Patrick Bailly-Maitre-Grand - Soupirail
AVIS DE DÉCÉS
La mélancolie est une fatigue de l’âme. La vie est un morceau de charbon où court la veine de l’amour, mais l’amour est mort.
cg in Un vanity de vanités (Aphodèle 2013)
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AVIS DE DÉCÉS
La mélancolie est une fatigue de l’âme. La vie est un morceau de charbon où court la veine de l’amour, mais l’amour est mort.
cg in Un vanity de vanités (Aphodèle 2013)
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Certains voient les choses comme elles sont
et se demandent "Pourquoi?"
Moi je rêve les choses telles qu'elles n'ont jamais été,
et je me demande "Pourquoi pas?"
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Robert & Shana ParkeHarrison, nés respectivement en 1968 et 1964, après une collaboration de plusieurs années, ont commencé à présenter leur travail en co-création en 2001. Leur curriculum est éloquent, mais leur travail mérite sans aucun doute cette notoriété. Onirisme, surréalisme, torsion de l’imaginaire, le temps comme arrêté, fragilité, cauchemars et nostalgie d’une humanité perdue, on pense à Prévert, mais les créations de ce couple de plasticiens photographes restent absolument originales et immensément poétiques, tout en distillant un message à fortes résonances écologiques. Pour chacune de leurs œuvres, ils créent décors et accessoires, photographient puis collent, peignent et photographient encore jusqu’à ce que l’image soit celle qu’ils ont voulu donner à voir. L’ambiance qui s’en dégage est parfois très sombre, pessimiste, mais jamais directement violente. Certaines photos peuvent rappeler le travail du hollandais Teun Hocks. Leur livre, The Architect’s Brother a été nommé comme un des dix meilleurs livres de photographies de l’an 2000 par le New-York Times.
Phnom Penh, Cambodge
Jamais auparavant je n’avais éprouvé aussi fortement ce sentiment : celui d'être une étrangère. Expérience que je souhaite à tout le monde au moins une fois.
Phnom Penh ! Capitale aux ruelles de terre, jonchées de détritus, de bouis-bouis enchevêtrés, parfums, relents et miasmes douceâtres. Des rues transformées en marécage à la moindre pluie, la moindre pluie étant torrentielle. Atmosphère lourde, parfois suffocante. Mototaxis et autres petits véhicules, en nombre incalculable, vrombissent dans un formidable désordre, soulevant des nuages de poussière, tassés sous les chargements divers jusqu’aux plus invraisemblables : cochons, matelas, empilement de plats cuisinés défiant l’équilibre...
Phnom Penh et ses étals de fruits multicolores, si appétissants mais parfois risqués... Tant pis ! Les gens sont vêtus simplement, couleurs neutres. Manches et pantalons longs protègent des morsures du soleil et des moustiques, quoiqu’en ville il n’y ait pas de quoi être parano. Cela évite aussi probablement de se brûler sur les pots d'échappement des meutes de mototaxis, ce que je n’ai pas manqué de faire à deux reprises, une pour chaque mollet… Les têtes se protègent du soleil avec toutes sortes de couvre-chefs dont le fameux krama, foulard à petits carreaux en divers coloris vendu un dollar les dix sur les marchés.
Il n’est pas nécessaire de s'agiter partout pour voir, simplement s'asseoir dans un coin et affûter son regard afin de le rendre le plus dépouillé possible de toute image préconçue. S’asseoir au pied d’une colline miniature où se dresse un temple, observer l’éléphant triste qui en fait le tour pour les rares visiteurs. S’arrêter auprès d’un arbre de légende, au tronc immensément large, qui abrite dans l’entrelacs de ses racines, d’un côté un temple miniature où fument des bâtonnets d’encens, et de l’autre un petit bouddha en lotus sur un socle, orné de couleurs si vives à dominance rose, que l’on pourrait croire à une pâtisserie orientale. Il y a aussi une grande coupe peinte, en forme de fleur de lotus et des offrandes. Surtout ne pas y toucher. Respecter ce qui est sacré pour autrui, même si nous ne comprenons pas, nous pouvons au moins saisir la beauté, elle transcende les cultures. Moi, j’y cherche les traces de ce que je ne connais que par des lectures et quelques années de yoga. Je cherche.
Dans les rues, le jour, la nuit, de petits princes en guenilles aux sourires éblouissants ramassent des restes de nourriture dans des poches en plastique. Il y en a un que j’ai revu plus d’une fois et que je n’oublierai pas, pas plus que je n’ai oublié certains gamins de Sao Paolo, Rio ou Belo Horizonte. Il y a cette gamine aussi, sale, turbulente et pleine de vie qui traîne toute la journée avec des garçons de son âge du côté du stade, c’est elle la plus effrontée. Elle me fascine, une petite « rom » cambodgienne ! Sept ans, huit ans ? Trop fière pour accepter des friandises de la part d’un homme étranger, même s’il parle sa langue, mais déjà femme en acceptant de garder mon chapeau. Il lui va si bien et je la vois les jours suivants, galoper pieds nus avec le chapeau sur la tête, elle ne le quitte plus. Et moi c’est son regard de sauvageonne qui ne me quitte plus ! Je ne peux m’empêcher de me demander ce que la vie lui réserve…
Il y a aussi ces enfants qui jouent toute la nuit pendant que leurs parents dorment sur le trottoir, un jeu avec des chaussures, les règles semblent très précises. Je peux les voir de la fenêtre de ma chambre. Je les observe, longtemps. Il y a encore cette adolescente vietnamienne qui vend des hamacs filets, chaque jour devant la porte de l’hôtel. Elle non plus, je ne l’oublierai pas. A tous les coins de rue, le regard s’éblouit sur des jeunes filles d’une beauté incomparable, sans artifice. La pauvreté n'est pas exempte de dignité, c’est la misère qui est inacceptable ! Des hommes, des femmes, des enfants mutilés, il y en a beaucoup, les mines... De fabrication française peut-être ? Ces gens là mendient dans les rues. Que pourraient-ils faire d'autre, dans cette société encore essentiellement rurale, où les mains et la sueur sont les outils de la survie ?
