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CATHY GARCIA-CANALES - Page 572

  • Le cadeau du jour : "Qui aime quand je t'aime ?"

     

    25498015_10212539871866015_3239911257313389566_n.jpgAujourd'hui s'est présenté à moi via les souvent heureux "hasards" (en ce qui me concerne) de ce nouveau genre de relations sociales, les virtuelles, pas plus dénuées d'intérêt que les autres et qui offrent d'innombrables occasions de découvrir et d'apprendre.

    Cette page, après quelques recherches, s'avère être une page d'un livre de Jean-Yves Leloup et Catherine Bensaïd : "Qui aime quand je t'aime" et je suis tombée sur l'article d'un québécois nommé Jean Gagliardi qui en parle (voir lien à la fin). Et c'est tellement ça ! Alors je partage :

     

    "Dans l’introduction de We, Robert A. Johnson signale qu’il y a 96 noms différents pour l’amour en sanscrit, alors qu’il n’y en a qu’un en français, deux en anglais et en espagnol. Or plus on connait quelque chose, plus on a de vocabulaire pour le décrire dans toutes ses nuances. Il rapporte ainsi que les premiers explorateurs qui ont rencontré des Innus ont été fort surpris de constater que ces derniers avaient une centaine de noms différents pour désigner la neige. Il y a pour les Innus la neige du matin, la première neige qui ne tient pas, la neige collante qui tombe à gros flocons, etc. De même, il y a toute une gradation de l’amour qui va de l’amour du chocolat à l’Amour divin. La seule langue connue où il y aurait autant de vocabulaire qu’en sanscrit pour parler de l’amour est l’arabe. Il y a là sans doute trop de nuances pour que nous puissions en saisir toutes les subtilités et il nous faudrait entrer dans des considérations mystiques car l’amour, dans ses hauteurs, perd toute dimension personnelle et devient un nom de Dieu. Cependant, le grec nous offre déjà un éclairage significatif de cette diversité de l’amour en nous proposant une dizaine de noms pour l’appréhender. C’est ce que détaille Jean-Yves Leloup dans le livre Qui aime quand je t’aime qu’il a cosigné avec Catherine Bensaïd, où il présente une échelle de l’amour qui va de porneia à agapè en passant par philea et eros :

    Porneia est l’amour faim, le plus primaire pourrait-on dire, qui porte à littéralement « manger l’autre » : c’est la faim du bébé pour le sein de sa mère. L’autre est là un objet de consommation qui satisfait un manque, un appétit. « L’autre n’est pas différencié, il n’est là que pour répondre à mes besoins, qu’ils soient nourriciers, sexuels ou affectifs ». Mais il n’est là, nous dit Leloup, rien à refouler : il y a toujours de l’enfant en nous et il s’agit de le rendre conscient. Le défi que nous pose porneia est de passer de consommer à communier.

    Pothos, pathè, mania sont autant de variations de ce que l’on appelle la passion amoureuse, où les anciens voyaient la source de tous les maux. On a ici la racine étymologique de mots comme « pathétique », « pathologique », « manie » et « maniaque », qui pointent le caractère obsessionnel de l’amour à ce stade qui prolonge porneia en ajoutant à la dimension pulsionnelle un caractère émotif. Il dit alors : « je t’ai dans la peau, tu es tout pour moi et je veux être tout pour toi. » Leloup souligne que ce qui se cache dans cette forme d’amour tient de la demande de reconnaissance, de la confirmation du droit d’exister.

    Eros est un dieu, volontiers représenté comme un sexe représenté avec des ailes pour signifier un amour qui se dégage de la pulsion (porneia) et de la demande affective (Pothos, pathè, mania) pour s’envoler vers la divinité de l’amour. Eros nous introduit dans le domaine du désir et de la célébration de la beauté, que ce soit celle des corps mais aussi des âmes. Nous réduisons volontiers en Occident à tort l’érotique au sexe alors qu’il s’agit plutôt du dévoilement de ce qui est derrière l’attirance sexuelle elle-même. Avec eros, il y a un élan visant à élever l’amour jusqu’à agape et l’on voit se dessiner le sens de cette progression que figure l’échelle de l’amour : « chacun de ses barreaux n’a pas d’autre fonction que de conduire à l’échelon supérieur, on n’est guéri d’un amour que par un plus grand amour ».

