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« Le galet de Makapansgat n’est pas un artefact mais un caillou de jaspe rouge sculpté par la nature de manière totalement aléatoire. Il a été retrouvé très loin de son endroit d’origine géologique, près des restes d’un australopithèque datant de 3 millions d’années. L’hypothèse la plus vraisemblable est que cet hominidé l’a gardé avec lui durant une longue période ; sans doute s’est-il reconnu dans ses traits… À travers ce témoignage des premiers pas de la prise de conscience de soi, le galet de Makapansgat constitue à ce jour le plus ancien objet symbolique et donc le plus vieux témoin d’humanité. »
in Otto – L’Homme réécrit, Marc-Antoine Mathieu, note de fin d’ouvrage
Le 30 novembre 1974, des anthropologues découvrent 52 restes d'un squelette vieux de 3 millions d'années au nord-est de l'Éthiopie, dans la vallée de l'Awash, non loin de Djibouti.
Il s'agit d'une jeune femme de 1 mètre 10, avec une forte mâchoire et une capacité crânienne faible (moins de 500 cm3).
Lucy a bouleversé nos connaissances sur les origines de notre espèce. À ce titre, elle a droit à notre reconnaissance même si elle ne détient plus la palme de l'ancienneté en matière d'humanité.
En octobre 2000, des anthropologues ont en effet découvert au Kenya une mâchoire et quelques os d'un bipède dans des terrains remontant à... six millions d'années.
L'Australopithèque auquel ont appartenu ces ossements est ainsi deux fois plus vieux que Lucy.
Il a été baptisé du nom d'Orrorin («homme originel» en langue locale).
« Regardez ce point. C’est ici. C’est notre foyer. C’est nous. Dessus se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez jamais entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. La somme de nos joies et de nos souffrances. Des milliers de religions, d’idéologies et de doctrines économiques remplies de certitudes. Tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations. Tous les rois et paysans, tous les jeunes couples d’amoureux, tous les pères, mères, enfants remplis d’espoir, inventeurs et explorateurs. Tous les moralisateurs, tous les politiciens corrompus, toutes les “superstars”, tous les “guides suprêmes”, tous les saints et pécheurs de l’histoire de notre espèce ont vécu ici… Sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil.
La Terre est une scène minuscule dans l’immense arène cosmique. Songez aux rivières de sang déversées par tous ces généraux et empereurs afin que, nimbés de triomphe et de gloire, ils puissent devenir les maîtres temporaires d’une fraction… d’un point. Songez aux cruautés sans fin infligées par les habitants d’un recoin de ce pixel aux habitants à peine différents d’un autre recoin. Comme ils peinent à s’entendre, comme ils sont prompts à s’entretuer, comme leurs haines sont ferventes. Nos postures, notre soi-disant importance, l’illusion que nous avons quelque position privilégiée dans l’univers, sont mises en perspective par ce point de lumière pâle.
Notre planète est une poussière isolée, enveloppée dans la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien ne laisse présager qu’une aide viendra d’ailleurs, pour nous sauver de nous-mêmes. La Terre est jusqu’à présent le seul monde connu à abriter la vie. Il n’y a nulle part ailleurs, au moins dans un futur proche, vers où notre espèce pourrait migrer. Visiter, oui. S’installer, pas encore. Que vous le vouliez ou non, pour le moment, c’est sur Terre que nous nous trouvons.
On dit que l’astronomie incite à l’humilité et forge le caractère. Il n’y a peut-être pas de meilleure démonstration de la vanité humaine que cette lointaine image. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue. »
Carl Sagan, Pale Blue Dot, 1994. Texte inspiré par la photo ci-dessus prise le 14 février 1990 par la sonde Voyager 1, alors qu’elle se trouvait à plus de 6 milliards de kilomètres de la Terre, au-delà de l’orbite de Neptune.