Jean Louis Bergère - Le sommeil des chevaux
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dans la cuve des constellations
un dangereux morceau d’immensité
œuvre et s’enroule
et tournent les chevaux phosphores
cg in Aujourd'hui est habitable
mais le réel c’était ça, une âme
grandiose à terre précipitée
emmaillotée dans un corps dès le début
qui ne voulait qu’exulter à hauteur
d’étoiles et d’espaces et de vibrations
in l’envol du bœuf
Je dis ange parce que c’est un joli nom, un nom d’oiseau. Ouvrir. Lâcher.
cg in Celle qui manque
J’en appelle à ton silence
pour retrouver ma voix
et les cordes du ring
me renvoient au milieu.
Laisse le cri dans ta gorge
l’instinct dans ta poche révolver
il n’est plus le temps
de la roulette russe et du froid sibérien.
Regarde comme il fait beau ici
sous le néon du jour
au ciel rose de décembre
la neige carbonique
fait de la fourrure d’ange
et des cendres qui craquent.
J’ai replié mes ailes
et la corneille est morte
enfouie dans mon chagrin
tu m’as fait tant de peine
et du bien aussi, il y a longtemps.
Regarde la fleur de ma bouche
elle a le goût des autres
et des baisers d’hier
c’est un poème d’amour
avec du souffre dedans
et du sang sous les ongles
d’avoir griffé la nuit, lacéré les heures
la croute va se faire, je le sais
pour soulager ta chair et ta mémoire.
Regarde ce qu’il reste de nous
dans nos gestes et nos cœurs qui hésitent
on est à se recoudre ensemble
dans un corset de mots.
in La corneille
Je coupe au couteau les coins de ma bouche, je suis tout sourire. Le siècle est un souper qui se trempe, s’arrose, s’asperge, se douche, s’inonde. J’apprends à respirer sous l’eau, à jurer du beau temps, je fais mon âge et je l’entends gémir, chaque mois, de corvée de culotte et de jours enclos. C’est par considération que je meurs.
Je tourne autour des soleils jusqu’à ce que l’un d’eux me rajeunisse.
Alors j’ai la joie et trois ans; pardonnez ma voix borgne, pardonnez l’enthousiasme, les mensonges de rien, le rire aigu, je suis un entrepôt de boue, d’agrumes et de limon où pousse un chapeau de fête.
Laissez la pourriture recouvrir les murs de mes écoles.
Demain j’irai mieux, je dormirai clouée à mes écrans, attachée à mes personnages de série, nous à nouveau, grouillantes de passés simples, pourries d’espérance, flanquées des versions les plus pâles du Christ. Je ressusciterai par balle, par colis, par habitude.
Nous aurons toujours de quoi veiller.