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  • Paul Wano

     

    J’ai choisi le camp sans portes

     Ou encore de l’indéfini

     A ma naissance, sur mon ethnicité

     Il y avait inscrit ceci :

    Monde

     

     in Le pleurnicheur

     

     

  • Jon Katz - Old Doll's Eye

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     Mon dieu, c'est une si petite pierre, invisible à l’œil, mais elle contient  une telle force, une telle puissance ! Amour et destruction concentrés en un seul point, c'est la même volonté de départ. Seuls les mots font la différence...

     

    cg in journal 1996

     

     

  • William Buckle - Untitled - 1938-1946

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    (...) un goût de sel, de mer et de larmes mêlées. Une impression de déjà vécu. Ces plongées au plus profond de la douleur. Faire face à ma propre faiblesse, ma propre fragilité, pour ne plus subir. Devenir maîtresse de ma vie, toujours le même problème d’équilibre entre l’autre et moi. L’évidence est telle que même si je veux voir autre chose, entendre autre chose, il m’est impossible de continuer à mener ainsi une vie imaginaire.

     

    cg in journal 2009

     

     

  • Ursula Abresch

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    Répétition des mêmes causes à effets, curieuses similitudes, mécanismes, rien que des mécanismes. Sortir de ça. Respirer, prendre quelques gouttes fleuries s’il le faut et casser le mécanisme, cette horlogerie qui n’est finalement qu’interne, ses rouages trop bien huilés…

     cg in Journal 2004

     

     

  • La Patagonie de Perrine Le Querrec

     préface de Jean-Marc Flahaut, Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, novembre 2014.

     

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    103 pages, 13 €.

     

    Lire Perrine Le Querrec c’est prendre un risque, prendre le risque de se faire engloutir. Les mots ici deviennent matière, tantôt gluante, paralysante, tantôt rêche, étrangleuse, tantôt lourde, étouffante, tantôt acérée, tranchante, de la matière sombre, grouillante et tremblante, puis soudain ils ont des ailes et tentent de s’échapper vers la lumière. Vers la Patagonie.

      

    Ou bien ils s’écrasent. La pâte-agonie.

      

    Il y est question d’enfance, de violence, de peur et de désespoir ravalés, d’extrême solitude. « Son enfance sent toujours le carnage ». Quelque chose qui ne se voit pas de l’extérieur, quelque chose que l’on peut trimballer en soi toute une vie, qui nous dévore de l’intérieur et personne ne s’en aperçoit. Personne ne s’en est jamais aperçu. Alors les mots tentent de donner consistance à cette grande béance, de faire apparaître l’indicible, l’invisible, tentative qui elle-même écartèle : faire à la fois apparaître et disparaître à jamais. Fuir.  « Il ne faut pas fermer la porte mais la claquer derrière soi et partir pour toujours ».

      

    Les mots deviennent des encres à colorer le silence pour y faire apparaitre les non-dits, « la parole interdite embusquée derrière la porte close/la parole refusée bâillonnée en-dedans au dehors », des acides pour dissoudre ces murs qui retiennent les secrets qui rongent l’âme, des chimies diverses et variées pour que remontent de sous la terre tous les cadavres enterrés, les vers dissimulés. Toute la saleté enfouie.

      

    On n’est pas dans l’écriture, on est dans l’alchimie, pour dégager la pierre passée au cou de celle qui se noie sans eau, pour dégager la pierre à écrabouiller le cœur. On ne lit pas Perrine Le Querrec, on avale, on mâche une réalité qu’elle nous enfourne, bouchée après bouchée, une réalité figée comme « sauce froide sur les tripes abandonnées dans l’assiette. »

      

    De la douleur brute, interdite, non autorisée, non accueillie, à laquelle les mots ont ordre de donner forme, pour avoir prise sur elle, pouvoir la saisir à pleines mains et la briser, la détruire, l’achever en pleine tête.

     

    Être fillette, puis femme, puis mère, la fillette enfermée dedans. Les nœuds gordiens de la famille. Le passé, le présent et le futur «l’effort du restant de sa vie ». Et ce sentiment de décalage permanent avec le dehors, avec l’autre. Incompréhensible. Alors il ne faut pas que ça se voit : « Tu es dehors. La tête haute. Les gens te saluent. Tu es des leurs. »

     

    C’est cette chose avec laquelle on ne peut pas tricher qui donne tant de consistance, de densité, de force et de beauté, de magnificence même, à la langue de Perrine Le Querrec et la lire fait du bien. Peut-être pas à tout le monde, peut-être faut-il ce quelque chose en soi qui fait écho et que personne ne voit, dont personne ne s’est jamais aperçu. Un bien fou pour un mal fou. 

     

    Ce petit quelque chose qui remonte à la genèse de l’être et qui fait que l’on est toujours au bord et « pas de cou autour duquel elle pourrait jeter ses bras pour s’accrocher, comme en a droit toute personne qui se noie. »

      

    Toujours « trop près du bord. » et au loin pourtant, l’espoir encore d’une libre et vaste Patagonie.

     

    Cathy Garcia

     

      

     

    perrine le querrec.jpgPerrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Ses rencontres avec de nombreux artistes et sa passion pour l’art nourrissent ses propres créations littéraires et photographiques. Elle a publié chez le même éditeur Coups de ciseaux, Bec & Ongles (adapté pour le théâtre par la Compagnie Patte Blanche) et Traverser le parc. Elle vit et travaille à Paris comme recherchiste indépendante. http://entre-sort.blogspot.be/

     

     

     

    Cette note paraîtra à La cause Littéraire :http://www.lacauselitteraire.fr/