Lise Martin - Barge
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J'irai jusqu'au bout
jusqu'aux confins
là où le monde
rencontre sa dissolution
j'irais jouer la mélodie
de l'amour impossible
sur les cordes du vent
j'irais porter le chant
aux anges de l'orage
ils sauront eux
le retirer comme une épine
de ma gorge en flamme
in en cours
Partir. Ne laisser que nos mues quelque part griffonnées, cachées dans une fente, entre les dents d’un voleur d’âmes. Un vendeur de vent et ses hochets de feuilles.
Nous purgeons nos peines de vie et pouvons saisir dans une fraction de temps, de soleil, de silence, quelques visions et parfums fugaces de paradis.
in Le poulpe et la pulpe
Notre séparation les uns des autres est une illusion d'optique.
Il pleut des enclumes
sur ma vie épuisante
le réel me colle des cernes
et je n'ai pas encore
quitté mes vieilles bottines
je refuse d'endosser
un joli personnage
je préfère mettre les doigts
encore et encore
dans ma déconfiture
je préfère son goût amer
à l'édulcoré de la lâcheté
et vous ?
in en cours
Je me rends compte que j'ai oublié sans doute prise dans trop de tourmentes, de mentionner sur ce blog ma participation à cet ouvrage conséquent, publié en mai dernier par Jacques Flament et qu'il n'est pas trop tard bien au contraire de commander :
Le JOURNAL ou le JOURNAL INTIME est un genre littéraire à part entière.
Celles et ceux qui s’y adonnent sont appelés DIARISTES (de l’anglais Diary, journal intime).
La spécificité de l’ouvrage que vous avez entre les mains est que tous les textes des journaux retranscrits ont été écrits par des femmes et qu’ils sont délimités par une période courte et définie : du 21 décembre (solstice d’hiver) au 9 janvier, soit une vingtaine de jours pour traverser le temps et passer de l’année 2021 à l’année 2022.
À la base, le JOURNAL (en tout cas le JOURNAL INTIME) est conçu et écrit à usage privé, et généralement touche à l’intimité de son auteur(e). Mais depuis des lustres, ce JOURNAL, intime ou non – certains s’en servent pour parler de l’actualité, des livres, de la nature, etc., et on en vient ainsi à parler plutôt de JOURNAL PERSONNEL – devient un récit littéraire (ou même quelquefois artistique), qui peut se rapprocher de l’autobiographie par le fond, même si la forme est clairement définie : relation des faits par ordre chronologique et daté.
De grand(e)s auteur(e)s se sont risqués au JOURNAL et non des moindres : les Frères Goncourt, Jules Renard, André Gide, Benjamin Constant, Léon Bloy, Michelet, Paul Léautaud, Cioran, Simone de Beauvoir, Anaïs Nin et tant d’autres. Certains l’ont appelé JOURNAL, d’autres CAHIERS. Discrédité durant une bonne partie du XXe siècle, le JOURNAL a plutôt tendance à être réhabilité de nos jours avec des diaristes contemporain(e)s qui leur redonnent leurs lettres de noblesse.
Notre ambition avec cet ouvrage collectif est de mettre en avant des FEMMES auteures, que l’on ne rencontre pas habituellement sur le devant de la scène littéraire, mais dont l’écriture n’a souvent rien à envier à leurs illustres consœurs médiatisées.
Nous remplissons ainsi pleinement notre rôle de découvreur, défricheur, et vous donnons à lire un contre-courant de la scène littéraire qui, nous l’espérons, parviendra à vous séduire.
ISBN : 978-2-36336-522-4 PAGES : 560 FORMAT : 210×297 PARUTION : 05/2022
pour que ma main déboîte l'armure de la mélancolie
l'astre des lueurs se doit d'être au rendez-vous
je signerai pour sûr la flamme du courage
mon chat sur mon dos je creuserai l’abcès du soleil
Et à Brantôme-en-Périgord, un musée présente l’œuvre médiumnique du peintre et aquafortiste Fernand Desmoulin (1853-1914).
Gagné par la fièvre du spiritisme très en vogue à son époque, il réalisa de 1900 à 1902 une œuvre médiumnique exceptionnelle. Au travers de sa main, « l’esprit » signa successivement de trois noms différents : « L’Instituteur », « Ton Vieux Maître » et « Astarté ».
Dans les années 1950, ses dessins et écrits sont légués à la Ville de Brantôme-en-Périgord par sa veuve. La municipalité fondera par la suite le musée Fernand Desmoulin pour y présenter ce fonds.
Je conseille vraiment la visite couplée avec les grottes et le monastère troglodyte de l'abbaye de Brantôme.
je me souviens
de la vieille bâtisse abandonnée
et du souffle glacé qui passait
entre les griffes des arbres nus
comme des hurlements de morts
in en cours
Il y a d’innombrables lustres, tu rampais à l'aide de longs tentacules, dans un boyau sombre et suintant. Tu avançais lentement, écrasée par ton armure, frôlant le sol de tes antennes et tressaillant à chaque crevasse. Ce n'est qu'au bout de plusieurs lustres encore, que le sol parut s'assouplir, que peu à peu tu t’es redressée, tirant tes os de l'argile humide.
Face à toi, sur les parois, cela tremblait. En avançant encore, tu l’as senti, entièrement cette fois, tout au fond du boyau. Déjà ça te brûlait les paupières et tu découvrais alors que tu avais des yeux.
in Sursis