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  • Su Tung po (11ème s.)

     les olives

     

    de ces abondants fruits verts, saupoudrés de sel rouge,
     le premier goût est dense, amer, âpre
     on attend, une légère douceur monte d'entre dents et gencives
     plus suave que le miel des précipices d'emblée sucré

     

     

  • Salade printemps

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    Quinoa cuit avec des tiges de ciboulettes (les tiges des fleurs, trop dures pour être consommées crues) et froid façon taboulé, avocat, tranches fines de navet rond blanc cru, fèves crus, purée d'amandes complètes, huile d'olive, jus de citron, sel, poivre.

     

     

  • Friedrich Nietzsche

    On appelle esprit libre celui qui pense autrement qu’on ne s’y attend de sa part en raison de son origine, de son milieu, de son état et de sa fonction, ou en raison des opinions régnantes de son temps. Il est l’exception, les esprits asservis sont la règle. Ce que ceux-ci lui reprochent, c’est que ses libres principes, ou bien ont leur source dans le désir de surprendre ou bien permettent de conclure à des actes libres, c’est-à-dire de ceux qui sont inconciliables avec la morale asservie.


    in Humain, trop humain, 1876

     

     

  • Ernest Pépin - A tous les reconduits

     

    Fils des murailles
          Nous avons transporté les bosses du désert
          Jusqu'aux portes du refus
          La terre sous nos pieds déroulait ses frontières
          Hissait des barbelés
          Et refusait nos mains de pèlerins
          Les passeurs cassaient nos âmes
          Nos corps marqués au fer du soleil
          Nos langues sèches de barbares errants
          Et froidement tétaient l'argent de nos exils
          C'est l'heure d'une folie douce
          Nos genoux ont balisé l'enfer
          Notre faim a mangé la poussière
          Et nos silences ont grimpé la tour de Babel
          C'est l'heure d'une folie douce
          Là-bas
          La ville amarre la misère
          Le visage de l'épouse allume une feuille morte
          L'enfant qui naît enjambe l'avenir
          Là-bas la mort embarque les jours
          Et les nuits dévorent la chair des étoiles
          Nous sommes d'un long voyage
          Un voyage d'ancêtres au cœur maigre
          Un voyage de sauterelles affamées
          Un voyage de pays sous perfusion

          Un voyage d'ombres sans corps
          Nous sommes de ce voyage
          Où les nuits font contrebande de chair

          Où les jours ont honte de leur soleil
          Où les hommes quémandent le droit de respirer
          Nous sommes de ce voyage
          Nos yeux chavirent comme des pirogues blessées

          Nos mains dénouent le nombril des vents
          Et nul arbre n'accueille l'ombre de nos rêves

          Partir n'est pas partir
          Quand les murs sont vivants
          Partir n'est pas partir
          Quand l'oiseau est sans nid
          Partir n'est pas partir

          Quand la terre se cloisonne
          Dans la peur des peuples
          Nos pas effraient la tour Eiffel
          Les capitales repues du sel des colonies
          Les usines à chômage
          Les bourreaux d'arc-en-ciel
          Les bourses mondialisées
          Et les marchands de peau
          Nos pas dérangent la marche du monde
          Nos pas vont en fraude supplier l'horizon
          Ils ne savent pas ouvrir les monnaies de l'accueil
          Et ils s'en retournent humiliés
          D'avoir à retourner
          Au seuil de nous-mêmes
          Est-ce la peau qui refoule
          Est-ce l'homme qui dit non
          Nous sommes les arpenteurs du refus
          Les déserteurs sans papiers
          Les capitales ont tissé nos douleurs
          Et leurs lumières sont des flocons de sang
          Des feux rouges sans paupières
          Des enseignes interdites
          Insectes saisonniers
          Nous jouons
          A recoudre l'espace
          Derrière l'incendie
          Nous jouons des jeux de prisonniers
          Le monde entier est notre prison
          Et nous jouons nos vies
          Au casino des riches
          Voici venue la saison des fleuves vides
          Voici venue la saison des barbelés
          Voici venue la saison des marées humaines
          Voici venue la saison des esclaves volontaires
          Même le village a mangé son midi
          Et nos villes drapées dans la poussière
          Sortent des seins maigres comme des aiguilles
          Ô pays !
          Nous avions rendez-vous avec les pays du rêve
          Avec une autre géographie
          Avec les grandes puissances de l'or et de l'euro
          Leurs villes sont des vallées de miel
          Des cornes d'abondance
          Et leur pain quotidien récite sa prière
          A l'ombre des cathédrales
          Nous n'avons rien à déclarer sinon la faim

          la faim n'a pas de passeport
          Nous n'avons rien à déclarer sinon la vie
          la vie n'est pas une marchandise
          Nous n'avons rien à déclarer sinon l'humanité
          L'humanité n'est pas une nationalité
          La misère ne passe pas
          Passager clandestin
          Elle retourne au pays
          Nos sandales ont usé les nuits
          Nos pieds nus ont écorché les dunes
          La rosée pleurait une terre inhumaine
          Et nos mains mendiaient une autre main
          Les drapeaux ont peur de leurs promesses
          Ils se sont enroulés comme des scolopendres
          Notre soif est retournée au feu de notre gorge
          Et la vie nous a tourné son dos
          Tout homme qui s'en va défie l'entour
          Dessouche une nation
          Et lézarde une étoile
          Et dans ses yeux grésillent une autre vie
          Son feuillage est d'outre-mer
          Quand tout au loin luit son désastre
          Il fait troupeau vers les quatre saisons
          Il fait tombeau aux bornages
          O nègres marrons !
          Ce sont forêts de béton et d'arbres chauves
          Souviens-toi de l'enfant mort d'atterrir
          En un seul bloc de froidure
          Dessous le ventre de l'avion
          Souviens-toi de sa mort d'oiseau gelé
          Souviens-toi
          Et toi reconduit
          Econduit
          Déviré
          Jeté par-dessus bord
          Taureau d'herbe sèche
          Regarde toi passer sur ta terre
          Les yeux baissés
          Et sur la joue le crachat des nations

         
          Ils ont faim du soleil
          Mais le soleil a faim aussi
          (Parole de poète)
          Demande-toi où est ton lieu
          Ton seul lieu d'accueil
          Tu inventeras ta terre

     

    à Lamentin le 29 octobre 2006

     

     

  • Paul Carvel

     

    Dictature : pays où les citoyens veulent voter mais ne peuvent pas.

    Démocratie : pays où les citoyens peuvent voter mais ne veulent pas.

     

    in Sel d'esprit