Bruno Blais
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Dans le dernier numéro de l'année de Francopolis, la joie de lire et relire un ami de plume comme Eric Barbier dans un entretien avec Éric Chassefière (quelques extraits ci-dessous) qui a repris la revue et les publications d'Encres Vives de Michel Cosem.
Le très proche lointain, le vol d’un aigle ou d’un vautour – ‘l’oiseau même seul est un grand peuple’ – une vive lumière sur les adrets, le voyage de la roche immense. Ce qui ainsi par ce souffle rapproche les mots, là où le poème se fait chemin.
(…)
la beauté relève de ce qui échappe aux définitions. La beauté, prétention ou réalité, une insurrection au plus près de soi, l’éphémère, le dérobé, l’agitation du temps dans l’image provisoirement immobile. La beauté, tentation à poursuivre, elle qui devrait nous préserver de l’inattention, nous permettre de reprendre vie.
(…) Le poème devrait faire apparaître cette mémoire qui sans vouloir recourir sans cesse au passé, dans un vivifiant tremblement, offre l’histoire à notre présent ; cette mémoire que la beauté éveille, langue singulière parole dénuée d’ornements, pour retrouver ce que les hommes ont en partage.
(…) avancer par ses moyens dans les plus sérieuses ombres vers la pointe du dénuement pour voir apparaître une rive différente, pour arpenter un sol qui ne cède pas.
Et sont publiés à la suite de l'entretien des poèmes inédits donc voici quelques extraits également :
(...)
L’entretien infini renverse le crépuscule
se reposer dans un temps éloigné
tout retrouver ne rien reconnaître
tout deviner ne rien apprendre
rester à vue : la main elle
voudrait reprendre le témoignage de
cette jouissance stupéfaite qui épouse
la rousseur de la roche.
Le vent après avoir livré
cent-douze histoires à
l’assemblée des carex disperse
l’apprentissage résigné de l’homme.
(…)
J’ai retiré mes yeux
de la nuit qui s’avançait
peut-être ces cris l’occupaient-elles
splendeur distante
lumière d’après les orages
telle la pierre lancée
dans l’accalmie du ruisseau
ou la graine échappée du fruit
goûté lors d’un songe tumultueux
je tente une présence parmi
l’alphabet en friches
de la commune obscurité.
(…)
Eaux violentes nouveaux prétextes
elle vivrait déjà en nous
cette charbonneuse patience
la débauche du soleil
débordera les maisons
nous en boirons les mémoires
à gorge primitive
le visage doucement ébréché
par les semblants du crépuscule.
Hors de souffle
hors de portée
hors d’atteinte
une saison trompeuse
invite à ne plus rien quitter
au plus près il ne s’agit
ni de peur ni de mort
tout reviendra
dans un jour différent
tout se répètera
pour mieux nous abandonner
hors de souffle.
(…)
Le soleil s’étend prudemment
dans ta bouche
genévriers bouses sèches
douceur abrupte de la neige tôt venue
évidence qui ne devra être répétée
ni mutisme ni aveux
savoir exactement
ce qui pourra être déclaré
les nuages rabrouent la pâleur nouvelle des versants
lumière rase yeux courbés
au retour s’imposent d’anciennes réponses.
*
Boire une gorgée pour
saluer les autres saisons
de l’homme ciel
confédération de nuées
la beauté devient un
instant tendu entre
deux absences une mer
somnolente d’orties
peuple plusieurs imaginations
laquets bruyères fleuries
virtuosité herbeuse de l’été.
*
Eaux blanches
Eaux brunes
écume de mai
la neige tardive reste gardienne de leurs chants
fragile perpétuité arbres sentinelles
près du col
pierres belliqueuses
réconciliées dans le bleu du ciel
Eaux blanches
Eaux brunes
comme tout ce qui difficilement s’énumère
la beauté accueille voluptueusement nos interrogations
reste l’abandon
des guides
nulle distance entre espoir et devenir
Eaux blanches
Eaux brunes
aucune question ne sera retenue
splendeur mal retranscrite
où se rassemblent les
vertus dissipées du jour.
*
Chaleur incrédule
ciel fou d’exactitude
une fête s’annonce
l’été déjà la sait ultime
dernières rumeurs d’une célébration
reste une promesse dont personne
ne certifiera l’accomplissement
mais
quel corps justement devrait
se donner aux nuages tardifs
mutisme sans réponses
baiser profond sur les lèvres
inattendues du rocher.
