Maria Angeles Fernandez dit "La Pinturitas"
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ce soir
la faim lui a carrément coupé l'appétit
ce soir
elle ne serait pas contre une petite cure d'intoxication
ce soir
il n'y a qu'elle et le vent
sur le balcon plein sud
elle et le vent et les bleus sur ses jambes
pas sûr que ce soit la parole du Seigneur
qui fasse fredonner son cœur
Merci au Musée Improbable !
Un extrait d'Alternances de Gérard Cléry, publié dans ce numéro de la revue Intervention à Haute Voix, paru en décembre 2016. Lu par moi-même, un des tableaux de ma série Indignation/insoumission figure en couverture, d'autres à l'intérieur, où sont également publiés des textes extraits de Qué wonderful monde ! Voir : http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2012/01/27/que-wonderful-world-collection-les-delits-vrais-n-1.html
Avec des linogravures originales de Bob de Groof - préfacé par moi-même.
éd. Les Carnets du Dessert de Lune, mars 2017.
Morceaux choisis et lus par moi-même.
http://lescarnetsdudessertdelune.hautetfort.com/
la Boucherie littéraire, coll. Sur le billot
24 octobre 2016. 64 pages, 12€.
Entre paganisme et mysticisme, la frontière est charnelle et Jean Azarel la franchit allègrement dans les deux sens, et en invente d’autres, des sens, dans une langue toute personnelle et s’il nous guide, tel le lapin d’Alice, c’est pour mieux nous perdre dans la touffeur du ciel du dessous. Là où il n’y rien à comprendre, mais beaucoup à capter, à sentir, voire à renifler, que ce soit l’origine du monde, façon Courbet ou sa fin.
J’ai connu un temps
où les forêts étaient épaisses,
le gibier joyeux.
Ce qui vivait au dessus
était mû par le règne
du dessous.
Mais nulle lourdeur, et surtout nul regret, remord ou autres bestioles du genre. Juste une ode à l’animalité des corps, à la jubilation des sens et aux racines qu’ils s’en vont planter bien profond dans l’humus des forêts. Savoureuse sauvagerie.
Courez lièvre des éboulis,
que s’accouplent partout
le souple et l’indécis
dans le bruissement
des fougères.
Ce recueil est une sorte d’hommage au livre de la suédoise Kerstin Ekman, Les brigands de la forêt de Skule, pour celles et ceux qui l’auront lu (et si vous ne l’avez pas lu, alors lisez-le !). L’exultation des corps, c’est aussi la conscience qui s’envoie en l’air, paradoxe des trois cieux, dessus dessous milieu et par-dessus tête, ce qui n’empêche qu’il y a un prix à payer pour toute transgression, que le temps fait son racket et que la chair est corruptible de bien des façons, la dernière étant la plus pourrie.
L’un avec l’autre,
couchés.
Valse finissante des draps,
au mitan dépassé
de l’arbre de vie,
la chair encore si chaude
en son achèvement.
Mais qu’importe la fin, régalons-nous de poésie qui gambade fesses à l’air, y trace des signes magiques et fond tous les cieux en un seul, le poète lui n’est pas dupe, il sait bien que :
Celui qui croit écrire
ne fait que raboter
les mots trouvés
en soulevant la chape
de ses effritements.
Par bonheur, le cheminement intérieur
oublie sa fin.
Cathy Garcia
Jean Azarel est né en 1954 à Montréal au Canada. Il vit dans un village proche d'Uzès. Dans la filiation d’un père journaliste, poète et écrivain, il gribouille des petits romans policiers et des histoires de cow-boys et indiens dès l’âge de 8 ans. Il puise son inspiration dans la comédie spectacle du quotidien, la musique pop-rock et le cinéma d’auteur, la baie d’Audierne, les pentes granitiques du Mont Lozère pour fabriquer des œuvres initiatiques et éclectiques où se côtoient humour acide, témoignages de vie, et romantisme quasi mystique. L’écriture est pour lui un mode de survie où comme dans le patinage artistique les figures imposées alternent avec les figures libres.
Poussières d'anciennes passions...
cg in Journal 1997
Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, 6 mars 2017
80 pages, 16€.
De magnifiques photos de Maximilien Dauber pour cet écrin de désert où la poésie de Daniel De Bruycker vient se fondre et se confondre avec les pierres, le ciel, le sable.
Tout ici était saisissant –
le sol, l’espace, les ombres
et, plus encore, d’être du nombre.
