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  • Je suis un zèbre – Le témoignage bouleversant d’une ado surdouée – Tiana

     

    Petite Biblio Payot édition poche 2018

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    188 pages, 7,50 €.

     

     

    Un témoignage à la fois très personnel, mais très important aussi sur un sujet que l’on connaît peu ou surtout très mal. En effet, si le terme zèbre reste encore peu connu, tout le monde a une idée plus ou moins claire et surtout très préconçue, de ce que peut et doit être un surdoué. Alors pourquoi zèbre ?

     

    Parce que de ces enfants, ados, adultes dits surdoués, pas deux ne se ressemblent, par contre une bonne partie d’entre eux non seulement peuvent être en échec dans leur vie ou leur scolarité, mais plus encore, peuvent être enfermés dans des problématiques graves qui leur interdit toute vie normale et pouvant les conduire jusqu’au suicide. Nous sommes donc loin de cette image d’Épinal du brillant génie qui ne peut que tout réussir, plus et mieux que tout le monde et être la fierté de ses parents et professeurs.

     

    C’est pour cela qu’un témoignage tel que celui de cette toute jeune Tiana est capital.

     

    « C’est quoi un surdoué ? C’est quelqu’un dont le cerveau pense différemment » — ce qui commence à être prouvé maintenant scientifiquement : il s’agit, effectivement et véritablement, d’un fonctionnement cognitif différent. « Pas plus intelligent. Pas plus doué. Différent. Très sensible. Trop, même. »

     

    Surdoués, HPI (haut potentiel intellectuel), HPE (haut potentiel émotionnel), zèbres…

     

    Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne, psychothérapeute et spécialiste des surdoués, est l’auteur de nombreux livres sur le sujet et c’est elle qui a préféré utiliser le terme de zèbres.

     

    « Zèbre parce que tellement distincts dans la savane, zèbre car chacun est unique comme les empreintes digitales, zèbre car leurs rayures sont aussi comme les griffures que la vie peut laisser…. »

     

    Elle explique dans ses ouvrages qu’« être surdoué ne signifie pas seulement être quantitativement plus intelligent, mais penser avec une complexité et des modes d’activation cérébrale qualitativement différents. Les neurosciences confirment aujourd’hui de nombreuses spécificités sur les plans structurels comme fonctionnels du cerveau et de l’architecture cognitive des surdoués. Ce sont les formes spécifiques de son intelligence qui distinguent le surdoué. La perception, l’analyse, la compréhension de l’environnement sont significativement différentes et se distinguent de la norme. Ce sont ces particularités qui rendent parfois difficile son adaptation à l’environnement. »

     

    Trop focalisés sur le QI, les seules capacités intellectuelles, les « spécialistes » sont longtemps passés à côté de tous les autres surdoués, dont nombre d’entre eux, suite à des diagnostics erronés, ont pu échouer en psychiatrie.

     

    C’est le cas de Tiana, qui s’est retrouvée internée et traitée pour schizophrénie, mais qui a eu la chance d’avoir une famille, notamment sa mère, suffisamment attentive et aimante pour la sortir de là et permettre donc de trouver la vraie cause de ce qui, faute d’avoir été détecté, reconnu, s’est transformé à l’adolescence en lourde problématique : harcèlement et brimades au collège dus à sa « différence » — dont Tiana elle-même n’avait pas conscience au départ, pensant, comme tous les zèbres, que tout le monde était comme elle — ont entraîné crises d’angoisse, de panique, terreurs nocturnes, lourde dépression, phobie et donc échec scolaire, tentations morbides, automutilations…

     

    Les zèbres, pour s’adapter au monde, aux autres, mais surtout pour être acceptés d’eux, sont obligés d’arborer un masque de normalité, tout particulièrement à l’école, où les enfants et les ados veulent à tout prix faire partie du groupe, être reconnus, appréciés, populaires…. Et où la différence est mal, voire très mal, comprise.

     

    Dans l’enfance, cela peut passer plus ou moins inaperçu, bien que souvent les zèbres à l’école soient mis à l’écart sans qu’eux-mêmes ne comprennent pourquoi, alors qu’ils sont souvent adorés par leur enseignants pour leur grandes qualités intellectuelles, leur curiosité, mais ces derniers, pas plus que la famille, ne perçoivent, la plupart du temps, leur grande fragilité émotionnelle.

     

    C’est en classe de quatrième que Tiana a craqué pour de bon et un changement de collège ne servira à rien. La haine d’elle-même est trop bien enracinée.

     

    « J’ai passé des années à jongler entre différents psychologues qui affirmaient avec certitude que j’allais très bien ».

