Texte de bruno toméra Gilles Barbier ‘’L’Ivrogne’’ photo jlmi 2006
Terre, cette tête de larmes bleues
qui chuchotent ses plaintes.
Ces corps recroquevillés du petit matin délavés par les brumes glacées
et qui rassemblent dans des rêves ankylosés empêtrés de non sens les quignons rassis émiettés dans le café refroidi de l’existence.
On devait être des millions à cette heure à se perdre dans le paradis conformiste
à s’inventer une vie déjà bien frelatée à coups de vagues projets trafiqués
par les gueules de bois et quelques sauteries fantasmées.
Trimballer son corps entre deux ivresses et deux lysanxia
entre le chant des mitrailleuses et le chant du cygne
entre les barbouzes médiatiques et leurs sentences libérales.
La nécessaire maquerelle Misère fardée de la bonne conscience de la dignité,
les gagne-pains se vident, il y a que dalle sur l’étal des boutiques du prêt à penser,
les perroquets savants adjurent d’une adaptation à la survie dans une allégorie du néant, avec dignité.
J’ai balancé la radio par la fenêtre
j’avais pris du bide dans les pantagruéliques relais de la frustration,
c’était plus moi dans le miroir, c’était rien
Rien qu’un mp3 enrhumé d’un adagio de Barber
Rien que le temps passant et plus l’envie de le retenir
Rien que l’image floue d’une perception fossilisée
Rien que cette terrible supposition que le tour du cauchemar n’est qu’entamé
et qu’il n’y aurait jamais d’arrivée
Rien que soi en somme.
Il restait pourtant de belles choses à accomplir ( sic )
Se cramer les doigts sur un bout de cigarette
Essuyer le pipi du chien
Sourire benoitement du fébrile tremblement des jonquilles
Décompter les points retraite
Mater le tapin des étoiles
Déshabiller jusqu’à l’os ce charmant conte que l’on nomme la vie.