Donner ! Donner car « tout ce qui n'est pas donné est perdu » mais plus je donne et plus il y en a à qui donner, de quoi en avoir le vertige. Je n’ai pas la prétention de sauver le monde, je n'ai pas de mauvaise conscience à mettre en paix, simplement un peu d’amour et la chance d’être née du bon côté.
J'ai vu les rizières où les enfants se baignent, frêles tiges de peau brune, pleines de joie et de soleil. J’ai vu les buffles couleur parchemin et les paysans avec leurs grands chapeaux de paille, qui lentement à travers les siècles et les rizières, s’acharnent à pousser la charrue. Juste de quoi assurer la subsistance d’une famille mais jamais plus et trop souvent pas assez… J’ai passé ma main sur les côtes douces et efflanquées d’un bufflon, couché au milieu d’un chemin, dans ce hameau, ce campement dans la forêt près des rizières, où une jeune adolescente rêve de vivre à la ville et ne choisira probablement pas son mari ; où les enfants s’inquiètent de ces étranges étrangers venus acheter des feux d’artifices artisanaux fabriqués là en famille pour les fêtes populaires. Insolite est un mot trop faible pour décrire la situation. Unique ! Je ne suis pas prête d’oublier.
J’ai vu aussi le large Mékong, -ai-je fait un vœu ?- ses eaux boueuses, ses rives sauvages où les bateaux amarrés m’évoquent d'anciennes gravures. Ces bateaux dispersés tout au long, où s’entassent les familles et où les filles attendent le client, parfois un étranger de passage… Combien y a t'il de petites fleurs trop vite fanées en Asie, quand bien même les femmes là-bas seraient différentes des Occidentales ? Elles seules pourraient répondre, mais qui les interrogera ?
Un repas chez l’attaché culturel, nous sommes nombreux, Français et Cambodgiens. Soirée chaleureuse, émouvante, fort agréable, dont je repartirai pieds nus, mes tongs bleu électrique ayant dû plaire à quelqu’un d’autre. Ennuyeux mais cocasse, même si j’ai certainement râlé sur l’instant. A l’occasion de cette soirée, rencontre avec la musique et la danse traditionnelle. Je suis fascinée par la souplesse des doigts des fillettes, dessinant une trame où érotisme et sacré se rejoignent. Plaisir d'essayer bien-sûr, mais je ne peux éviter de penser à nouveau au violent contraste qui existe entre la beauté de cet art et le sexe rapide, banalisé, vendu tout au long des routes défoncées, des chemins de boues et sur les rives troubles du Mékong où patauge la misère.
Phnom Penh. Dépaysement total accompagné parfois d'étranges solitudes, d’amibes musclées et d’une herbe locale puissante, utilisé comme condiment dans la cuisine khmère et vendue discrètement par de vieilles femmes sur les marchés. Et par-dessus tout, ce qui frappe aux yeux et frappe au cœur, c'est le sourire ! Ce sourire empreint de douceur et de patience qui fleurit sans cesse sur les visages des Cambodgiens, un sourire qui recouvre de bien profondes douleurs. L’impossible oubli d’un génocide dont ils préfèrent ne pas parler. La haine vaincue se dissout au fin fond des forêts mais les traces griffues de l'Histoire ne s'effacent pas comme ça.
Cg, mai 1999
in Calepins voyageurs et après ?
Paolo Pellegrin né en 1964 est un photographe italien, membre de l'Agence Magnum depuis 2001 ; il travaille régulièrement pour le magazine Newsweek. Il vit entre New York et Rome. Son travail d'une grande sensibilité a reçu de nombreux prix. Les trois photos ci-dessus sont issu d'une série autour du drame du sida au Cambodge.
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On dit d'un fleuve emportant tout qu'il est violent, mais on ne dit
jamais rien de la violence des rives qui l'enserrent.
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Lorsque qu'un homme assiste sans broncher à une injustice, les étoiles déraillent.
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L'art d'aimer ? C'est savoir joindre à un tempérament de vampire la discrétion d'une anémone.
in Syllogismes de l’amertume
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Hajime Sawatari est un photographe japonais, né en 1940, connu pour ses photos de mode et de publicité ainsi que pour ses nus de jeunes filles et de femmes. Il est diplômé de l'université Nihon avec une spécialisation en photographie.
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Rentre ! C'est le moment où la lune réveille
Le vampire blafard sur sa couche vermeille.
in Comédie maudite
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