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CATHY GARCIA-CANALES - Page 252

  • Hétaïre jouant de l'aulos - Bas relief trône antique dit de Ludovisi, Rome

    Hétaïre jouant de l'aulos - Bas relief trône antique dit de Ludovisi, Rome.jpg

     

    L’aube originelle se fraye un chemin au travers les ténèbres contractées, elle en émerge enfin, écorchée, écarlate. La pluie se mêle à la lumière. Noces sanguines pour baigner la nouvelle-née. Une flûte insolente marque le début d'une danse. La nuit grouillante de cauchemars est refoulée à l’angle de l’oubli. Les fleurs ont remplacé la boue, c'est la naissance de l'amour !

    cg in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

  • Anne Julien à Paol Keineg 

     

    Eh Paol ! Tu m'entends ? Je parle par dessus l'océan

    dans la langue muette. Paol, je parle sans, je viens de Brest

    je parle la langue des français mais la tienne, je parle avec.

     

    Je viens du quadrillage et de la ruine de guerre avant moi

    je viens d'avant

    et sans les mots de la terre et du vent de nos monts noirs

    je parle à même la terre et le vent Je parle bouche sèche et fougères

    même si je viens de Brest je parle par les ribins, Paol tu m'entends ?

     

    J'aurais voulu ma langue pareille à mon pays, l'écorche sur les cailloux

    le dur et la courbe le noir des corneilles noires du ciel-novembre

    la nuit qui vient couvrir les lumières en feu sur la mer

    et le chien qui court fou sur toutes les plages de Bretagne

     

    J'aurais voulu ma langue pareille aux mousses sur la dune,

    au caché dans le granit et qui s'entend doux

    quand Youenn Gwernig chante, dans sa chemise

     

    Mais j'ai la parole française taillée pour le cristal parole paternelle Paol

    avec l'accent d'ici quand même qui pend à mon cou

    la cloche des vaches quand elles rentrent à l'étable

    les voitures du dimanche soir obligées de laisser passer les vaches

    les vaches qui laissent leur bouse sur le chemin je suis l'enfant de ça

    qui sent le pays sous la langue et sans

     

    je suis l'enfant sans langue qui dit vent et vit an avel pour l'envolée

    et qui ne trouve pas les mots pour dire la pluie et son gris

    cette larme de morve et de crachins dans laquelle on s'aigrit

    qui respire en nous qui sème des gens courbés dans les rues

    pour traverser entres les gouttes mais on en sort mouillés pour sûr

    puisque la pluie d'ici c'est du rideau

    Tu vois Paol il me reste les brujun, les miettes pour les filles des villes

     

    J'ai bien compris, tu sais, que la langue dans laquelle je suis née

    ce n'était pas celle-là pour laquelle j'étais taillée

    alors j'ai fait poète un peu pour me tirer par les oreilles

    mais Paol tu m'entends ? La langue dans laquelle je marche

    les bottes dans la terre et la main sur les talus,

     

    jamais apprise et jamais oubliée

     

    6 novembre 2012 

     

     

    Merci à jlmi et Au hasard des connivences

     

     

     

     

  • Georges Saint Bonnet

     

    Notre civilisation est un cloaque.
    Et nous sommes au fond de ce cloaque comme autant de bêtes immondes en rut d’amour ou d’argent, d’orgueil, d’ambition ou de puissance, comme autant de démons imbéciles acharnés à se violer de l’âme au corps, à se dominer, à se contraindre, à se pressurer, à se dépecer dans une épouvantable sanie de pensées rongeantes, de théories truquées, de fausses sciences, de théologies sans ciel, de doctrines à double fond et de dogmes morts…
    Comment s’évader de cette prison de boue ? Comme rompre nos chaînes, culbuter nos barrières et renverser notre fatalité ?...
    A coups de compromis politiques ou de replâtrages d’idées ? A coup de codicilles d’articles subsidiaires et de clauses résolutoires ?
    Le mal est trop profond.
    Les remèdes extérieurs ont fait faillite. Ils sont comme autant d’emplâtres de papier mâchés sur des cancers à leur dernier degré. Tous les arbres de la forêt humaine sont malades et c’est la sève qu’il faut soigner.
    Mais comment ? Comment ?

     

     

     

  • Jacques Higelin - Alertez les bébés

     

     

     

     

    Les gens épouvantés
    Fuient le mal qui est en eux
    Quand vous en croisez un dans le désert
    Il trouve encore moyen de détourner les yeux
    Car son frère lui fait peur
    Il a honte de son frère
    Alors il se précipite en pleurant
    Dans les bras du premier Colonel Papa venu
    Qui lui jure la guerre
    Qui lui promet torture et prison, oh
    Pour celui qui a fait à son rejeton
    L'affront d'un regard
    L'affront d'un regard d'amour, yeah
    Alertez les bébés!
    Alertez les bébés!
    Moi
    Je veux plonger mon poing
    Dans ta gueule ouverte
    Et te l'enfoncer jusqu'au cœur
    Jusqu'aux tripes
    Et te les arracher
    Et les brandir à la lumière du soleil
    Oh, alertez, alertez
    Alertez les bébés!
    Alertez, alertez
    Alertez les bébés!
    Alertez les bébés!
    J'ai vu un jour
    Cent mille enfants, yeah, yeah
    Serrer dans leur poing
    L'étendard de l'amour révolté, oh yeah
    Le vent dansait dans leurs cheveux
    Et leur voix faisait trembler les murs de Babylone
    Comment veux-tu que l'espoir capitule
    Et qu'on retourne après ca
    Jeter en pâture aux chacals et aux requins
    Ce pur élan de vie, oh, oh
    Jeter en pâture aux chacals et aux requins
    Ce pur élan de vie
    Ce cri de rage
    Oh, alertez les bébés!
    Alertez les bébés!
    Alertez, alertez, alertez les bébés!
    Les rapaces de la mort
    Se sont châtré les ailes
    Et ils traquent leurs petits
    Dans les corridors des cités grises
    Des sacs de mensonges
    Et des matraques à la main
    Ils font la chasse à l'identité
    Eux qui ont égaré la leur
    Dans les basses-fosses de paperasses, oh!
    Eux qui ont égaré la leur
    Dans leurs entrailles repues de viande assassinée
    Oh, oh, oh, alertez les bébés!
    Oh, alertez, oh, oh, les bébés, yeah
    Alertez, alertez les bébés
    Mais les rapaces de la mort se retournaient déjà
    Ivres de massacres
    Que nous avions pris le temps
    D'alerter les bébés
    Et de construire avec les bébés
    Un mur de lumière
    Qui fusille de clarté
    Les yeux clos des morts-vivants
    Des morts-vivants
    Les yeux clos des morts-vivants, morts-vivants
    Morts-vivants, morts-vivants
    Morts-vivants, vivants, vivants, vivants, vivants
    Oh, vivants, vivants, vivants
    Alertez, alertez les bébés!
    Les bébés!
    Alertez, alertez
    Alertez, alertez les bébés, yeah!