pas elle qui protège les homosexuels, qui maintiennent des relations sexuelles évidemment stériles ? N'est-ce pas elle, aussi, la protectrice des prostituées, qui évitent la conception et qui se font parfois avorter ? On pourrait peut-être voir, dans cette protection, le dernier réflexe d'une morale archaïque, contraignant à une augmentation démesurée de l'espèce humaine. L'histoire de la morale humaine ne suit pas une ligne droite : la vie humaine dépend fondamentalement des ressources naturelles, et dans la planète Terre celles-ci ne sont pas inépuisables, bien que des milliers de générations d'éleveurs de bétail et d'agriculteurs les aient conçues comme telles, et malgré les techniques modernes qui les conçoivent encore de la même manière. Le souci de la croissance démesurée de la population se fait à nouveau actuel et pertinent, ce qui a provoqué une réaction, surtout de la part de l'église catholique, qui semble toujours suivre la maxime biblique : " croissez et multipliez ".

     

    Pombagira II.jpg

    Pomba-Gira II, 2018

     

     

     

    Pomba-Gira I et II

    format A4

    encre noire et gouache rouge

    visibles à la boutique Fourmillard à Cahors