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MON CINÉMA - Page 18

  • Pénélope Corps - inspiré d'Au bord du monde

    Un texte qui m'a cueilli ce matin, un texte de Pénélope Corps qui figure au sommaire du dernier numéro de la revue Nouveaux Délits, je le partage et point, rien à rajouter si ce n'est : lisez !
     

     

    "M'sieurs dames, bonjour, je m'excuse de vous importuner comme on dit, je m'appelle Wenceslas, j'ai 41 ans et si je suis dans le métro c'est que j'ai perdu mon travail et que je dors dehors. Ça devient pas facile de manger c'est vrai, mais je viens pas vraiment pour faire la manche. Je sais pas lancer des appels au secours. Je viens côtoyer des gens juste. Croiser des visages. Si c'est pas légal, dites-moi. Je veux pas déranger. Et puis ça me fait plaisir de parler avec vous. Là je me sens pas très bien, comme dans une grande bassine d'eau qui m' attire vers le fond. Un poisson ferré. Mais je souris. Je veux pas arrêter de sourire. Ça veut dire quelque chose. Ça veut dire que le navire a pas encore complètement sombré. Je dis ça parce que j'étais dans la marine quand j'étais jeune. J'étais élégant. Une certaine classe. Là je me sens pas très bien. J'ai peur. Une grande bassine. Et puis faut pas trop que je reste dans la même position. A cause de mon épilepsie. Mes crises. Ca me prend des fois. Et j'ai mal.
    Je sais pas vraiment pourquoi je suis là. Personne ne sait. Y a pas de réponse. Plutôt des non-réponses. Une absence. C'est ce que je ressens. C' est ça le pire, tu peux tout perdre en fait. Les trucs matériels et puis aussi les photos de tes enfants. Ce qui revient à perdre tes enfants. Et puis tes cheveux. Tes dents. Et y a pas de réponse.
    Qu'est-ce que je faisais avant d'être là? J' étais chez moi avec ma famille. Je vivais là. Normal. Repas de Noël. Réveillon. Tout ça quoi. En général le 31 à minuit tout le monde crie dans les rues. Les gens sont contents. Mais moi maintenant à minuit c' est plié. Et à minuit deux ben je suis toujours dans la même merde. Voilà.
    Je viens pas vous réclamer d' argent.C'est juste que j'ai passé une sale nuit. Des gamins m' ont foutu des coups de pied. Je crois qu'ils étaient ivres ou juste pas bien élevés. J'ai encore la faculté de voir arriver les gens. J'arrive encore à me méfier si c'est nécessaire. Exterminer le clochard qu'ils disaient. Il sert plus à rien le pauvre vieux. Parce qu'il faut servir à quelque chose tu comprends. A quelqu'un. Pas juste être. Servir. Mais je souris. Je veux pas arrêter de sourire. Ça veut dire que le bateau tient encore un peu le cap.
    Des fois je vais près du canal. Juste pour voir les canards.Quand j étais petit je pêchais la nuit avec mon tonton. Ensuite on dormait à la belle. Mais là c' est une autre sorte de sommeil. Tout s éteint. Tout se rallume. Tu rêves pas. T'es juste un fantôme dans l' ombre. Y a des matins je suis prêt à 4h37. Je pars à la recherche de bouffe. D'objets. De bouquins. De trucs pour tenir. Mais y a rien de palpable qui soit source de bonheur. Le bonheur c' est regarder les animaux. Capter leurs émotions. La technologie peut pas faire le taf.
    Je viens pas vraiment vous demander de l'argent. Paraît qu'on peut pas : faire la manche c est pas bien, dormir sous les ponts c' est pas bien, voler c' est pas bien, du travail j' en ai pas...bon. Je sais pas trop quoi faire du coup.
    Des regrets? Non, je peux pas dire que j' en ai. Juste quelques trous. Quelques douleurs. Le corps tire pour que j'abdique. Et c'est pas vrai que les gens deviennent fous dans la rue. Simplement ils disparaissent.
    Faudrait juste, je sais pas moi, que l' humanité redevienne forte, solide, simple, qu' elle retrouve sa voie. Je suis pas philosophe. Je suis un clodo. J' ai les pieds mouillés. J'ai juste envie de parler.
    Je suis venu là, je sais pas trop pourquoi. Pétez-moi les doigts que je sente si j'ai encore un corps. Gueulez moi dessus je sais pas. Appelez-moi par mon prénom. Un truc vivant. Un truc pour de vrai. Peut-être que le navire a pas encore complètement sombré. Je souris. Je veux pas arrêter de sourire. Ça veut dire quelque chose. Le monde fait la gueule mais je me dis que c' est pas une raison pour s'aligner.
    En vous remerciant m'sieurs dames et en vous souhaitant une belle journée."

