Ghislaine Teyssier
Je te hais, autoportrait
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Je te hais, autoportrait
PASSE LA PAILLE ET PASSE UN TOUR
Le métro perd la raison
Le soleil espionne les poubelles
Les poissons manquent d'amour
Les heures surmédicalisées
Vendent à la sauvette
Leurs talismans de joies
Synthétiques
Des myriades cancéreuses
S’adonnent à des parenthèses
Auto-cannibales
Une fenêtre amourachée
D'un épicier de nuit
Harponne un passant
Et s'invente une vie
Pense à prendre du jus
à la prochaine planète service !
Le plomb les pierres
Le pétrole les mirages
Ont affreusement mutilé
Le ciel
L'avenir laid à faire peur
Se croyant suivi s’est dissous
Dans un trou noir fiché
D’un passe-muraille expert
En balistique écervelée
Quand on se cogne à dieu
Il nous renvoie
Dans une nouvelle direction
cg in Mystica perdita, 2009
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Rien ne coûte plus à l'homme que de suivre le chemin qui mène à lui même.
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J’ai une grande collection de coquillages que je disperse sur les plages du monde. Peut-être l’avez-vous vue.
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Janvier 1999 - Structure bambous et pyro pour le spectacle Gigantomachie, Plasticiens Volants
Et encore une fois, le Brésil...
Aéroport de Sao Paulo sous la pluie, escale avant Rio, et l'avion redécolle. Musique latino sur les oreilles. Je ne sais pas encore que je suis au Brésil. Manque de sommeil, angoisse, je suis presque maussade. Appréhension. Non, je n'ai vraiment pas encore réalisé que ce que je vois là en bas, à travers le hublot, c'est le Brésil ! Pour la quatrième fois !
Chaud le Brésil, une chaleur qui dilate le cœur, qui enfièvre les regards, une chaleur lourde et lascive qui ruisselle entre les cuisses. Bouffées douces de maconha, frisson vert acidulé des caïpirinhas, déloyales et délicieuses. Chaud et le temps s'étire, tout en longueur, en langueurs moites et palpables, traversées de violents éclairs qui déchirent l'atmosphère toute imprégnée de sensualité. Le cœur est à l'orage.
Chaud et pourtant demeure le qui-vive, l'urgence, le vacarme des rues, le grondement des moteurs, les cris, les sifflements, le crissement des pneus sur l'asphalte. Au coin d’une rue, sur le trottoir, des fleurs, des bougies dont la cire a coulé, des fruits, rituels macumba. Les postes de radio égrainent leur musique, rythmes salsa qui font danser des oreilles aux orteils. Poussière humide, friture et jasmin, étalages bariolés de fruits charnus et sucrés. Le son des voix se confond avec le reste, séduction de la langue, musique de vie !
La magie suinte de la terre et des murs fendillés, magie blanche, magie noire, magie du sang mêlé. Mulato, caboclo, cafuzo… Petits chats sauvages, rapazes, pivetes, enfants des favelas. La vie est à ce point tordue qu’on va jusqu’à donner aux bidons-villes un nom de fleur sauvage. La favela est une fleur qui poussait sur les mornes… Y fleurit-elle encore entre les entassements d’ordures, de tôles et les coulées de boue ? Favela da Rocinha, Morro da Babilônia... Multitude d'enfants aux corps têtus et fragiles. Leurs peaux crasseuses gorgées de soleil. Leur regard fier et farouche, brûlant de hardiesse, de curiosité. Ces enfants me fascinent et la violence de leur enfer encore une fois me révolte.
(...)
Chaud… et la chaleur boit à même les corps, en extrait les plus intimes parfums pour les répandre ensuite, huiles saintes sur la terre. Terre de feu, de sang, qui rend fou, vivant, obscène et entier, tellement la mort est omniprésente ! Une terre où les sans-terres luttent sans arme, une terre où l’enfant sans père, ni mère, voudrait bien pouvoir laisser couler des larmes. Trop grandes richesses côtoient trop grande détresse.
Terre de bois rouge, ma terre-aimant ! C'est encore toi que je vois à travers le hublot, mais c'est déjà le retour et comme à chaque fois, je n'ai pu que vivre, vivre vite et beaucoup, même trop parfois. Et maintenant en escale à Sao Paulo, sans quitter l'avion, je pense à quoi ? Je sais que je reviendrai un jour, dans six mois, dans un an, je n'en sais rien et cela n'a aucune importance.
cg, janvier 1999, Brésil
in Calepins voyageurs et après ?
Samedi 7 décembre à 18 h 30 à la galerie Carré d’art, quatre artistes célébraient leur exposition par un vernissage bien rempli, un apéritif convivial et une lecture d’un texte magnifique lu par Cathy Garcia* et Samuel Cuadrado (photo) et accompagné en musique à la basse par Claire Géranton. Quand on pénètre dans la galerie, on est tout d’abord ébloui et fasciné par le blanc sur blanc des photographies de Michel Cambon. À l’étage, son fils, Pierre Cambon, a réuni une partie de son travail en héliogravure (gravure par la lumière) depuis 2009, il s’attache à l’intime et à l’humain. Ils exposent jusqu’au 23 décembre. Le local en face de Carré d’art abrite les dessins au crayon et les peintures d’Odile Viale, ainsi que les ambrotypes (procédé photographique très utilisé pour les portraits et les paysages) et les sculptures de Patrick Evrard, sans oublier ses vanités (natures mortes), tout ceci est à voir jusqu’au 21 décembre.
Carré d’art, 4 rue Pélegry à Cahors. Tél. : 06 77 81 99 97.
La Dépêche du Midi
* Le texte en question est un de mes inédit encore en chantier : Mordre les temps de mort
O Pão de Açucar visto do Flamengo - 1885
Largo do Paço e rua Primeiro de Março - 1890
Avenida Central - 1910