    Philia est l’amour que nous traduisons désormais par le terme « amitié », dans lequel on peut entendre dans la langue des oiseaux la reconnaissance de deux êtres comme des âmes-moitiés. Les Grecs distinguaient quatre formes différentes à l’amitié : celle qui prévaut dans la famille, l’hospitalité envers l’étranger, l’amitié des amis et l’amitié amoureuse, qui est rare car l’équilibre est rare entre l’attachement amoureux et le respect de la liberté que présuppose une véritable amitié. Philia nous invite à nous montrer dans notre vulnérabilité car il repose sur la confiance mais il n’est pas encore agapè car on attend encore de l’ami qu’il nous comprenne, ou du moins qu’il nous accepte dans notre différence, et l’on y noue une forme de complicité.

    Storgè et harmonia commencent à dégager l’amour de la relation à l’autre pour en faire une qualité intrinsèque à la personne : storgè est l’amour tendresse et harmonia la célébration du fait d’aimer en lui-même, sans que cet amour soit nécessairement payé de retour. Il s’agit d’un état de conscience qui va avec la recherche d’une vie d’harmonie, et « un rayonnement de l’être profond de la personne, qui se manifeste comme une tendresse infinie à l’égard de tous les êtres. » Sexualité et affectivité ne sont pas exclues de cette dimension de l’amour mais sont replacées dans une perspective plus vaste, moins égocentrée. « Lorsque deux êtres aimants dans le sens de storgè s’unissent, c’est l’harmonie même du ciel et de la terre qu’ils rétablissent. »

    Eunoia est l’amour qui s’incarne dans le donc et le service. « Avec eunoia, nous ne sommes plus du côté de la soif, mais du côté de la source » : les autres « ne sont plus là pour combler nos manques, ils sont là pour que nous les aimions tels qu’ils sont et quelles que soient les circonstances ».

    Charis, qui a donné notre « charité » en en pervertissant le sens pour le réduire à l’aumône, est la joie de donner, et de se donner. Tout est donné gratuitement. « C’est ce qu’on appelle parfois « l’état de grâce ». Tout est simple, l’amour coule de source, il se nourrit même des obstacles et des oppositions qu’il rencontre. »

    « Agapè est l’Amour qui fait tourner la terre, le cœur humain et les autres étoiles ». C’est cet amour que les chrétiens nomment Dieu, le seul dieu qui ne puisse être une idole car on ne le possède qu’en étant possédé par lui, qu’en le donnant et en le vivant. « Cet amour est un Autre en nous, une autre conscience, un tout autre amour que tous ceux que nous avons connus précédemment et qu’on ne peut comparer à rien. (…) Cet amour ne détruit rien, ni l’enfant en nous avec ses besoins, ni l’adolescent avec ses demandes, ni l’adulte avec ses désirs, mais il nous rend libre de toutes les formes d’amour que nous avions pris pour l’Amour. »

