Andreas Reh - In between heaven and hell
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La politique, pour lui, c'était un peu comme une chouette cabane dans les arbres : une fois à l'intérieur avec les petits caïds du voisinage, il suffisait de retirer l'échelle pour laisser en bas tous les crétins.
in Ténèbres prenez-moi la main
ZOOLOGIQUE ?
Les singes font des signes mais les cygnes font-ils des singes ?
cg in Bonzaïs hallucinogènes (Gros Textes 2017)
Nous vivons au sein d'un leurre magistral, d'un monde disparu que des politiques artificielles prétendent perpétuer. Nos concepts du travail et par là du chômage, autour desquels la politique se joue (ou prétend se jouer) n'ont plus de substance : des millions de vies sont ravagées, des destins sont anéantis par cet anachronisme. L'imposture générale continue d'imposer les systèmes d'une société périmée afin que passe inaperçue une nouvelle forme de civilisation qui déjà pointe, où seul un très faible pourcentage de la population terrestre trouvera des fonctions. L'extinction du travail passe pour une simple éclipse alors que, pour la première fois dans l'Histoire, l'ensemble des êtres humains est de moins en moins nécessaire au petit nombre qui façonne l'économie et détient le pouvoir. Nous découvrons qu'au-delà de l'exploitation des hommes, il y avait pire, et que, devant le fait de n'être plus même exploitable, la foule des hommes tenus pour superflus peut trembler, et chaque homme dans cette foule. De l'exploitation à l'exclusion, de l'exclusion à l'élimination... ?
in L'horreur économique par – 1996
Au sentiment d’encombrement répond le désir de se dépouiller sur tous les plans, se dépouiller de tout ce qui n’est pas essentiel. La sensation est très forte, impérative. La terre, les plantes, l’eau, l’air, le corps, le cœur. Ce n’est plus un temps de création, mais de lâcher-prise. La fructification se fera d’elle-même, ou pas. Peu importe. Lâcher les peurs, lâcher la honte et la culpabilité qui n’ont aucun motif réel. Vieux poisons bien incrustés. Il en faut des cycles et des saisons pour se nettoyer en profondeur et il faut marcher, arpenter les chemins. Faire circuler le sang dans les veines du monde.
cg in le livre des sensations
Je vais jusqu’à l’horizon pousser ma brouette de décombres. Après on avisera.
nous secouerons la pesanteur
pour fuir l’étreinte des goudrons
à l’envers des fleurs
roulerons dans les taillis
sous les horizons tranchants
comme des rasoirs
à la gorge du ciel
cg in Aujourd'hui est habitable
« D'ombres » est un recueil de courts poèmes en vers libres datés des années 1990 à 2013, qui vient d'être autoédité par Cathy Garcia à l'enseigne de « A tire d'ailes ».
Il s'agit ici surtout d'un recueil d'infortunes, portraits de SDF et de morts solitaires. Cependant, se contenter de dire cela serait ne voir dans « D'ombres » que son aspect réaliste.
En effet ces poèmes sont plus que cela, avec leur mise en scène, presque gothique parfois, et renvoient davantage à une « exaltation », certes, ténébreuse, qu'à la répétition d'un même abattement.
J'y ai souvent trouvé aussi le rythme des chansons, avec des vers coupés courts, parfois répétés, mis en apposition.
Ci-après deux poèmes extraits de « D'ombres » :
« le roi des taupes
sur le parvis de sa raison
gît sa cervelle abattue
jusqu’à oublier son nom
craché là au coin d’une rue
le souffle des rames
les croûtes et les rats
sa bonne étoile, qu'il dit
brille au cul des bouteilles
il parle aux corbeaux
que personne ne voit
je suis le roi des taupes,
qu'il dit, et je vous enterre »
«ressac
le chant des choses communes
déborde des fosses et coule
samedi dimanche
quotidien limé
parfaitement vernissé
marquer les jours d'une voix blanche
troupeau vertige
sur falaises de craie
en bas la mer Virginia
sur un pupitre de buis noir
mourir c’est s’ouvrir un peu
montrer le battement rouge
du cœur »
Les illustrations (des encres, dont celle de la couverture) sont également de Cathy Garcia.
http://poesiechroniquetamalle.blogspot.fr/2017/04/dombres-de-cathy-garcia.html