     

    Tellement bien qu’elle finit internée et sous traitement lourd. Au moins,  « le sentiment de rejet n’était plus un problème dans un lieu où tout le monde en a souffert, mais mon hypersensibilité faisait de moi une éponge  et j’absorbais les problèmes des autres patients. », puis un changement d’établissement, où elle est traitée comme une ado violente, finira mal et là encore heureusement, ses parents la sortent de là.

     

    C’est grâce à un test tout simple, qui va enfin poser le bon diagnostic : Tiana est à sa plus grande stupéfaction — et c’est bien pourquoi ce terme d’ailleurs n’est vraiment pas adapté — une surdouée et grâce aussi à l’association Zebra, unique en France et basée à Marseille, qu’elle va alors intégrer, que Tiana peu à peu va émerger de son enfer et devenir la jeune fille capable d’avoir assez de recul, de confiance et de stabilité pour écrire ce témoignage. Témoignage d’une expérience qui lui est absolument personnelle, mais qui doit pouvoir servir à d’autres, même si, comme pour n’importe quels autres êtres humains, il n’y a pas deux zèbres identiques.

     

    « Tout le monde veut être différent, mais étrangement ceux qui le sont rêvent de devenir normaux. Sans doute vouloir être différent est un désir normal. Ce qui est vraiment différent, c’est de vouloir être normal. »

     

    Au moment où elle écrit ce livre, Tiana a 18 ans et s’accepte enfin et elle est même heureuse de sa différence, elle sait qu’elle a eu l’immense chance d’être, tout au long de ce difficile parcours, aimée et entourée par ses parents, sa sœur, ce qui n’est pas toujours le cas. Aussi pour tous les autres enfants, ados et adultes en souffrance qui n’ont pas été diagnostiqués ou parfois trop tard, ce témoignage est une pierre de plus à l’édifice d’une meilleure compréhension de l’autre et de soi-même.

     

    Jeanne Siaud-Facchin dans son livre Trop intelligent pour être heureux ? l'adulte surdoué explique :

     

     « Sur le plan affectif : être surdoué c’est aussi, et peut-être surtout, présenter des particularités dans la construction psychologique. L’ingérence affective est importante, un surdoué, le plus souvent, pense d’abord avec son cœur ! Souvent d’une très grande sensibilité, d’une forte réactivité émotionnelle, d’une intelligence du cœur puissante, l’adulte surdoué se ressent en décalage.

     

    Une lucidité acérée sur les doubles plans intellectuel et affectif rend parfois difficile l’ajustement aux exigences de l’environnement. Et peut fragiliser son rapport au monde, aux autres et à lui-même… Les processus d’identification sont rendus plus difficiles, il ne se retrouve pas dans le fonctionnement des autres et peut éprouver un réel sentiment d’étrangeté. Les difficultés peuvent aussi apparaître dans la communication, il ne parle pas le même langage ni de la même chose ; enfin, les difficultés peuvent se nicher dans l’expression émotionnelle, il donne une importance exacerbée à l’affectif… Ce n’est pas la différence qui fait souffrir, mais le sentiment de différence. »

     

    Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un surdoué, zèbre, HPI, HPE, n’est pas malade, n’est pas non plus la plupart du temps un génie, c’est simplement une personne dotée d’une autre façon de penser et de ressentir, une pensée dite en arborescence, qui peut « comprendre avec facilité ce qui semble incompréhensible pour les autres et passer des heures à essayer de s’expliquer des choses qui paraissent évidentes à la plupart des gens », une personne hypersensible et très empathique, souvent incomprise, dotée d’une curiosité et d’une créativité « hors-normes ». Encore faudrait-il s’interroger sur cette notion de norme.

     

    « Si quelqu’un m’avait dit que j’étais surdouée, je lui aurais demandé s’il m’avait bien regardée », nous dit Tiana.

     

    Un mot ne peut pas définir une personne, mais parfois il faut en passer par là pour que la personne elle-même se sente reconnue, accrochée à quelque chose et cesse de s’enfoncer, de se faire du mal à elle-même.

     

    « La sensation d’appartenir à un groupe, à une minorité peut-être, mais d’appartenir à quelque chose. De là est venue ma véritable joie. »

     

    Cathy Garcia

     

     

    Tiana.JPGTiana (un pseudonyme) est  marseillaise. Elle a publié Je suis un zèbre chez Payot en 2015.