Dans le désert, nous sommes transportés, nuées, ombres, nous avançons dans la lecture comme on marche, lentement, avec cette sensation que l’espace s’ouvre tout autour et en nous et le sentiment de se dissoudre dans cette immensité. Nous nous sentons de plus en plus petits, insignifiants, à chercher des signes qui se font et se défont, désert que nul langage ne saurait contenir.
Nous ne comprenions rien –
en ces lieux, dit quelqu’un
‘comprendre’ n’est pas le mot juste.
Ça a l’air simple comme ça de parler du rien, mais c’est certainement ce qu’il y a de plus difficile, sans tomber dans le cliché, le ressassé. Rien d’exceptionnel ici, pas d’hymne ou d’ode emphatique à la beauté, juste cette humilité qui convient au sujet et qui nous oblige à faire corps avec le sable, avec la roche, avec le vent et ces ombres et au plus profond de nos os, nous éprouvons nôtre condition éphémère. Des pas, un souffle et puis poussière.
Un caillou quelque fois roulait sous nos pieds
nous le suivions, dociles
jusqu’à en déloger un autre
(…)
Un fil d’espoir était notre guide
sans lui nous nous serions perdus –
fidèle, c’est lui qui nous égarait
Cependant tout désert a son oasis, quelque chose comme un cœur qui bat, lentement mais avec obstination. Peut-être qu’en lisant Exode, nous marchons à l’intérieur de nous-mêmes.
Cathy Garcia
Daniel De Bruycker est né à Bruxelles en 1953, d’une famille flandrienne. Enfance à Gand et en Hainaut. Licencié en Philosophie & Lettres, Université Libre de Bruxelles, 1977. Critique de jazz, rock, musiques nouvelles, danse, théâtre, cinéma, arts d’Asie etc., en Belgique (Le Soir, 1975-85) et en France (Diapason, Le Monde de la Musique, Le Monde, 1981-87). Traducteur (anglais, néerlandais, allemand), japonologue, animateur d’ateliers d’écriture pour enfants, etc. Marié à l’ethnologue et écrivain Chantal Deltenre ; deux filles, Hélène et Léa-Lydie ; deux chattes, Apostille et Silhouette. Entre deux séjours en Asie (Japon, Inde, Turquie etc.), vit et travaille à Bruxelles (1975-85) puis à Paris (1986-2003), aujourd’hui à l’ermitage de la Martinière (Gouvets, Normandie). À ses heures perdues, dessine des labyrinthes, écrit des chansons (Maurane, Musique Flexible etc.), compose et joue (basse, claviers) au sein du groupe Roque et trace ses poèmes-images selon un alphabet graphique original (exposition personnelle au Centre Wallonie-Bruxelles, Paris 2015).
Maximilien Dauber est né à Bruxelles en 1949. A 20 ans, il plante là les études, investit tout son pécule dans une Land Rover et prend la route du Sahara. Il y trouve, à Tombouctou, le cinéaste voyageur Douchan Gersi, qui l’engage comme assistant pour un tournage à Bornéo, avant celui des Antilles de l’écrivain Jean Raspail. Cependant il se spécialise dans le documentaire saharien, accumulant au fil des expéditions films, photographies, enregistrements et observations ethnographiques sur les cultures nomades sous le titre générique de Mémoires sahariennes et réalise sur les Peuls Bororos du Niger son premier film personnel, diffusé par voie de conférences et d’émissions télévisées, avant de se tourner vers l’Afghanistan des nomades, le Turkestan chinois et les Routes de la Soie, puis la redécouverte des grands explorateurs de l’Afrique orientale. Depuis, il n’a cessé d’enchaîner les tournages aux quatre vents, avec une prédilection pour l’Égypte, l’Italie et aujourd’hui le Japon, faisant partager à travers ses films, ses livres et ses images son amour du lointain, de l’humain et des rencontres face à l’horizon – dont celles de son mentor le prince italien Mario Ruspoli, inventeur du cinéma direct avec Chris Marker, et du naturaliste Théodore Monod, autre majnoûn, « fou du Sahara ».
Où est la case poète ? S’il n’y a plus de place pour les arbres, les plantes, les oiseaux, les animaux, il n’y en a pas non plus pour les fous, les enfants, les mystiques et les poètes, tout ça c’est la même chose, tout ça est connecté directement à la source, la source vitale, la source de toute chose. Pur ressenti, pure perception, en résonance avec le monde des formes mais totale inadéquation avec celui des normes et des apparences. Il n’y a pas de mystère, tout est mystère et la normalité est une affreuse invention, réduction, supercherie.
cg in Le livre des sensations