     

    P.C.

     

    inspiré du doc " Au bord du monde" de Claus Drexel :

     

     

     

     

  • ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau de Jean-Baptiste Pellerin (2013)

     

     

    "Ils ont eu la graisse, ils n’auront pas la peau" dresse le portrait de Raymond Gurême, un homme pour qui j’ai eu un coup de cœur dès notre première rencontre. Ce gitan de 87 ans vit dans un camping-car rempli de ses multiples vies : interné à 15 ans dans les camps avec toute sa famille, plusieurs fois évadé, résistant, père de 15 enfants, il est venu s’installer dans l’Essonne où il vieillit paisiblement, entouré de ses 300 descendants. Conscient de son âge et concerné par la situation actuelle des gens du voyages, Raymond a décidé de faire un livre sur son histoire afin que celle-ci ne se reproduise pas. C’est son éditeur qui m’a demandé de le photographier pour la 4e de couverture de son récit et c’est ainsi qu’il est rentré dans ma vie. À la lecture de son livre "Interdit aux nomades " je me suis demandé comment cet homme qui avait subi tant de cruauté d’humiliations et de privations pouvait dégager autant d'humilité, de gentillesse et d'ouverture à l’autre. J’ai eu envie de le revoir et je lui ai proposé de filmer nos rencontres. Nos tête à têtes dans sa caravane se sont transformés au fil du temps en balades dans son univers, d’une remise de médaille à un baptême.

     

     

    à voir en intégralité ici : https://vimeo.com/80358019

     

     

     

     

     

     

  • Maya Goded - Plaza de la Soledad

     

     

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    assassinée dans un hôtel en 1999, identité inconnue

     

     

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    Le projet Plaza de la Soledad (1998-2001), de Maya Goded a été récompensé par le prix de photojournalisme Eugène Smith : une plongée en images dans l’intimité des prostituées de La Merced, quartier de Mexico marqué par quatre siècles de commerce sexuel. L’occasion pour elle d’aborder tous les thèmes : corps et sexualité, transgression, inégalités, maternité, vieillesse, amour… « L’une d’entre elles avait quatre-vingt ans. Son âge m’a déstabilisée, raconte-t-elle. Au début, j’avais du mal à la prendre en photo car je devais surmonter beaucoup de tabous. Mais je voulais affronter mes propres préjugés pour mieux me comprendre ».

    En 2013, elle retourne voir Carmen et ses consœurs du quartier chaud photographiées il y a vingt-cinq ans. Aujourd’hui âgées de cinquante à quatre-vingt ans, ces femmes deviennent les personnages de son tout premier film documentaire. L’idée : raconter leur histoire avec du son, en leur donnant une voix.

     

     

    le film (2016)

     

     

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  • Requiem NN, un film-documentaire de Juan-Manuel Echavarria (2013)

     

     

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    Le village de Port Berrío est situé au bord du río Magdalena, en Colombie. Pendant plus de trente ans ses habitants ont retrouvé des corps ou des morceaux de corps des victimes de la violence, jetés dans la rivière pour les faire disparaître. Ces cadavres sans identification, connus comme NN (Ningún Nombre, sans nom) étaient destinés à une fosse commune. Cependant, durant des décennies, les habitants de Port Berrío les ont adoptés, en leur donnant des noms, en décorant leurs tombes et en leur portant de l'eau, des offrandes et des fleurs. Selon la croyance, les âmes de ceux qui sont morts ainsi, récompensent les vivants en leur donnant une protection et en leur accordant des faveurs. Certains des adoptants les baptisent même de leurs propres noms et noms de famille. À travers ce rituel collectif, je pense que les habitants de Port Berrío disent à ceux qui perpétuent la violence : "Dans notre communauté nous ne permettons pas que ses victimes disparaissent; nous ne savons pas qui ils sont, mais nous les faisons nôtres"

    Juan Manuel Echavarría, photographe, auteur, réalisateur


     

     

     

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    à propos :


     

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    le film complet :