Marjan Farsad - Khooneye Ma
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Un animal a envie de chialer en moi. Mais il a perdu son cri. Je me sens sec. Sec comme un arbre mort qui a encore assez de feuilles pour ne pas que ça se voie. Il faudrait quelque chose pour me rendre à nouveau vivant. Un autre regard qui se poserait sur ma vie. Quelqu’un qui verrait ce que je ne m‘autorise pas à être. Quelqu’un qui ferait bien plus que m’apprécier. Qui pourrait m’espérer.
In 30 ans dans une heure
Indéniablement, l'amour, c'est être en communion avec quelqu'un, mais y a-t-il une communion - autre que physique - entre vous et votre femme? La connaissez-vous - excepté physiquement ? Et elle, vous connaît-elle? N'êtes vous pas l'un comme l'autre isolés, l'un comme l'autre à la poursuite de vos propres intérêts, de vos propres ambitions, chacun attendant de l'autre une gratification, une sécurité d'ordre économique ou psychologique? Une telle relation n'en est pas vraiment une - c'est un processus d'enfermement réciproque et de repli sur soi, né d'une nécessité psychologique, biologique et économique, dont le résultat évident est le conflit, le malheur, les reproches incessants, une possessivité doublée de peur, de jalousie et ainsi de suite.
in Amour, sexe et chasteté
Ce monde est sale de bêtise, d’injustice et de violence ; à mon avis, le poète
ne doit pas répondre par une salve de rêves ou un enchantement de langue ;
il n’y a pas à oublier, fuir ou se divertir. Il faut être avec ceux qui se taisent
ou qui sont réduits au silence. J’écris donc à partir de ce qui reste vivant dans
la défaite et le futur comme fermé. S’il n’est pas facile d’écrire sans illusion,
il serait encore moins simple de cesser et supporter en silence. Donc, j’aime
à penser la poésie comme un lichen ou un lierre, avec le mince espoir que
le lierre aura raison du mur.
in Entretien, in revue "Scherzo" n° 12-13, été 2001
LE MONDE EST NOUS TOUS, OU RIEN
Haïssez celui qui n’est pas de votre race.
Haïssez celui qui n’a pas votre foi.
Haïssez celui qui n’est pas de votre rang social.
Haïssez, haïssez, vous serez haï.
De la haine, on passera à la croisade,
Vous tuerez ou vous serez tué.
Quoi qu’il en soit,
vous serez les victimes de votre haine.
La loi est ainsi :
Vous ne pouvez être heureux seul.
Si l’autre n’est pas heureux,
vous ne le serez pas non plus,
Si l’autre n’a pas d’avenir,
vous n’en aurez pas non plus,
Si l’autre vit d’amertume,
vous en vivrez aussi,
Si l’autre est sans amour,
vous le serez aussi.
Le monde est nous tous, ou rien.
L’abri de votre égoïsme est sans effet dans l’éternité.
Si l’autre n’existe pas, vous n’existez pas non plus.
Je suis atteinte d’une bien étrange maladie dont je ne connais pas le nom, l’obsession de l’essentiel, d’un retour à l’originel. À l’acier et au béton, je préfère le bois et la terre, aux néons, je préfère les flammes.
cg in Journal 1998