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  • Giuseppe Cellini - Illustration pour "Isaotta Guttadàuro ed altre poesie” de Gabriele D’Annunzio

    Giuseppe Cellini (1855-1940), Illustration for Isaotta Guttadàuro ed altre poesie” de Gabriele D’Annunzio._n.jpg

     
    "je sens la pierre sous mes reins, l’averse a redoublé, les coups de tonnerre aussi, mais je ne crains plus rien, nous sommes l’orage, sa langue est électrique, sa bouche de sirène m’aspire comme elle sait si bien le faire, je ne suis plus qu’un sexe, immense et elle une langue immense, puis elle vient sur moi, m’aspire avec sa bouche d’en bas, sa bouche de mousse et de bois tendre, lisse, douce, si douce, chaude, si chaude, elle bouge, bouge comme un serpent, la tête en arrière et une fois de plus, elle me pénètre tout entier de sa force de femelle, je n’avais jamais connu ça avant elle, jamais… C’est d’une douceur et d’une puissance incroyable, je me redresse, l’enserre de mes bras et nous ondulons comme deux serpents sur la pierre, sous la pluie. La source c’est mise à siffler, à chanter, les odeurs nous tournent la tête, ses cheveux sentent l’humus et la sève, ses seins, ses fesses, je pourrais m’évanouir, à la place je jouis comme un fou, je hurle comme le tonnerre et je l’entends grogner doucement comme une louve apaisée."
     
     
    cg in sans titre provisoirement
     
     
  • Debra Bernier

    Debra Bernier d.jpg

     

    Sorcières, meneuses de nuées, batteuses d’eau

    Panseuses de secret, remégeuses, rebouteuses

     

    Le serpent lové dessine un sein

    Femme, terre, serpent

    Maudite par l’homme

     

    cg in Universelle

     

     

     

     

  • Diane Meunier

    Diane Meunier_n.jpg

     

    Alors elle creuse un tunnel sous les tombes qui mène au vaste ciel, à la mer tiède du ventre, à la bouche de sève qui fait pousser les arbres, au souffle d’où naissent toutes les musiques.

     

    cg in Le baume, le pire et la quintessence

     

     

     

  • L’œil du paon de Lilia Hassaine

     

     

    Gallimard, 3 octobre 2019

    G03206.jpg

    230 pages, 18,50 €.

     

    Très bien écrit, fluide, on se laisse facilement aspirer par L’œil du paon qui trace un portrait acerbe d’un certain milieu parisien plutôt huppé. Dans ce roman qui a quelque chose d’un conte moderne froid et cruel, il y a une esthétique de l’écriture qui tient de la peinture. Il y est d’ailleurs fait mention des tableaux de Hopper, dont l’univers colle assez bien en effet avec l’atmosphère du roman.

    Le côté froid, vaniteux, désabusé, à la fois superficiel et pesant de cette vie parisienne, auquel se confronte Héra, la jeune femme, personnage principal du roman, contraste avec la chaleur, la liberté, les couleurs, les parfums de l’île au large de la Croatie, dans laquelle elle a grandi, sorte d’éden à l’abri du monde, peuplé de paons. Oiseau emblématique, délibérément choisi par l’auteur pour ce qu’il évoque : la beauté mais aussi et surtout l’orgueil, caractéristique typiquement humaine, que nous projetons sur lui.  Sur cette île où Héra a vécu seule avec son père, gardien de l’île — sa mère étant morte là-bas très prématurément — plane une menaçante légende en lien avec une ancienne abbaye détruite durant les campagnes napoléoniennes.

    Lilia Hassaine décortique ses personnages au fil des pages, comme des crevettes qui laisseraient sortir un jus pas toujours appétissant, tout en laissant une part de flou, de mystère, d’inaccessible, car l’humain n’est pas en noir et blanc comme les photographies qu’aime prendre Héra. Chacun est comme absorbé dans son propre monde, ses propres secrets, projetant juste une apparence sur une grande toile de cinéma. La salle reste obscure. Les relations humaines sont tristes, artificielles, le mensonge dissimule le malaise ou pire, nul ne semble être vraiment à sa place mais chacun joue son rôle comme dans un théâtre antique. L’intrigue laisse cependant deviner et c’est dommage, la fin bien trop tôt, mais cela n’empêche pas d’apprécier la lecture quasiment jusqu’au bout. L’œil du paon ayant une originalité certaine que la qualité littéraire de l’ensemble sert au mieux.

    L’auteur parvient à ne rendre aucun de ses personnages réellement attachant, ce qui traduit bien l’angoisse sourde qui coule en-dessous de la trame comme un égout. Ici l’humanité est un condensé de tentatives avortés dans une quête de beauté, de perfection, inaccessibles car toujours extérieures à elle. Et puis il y a Hugo, l’unique enfant au centre de la toile, terriblement seul dans un vide qui ne tient plus que par quelques apparences et une bonne dose de cynisme. Quelle place ici pour la fraîcheur, l’innocence ?

    L’œil du paon est un premier roman, que l’on peut qualifier de prometteur.

     

    Cathy Garcia

     

    lILIA hASSAINE.jpgLilia Hassaine est journaliste, diplômée en 2015 de l’Institut Français de Presse. Par la suite, elle effectue de nombreux stages dans la presse écrite, notamment pour Le Parisien et à la télévision pour la chaîne Arte, avant de se faire remarquer grâce à son web-documentaire De mèche contre le cancer où elle traite du don de cheveux. En parallèle, elle intègre le groupe TF1 où elle officie en tant que journaliste avant de rejoindre l’équipe de l’émission Quotidien en janvier 2016, équipe qu’elle a quitté pour écrire ce premier roman.