    Plutôt qu’une échelle impliquant toujours une notion d’ascension qui laisse la terre derrière nous pour s’en aller au ciel, on peut se représenter aussi l’amour comme un arc-en-ciel déployant toutes les couleurs implicites dans la blancheur de la lumière. Mais le point important que cette étude met en évidence, c’est que les degrés supérieurs de l’amour s’appuient sur les précédents et en impliquent le vécu, l’intégration consciente. Il n’est pas possible d’accéder à l’Amour divin sans passer par l’amour humain, à l’amour universel sans incarner celui-ci dans l’amour personnel, à moins de perdre toute la richesse du spectre des couleurs de l’arc-en-ciel. Il ressort cependant de ces réflexions que la passion amoureuse peut être envisagée comme une voie spirituelle de connaissance de soi et du Divin pour peu que l’on soit prêt à y introduire de la conscience, à travailler la relation pour en retirer les projections. C’est une voie que l’on peut qualifier d’humide et de féminine car entièrement centrée sur la relation consciente, à la différence de la voie sèche et masculine qui se fonde sur la volonté et l’ascèse, pour laquelle l’amour humain doit être écarté au profit de la recherche d’un amour transcendant. "

    Jean Gagliardi

    http://voiedureve.blogspot.fr/…/le-nom-du-jeu-est-amour.html

     

     

  • Jean Bédard

     

    Le pouvoir n’a de pouvoir que sur ce qui n’est plus vivant,

    ce qui ne résiste plus,ne pense plus et ne se transforme plus.

     

    in Marguerite de Porète

     

     

     

  • Étienne de La Boétie

     

    La nature de l'homme est d'être libre et de vouloir l'être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l'éducation le lui donne [...] Ainsi, la première raison de la servitude volontaire, c'est l'habitude. Ils disent qu'ils ont toujours été sujets, que leurs pères ont vécu ainsi. Ils pensent qu'ils sont tenus d'endurer le mal, s'en persuadent par des exemples et consolident eux-mêmes, par la durée, la possession de ceux qui les tyrannisent.

     

    in Discours de la servitude volontaire (1549)

     

     

     

  • Jean Bédard

     

    Ils ont peur de la vie, ce qu’ils aiment, c’est la mort, pas la vraie mort,  mais la mort telle qu’ils l’imaginent, je veux dire la rigidité des pierres. C’est ça, leur amour de la mort : un attachement renfrogné à des modèles immuables.

    in Marguerite de Porète

     

     

     

  • Les tondues de Perrine Le Querrec, dessins Jacques Cauda

     

    Lestondues10novembre-1-224x320.jpgpar Jean Azarel

    La quatrième de couverture donne le « la » époumoné de ces « Tondues » à qui l’écrivaine Perrine Le Querrec lègue ses mots et le peintre Jacques Cauda son crayon à dessin.
    « N’a-t-on jamais demandé aux hommes s’ils avaient couché avec une allemande, les a-ton transbahutés sur des charrettes à travers villes et villages sous les huées ? A-t-on jugé leur sexualité, a-ton jugé leur chair, leur pénis, leur cœur ? »
    Ceux qui se targuaient de clamer hier « Je suis Charlie », auront-ils le cran (sic) de clamer aujourd’hui « Je suis tondu(es) » ? A défaut de tignasse, je n’en mettrais pas ma main à couper, mais qu’importe…
    En un peu plus de trente pages courageuses (merci aussi à l’éditeur Z4), un épisode sinistre de l’histoire de France passe la mémoire enfouie à la Marie-Rose pour rendre moins lisse le crâne du souvenir.
    En même temps que tombent les chevelures tombent les masques des maîtres de l’exemplarité et rebondit le destin des femmes à travers les siècles. Le duo Le Querrec / Cauda scalpe au sécateur le non dit intemporel des outrages faits au « sexe faible ». Quand l’une écrit avec le vif de ses entrailles, l’autre fomente ses noirs dessins. Perrine s’exprime en urgentiste, Jacques décolore le trait. A chacun, chacune, sa partition dans un témoignage essentiel : donner à entendre pour effacer le silence de la langue, donner à voir pour gommer le silence des yeux.
    « Le silence des femmes. Ce silence de la peur de la honte un silence séculaire la langue mordue la tête tondue. Silence reste à ta place attends mon retour attends ton tour sur la ligne brisée de ton départ sans espoir d’arrivée. Et les cheveux tombent et les femmes tombent et la raison tombe et l’humanité tombe et je tombe le corps attaqué au sommet ».
    A l’heure où les extrémismes de tout poil font sortir du bois la bête du totalitarisme, Perrine Le Querrec et Jacques Cauda nous appellent à bien plus que la vigilance, ils crient la rage de résister et le refus du laisser-faire. Leur crédo universel renvoie dos à dos le dévoiement des religions alibis de l’horreur, le diktat sexuel, le plaisir trouble du bourreau face à sa victime, l’oppression originelle du fort sur la faible.
    « L’ennemi est désigné c’est l’ennemie, la femme c’est l’ennemie la faute le trouble l’incendie les bombes la menace. La chevelure c’est l’ennemie. Baudelaire. La poésie. La liberté. La sensualité. L’être profond. Les violences varient. Les violences spécifiques
    A coups de ciseaux à coups de fouet à coups de pierre à coups d’acide à coups de rasoir à coups d’insultes à coups de verges. »
    Loin des philosophes bénis oui-oui habiles à couper en quatre les cheveux de la réalité pour légitimer le déni, à contre courant des castes revanchardes pseudo-féministes, ce livre va au-delà de la demande d’égalité des sexes. Il est un vibrant plaidoyer pour le respect du « moi » de la femme, son essence et son intégrité, dusse-t-il en coûter aux hommes le partage du pouvoir qui va avec, et le vertige de la peur qui change de camp. « Nous sommes métisses / Nous sommes l’épouvante et la puissance / L’utopie et la faille / L’inégalité flagrante vivante souffrante vibrante rayonnante / Nous sommes une bouche le langage – des seins un cœur- des bras l’étreinte – des cuisses la force – des yeux la perception – deux cerveaux l’intelligence – un sexe la vie / Une chevelure / Une femme. »

