Rap Oz Guarani - Contra a Pec 215
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Ombres de plus en plus pâles sous la lune rouge.
Et des ténèbres vers la voûte lactée, monte la plainte de la Mère qui pleure.
cg in Sursis
Sur le coteau un troupeau paisse l’herbe maigre jusqu’à mordre de jeunes soleils.
Tout semble paisible, rien n’est silence.
in D’un silence inachevé
Cabrerets, place de la mairie, 13h30, gentiment accueillie par le maire et l'adjointe au maire, sur la table je mets nappe blanche, livres, mes cartes postales, il y a aussi des programmes, plaquettes... Autre table : brochures, cartes, autocollants & affiches du Parc, de beaux carnets de circuits de randonnées.... Je ne connaissais pas, c'est beau et bien fait. Des personnes arrivent, un couple est venu de Lauzerte suite à mon mail, puis l'équipe printemps des paysages avec Dominique Sampiero, le "tu" coule de source entre poètes (ou je l'impose ?). Rencontres multiples, brèves, sympathiques, départ du groupe pour le programme de l'après-midi. Mon programme c'est de tenir compagnie à mes livres et voir venir. Place de la mairie, seule avec mon stand, chaleur (j'aime), mouches énervées, vaguement énervantes, silence.... En fait non, pas silence, foot, match en direct sur grand écran de l'autre côté de la route à la terrasse du café. Lire, les brochures locales, ce que je sais, ce que je ne sais pas ou plus, une spéciale autour du tuf, j'apprends tout sur le tuf, reconnais des coins précieux, secrets, enfin non pas secrets, puisque dans la brochure ! Je lis la plaquette du printemps des poètes et apprend que le thème 2019 c'est "La beauté" et que c'est Bilal qui fait l'affiche. Place de la mairie, moi, les brochures, les mouches, ma fatigue me tient compagnie, tranquille, en face le foot, le temps s'étire, j'enlève mes chaussures, je marche, pieds nus sur les nouveaux revêtements, cœur de village inauguré ce matin. Cœur arpenté de quelques touristes, voitures, motards, trois quatre torses nus et jeunes sur shorts noirs, cigarettes, aller/retour distributeur de boissons/Célé, le plein de munitions, une maman petite et ronde aux cheveux henné acajou brillant au soleil et ses deux petiots en route aussi pour la baignade, deux enfants seuls, un petit grand et une petite petite avec une grosse bouée.« Stop » lui dit-il, avant de traverser la route et de regarder de chaque côté consciencieusement. Le temps passe, s’étire, mouches, foot, cigales. Il fait très chaud, je traverse la route moi aussi, le pont au-dessus de la Sagne qui chantonne, prête à sortir de son bel écrin pour bondir dans le Célé, la jolie Sagne, sentir, inspirer sa fraîcheur. Aller mettre les pieds dedans, me suggère un adjoint au maire qui range le matériel de la cérémonie d'inauguration cœur de village. Bonne idée, je vais un peu plus loin sur la place toute neuve, m'assoir sur les marches toute neuves façon lavoir, au bord de l’eau, des fleurs, des oiseaux, des insectes et la jouissance des pieds plongés dans la fraicheur mentholée, y rester jusqu'à ce qu'ils soient tout légers et les ramener nus dans l'herbe sous les beaux platanes, qui coûtent cher en entretien me dira l'adjoint au maire. Oui mais ils sont beaux et les cigales les aiment. Marcher sur les pavés clairs, chauds, tout neufs... Envie d'un café, retraverser la route, terrasse, table pour deux (ça tombe bien je ne suis jamais seule avec moi-même) face au grand écran, vagues silhouettes de bonshommes rouges, jaunes, qui galopent sur du vert et la rumeur fauve du public. C'est loin, irréel. Le serveur est très pris, il est seul pour toute la terrasse, son look de travail me fait penser au chanteur d'AC/DC... Une marcheuse lui demande un sac de glace, il n'y en a pas, elle insiste, le serveur semble se charger d'un poids supplémentaire, j'ai mon café et mon verre d'eau, il revient vers la marcheuse, un sac de glace peut-être, mais pas avant quelques heures, la marcheuse trouve ça "super !", on ne la découragera pas.... Café, verre d'eau que je fais durer, passe en coup de vent dans ma tête un "qu'est-ce que je fous là ?" mais ça fait pas mal de temps que j'apprends à accepter ce qui est là et là où je suis, cela ouvre des perspectives étonnantes, de nouveaux paysages justement. Un homme avec un groupe de touristes d'un certain âge comme on dit, au vu de leurs cheveux blanchis, passe devant moi et me pose une question en allemand ou flamand ? Devant mon air sans doute ahuri, me demande en français si je suis Hollandaise.... Non, non, non. Française ? Oui je réponds et en même temps ça ne fait pas sens non plus. J'ai faillit lui dire je suis d'ici. C'est le mot du jour "ici", tout en résonances. C'est ça la poésie, ce flux invisible qui relie tout, traverse tout, imprègne tout et provoque des "hasards", des "coïncidences". Poésie qui vient mourir dans les livres, je l'ai dit plus tard à l'adjointe au maire, avec mes livres devant moi, sur la nappe blanche. Ce stand que j’ai rejoint après les pieds-fraicheur et le café-foot, un îlot un peu absurde, dans un recoin de la place de la mairie, la table, les livres, la nappe, les mouches énervées et l'adjoint au maire qui m'avait gentiment proposé de le garder. Alors on entame la discussion qui d'un sujet à l'autre prend racine dans le sujet politique locale (d'à côté), qui me ramène de nouveau à cette pensée que les choses sont rarement comme on croit qu'elles sont et que c'est une gymnastique salutaire de l'esprit d'essayer de ne pas coller des pré-pensées sur les choses, les gens, les situations, sur les autres et sur soi-même.... Et puis aussi que c’est bien d’être ici sans être trop d’ici. Fin de journée, le groupe ou ce qu'il en reste est revenu, il va être temps de plier la nappe. Un bouquin, deux revues, quelques cartes changent de main, on parle un peu, là aussi différents sons de cloches sur le paysage du jour et tout ce qui n'est pas dit mais que l'on entend quand même, foutue ultra-perception de poète ! Tout le monde est un peu pressé de partir vers ce qui l'appelle, je reste là un peu sonnée, je range, charge la voiture, bon ce n’est pas tout ça, mais faut que j'aille chercher de l'eau à la source... Le paysage, ça peut se boire aussi !
« Ici est le pays sauvage, le pays solitude.
On s’y sent parfois plus près du cœur.
(…)
Ici l’obscurité a des reflets. Au fond des puits précieux, gisent des clés, mais rien ne se dit, tout se tait.
(…)
Ici est le pays où on est seul ensemble. »
Extraits de Chroniques du hamac (2008)
rempli par un monsieur d'ici d'origine hollandaise, qui n'a pas laissé son nom
mais que j'avais déjà croisé ici et là
Merci à Dominique Sampierro & Hugo Perez du Printemps des poètes