*
Cette lumière
que l’on ne peut nommer
marcher à distance nécessaire
de l’ombre qui me suit
repos fleurs méconnues
ignorance que n’éteindrait
aucun livre
roche sévère comme
une jeunesse sans mensonges
le temps et le sentier
se dérobent sous le pas
longue présence
mémoire que
chaque jour
retrouve.
*
Ce qui n’était
même ruisseau
prend langue de glace
la mort
ne porte pas un nom fidèle
sur la lente vitre
le jour naissant
confirme
l’indiscipline ouvragée
du temps.
*
Lumière difficile
la chaleur qui l’épuise
doit provenir des temps
les mieux oubliés
et voilà comme image
celle d’un homme
qui parlerait d’autres saisons
sur le chemin
la poussière de l’été
improvise certains détours.
(...)
Source : http://www.francopolis.net/salon2/E.Barbier-NovDec2023.html
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JARDIN DU CAUSSE, à tire d'ailes 2004, illustrations originales n&b de Joaquim Hock, préface de Mireille Disdero, postface de Patrick Devaux, 88 pages agrafées, 13 €
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CALEPIN PAISIBLE D'UNE PÂTRESSE DE POULES, 2018
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CLAQUES & BOXONS, 2013
AILLEURS SIMPLE, 2012
ÉTATS DU BIG BANG, 2010
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Cardère : Aujourd'hui est habitable, 2018 ; Fugitive, 2014 ; Les mots allumettes, 2012 ; Le poulpe et la pulpe, 2011 https://cardere.fr
Gros Textes : Le Tarot de Saint Cirque (avec Lionel Mazari), 2020, Bonzaïs hallucinogènes, 2017 et Trans(e)fusées, 2015 https://sites.google.com/site/grostextes/
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mgv2>publishing : Des ourses dans le ciel, 2015 ; Asphodèle : Un vanity de vanités, 2012 ; Celle qui manque, 2011 ; éditions de de l'Atlantique : Jardin du causse, 2010 et Eskhatiaï, 2010.
Biblio complète ici :
http://cathygarcia.hautetfort.com/biblio-d-un-seul-coup-d-oeil/
Nuées magiques
lièvre de lune
balais de sève
rondes collines
j'invoque vos douceurs
glane des grains d'étoiles
pour mes chaudrons d'hiver
in en cours
Soteria (en grec, la guérison, la célébration de la délivrance) est une composition de Jean-Paul Dessy créée le 22 mai 2022 à Arsonic par Pierre Quiriny (vibraphone et marimba) et Jean-Paul Dessy (violoncelle). Soteria a été composée à l’initiative de Sibylle et Pierre Battard et est dédiée au combat de tous les enfants malades. Je la dédie à ma mère.
Un très beau livre, très poétique, pour qui, comme moi, a une fascination pour le caillou...
Flammarion, Les sentier d'e la création, coll. Champs, 1987.
"De toute façon, les pierres possèdent on ne sait quoi de grave ,de fixe et d'extrême, d'impérissable ou de déjà péri. Elles séduisent par une beauté propre , infaillible ,immédiate , qui ne doit de compte à personne."
En présence de cette humanité sentie plus que jamais comme éphémère, en présence même de ce monde animal et végétal dont nous accélérerons la perte, il semble que l'émotion et la dévotion de Caillois se refusent; il cherche une substance plus durable, un objet plus pur. Il le trouve dans le peuple des pierres: «le miroir obscur de l'obsidienne», vitrifiée voici des milliers de siècles, à des températures que nous ne connaissons plus; le diamant qui, encore enfoui dans la terre, porte en soi toute la virtualité de ses feux à venir; la fugacité du mercure, le cristal, donnant d'avance des leçons à l'homme en accueillant en soi les impuretés qui mettent en péril sa transparence et la rectitude de ses axes — les épines de fer, les mousses de chlorite, les cheveux de rutile — et en poursuivant malgré elles sa limpide croissance : le cristal dont les prismes, Caillois nous le rappelle en une formule admirable, pas plus que les âmes, ne projettent des ombres.
Extrait de l'éloge de Roger Caillois prononcé par Marguerite Yourcenar, lors de sa réception à l'académie française, janvier 1981.
"Vint la vie : une humidité sophistiquée, promise à un destin inextricable; et chargée de secrètes vertus, capable de défis, de fécondité. Je ne sais quelle glu précaire, quelle moisissure de surface, où déjà s'enfièvre un ferment. Turbulente, spasmodique, une sève, présage et attente d'une nouvelle manière d'être, qui rompt avec la perpétuité minérale, qui ose l'échanger contre le privilège de frémir, de pourrir, de pulluler."