    « Les Tondues » Z4 Éditions. 12 euros.

    Publié le 11 novembre 2017 – 38 Pages – Couverture souple en dos carré collé – Impression intérieure Noir & blanc- 15,24 cm x 22,86 cm  http://z4editions.fr/publication/les-tondues/

     

     

  • Rad Drew

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    Un long hiver

     

    au départ ce fut le printemps

    qu'ils prenaient pour l’éternité

    puis ce fut l’amertume

    les rêves assoiffés

    puis les coups

    puis les plaies

    elles ont pourries

    c’était foutu

    mais quelque chose s’est détaché

    et à continuer à regarder

    ce qu’ils pensaient être important

    est tombé,  s’est décomposé

    comme l’enveloppe qui entoure la graine

    on ne voit rien sur la terre nue et froide

    mais quelque chose en eux est resté là

    à regarder.

     

     

    cg in Le baume, le pire et la quintessence

     

     

     

  • Trésor de pommes fatiguées

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    (Photo avant cuisson)

     

    Cuisiner chez moi, c'est être à l'écoute des aliments, je n'ai pas le problème de "qu'est-ce que je vais faire à manger aujourd'hui ?", c'est eux qui me disent et il n'y a jamais aucun gaspillage. Aujourd'hui quelques pommes fatiguées, improvisation ! ça fera un dessert/petit déj.... Des pommes fatiguées donc, un fond de coulis de framboise (cadeau), un peu de crème de marron (cadeau) de la poudre d'amande, un reste de pain d'épice (cadeau), un peu de beurre, un peu d'eau de source. J'ai beurré le plat, puis déposé les pommes évidées, pelées parce que vieilles pommes pas jolies extérieurement (mais délicieuses à l'intérieur), mis dans chaque trou un petit morceau de beurre, du coulis de framboise, de la poudre d'amande, un petite noisette de crème de marron. J'ai émietté le reste de pain d'épices-dattes-noix-gingembre, rincé le pot de coulis avec un peu d'eau que j'ai versé délicatement dans le fond en humidifiant le pain d'épice et au four. Et puis cuisiner, ça repose la tête après des heures de travail intello !