     

     

     

  • Calepin paisible d'une pâtresse de poules lu par Walter Ruhlmann

     

    sur : http://beakful.blogspot.com/2018/08/calepin-paisible-dune-patresse-de.html

     

     

    extrait de Calepin paisible d'une pâtresse de poules de Cathy Garcia Canalès, Nouveaux délits, 2018
     
     
    La pâtresse poétesse observe, contemplative, ses poules, comme des amies, en tout cas plus que des animaux de compagnie, et l'environnement dans lequel elles évoluent. D'autres animaux, végétaux, personnes apparaissent et jouent des rôles essentiels dans ce recueil de pensées existentialistes que j'ai dévoré en une soirée et dont je me permets de reproduire ici un court extrait pour le promouvoir car il faut lire ce recueil pour connaître le Sublime, retrouver un bref instant l'essence même de ce que nous sommes en tant qu'êtres vivants sur cette Terre que nous négligeons, dans cette nature foisonnante que nous avons tout fait pour (essayer de) maîtriser à nos dépends. WR.
     


    Oubliez-moi, oubliez mon personnage, il n'est rien d'autre que le vent quand rien ne bouge.

    Je m'absente pour vivre pleinement, comprenez-vous? Et si je dois quitter mes mots pour cela ou plutôt ceux qui les lisent, je le ferai. Il y a un piège dans les personnages que nous créent les mots, ces personnages peuvent à chaque instant se refermer sur nous comme des vierges de fer. Ensuite, on ne nous entend plus, embrochés, pris au piège.

    Aussi, je m'absente, afin que si mon personnage se referme, il ne se referme que sur le vide. Et je  est ailleurs, je  est nulle part,  je est partout. Dans les nuages en transhumance, dans la langue infatigable de mon enfant, dans le chant du coucou, dans l'avion qui troue le ciel, dans les arbres en attente de l'orgasme printanier et le couple d'oiseaux qui se chamaille; dans le trésor des buis agités par le vent, la mousse qui veloute les murets, dans ce morceau sec de genévrier, dans la crête rouge vif de Cerridwen, dans le jaune d'or du grain de maïs qu'elle vient de gober, dans les pelures de mandarine qui tranche sur le délavé des pelouses sèches, dans la croix du corbeau à l'aplomb de ma tête.

    *****
     
    [NDLR] Ce passage me fait penser à ces vers de Walt Whitman
     

    I celebrate myself, and sing myself,
    And what I assume you shall assume,
    For every atom belonging to me as good belongs to you. 

    Walt Whitman “Songs of Myself”, Leaves of Grass

     

    28 pages agrafées
    ISBN : 978-2-919162-05-5
    tirage limité et numéroté
    sur papier 90g - couverture 250g
    100 % recyclé

    10 € +2 pour le port
    à commander à
    Association Nouveaux Délits
    http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/

     

     

     

     

     

  • Werner Lambersy

    Tu es l'éclat de verre

    Du miroir où se cachent

    Les défunts

    Qui te rêvent

    Sans voir 

     

    Eux qui songent

    Au miroir des miroirs

    Où se sont engendrés

    Les mensonges du rien 

     

    Et l'image d'un corps

    Que l'absence

    A creusé

    Dans les débris du feu

    Et la fuite

    Utérine des astres 

     

    Tu es l'ombre

    De l'ombre d'une nuit

    Comme soudain

    Fleurit le sable

    Sous l'averse ou l'ozone

    A la suite de l'éclair 

     

    Uluru 

    T'as rêvé 

     

    Et tu rêves 

    Uluru 

     

    Ici à Paris

    Où les hommes pèsent si peu

    Qu'ils ne rêvent jamais

    Les longs rêves patients

    De la pierre  

     

    Là-bas dans la grande île sèche

    Uluru dort 

     

    Et tu dors

    Dans Uluru la porteuse

    Maternelle de l'ocre semence

    Des crépuscules

    Où tu agites

    Ton ombre 

     

    Là-bas sur la Grande Terre

    Où tu n'es pas quelque chose

    D'isolé mais un morceau non détaché

    Du cordon ombilical

    Des millénaires en cours 

     

    Là-bas Uluru dort

    à ta place

    et remplit le contrat initial

    de rêver l'essentiel 

     

    Et son nombril est un tunnel d'étoiles 

    Vers l'âme unique de la matière

    Et l'œil humide de l'amour

     

    Alors écoute ici à Paris

    Où les hommes sont tellement sourds

    Qu'ils ont besoin de livres

    comme des bouées qu'on lance dans le bruit

     

    Ecoute

    Ce que là-bas

    Dit le didjeridoo

     

    Quand l'homme à la peau

    Peinte en rouge

    Pour la danse féconde des jours

     

    Arrache de sa bouche

    Le grand brame doux

    Et la giclée sonore

    Du sperme de son souffle

     

    Ecoute ce que disent

    Les talons bien rythmés

    De tes frères et soeurs

    Dans la chaîne de la genèse

     

    Et la poussière qui retombe

    En silence sur leurs pas

    Comme d'un tambour à l'autre

    Des galaxies

     

    Quand les tambourinaires de la lumière

    Se répondent par-dessus

    La forêt des ténèbres

     

    in Uluru