Bill Gingles
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Voilà que j'entends un chien aboyer en croyant que c'est quelqu'un qui m'appelle dans un haut-parleur! En face de moi, des arbres géants dressent leurs silhouettes d'encre sur le gris bleuté du ciel. Crépuscule d'hiver... Oppression.
cg in Journal 1997
Sous les cimes, l’horizon brûle sa partition
encore verte de feuilles lentes.
Il y a des pages bruyantes d’oiseaux dans l’air grenat,
Et des fruits immobiles sous le ciel presque mauve
in Dehors s’enlise dans nos plaies
Seuil, coll. Cadre noir, 1er février 2018
224 pages, 18 €.
Hans a neuf ans, il a grandi avec sa mère, Teresa et celui qu’il pensait être son père, Stan, bien qu’il aurait préféré que ce soit Jean-Loïc, son père, le compagnon de Léa. Ils ont tous vécu ensemble, dans une région de vastes plaines qui pourrait être la Beauce, sans relief, sans forêt, à huit en colocation plus ou moins joyeuse, adultes, enfants, animaux, potager. «Avant que Stan, le faux père de Hans se fasse la malle en douce avec Léa, et que Jean-Loïc (…), quitte la colocation dix jours plus tard pour aller se jeter d’un des plus hauts viaducs de France. »
Alors Teresa a pensé que c’était le moment de parler à Hans de son vrai père et de l’emmener le voir, dans la forêt, là où il vivait, retiré du monde. Une adresse et une photo avait permis de situer le lieu sur google map : Layenne. Étang des Froids. Un campement avec une yourte au bord de l’étang. Une adresse d’où Alex avait envoyé des lettres auxquelles Teresa n’avait jamais répondu
Alex ne sait pas qu’il a un fils, quand il est parti, Teresa ignorait encore qu’elle était enceinte et elle lui en voulait d’avoir choisi entre elle et la nature, entre elle et son combat pour la nature.
« Il est parti où
Quand Teresa et Hans parvienne après une longue route en 4l blanche au campement, la végétation a poussé tout autour de la yourte et il semblerait que personne ne soit venu depuis un moment, mais Hans refuse de partir et c’est avec une détermination sans faille qu’il compte attendre son père.
Dans une ambiance où s’entremêle habilement le calme des lieux et une angoisse diffuse, Scalp est une sorte de roman initiatique, une ode à la fois sombre et lumineuse à la nature et à l’enfance, celle de Hans et celle de l’homme, au lien originel qui les unit étroitement, lui et la forêt. L’histoire en elle-même est très simple, elle se déroule sur quelques jours et quelques nuits et plus la tension monte et plus chacun se rapproche de sa part sauvage, instinctive, le fils, la mère et les hommes du coin.
La toile de fond sociale et politique évoque ce profond fossé, pour ne pas dire un gouffre, entre ruraux de souche et néo-ruraux, entre l’entre-soi des usagers-propriétaires de la nature et les militants écologistes, entre les cow-boys et les Indiens….
Il est question ici de sauvagerie, mais de différentes sortes de sauvagerie.
Scalp est un roman noir et envoûtant, original, difficile à décrire car il a quelque chose de vraiment très viscéral, l’auteur fait corps avec cet enfant de neuf ans qui retrouve au contact de la forêt quelque chose de profondément enfoui en lui et que pour rien au monde il ne veut lâcher. C’est un roman bouleversant aussi qui touche à notre essence même, à notre humanité ou notre absence d’humanité.
Cathy Garcia
Cyril Herry est né en 1970 à Limoges et vit à La Croisille-sur-Briance, en Haute-Vienne. Il découvre la photographie aux arts décoratifs de Limoges et continue de la pratiquer, en particulier quand il découvre des lieux abandonnés. Son premier roman, Lille aux mortes, est publié en 2008. Il a dirigé les éditions Écorce depuis 2009, puis est devenu directeur de la collection "Territori" au sein de La manufacture de livres. Découvreur de talent comme entre autres Séverine Chevalier, Franck Bouysse, ou encore Patrick K. Dewdney, Laurence Biberfield et Éric Maneval.
Des vibrations me parcourent l’échine la rendent frémissante
finissent à mes dents pulsantes de sang
in Hazard Zone #4
L’alcool me flambe toujours au crépuscule
pour saluer les jours brûlés à l’ennui.
Je ne suis pas si fragile
in Des abribus pour l’exode
Les saisons sous les ponts
Tissent des vents bleus
Ensablent les mémoires
Dessèchent les instants
Soie coton et brindilles
cg in Mystica perdita, 2009