Ana Minski - la buveuse d'ombres -
Poème d'Ana Minski publié dans la revue Behigorri septembre 2019
où j'ai le plaisir de figurer aussi.
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Poème d'Ana Minski publié dans la revue Behigorri septembre 2019
où j'ai le plaisir de figurer aussi.
PLUS ENVIE
Avant j’écrivais comme on dégueule, ça jaillissait, débordait, vomissait de partout, maintenant je retiens, je ravale, je n’en veux plus, écrire en moi c’était crier, trop de noir, trop de poisse, trop de poids, trop de larmes, des strates de mélasses et de poissons suffoquant. Avant j’écrivais, non, ça m’écrivait, me traversait, me transperçait, je n’avais pas de digues, je n’en voulais pas, aujourd’hui non plus je n’en veux pas, mais je ne veux plus écrire. Le noir me fatigue, le malheur aussi, la névrose, la déprime, la rage, les armes dont je ne voulais pas que j’ai retournées contre moi-même, à me forer jusqu’à l’os, à traquer sans répit le pourquoi. C’est vrai ça, pourquoi ?
Aujourd’hui je n’écris plus, la source est retournée dans les limbes, et moi je cherche le neuf. Une place que je n’aurais pas eu à voler, une place pour laquelle je n’aurai pas à me raboter ou au contraire à me rajouter des parures, des enflures. Écrire m’ennuie, j’ai déjà tout dit et ça ne change rien. Plus envie de dire, envie de rire, de vivre. D’accomplir des gestes qui servent à quelque chose. C’est idiot. C’est dire à quel point je ne me sens toujours pas légitime.
2014
in Ourse bipolaire
J’ai le cœur qui s’affirme maintenant
qui rayonne sans filtre, elle tourne bien ma petite centrale
j’ai le cœur qui bat à son propre rythme
qui ne s’emballe plus
à trop vouloir s’accorder
avec les uns avec les autres
avec ce qu’ils disent et son contraire
j’ai le cœur cristal
et toutes les fêlures
sont des tatouages
dont l’histoire n’a plus d’importance
ou presque
in Ourse bipolaire
Tout l'univers est contenu dans un seul être humain : toi.
Tout ce que tu vois autour de toi, y compris les choses que tu n'aimes guère, y compris les gens que tu méprises ou détestes, est présent en toi à divers degrés. Ne cherche donc pas non plus Sheitan hors de toi. Le diable n'est pas une force extraordinaire qui t'attaque du dehors. C'est une voix ordinaire en toi.
Si tu parviens à te connaître totalement, si tu peux affronter honnêtement et durement à la fois tes côtés sombres et tes côtés lumineux, tu arriveras à une forme suprême de conscience. Quand une personne se connaît, elle connaît Dieu.
in Le livre de Chams de Tabriz
Lasse des épaves, la fantaisie se cabre, glane des comas dans les chardons. On passe le gant de crin sur nos sourires de lézards, tout en ignorant les rituels des cyclopes qui gardent les mines de pollen.
in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018
à pleines mains plonger dans la poussière les excrétions la boue de soi
ce que nous avons rejeté pour être conforme au modèle.
in Une brèche dans la tapisserie des ombres